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que je vois tous les jours, je veux les faire passer devant vous, afin que vous ayez une idée du peuple de Stamboul, qui a quelquefois envie de devenir un peuple civilisé. Vous verrez que les Turcs tiennent encore à la barbarie pour beaucoup de choses mais cette barbarie n’a rien de sauvage et de grossier ; souvent même elle a plus de finesse et de bon sens que notre civilisation avancée.
que je vois tous les jours, je veux les faire passer devant vous, afin que vous ayez une idée du peuple de Stamboul, qui a quelquefois envie de devenir un peuple civilisé. Vous verrez que les Turcs tiennent encore à la barbarie pour beaucoup de choses mais cette barbarie n’a rien de sauvage et de grossier ; souvent même elle a plus de finesse et de bon sens que notre civilisation avancée.


J’ai fait hier une visite a un kodja, professeur turc, qui demeure dans le quartier de la soliman-eh. Ibrahim-Effendi (c’est son nom), est un homme d’une cinquantaine données ; il montre dans sa physionomie une douceur pleine de dignité ; le front élevé, le nez aquilin, un teint pâle, m’ont rappelé les Turcs que j’avais vus dans l’Anatolie. Il passe pour avoir plus de philosophie que la plupart des ulémas, ce qui ne l’empêche pas d’être très-attaché à la religion du Prophète, et même à beaucoup de préjugés de sa nation. J’en ai été fort bien accueilli, car il aime les Français. Un fils, qu’il m’a présenté, et qui paraît avoir dix à douze ans, nous a servi le café et la pipe. Cet usage d’être servi par les enfans de la maison est assez commun dans les familles turques. En me présentant son fils, le kodja m’a dit qu’il avait le projet de l’envoyer à Paris pour faire ses études. « C’est là, ajoutait-il, qu’on peut acquérir de véritables lumières. » Mais il hésitait encore dans l’exécution de son dessein ; d’abord parce que la mère de l’enfant ne pouvait
J’ai fait hier une visite a un kodja, professeur turc, qui demeure dans le quartier de la ''soliman-eh''. Ibrahim-Effendi (c’est son nom), est un homme d’une cinquantaine données ; il montre dans sa physionomie une douceur pleine de dignité ; le front élevé, le nez aquilin, un teint pâle, m’ont rappelé les Turcs que j’avais vus dans l’Anatolie. Il passe pour avoir plus de philosophie que la plupart des ulémas, ce qui ne l’empêche pas d’être très-attaché à la religion du Prophète, et même à beaucoup de préjugés de sa nation. J’en ai été fort bien accueilli, car il aime les Français. Un fils, qu’il m’a présenté, et qui paraît avoir dix à douze ans, nous a servi le café et la pipe. Cet usage d’être servi par les enfans de la maison est assez commun dans les familles turques. En me présentant son fils, le kodja m’a dit qu’il avait le projet de l’envoyer à Paris pour faire ses études. « C’est là, ajoutait-il, qu’on peut acquérir de véritables lumières. » Mais il hésitait encore dans l’exécution de son dessein ; d’abord parce que la mère de l’enfant ne pouvait