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reprirent même une nouvelle faveur, à mesure que la culture antique tombait en décadence. Elles furent aussi en honneur pendant tout le moyen âge, et elles règnent encore en Orient.
reprirent même une nouvelle faveur, à mesure que la culture antique tombait en décadence. Elles furent aussi en honneur pendant tout le moyen âge, et elles règnent encore en Orient.


La science européenne a repris peu à peu, depuis le XVIe siècle, la ferme tradition des philosophes helléniques ; elle s’est débarrassée du vieil attirail des dogmes et des opérations chimériques et elle a poursuivi sans relâche la construction de l’édifice fondé par les Grecs. Si le travail accumulé des générations l’a élevée à une hauteur non soupçonnée des anciens et s’il en a étendu les applications dominatrices à toutes les branches de l’organisation sociale, cependant nous avons le droit de dire que nos méthodes et notre esprit moderne ne seraient certes pas désavoués par un Archimède ou par un Aristarque de Samos : à la lecture de nos ouvrages, ils reconnaîtraient leurs légitimes héritiers.
La science européenne a repris peu à peu, depuis le {{sc|xvi}}{{e}} siècle, la ferme tradition des philosophes helléniques ; elle s’est débarrassée du vieil attirail des dogmes et des opérations chimériques et elle a poursuivi sans relâche la construction de l’édifice fondé par les Grecs. Si le travail accumulé des générations l’a élevée à une hauteur non soupçonnée des anciens et s’il en a étendu les applications dominatrices à toutes les branches de l’organisation sociale, cependant nous avons le droit de dire que nos méthodes et notre esprit moderne ne seraient certes pas désavoués par un Archimède ou par un Aristarque de Samos : à la lecture de nos ouvrages, ils reconnaîtraient leurs légitimes héritiers.


Mais entre la science grecque et celle des modernes, il y a un intervalle de plus de seize siècles, pendant lequel la transmission des faits, des idées, des méthodes, n’a pas eu lieu directement. Elle s’est effectuée par des intermédiaires, d’un esprit moins ferme et imbus des anciens préjugés. De là un mélange de raison pure et de mysticisme, qui a dominé la science vers la fin de l’empire romain et pendant tout le moyen âge. En raison même de cette association de deux élémens contraires, et devenus depuis inconciliables, la science gréco-alexandrine a pris une figure étrange, aux débuts de l’ère chrétienne, à une époque où le pur rationalisme de Démocrite, d’Aristote et de leurs premiers disciples avait fléchi. De là ce curieux amalgame, où les notions positives de la chimie proprement dite se confondent avec les rêveries du gnosticisme et les derniers restes des traditions religieuses de la vieille Egypte. Ce mélange a duré même en chimie plus longtemps que dans toute autre science, et c’est seulement à la fin du siècle dernier que la chimie s’est affranchie complètement de ces idées singulières et constituée sous une forme purement scientifique. La longue histoire de ses progrès successifs et de ses tentatives systématiques, à la fois dans l’ordre pratique et dans l’ordre philosophique, est des plus remarquables, et je me propose d’esquisser aujourd’hui le tableau de l’une des périodes les plus intéressantes de cette histoire : je veux parler de la période qui a suivi l’époque alexandrine et qui a précédé la connaissance et l’acclimatation définitive de l’alchimie, au XIIIe siècle, dans l’Europe occidentale.
Mais entre la science grecque et celle des modernes, il y a un intervalle de plus de seize siècles, pendant lequel la transmission des faits, des idées, des méthodes, n’a pas eu lieu directement. Elle s’est effectuée par des intermédiaires, d’un esprit moins ferme et imbus des anciens préjugés. De là un mélange de raison pure et de mysticisme, qui a dominé la science vers la fin de l’empire romain et pendant tout le moyen âge. En raison même de cette association de deux élémens contraires, et devenus depuis inconciliables, la science gréco-alexandrine a pris une figure étrange, aux débuts de l’ère chrétienne, à une époque où le pur rationalisme de Démocrite, d’Aristote et de leurs premiers disciples avait fléchi. De là ce curieux amalgame, où les notions positives de la chimie proprement dite se confondent avec les rêveries du gnosticisme et les derniers restes des traditions religieuses de la vieille Égypte. Ce mélange a duré même en chimie plus longtemps que dans toute autre science, et c’est seulement à la fin du siècle dernier que la chimie s’est affranchie complètement de ces idées singulières et constituée sous une forme purement scientifique. La longue histoire de ses progrès successifs et de ses tentatives systématiques, à la fois dans l’ordre pratique et dans l’ordre philosophique, est des plus remarquables, et je me propose d’esquisser aujourd’hui le tableau de l’une des périodes les plus intéressantes de cette histoire : je veux parler de la période qui a suivi l’époque alexandrine et qui a précédé la connaissance et l’acclimatation définitive de l’alchimie, au {{sc|xiii}}{{e}} siècle, dans l’Europe occidentale.


Cette étape est dominée par le nom des Arabes, auxquels les écrivains les plus répandus rattachent on général les progrès accomplis depuis les Grecs dans la plupart des sciences. Souvent même on a été jusqu’à attribuer aux Arabes la découverte même de la
Cette étape est dominée par le nom des Arabes, auxquels les écrivains les plus répandus rattachent en général les progrès accomplis depuis les Grecs dans la plupart des sciences. Souvent même on a été jusqu’à attribuer aux Arabes la découverte même de la