« Page:Stendhal - Mémoires d’un Touriste, I, Lévy, 1854.djvu/150 » : différence entre les versions
m Maltaper : split |
|||
État de la page (Qualité des pages) | État de la page (Qualité des pages) | ||
- | + | Page corrigée | |
En-tête (noinclude) : | En-tête (noinclude) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
{{nr|146|ŒUVRES DE STENDHAL.|}} |
|||
Contenu (par transclusion) : | Contenu (par transclusion) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
qu’il a pris sans |
chevalier de Saint-Vernange, nom qu’il a pris sans doute dans |
||
quoique vaudeville. |
quoique vaudeville. Sainnt-Vernange a trente ans ; c’est le plus |
||
bel homme qu’on puisse voir ; il a accroché la croix dans la |
|||
garde nationale, je pense ; du reste, il est brave, comme si cette |
garde nationale, je pense ; du reste, il est brave, comme si cette |
||
chose nommée la mort n’existait pas. Mais, ce qui est drôle, on |
chose nommée la mort n’existait pas. Mais, ce qui est drôle, on |
||
pense qu’il est comme M. de Caylus : il n’a point d’âme. C’est |
pense qu’il est comme M. de Caylus : ''il n’a point d’âme''. C’est |
||
ce qui le rend impayable. On verra peu après la preuve de |
ce qui le rend impayable. On verra peu après la preuve de cette |
||
grande vérité. |
grande vérité. |
||
L’idéal de la vie pour Saint- |
L’idéal de la vie pour Saint-Vernange, c’est d’assister à un |
||
souper gai, avec du vin de Champagne, des femmes aimables et |
souper gai, avec du vin de Champagne, des femmes aimables et |
||
des hommes d’esprit qui font des contes. |
des hommes d’esprit qui font des contes. |
||
Quand |
Quand Saint-Vernange obtint la croix, il s’appelait Picardin. |
||
Naturellement, il a douze cents francs de rente, et il vivotait |
Naturellement, il a douze cents francs de rente, et il vivotait |
||
avec un petit emploi de cent louis dans les bureaux d’une des |
avec un petit emploi de cent louis dans les bureaux d’une des |
||
municipalités de Paris, quand il rencontra Brémont dans un |
|||
duel. Ils se plurent. Brémont voulait souper |
duel. Ils se plurent. Brémont voulait souper trois ou quatre fois |
||
la semaine, Picardin arrangeait les soupers. Ce nom parut ridicule à Brémont, et son ami s’appela Saint- |
la semaine, Picardin arrangeait les soupers. Ce nom parut ridicule à Brémont, et son ami s’appela Saint-Vernange. |
||
Dans une partie de plaisir à la Malmaison, je crois, un roulier |
Dans une partie de plaisir à la Malmaison, je crois, un roulier |
||
insolent cherche à écorcher la calèche neuve de Brémont. |
insolent cherche à écorcher la calèche neuve de Brémont. Saint-Vernange saute à terre, esquive les coups de fouet du roulier, |
||
et le rosse au point de lui faire demander grâce. |
et le rosse au point de lui faire demander grâce. Saint-Vernange |
||
était un admirable professeur de savate, et n’en avait jamais |
était un admirable professeur de ''savate'', et n’en avait jamais |
||
parlé. |
parlé. À déjeuner, Saint-Vernange avait soin de dire à Brémont : |
||
Le soleil se couche ce soir à six heures vingt et une minutes. |
Le soleil se couche ce soir à six heures vingt et une minutes. |
||
Comme Brémont a des jugements, sans une nécessité absolue il |
Comme Brémont a des jugements, sans une nécessité absolue il |
||
ne sort pas avant le coucher du soleil. |
ne sort pas avant le coucher du soleil. |
||
Brémont part pour Marseille ; |
Brémont part pour Marseille ; Saint-Vernange quitte emploi, |
||
famille, s’il en a, |
famille, s’il en a, et toute affaire sérieuse, pour suivre Brémont |
||
qui |
qui l’appelle son ''Pétrone'', depuis qu’un jour Saint-Vernange |
||
s’est embrouillé en voulant citer Pétrone. Jamais ces deux cires |
s’est embrouillé en voulant citer Pétrone. Jamais ces deux cires |
||
ne se |
ne se sont dit un mot sérieux. La position de Saint-Vernange |
||
s’est |
s’est faite peu à peu comme les bonnes constitutions, à mesure |
||
des besoins, il |
des besoins, il fait faire les malles sous ses yeux par les {{tiret|domes|tiques}} |
||
MÉMOIRES |