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de ceux qui tentent, avec une érudition originale, de saisir au début, et dans sa génération exacte et suivie, la littérature française. Il a raison dans l’objet, qu’il se propose, qui est de ranimer le sentiment littéraire en ne s’occupant que des principaux monumens. Aussi ne faut-il pas lui demander du neuf ou même du juste avant les trois derniers siècles. Ce qui précède est fort léger, et son article du ''Roman de la Rose'' sera à refaire, quand ceux qui s’occupent, dit-il des cycles carlovingiens, auront passé par là. La prose lui apparaît d’abord considérable et déjà formée dans Froissart, dans Comines, et cette prédilection pour la prose, qui est chez M. Nisard une partie de son système ''français'', et une partie très justifiable, cette prédilection qu’il couronnera plus tard avec solennité dans la personne de Buffon, se marque nettement au premier pas. Villon trouve grâce aussi devant sa plume ; il lui fait une grande part ; il en revient aux vers de Boileau et les commente ; il compare et préfère Villon à Charles d’Orléans que M. Villemain avait relevé ; il donne là dessus des raisons de ''France, pays de démocratie, de Poésie, fille du peuple'', qui me semblent toujours un peu vaines et acquises, dans la bouche de M. Nisard ; il rappelle le mot de Chaulieu à Voltaire ''successeur de Villon'', qui vaut mieux et prouve plus, dans sa légèreté. Tout ce morceau sur Villon est spirituel et juste, quoiqu’un peu d’apparat, et sauf l’importance de novateur donnée à Villon. Si Villon est un premier aïeul connu des Marot, La Fontaine, Voltaire, Béranger, etc., il est le dernier lui-même, à d’autres égards, d’une race très ancienne en France ; il n’a fait que ce que mille autres auteurs de fabliaux ou de ballades avaient fait avant lui. Le XVIe siècle, qui ne savait pas très bien son moyen-âge, a pris en poésie la queue de l’arrière-garde et l’escarmouche finale pour le gros de la bataille : nous avons tous long-temps vécu là-dessus. M. Ampère, nous y comptons, rétablira cela un jour. Quant à l’importance donnée aux deux vers de Boileau, qui ne savait pas et avait peu de souci de savoir ces choses plus que gauloises, c’est une pure superstition que M. Nisard ne feint d’avoir sans doute que pour rajeunir un point de son sujet qui n’est plus nouveau. Les opinions de M. Nisard sur le XVIe siècle, poésie et prose, ne diffèrent pas autant des nôtres qu’il paraît le croire et que le premier aspect de ses jugemens semble le signifier. M. N’isard, qui veut bien nous mentionner sur Ronsard, et
de ceux qui tentent, avec une érudition originale, de saisir au début, et dans sa génération exacte et suivie, la littérature française. Il a raison dans l’objet, qu’il se propose, qui est de ranimer le sentiment littéraire en ne s’occupant que des principaux monumens. Aussi ne faut-il pas lui demander du neuf ou même du juste avant les trois derniers siècles. Ce qui précède est fort léger, et son article du ''Roman de la Rose'' sera à refaire, quand ceux qui s’occupent, dit-il des cycles carlovingiens, auront passé par là. La prose lui apparaît d’abord considérable et déjà formée dans Froissart, dans Comines, et cette prédilection pour la prose, qui est chez M. Nisard une partie de son système ''français'', et une partie très justifiable, cette prédilection qu’il couronnera plus tard avec solennité dans la personne de Buffon, se marque nettement au premier pas. Villon trouve grâce aussi devant sa plume ; il lui fait une grande part ; il en revient aux vers de Boileau et les commente ; il compare et préfère Villon à Charles d’Orléans que M. Villemain avait relevé ; il donne là dessus des raisons de ''France, pays de démocratie, de Poésie, fille du peuple'', qui me semblent toujours un peu vaines et acquises, dans la bouche de M. Nisard ; il rappelle le mot de Chaulieu à Voltaire ''successeur de Villon'', qui vaut mieux et prouve plus, dans sa légèreté. Tout ce morceau sur Villon est spirituel et juste, quoiqu’un peu d’apparat, et sauf l’importance de novateur donnée à Villon. Si Villon est un premier aïeul connu des Marot, La Fontaine, Voltaire, Béranger, etc., il est le dernier lui-même, à d’autres égards, d’une race très ancienne en France ; il n’a fait que ce que mille autres auteurs de fabliaux ou de ballades avaient fait avant lui. Le XVI{{e}} siècle, qui ne savait pas très bien son moyen-âge, a pris en poésie la queue de l’arrière-garde et l’escarmouche finale pour le gros de la bataille : nous avons tous long-temps vécu là-dessus. M. Ampère, nous y comptons, rétablira cela un jour. Quant à l’importance donnée aux deux vers de Boileau, qui ne savait pas et avait peu de souci de savoir ces choses plus que gauloises, c’est une pure superstition que M. Nisard ne feint d’avoir sans doute que pour rajeunir un point de son sujet qui n’est plus nouveau. Les opinions de M. Nisard sur le XVI{{e}} siècle, poésie et prose, ne diffèrent pas autant des nôtres qu’il paraît le croire et que le premier aspect de ses jugemens semble le signifier. M. N’isard, qui veut bien nous mentionner sur Ronsard, et