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==='''MARIE HOWITT''' <ref> Mary Howitt appartient à la fraternité chrétienne, ou, si l’on aime mieux, à la secte des quakers. Son ''Livre des saisons'' (Book of the seasons) a été fort remarqué et le méritait.</ref>===
==='''MARIE HOWITT''' <ref> Mary Howitt appartient à la fraternité chrétienne, ou, si l’on aime mieux, à la secte des quakers. Son ''Livre des saisons'' (Book of the seasons) a été fort remarqué et le méritait.</ref>===


Elle a interrogé avec succès toutes les cordes de la lyre, excepté la corde sanglante du poète tragique et guerrier. C’est peut-être, de tous les poètes vivans, celle qui reproduit le mieux la simplicité des anciennes ballades. Sa diction est plus vigoureuse qu’élevée a plus expressive que figurée <ref> Parmi les poètes, on ne peut confondre ceux qui ont obéi à des influences répandues autour d’eux, avec ceux qui, au contraire, ont influé sur la littérature. Montgomery, Grahame, Leyden, et une foule d’autres ont été sans puissance ; ils ont brillé, comme les satellites de génies plus actifs et plus originaux. Au premier rang des intelligences maîtresses qui ont poussé leur siècle dans des voies nouvelles, il faut placer Cowper. Cette naïveté, cette énergie, cette originalité, cet enthousiasme religieux qui respirent dans ses œuvres, ont été les inspirations de Coleridge, de Wordsworth et de plusieurs autres. Ces deux derniers ont transmis, en la modifiant, cette influence, qui est devenue vaporeuse et rêveuse chez Keats, mystique et métaphysique chez Shelley. Burns, autre grand homme, a donné l’impulsion passionnée que Byron a suivie, en l’alliant à une misanthropie plus intense, à un éclat et à une profondeur admirables de poésie. Byron, à son tour, a entraîné dans sa voie toute la littérature de son temps. De son côté, Scott ramenait ses contemporains vers l’étude pittoresque du passé, et Southey cherchait, non dans les traditions du pays natal, mais dans les légendes fabuleuses et brillantes des terres étrangères, le renouvellement du génie épique. Quelques hommes distingués, moins hardis, moins originaux. Campbell, Rogers, Moore, et quelques femmes douées de talent, se contentaient de chercher la perfection artistique de leurs œuvres, sans frayer un sillon nouveau ; campbell, animé d’une puissance intime et supérieure, a marqué son passage plus profondément que l’élégant Rogers, et que Moore, poète facile, agréable, orné. En dehors de ces noms, vous trouverez des talens, non des puissances intellectuelles. Les hommes que nous avons nommés sont les vrais phares poétiques du XIXe siècle en Angleterre, les flambeaux à la lumière desquels tous les autres poètes sont venus allumer leur torche, et qui rayonnent encore dans des directions différentes ou opposées. Après ce grand éclat, la poésie anglaise ne pouvait que déchoir. C’est ce qui lui arrive aujourd’hui.</ref>.
Elle a interrogé avec succès toutes les cordes de la lyre, excepté la corde sanglante du poète tragique et guerrier. C’est peut-être, de tous les poètes vivans, celle qui reproduit le mieux la simplicité des anciennes ballades. Sa diction est plus vigoureuse qu’élevée a plus expressive que figurée <ref> Parmi les poètes, on ne peut confondre ceux qui ont obéi à des influences répandues autour d’eux, avec ceux qui, au contraire, ont influé sur la littérature. Montgomery, Grahame, Leyden, et une foule d’autres ont été sans puissance ; ils ont brillé, comme les satellites de génies plus actifs et plus originaux. Au premier rang des intelligences maîtresses qui ont poussé leur siècle dans des voies nouvelles, il faut placer Cowper. Cette naïveté, cette énergie, cette originalité, cet enthousiasme religieux qui respirent dans ses œuvres, ont été les inspirations de Coleridge, de Wordsworth et de plusieurs autres. Ces deux derniers ont transmis, en la modifiant, cette influence, qui est devenue vaporeuse et rêveuse chez Keats, mystique et métaphysique chez Shelley. Burns, autre grand homme, a donné l’impulsion passionnée que Byron a suivie, en l’alliant à une misanthropie plus intense, à un éclat et à une profondeur admirables de poésie. Byron, à son tour, a entraîné dans sa voie toute la littérature de son temps. De son côté, Scott ramenait ses contemporains vers l’étude pittoresque du passé, et Southey cherchait, non dans les traditions du pays natal, mais dans les légendes fabuleuses et brillantes des terres étrangères, le renouvellement du génie épique. Quelques hommes distingués, moins hardis, moins originaux. Campbell, Rogers, Moore, et quelques femmes douées de talent, se contentaient de chercher la perfection artistique de leurs œuvres, sans frayer un sillon nouveau ; campbell, animé d’une puissance intime et supérieure, a marqué son passage plus profondément que l’élégant Rogers, et que Moore, poète facile, agréable, orné. En dehors de ces noms, vous trouverez des talens, non des puissances intellectuelles. Les hommes que nous avons nommés sont les vrais phares poétiques du XIX{{e}} siècle en Angleterre, les flambeaux à la lumière desquels tous les autres poètes sont venus allumer leur torche, et qui rayonnent encore dans des directions différentes ou opposées. Après ce grand éclat, la poésie anglaise ne pouvait que déchoir. C’est ce qui lui arrive aujourd’hui.</ref>.