« Le Blason d’après les sceaux du Moyen-Âge » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
m corr
Ligne 4 :
 
 
<poem>
 
J’étudie dans ce mémoire l’origine des armoiries, la figure chronologique de l’écu, les supports, les cimiers, le volet et les lambrequins, les diverses formes d’écu, les premières brisures.<br />
 
L’imagerie des sceaux nous a transmis un nombre considérable d’armoiries, et ces armoiries se recommandent non-seulement par une authenticité incontestable, mais encore par leur grande ancienneté. De tous les monuments qui pourraient nous éclairer sur l’origine du blason, il ne reste, ou du moins l’on ne connaît que les sceaux. Il était donc tout naturel et indispensable à la fois de les prendre pour base de ce travail. Je dois ajouter que les sceaux dont je vais invoquer le témoignage appartiennent presque tous aux grands feudataires ou aux seigneurs les plus marquants de notre pays. La question des blasons étrangers se trouve ainsi réservée.<br />
 
J’étudie dans ce mémoire l’origine des armoiries, la figure chronologique de l’écu, les supports, les cimiers, le volet et les lambrequins, les diverses formes d’écu, les premières brisures.<br />
L’imagerie des sceaux nous a transmis un nombre considérable d’armoiries, et ces armoiries se recommandent non-seulement par une authenticité incontestable, mais encore par leur grande ancienneté. De tous les monuments qui pourraient nous éclairer sur l’origine du blason, il ne reste, ou du moins l’on ne connaît que les sceaux. Il était donc tout naturel et indispensable à la fois de les prendre pour base de ce travail. Je dois ajouter que les sceaux dont je vais invoquer le témoignage appartiennent presque tous aux grands feudataires ou aux seigneurs les plus marquants de notre pays. La question des blasons étrangers se trouve ainsi réservée.<br />
<div style="text-align:center;">''Origine des armoiries.''</div>
Les origines des armoiries tendent à se dégager chaque jour davantage des fables qui les obscurcissaient. Les témoignages fournis par les sceaux servent de base aux nouvelles théories<ref>Voy. A. de Barthélémy. ''Essai sur l'origine des armoiries féodales.'' (Extrait des mémoires de la Société des Antiquaires de l’Ouest, 1872.)</ref>.<br />
 
On a d’abord séparé les emblèmes, les symboles de la fantaisie qui décorèrent de tout temps les boucliers, des armoiries féodales, signes héréditaires, distinctifs et représentatifs de la seigneurie. Cette démarcation une fois établie, il ne restait plus qu’à prendre pour point de départ des armoiries reconnues et à les suivre en remontant le cours des siècles jusqu’au moment où elles cessent d’être représentées sur l’écu.<br />
C’est ainsi qu’en étudiant d’âge en âge les sceaux des comtes de Flandre, on rencontre le ''lion'' pour la première fois dans le type de Philippe d’Alsace, en 1170. Le sceau de 1164 du même compte n’en fait pas mention. On le chercherait en vain sur les sceaux des prédécesseurs de Philippe.<br />
On constate par la même méthode que le plus ancien blason des Montmorency, la ''croix cantonnée de quatre alérions'', date de 1177 et se trouve sur l’écu de Mathieu II, tandis que le sceau de Mathieu I{{er}}, avant 1160, n’offre aucun emblème héraldique. — L’écu de Conon, comte de Soissons, porte, de 1178 à 1180, le ''lion passant'' ; on ne voit pas d’armes apparentes sur le type de ce même Conon en 1172. ― Dès 1189, Mathieu III, comte de Beaumont-sur-Oise, tient un bouclier chargé d’un ''lion rampant'', le sceau du même comte ne possède pas d’armoiries en 1177 ; celui de Mathieu II, son prédécesseur, n’en possède pas davantage en 1173. ― Les Coucy présentent en 1190 leur ''fascé de vair et de gueules de six pièces'' ; ce blason n’existe pas sur un sceau de 1150. ― Le ''lion'' des Garlande apparaît en 1192 et ne figure pas sur un sceau de Gui de Garlande en 1170. — Gérard de Saint-Aubert porte en 1194 une bouclier ''chevronné à la bordure'' ; ce seigneur n’a pas encore d’armoiries en 1185. — Les anciennes armes du Hainaut, un ''chevronné de six pièces'', sont reproduites en 1195 sur un sceau de Baudouin le Courageux, tandis que le type de ce même personnage à la date de 1182 en est dépourvu. — Avant 1197, Henri II, comte de Champagne, porte la ''bande coticée'' ; mais dans un type précédent de l’année 1180, on n’aperçoit sur le bouclier qu’un umbo accompagné de son armature de fer; le bouclier de Henri I{{er}}, en 1168, se trouve dans la même condition. — À la date de 1197, Geoffroi, comte du Perche, porte ''trois chevrons'' ; l’écu de son père Rotrou III ne contient pas d’armoiries en 1190. — Gautier d'Avesnes, 1199, se couvre d’un écu ''bandé de six pièces'' ; Jacques d'Avesnes, en 1186, n’a pas d’armes distinctes. — On remarque sur le sceau de Guillaume, comte de Clermont en Auvergne, 1199, un écu à ''deux lions passant'' que ne donnent pas les types de ses devanciers. — Enguerran de Picquigny, vidame d’Amiens, porte, en 1199, un ''échiqueté sous un chef de vair'' qui ne se trouve pas chez Gérard de Picquigny, en 1190.<br />
On constate par la même méthode que le plus ancien blason des Montmorency, la ''croix cantonnée de quatre alérions'', date de 1177 et se trouve sur l’écu de Mathieu II, tandis que le sceau de Mathieu I{{er}}, avant 1160, n’offre aucun emblème héraldique. — L’écu de Conon, comte de Soissons, porte, de 1178 à 1180, le ''lion passant'' ; on ne voit pas d’armes apparentes sur le type de ce même Conon en 1172. ― Dès 1189, Mathieu III, comte de Beaumont-sur-Oise, tient un bouclier chargé d’un ''lion rampant'', le sceau du même comte ne possède pas d’armoiries en 1177 ; celui de Mathieu II, son prédécesseur, n’en possède pas davantage en 1173. ― Les Coucy présentent en 1190 leur ''fascé de vair et de gueules de six pièces'' ; ce blason n’existe pas sur un sceau de 1150. ― Le ''lion'' des Garlande apparaît en 1192 et ne figure pas sur un sceau de Gui de Garlande en 1170. — Gérard de Saint-Aubert porte en 1194 une bouclier ''chevronné à la bordure'' ; ce seigneur n’a pas encore d’armoiries en 1185. — Les anciennes armes du Hainaut, un ''chevronné de six pièces'', sont reproduites en 1195 sur un sceau de Baudouin le Courageux, tandis que le type de ce même personnage à la date de 1182 en est dépourvu. — Avant 1197, Henri II, comte de Champagne, porte la ''bande coticée'' ; mais dans un type précédent de l’année 1180, on n’aperçoit sur le bouclier qu’un umbo accompagné de son armature de fer; le bouclier de Henri I{{er}}, en 1168, se trouve dans la même condition. — À la date de 1197, Geoffroi, comte du Perche, porte ''trois chevrons'' ; l’écu de son père Rotrou III ne contient pas d’armoiries en 1190. — Gautier d'Avesnes, 1199, se couvre d’un écu ''bandé de six pièces'' ; Jacques d'Avesnes, en 1186, n’a pas d’armes distinctes. — On remarque sur le sceau de Guillaume, comte de Clermont en Auvergne, 1199, un écu à ''deux lions passant'' que ne donnent pas les types de ses devanciers. — Enguerran de Picquigny, vidame d’Amiens, porte, en 1199, un ''échiqueté sous un chef de vair'' qui ne se trouve pas chez Gérard de Picquigny, en 1190.<br />
 
D’après les exemples que je viens de citer, le blason fait son apparition dans les dernières années du XII{{e}} siècle, brusquement, sans transition. mais il est d’autres types plus anciens où les pièces des armoiries existent, s’annonçant pour ainsi dire avant de passer dans l’écu. Le sceau d’Enguerran, comte de Saint-Pol, antérieur à l’année 1150, est de ce nombre. Il offre déjà plusieurs ''gerbes'' dispersées dans le champ.
 
Ligne 27 ⟶ 29 :
[[Image:Demay p7b.jpg|thumb|Contre-sceau de Philippe-Auguste.|200px|center]]
 
 
<br />
 
— On remarque sur le sceau d’Hellin de Wavrin, 1177, une aigle empiétant un lion ; cette aigle est passée en 1193, dans l’écu de Robert de Wavrin, sénéchal de Flandre. — Le sceau de Roger de Meulan, 1195, porte dans le champ un lion passant ; en 1197, ce lion, devenu rampant, figure dans l’écu de Jean de Meulan ; Roger de Meulan tient également un bouclier au lion rampant sur un sceau de 1204. — Julienne, dame de Rosoy, se fait représenter, en 1195, accompagnée de deux roses ; ces roses deviennent bientôt héraldiques. L’écu de Roger de Rosoy, en 1201, en porte trois.<br />
Je reviens à la fleur de lys. Jamais question d’origine n’a été plus controversée. Des conjectures probables et des suppositions étranges ont vu le jour à son occasion. Les sceaux interviennent dans le débat et montrent la fleur de lys apparaissant pour la première fois avec un caractère héraldique dans le type de Philippe-Auguste après l’avoir annoncée par le fleuron dès les premiers Capétiens.<br />
 
Quel est ce fleuron ? d’où vient-il ? Serait-ce la fleur primitive dont le dessin et la plastique appartiennent à toutes les époques, qui a été connue et employée comme motif d’ornementation chez les peuples les plus anciens et les plus divers, dont se servent encore les modernes ? C’est l’opinion d’Adalbert de Beaumont et son auteur la fait valoir avec autant d’esprit que de verve.<br />
Je reviens à la fleur de lys. Jamais question d’origine n’a été plus controversée. Des conjectures probables et des suppositions étranges ont vu le jour à son occasion. Les sceaux interviennent dans le débat et montrent la fleur de lys apparaissant pour la première fois avec un caractère héraldique dans le type de Philippe-Auguste après l’avoir annoncée par le fleuron dès les premiers Capétiens.<br />
 
Quel est ce fleuron ? d’où vient-il ? Serait-ce la fleur primitive dont le dessin et la plastique appartiennent à toutes les époques, qui a été connue et employée comme motif d’ornementation chez les peuples les plus anciens et les plus divers, dont se servent encore les modernes ? C’est l’opinion d’Adalbert de Beaumont et son auteur la fait valoir avec autant d’esprit que de verve.<br />
 
D’un autre côté, la sigillographie semble nous entraîner dans une voie toute différente. Si dans les plus anciens types qui représentent la Vierge, on compare les fleurons de la couronne, celui que la Vierge tient à la main, avec les fleurons figurés sur les sceaux de nos rois, on est frappé de leur analogie ; on dirait le dessin du même ornement, du même attribut. Sur un sceau du chapitre de Notre-Dame de Paris, à la date de 1146, les fleurons de la couronne de la Vierge, celui qu’elle porte, le fleuron sur lequel ses pieds reposent, annoncent la future fleur de lys héraldique mieux que ne l’indiquent les sceaux royaux de la même époque.
 
[[Image:Demay p9.jpg|thumb|Chapitre de Notre-Dame de Paris.|200px|center]]
 
 
<br />
 
—Si l’on interroge le type de l’abbaye de Bonne-Espérance (dioc. de Cambrai) en 1155, on remarquera dans les mains de la Vierge un sceptre terminé par un fleuron des plus caractérisés. — En 1197, la Vierge figurée sur le sceau de l’abbaye de Faremoutiers porte un sceptre dont le fleuron est identique au fleuron que saint Louis tiendra quarante ans plus tard à la main ; la couronne de la Vierge est également fleurdelysée.
 
Cette étude comparative offre déjà plus qu’un parallélisme. Elle tend à établir que la fleur de lys des types de la Vierge a devancé la fleur de lys de nos souverains. Les rois de France auraient-ils emprunté l’attribut de la reine du ciel ? L’examen des monnaies a conduit M. Anatole de Barthélémy à se poser la même question et à la résoudre affirmativement. L’autorité de notre savant confrère donne un grand poids à cette nouvelle hypothèse.<br />
 
Je viens d’exposer deux des opinions les plus vraisemblables sur l’origine de la fleur de lys. Toutes les deux ont le mérite d’être tirées de l’imagerie.<br />
En examinant la première, celle du fleuron primitif, on est conduit à se demander : à quelle époque le fleuron a-t-il pris le nom de fleur de lys ? La plus ancienne mention écrite de la fleur de lys que l’on connaisse, se trouve dans une ordonnance de Louis VII, relative au sacre de son fils. Le mot a-t-il été employé à cette occasion pour la première fois ? ou si cette appellation a été appliquée plus anciennement, jusqu’où remonte-t-elle ? Pourquoi dans un acte bien plus rapproché de nous, dans l’inventaire de Charles V, se sert-on indistinctement pour la description de la couronne tantôt du mot fleuron, tantôt du mot fleur de lys, comme de deux expressions synonymes ?<br />
 
Dans la seconde hypothèse, si le lys a été emprunté à la Vierge, les preuves par les textes sont moins urgentes. La symbolique chrétienne a consacré le lys dès les premiers siècles comme un emblème de virginité. Il s’agit de rechercher vers quelle date le symbole devient un attribut ; la conclusion se trouve subordonnée à l’étude des représentations de la Vierge antérieures à celles qui viennent d’être citées.<br />
En examinant la première, celle du fleuron primitif, on est conduit à se demander : à quelle époque le fleuron a-t-il pris le nom de fleur de lys ? La plus ancienne mention écrite de la fleur de lys que l’on connaisse, se trouve dans une ordonnance de Louis VII, relative au sacre de son fils. Le mot a-t-il été employé à cette occasion pour la première fois ? ou si cette appellation a été appliquée plus anciennement, jusqu’où remonte-t-elle ? Pourquoi dans un acte bien plus rapproché de nous, dans l’inventaire de Charles V, se sert-on indistinctement pour la description de la couronne tantôt du mot fleuron, tantôt du mot fleur de lys, comme de deux expressions synonymes ?<br />
Mais au point où nous sommes arrivés, la sigillographie cesse de nous prêter son concours. Les Carlovingiens se sont servis pour authentiquer leurs diplômes de types empruntés aux empereurs romains et les Mérovingiens ne présentent qu’une tête chevelue de la facture la plus barbare. C’est à un autre ordre de documents figurés qu’il faut demander des renseignements.<br />
 
Il m’a paru intéressant de feuilleter les manuscrits à miniatures de la période carlovingienne et de consigner ici le résultat de leur dépouillement.<br />
Dans la seconde hypothèse, si le lys a été emprunté à la Vierge, les preuves par les textes sont moins urgentes. La symbolique chrétienne a consacré le lys dès les premiers siècles comme un emblème de virginité. Il s’agit de rechercher vers quelle date le symbole devient un attribut ; la conclusion se trouve subordonnée à l’étude des représentations de la Vierge antérieures à celles qui viennent d’être citées.<br />
 
Mais au point où nous sommes arrivés, la sigillographie cesse de nous prêter son concours. Les Carlovingiens se sont servis pour authentiquer leurs diplômes de types empruntés aux empereurs romains et les Mérovingiens ne présentent qu’une tête chevelue de la facture la plus barbare. C’est à un autre ordre de documents figurés qu’il faut demander des renseignements.<br />
 
Il m’a paru intéressant de feuilleter les manuscrits à miniatures de la période carlovingienne et de consigner ici le résultat de leur dépouillement.<br />
 
Dans le livre de prières de Charles le Chauve, 842-869 (bibl. nat., latin n°&nbsp;1152), l’empereur est figuré le front ceint d’une couronne à fleurons, tenant un sceptre fleuronné. Le dossier du trône sur lequel le monarque repose est surmonté d’un fleuron à chacun de ses angles. L’agrafe même du manteau rappelle le même ornement.
 
Ligne 55 ⟶ 68 :
 
[[Image:Demay p13a.jpg|thumb|...|200px|center]]
 
<br />
 
et, détail des plus curieux, certaines pages contiennent à la fois des fleurons d’ornement de couleur variée et des fleurons de forme identique, mais blancs, émergeant d’une touffe de feuilles vertes.
 
[[Image:Demay p13b.jpg|thumb|...|200px|center]]
 
Ce rapprochement nous conduit à une autre hypothèse, bien répandue, celle de la fleur de lys provenant du lys des jardins.<br />
 
Voilà donc l’existence du fleuron attribut reconnue chez nos rois et dans les livres écrits pour eux aux premiers temps carlovingiens.<br />
Si nous étudions maintenant les représentations de la Vierge, renfermées en bien petit nombre dans les manuscrits de la même période, nous remarquons qu’elles sont toutes dépourvues d’attribut. Du moment où, selon la mode alors en usage, les Vierges revêtent le pallium, aucun emblème ne les accompagne, ne les caractérise. L’Annonciation, sujet où l’on ne manque jamais dans les époques plus rapprochées de rencontrer le fleuron, ne comporte plus cet attribut dans les missels du X{{e}} siècle. Si l’on consulte d’autre part les manuscrits orientaux du IX{{e}} siècle au XI{{e}}, livres où le fleuron est, pour ainsi dire, la base de l’ornementation, on constate encore une fois que la Vierge n’est accompagnée d’aucun emblème.<br />
 
Que conclure de ces dernières recherches ? Sinon que le fleuron attribut ornant la couronne et le sceptre de nos souverains remonte à la date des plus anciens manuscrits illustrés, 842-869, et que la Vierge, à partir du XI{{e}} siècle, ne portant plus de fleuron ne saurait l’avoir transmis à nos rois.<br />
Si nous étudions maintenant les représentations de la Vierge, renfermées en bien petit nombre dans les manuscrits de la même période, nous remarquons qu’elles sont toutes dépourvues d’attribut. Du moment où, selon la mode alors en usage, les Vierges revêtent le pallium, aucun emblème ne les accompagne, ne les caractérise. L’Annonciation, sujet où l’on ne manque jamais dans les époques plus rapprochées de rencontrer le fleuron, ne comporte plus cet attribut dans les missels du X{{e}} siècle. Si l’on consulte d’autre part les manuscrits orientaux du IX{{e}} siècle au XI{{e}}, livres où le fleuron est, pour ainsi dire, la base de l’ornementation, on constate encore une fois que la Vierge n’est accompagnée d’aucun emblème.<br />
Les blasons du XII{{e}} siècle sont rares et peu connus. On ne trouvera peut-être pas mauvais que j’ajoute encore quelques noms aux exemples déjà cités.<br />
 
Que conclure de ces dernières recherches ? Sinon que le fleuron attribut ornant la couronne et le sceptre de nos souverains remonte à la date des plus anciens manuscrits illustrés, 842-869, et que la Vierge, à partir du XI{{e}} siècle, ne portant plus de fleuron ne saurait l’avoir transmis à nos rois.<br />
 
Les blasons du XII{{e}} siècle sont rares et peu connus. On ne trouvera peut-être pas mauvais que j’ajoute encore quelques noms aux exemples déjà cités.<br />
 
 
 
Ligne 83 ⟶ 102 :
1197, Pierre du Maisnil, ''un franc-canton'' ; — Hugues d'Auchy, un ''échiqueté à la fasce brochant''.<br />
1198, Gui de Moimont, ''trois bandes sous un chef'' ; — Eudes III, duc de Bourgogne, un ''bandé à la bordure'' ; — Jean de Villers-guislain, un ''losangé''.<br />
1199, Dauphin d’Auvergne, ''un dauphin'' ; — Guillaume, comte de Clermont-d'Auvergne, ''deux lions passant'' ; — Aimar, comte d'Angoulême, un ''losangé'' ; — Raoul d'Inchy, un ''fascé d'échiqueté et de vair de six pièces''.<br />
 
 
 
 
Dans les pages qui précèdent, j’ai montré les vraies armoiries, les armoiries héréditaires prenant naissance au dernier quart du XII{{e}} siècle dans plusieurs familles et plusieurs États à la fois. Je vais indiquer à présent comment elles sont figurées sur les sceaux.<br />
Dans les pages qui précèdent, j’ai montré les vraies armoiries, les armoiries héréditaires prenant naissance au dernier quart du XII{{e}} siècle dans plusieurs familles et plusieurs États à la fois. Je vais indiquer à présent comment elles sont figurées sur les sceaux.

Les blasons commencent à se produire dans les types équestres. Ils se posent d’abord sur le bouclier que le personnage tient à la main, en langage de chevalerie, sur l’écu. Sans attendre que l’umbo ait disparu, les pièces héraldiques se rangent comme elles peuvent dans son voisinage. Je citerai comme exemples les sceaux de Philippe d’Alsace, 1170, — d’Eudes de Ham, 1177, — de Richard de Vernon et de Richard Cœur-de-Lion, 1195. Les armoiries occupent ensuite le bouclier en cœur de la fin du XII{{e}} siècle. Les divers écus qui succèdent à ce dernier continuent à les recevoir et finissent même, au XIV{{e}} siècle, par ne plus avoir d’autre destination.<br />
 
Mais l’écu du chevalier ne jouit pas longtemps seul du privilège des emblèmes féodaux. Le blason, en vogue depuis peu d’années, envahit bientôt la selle, se posant sur le poitrail en 1215 (sc. de Robert de Braine), sur l’arçonnière de derrière en 1224 (sceau de Mathieu II de Montmorency). À peine la cotte d’armes est-elle entrée dans le vêtement chevaleresque, la housse dans la défense du cheval, 1225, qu’elles se couvrent d’armoiries (voy. le type de Savari de Mauléon). Avant 1230, la lance quitte le gonfanon à banderoles pour prendre une bannière rectangulaire, aux armes. L’ailette, la pièce qui défendait l’épaule, devient dès son origine, 1294, une des pièces honorables portant les armoiries du personnage (sc. de Pierre de Chambly). Le heaume de Philippe d’Alsace est marqué du ''lion de Flandre'' ; celui d’Amauri, sénéchal d’Anjou, 1223, présente sur son pourtour le ''losangé des Craon'' ; un Flamand, Jean d’Axel, coiffe, en 1336, un heaume armorié d’''un chevron''.<br />
Avant d’aller plus loin, je placera une observation. Elle découle de ce qui a été exposé jusqu’à présent. L’armature du bouclier engendra, dit-on, les premières pièces de blason. Il suffira, pour réduire à sa juste valeur cette opinion trop généralisée, de citer le lion de Flandre, 1170, — les croissants de la maison de Ham, 1177, — les tourteaux des comptes de Boulogne, 1181, — et ceux des Courtenai, 1184, — les merlettes des Mello, 1185, — les gerbes des Bouteiller de Senlis, 1186, — le dextrochère des Mortagne, 1191, — le lion des Montfort, 1195, etc. Tous ces emblèmes empruntés aux plus anciennes armoiries n’offrent rien de commun avec la ferrure symétrique d’un écu.<br />
 
Avant d’aller plus loin, je placera une observation. Elle découle de ce qui a été exposé jusqu’à présent. L’armature du bouclier engendra, dit-on, les premières pièces de blason. Il suffira, pour réduire à sa juste valeur cette opinion trop généralisée, de citer le lion de Flandre, 1170, — les croissants de la maison de Ham, 1177, — les tourteaux des comptes de Boulogne, 1181, — et ceux des Courtenai, 1184, — les merlettes des Mello, 1185, — les gerbes des Bouteiller de Senlis, 1186, — le dextrochère des Mortagne, 1191, — le lion des Montfort, 1195, etc. Tous ces emblèmes empruntés aux plus anciennes armoiries n’offrent rien de commun avec la ferrure symétrique d’un écu.<br />
 
J’ajouterai que la nécessité de placer des armoiries sur l’écu compte pour bien peu dans les modifications qu’il a subies. Ses changements de forme, je crois l’avoir démontré dans l’étude sur le type chevaleresque, tiennent par un lien étroit au progrès de l’habillement défensif. D’ailleurs les boucliers de tous les temps n’ont-ils pas été décorés de signes distinctifs ?
 
<div style="text-align:center;">''Le type héraldique.''</div>
 
Je passe maintenant au type héraldique proprement dit. On appelle ainsi une représentation dans laquelle l’écu tient la principale place sur le champ du sceau ou l’occupe seul tout entière. D’abord droit, puis penché, l’écu reste parallèle de figure au bouclier tenu par les chevaliers, mais sa dimension set plus grande.<br />
 
 
<div style="text-align:center;">''Écus droits.''</div>
Ligne 103 ⟶ 128 :
[[Image:Demay p19.jpg|thumb|Henri de Ferrières.|200px|center]]
 
Mais avant d’atteindre cette date extrême, la forme en cœur a commencé à se modifier. Chez certains écus, le bord supérieur a déjà perdu de sa convexité. Il s’est rapproché de la ligne droite, ses angles seuls restant arrondis. Les sceaux de Roger de Meulan, 1204, — de Guillaume de Garlande, 1211, présentent ce changement d’une façon très-sensible.<br />
 
 
[[Image:Demay p20a.jpg|thumb|Guillaume de Garlande.|200px|center]]
Ligne 123 ⟶ 149 :
[[Image:Demay p22.jpg|thumb|Sénéchaussée de Saintonge à la Rochelle.|200px|center]]
 
On entoure ensuite l’écu de motifs tirés de l’architecture de l’époque et dont l’ogive forme l’élément principal. Ce sont des trilobes ou des quadrilobes, tantôt simples, tantôt combinés avec un système de petits arcs ou d’angles sortants, décorés à l’intérieur de festons, de feuillages, d’animaux, de figures emblématiques telles que celles des quatre évangélistes.<br />
 
De plus, l’écu est accompagné, vers 1344, de personnages naturels ou fantastiques, d’animaux, d’oiseaux qui le soutiennent d’ordinaire, l’un à droite, l’autre à gauche.<br />
 
 
Le sceau d’Humbert II, fils du dauphin Jean, en 1349, nous fournit un des plus riches exemples de ces nouvelles dispositions. L’écu est placé droit dans un quadrilobe. Deux hommes sauvages à cheval sur des griffons le supportent de chaque côté. Dans le lobe supérieur, un homme d’armes, l’épée à la main et tenant un bouclier, est assis sur un lion couché. Le lobe inférieur contient un masque humain de face, entre deux chimères.
Ligne 130 ⟶ 158 :
[[Image:Demay p23.jpg|thumb|Humbert II.|200px|center]]
 
Toutefois la composition du sceau n’exige apspas toujours un encadrement architectural. Perronnelle, vicomtesse de Thouars, en 1378, fait supporter son écu par deux lions au manteau échiqueté sur l’épaule et le suspend par la guiche, c’est-à-dire la courroie, au cou d’une aigle, sans avoir recours à des ornements accessoires. dans le type de Charles d’Artois, 1413, l’écu posé sur un fond de rinceaux, sans encadrement, est supporté par deux béliers et surmonté d’un troisième.
 
[[Image:Demay p24.jpg|thumb|Perronnelle, vicomtesse de Thouars.|200px|center]]
Ligne 164 ⟶ 192 :
[[Image:Demay p27b.jpg|thumb|Jean de Rodemack.|200px|center]]
 
== temporaire ==
<br />
 
de Jean IV, comte d’Alençon, 1408, — de Guillaume de Dommartin, 1425.
 
Ligne 322 ⟶ 351 :
[[Image:Demay p44.jpg|thumb|Isabelle de Saint-Vrain.|200px|center]]
 
 
<br />
 
Catherine de Bourbon, femme de Jean VI, comte d'Harcourt, 1376, montre, au centre d'un quadrilobe, son initiale K, entourée de quatre écus en losange. On pourrait citer encore : Jeanne, femme de Charles de Blois, duc de Bretagne, 1369 ; Marguerite de Flandre, femme de Philippe le Hardi, duc de Bourgogne, 1403 ; Jeanne de Bourbon, comtesse d'Auvergne, 1502. Et parmi les hommes qui ont adopté l'écu en losange : Pierre de la Fauche, 1270 ; Jean I{{er}}, comte d'Armagnac, 1369.
 
Ligne 329 ⟶ 359 :
[[Image:Demay p45a.jpg|thumb|Jeanne, dame de Planes.|200px|center]]
 
 
<br />
 
L'écu de Marguerite de Bavière, femme de Jean-Sans-Peur, appartient à cette catégorie. Deux sceaux d'Alfonse d'Espagne, 1324, 1325, portent chacun, dans un quadrilobe, un écu en bannière supporté par deux hommes sauvages et soutenu par deux anges.
 
Ligne 356 ⟶ 387 :
[[Image:Demay p48b.jpg|thumb|Pierre de Navarre.|200px|center]]
 
 
<br />
 
L'écu droit de Jean de Blumerey, 1359, timbré d'un heaume à volet et cimé de deux têtes de coq, présente tout à fait l'apparence d'un insecte ailé. Les têtes de coq figurent les antennes, le volet de vair simule les deux ailes ; il n'y a pas jusqu'au burelé de l'écu qui, rappelant les bandes de l'abdomen, ne servent à compléter l'illusion.
 
Ligne 394 ⟶ 426 :
 
Enfin l'existence de brisures à l'origine des armoiries a été constatée avec cette remarque que les fils aînés de la maison de France, au XIII{{e}} siècle, n'étaient pas soumis à cette règle.
</poem>
 
[[Image:Demay p52.jpg|thumb|...|200px|center]]