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de la poésie classique. Que de nobles souvenirs se rattachent à une forme de vêtement que portaient Achille, Agamemnon et les personnages si poétiques de l’Iliade ! Il faut se rappeler aussi, que l’habillement des Albanais fut celui d’Alexandre, de Thémistocle, d’Alcibiade. Je n’ai rien vu, d’ailleurs, de plus élégant parmi les Orientaux. Lorsqu’on veut forcer aujourd’hui les enfans de l’Albanie à se dépouiller des costumes de la Grèce héroïque, ne vous semble-t-il pas qu’on fait la guerre à l’Antiquité, et qu’on outrage tous les héros de la fable et de l’histoire ? Vous voyez que j’ai aussi mes préjugés.

Cette conversation m’intéressait beaucoup, mais la voix des muezins venait d’annoncer la prière du soir. Il était près de huit heures ; il a fallu nous séparer. Nous avons traversé le champ des morts que la nuit couvrait de ses ombres. Dans la capitale des Osmanlis tout le monde était couché, excepté les Francs. Nous n’avons rencontré personne dans les rues. Me voilà rentré dans ma petite chambre de Péra, où je prends la plume pour vous rendre compte d’une journée que je me flatte d’avoir assez bien employée pour mon instruction et pour la vôtre.