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président du dernier cabinet et promoteur des réformes, voyant ses projets contestés, à demi désavoués ou tout au moins modifiés par la majorité des chambres, avait quitté le pouvoir, non sans laisser éclater une certaine vivacité. M. Canovas del Castillo, l’homme de la majorité, revenait à la présidence du conseil avec de nouveaux projets. Jusque-là tout semblait assez simple. La crise cependant avait remué l’opinion et les partis dans les chambres ; elle laissait surtout une vive excitation chez les partisans des réformes de Cuba et chez les amis du général Martinez Campos. A la première apparition du nouveau président du conseil dans le congrès éclatait une scène des plus violentes, des plus tumultueuses. M. Canovas del Castillo était accusé d’avoir manqué d’égards a la minorité en quittant assez brusquement la salle des séances avec ses collègues pour se rendre au sénat. Qu’en était-il ? M. Canovas del Castillo avait pu céder à un mouvement d’impatience, il n’avait, cela est bien clair, aucune intention offensante. On le croyait cependant, on s’excitait mutuellement, on écoutait des susceptibilités toujours vives en Espagne. De là cette retraite solennelle des minorités parlementaires qui a duré deux mois. Évidemment ni les partis ni le président du conseil de Madrid n’étaient intéressés à laisser se prolonger une scission qui aurait fini par prendre un caractère révolutionnaire. L’odieux attentat qui dans l’intervalle a menacé les jours du roi et de la reine a contribué sans doute un peu à calmer les esprits, en les détournant d’une querelle peu sérieuse. D’un autre côté, des négociations qui n’avaient pas réussi dans le premier moment d’effervescence ont été reprises pour ramener la paix. Dès le mois dernier d’ailleurs, M. Canovas del Castillo avait saisi une occasion qui lui était offerte devant le sénat pour donner les plus dignes explications et désintéresser les sentimens d’honneur des abstentionnistes. Plus récemment, sur une interpellation d’un des hommes les plus considérables du congrès, M. Posada Herrera, le président du conseil a renouvelé ces explications avec la supériorité d’un esprit politique aussi conciliant que ferme, et tout a bien fini ; l’accident est réparé, les minorités sont rentrées dans les chambras.
président du dernier cabinet et promoteur des réformes, voyant ses projets contestés, à demi désavoués ou tout au moins modifiés par la majorité des chambres, avait quitté le pouvoir, non sans laisser éclater une certaine vivacité. M. Canovas del Castillo, l’homme de la majorité, revenait à la présidence du conseil avec de nouveaux projets. Jusque-là tout semblait assez simple. La crise cependant avait remué l’opinion et les partis dans les chambres ; elle laissait surtout une vive excitation chez les partisans des réformes de Cuba et chez les amis du général Martinez Campos. À la première apparition du nouveau président du conseil dans le congrès éclatait une scène des plus violentes, des plus tumultueuses. M. Canovas del Castillo était accusé d’avoir manqué d’égards a la minorité en quittant assez brusquement la salle des séances avec ses collègues pour se rendre au sénat. Qu’en était-il ? M. Canovas del Castillo avait pu céder à un mouvement d’impatience, il n’avait, cela est bien clair, aucune intention offensante. On le croyait cependant, on s’excitait mutuellement, on écoutait des susceptibilités toujours vives en Espagne. De là cette retraite solennelle des minorités parlementaires qui a duré deux mois. Évidemment ni les partis ni le président du conseil de Madrid n’étaient intéressés à laisser se prolonger une scission qui aurait fini par prendre un caractère révolutionnaire. L’odieux attentat qui dans l’intervalle a menacé les jours du roi et de la reine a contribué sans doute un peu à calmer les esprits, en les détournant d’une querelle peu sérieuse. D’un autre côté, des négociations qui n’avaient pas réussi dans le premier moment d’effervescence ont été reprises pour ramener la paix. Dès le mois dernier d’ailleurs, M. Canovas del Castillo avait saisi une occasion qui lui était offerte devant le sénat pour donner les plus dignes explications et désintéresser les sentimens d’honneur des abstentionnistes. Plus récemment, sur une interpellation d’un des hommes les plus considérables du congrès, M. Posada Herrera, le président du conseil a renouvelé ces explications avec la supériorité d’un esprit politique aussi conciliant que ferme, et tout a bien fini ; l’accident est réparé, les minorités sont rentrées dans les chambras.
La vie parlementaire a repris ainsi son cours régulier à Madrid. Elle sera sans doute un peu agitée par des débats peut-être passionnés sur la dernière crise ministérielle et par la discussion de ces réformes de Cuba qui, bien que votées en partie pendant l’absence des minorités, restent à compléter ; mais ici tout redevient simple. C’est la lutte des opinions, c’est le régime constitutionnel en pleine action, et pour l’Espagne comme pour bien d’autres pays, la liberté légale est la meilleure des garanties contre les révolutions.


La vie parlementaire a repris ainsi son cours régulier à Madrid. Elle sera sans doute un peu agitée par des débats peut-être passionnés sur la dernière crise ministérielle et par la discussion de ces réformes de Cuba qui, bien que votées en partie pendant l’absence des minorités, restent à compléter ; mais ici tout redevient simple. C’est la lutte des opinions, c’est le régime constitutionnel en pleine action, et pour l’Espagne comme pour bien d’autres pays, la liberté légale est la meilleure des garanties contre les révolutions.


CH. DE MAZADE.


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''Le directeur-gérant'', C. BULOZ.
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