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mans. Comme aux yeux de la plupart des Turcs, la réforme ne consiste qu’à imiter les costumes d’Europe, on pourrait croire que les Osmanlis n’ont rien voulu changer dans les harems, par des raisons d’économie ; car il y aurait peu d’effendis assez riches pour faire suivre à leurs femmes nos modes européennes qui changent sans cesse ; et puis ce ne serait pas une petite affaire que de mettre les dames de Constantinople au courant des nouveautés de Paris ou de Londres, de Vienne ou de Pétersbourg ; ne faudrait-il pas alors que le beau sexe de Stamboul eût ses instructeurs comme les nouvelles milices, et que sur les rives du Bosphore la mode eût aussi ses ambassadeurs ? Si la réforme venait à pénétrer dans les harems, combien elle pourrait amener de changemens dans les mœurs et les habitudes du pays ! Qui pourrait prévoir les effets d’une révolution qui s’emparerait pour ainsi dire des sanctuaires domestiques, de ce qu’il y a de plus intime et de plus sacré dans la nation, de ce qui touche le plus au cœur et à la vie de la société ? En attendant que les dames de Stamboul suivent les modes de France ou d’Angleterre, nous avons vu, il y a peu de jours, les jeunes princesses, filles du sultan, se promener dans les rues avec des vétemens et des parures qui paraissent être une nouveauté venue d’Occident ; je dois vous dire que cet essai n’a point réussi, et, qu’on n’y a vu qu’un travestissement grotesque. Il est probable qu’on en restera là.