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« Eh bien, mon cher, je te plains<ref>Louis {{sc|Maigron}}. ''Le Romantisme et les mœurs'', préface, p. 91 et 92.</ref>. » |
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ces sentiments. |
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Deslauriers est un garçon pauvre. |
Deslauriers est un garçon pauvre. Il est intelligent, il est |
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doué de la ténacité qui manque à Frédéric, mais il est atteint |
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d’une hypertrophie d’ambition par trop romantique. Il n’a aucune |
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prétention au littérateur ou à l’artiste, mais il ne veut pas vivre |
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la vie moyenne. Le bon sens lui conseillerait de chercher une |
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honnête petite situation, mais c’est là chose sans importance et |
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indigne de son intérêt. « Deslauriers ambitionnait la richesse, |
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comme moyen de puissance sur les hommes. Il aurait voulu |
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remuer beaucoup de monde, faire beaucoup de bruit, avec trois |
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secrétaires sous ses ordres, et un grand dîner politique une fois |
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par semaine »<ref>''L’Éducation sentimentale'', p. 76.</ref>. |
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Des expériences malheureuses ne le font pas changer : « Chaque |
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Î)rétention au httérateur ou à 1 artiste, mais il ne veut pas vivrea vie moyenne. Le bon sens lui conseillerait de chercher unehonnête petite situation, mais c’est là chose sans importance etindigne de son intérêt. « Deslauriers ambitionnait la richesse,comme moyen de puissance sur les hommes. Il aurait vouluremuer beaucoup de monde, faire beaucoup de bruit, avec troissecrétaires sous ses ordres, et un grand dîner politique une foispar semaine ^*\)) |
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déception nouvelle le rejetait plus fortement vers son vieux rêve : |
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un journal où il pourrait s’étaler, se venger, cracher sa bile et |
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ses idées. Fortune et réputation, d’ailleurs, s’ensuivraient. »<ref>''Idem'', p. 219.</ref>. |
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Cette disproportion entre le rêve et la réalité conduit nécessairement |
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à des échecs à la fois lamentables et douloureux. C’est |
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le sort des héros de l’''Éducation''. De là l’impression d’amer pessimisme |
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qui se dégage de ce roman. |
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Frédéric, après avoir mangé les deux tiers de sa fortune, est |
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Des expériences malheureuses ne le font pas changer : « Chaquedéception nouvelle le rejetait plus fortement vers son vieux rêve :un journal où il pourrait s’étaler, se venger, cracher sa bile etses idées. Fortune et réputation, d’ailleurs, s’ensuivraient (’^.w |
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contraint de vivre en petit bourgeois, lui qui ne trouvait aucune |
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situation à la hauteur de ses talents. |
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Deslauriers, qui personnifiait l’''arriviste'', comme nous disons |
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Cette disproportion entre le rêve et la réalité conduit nécessairement à des échecs à la fois lamentables et douloureux. C’estle sort des héros de l’Education. De là l’impression d’amer pessimisme qui se dégage de ce roman. |
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aujourd’hui, qui n’avait que l’ambition comme règle de conduite, |
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et aucun scrupule, devient préfet, puis descend toujours un |
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échelon plus bas ; il est successivement chef de colonisation en |
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Algérie, secrétaire d’un pacha, gérant d’un journal, courtier d’assurances, |
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enfin employé dans un contentieux. |
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Et cela n’est rien à côté de l’ironie féroce qui se dégage de la |
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Frédéric, après avoir mangé les deux tiers de sa fortune, estcontraint de vivre en petit bourgeois, lui qui ne trouvait aucunesituation à la hauteur de ses talents. |
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destinée de Sénécal. Ce républicain austère, fanatique d’Alibaud, |
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ce conspirateur impliqué dans l’affaire des bombes incendiaires, |
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toutes les fois qu’on le retrouve dans les pages du livre, on se |
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demande sur quelle barricade il va tomber ou dans quelle geôle |
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il sera martyr de la Liberté ! Tout cela pour le voir finir agent de |
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police au 2 décembre et meurtrier d’un de ses amis. |
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Ce pessimisme général de l’œuvre n’était pas goûté de George |
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Deslauriers, qui personnifiait l’arriviste, comme nous disonsaujourdTîul, qui n’avait que l’ambition comme règle de conduite,et aucun scrupule, devient préfet, puis descend toujours unéchelon plus bas; il est successivement chef de colonisation enAlgérie, secrétaire d’un pacha, gérant d’un journal, courtier d’assurances, enfin employé dans un contentieux. |
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Sand. « Tous les personnages de ce livre sont faibles et avortent, |
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écrivait-elle à Flaubert, sauf ceux qui ont de mauvais instincts… |
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Et cela n’est rien à côté de l’ironie féroce qui se dégage de ladestinée de Sénécal. Ce républicain austère, fanatique a Alibaud,ce conspirateur impliqué dans l’attàire des bombes incendiaires,toutes les fois qu’on le retrouve dans les pages du livre, on sedemande sur quelle barricade il va tomber ou dans quelle geôleil sera martyr de la Liberté ! Tout cela pour le voir finir agent depolice au 2 décembre et meurtrier d’un de ses amis. |
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Ce pessimisme général de l’œuvre n’était pas goûté de GeorgeSand. « Tous les personnages de ce livre sont faibles et avortent,écrivait-elle à Flaubert, sauf ceux qui ont de mauvais instincts... |
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’"’ Louis Maigron. Le Romantisme et les mœurs, préface, p. 91 et 92.’*’ L’Education sentimentale, p. 76.’’’ Idem, p. 219. |