« Page:Revue des Deux Mondes - 1842 - tome 32.djvu/168 » : différence entre les versions

ThomasBot (discussion | contributions)
Aucun résumé des modifications
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{C|CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.|fs=200%}}
<br/>


{{—}}


{{D|30 septembre 1842.}}


Le gouvernement anglais vient de terminer ses longs démêlés avec les États-Unis. La convention qu’on vient de conclure a été diversement appréciée ; les uns ont félicité le ministère tory de l’issue de la négociation, les autres lui ont reproché d’avoir sacrifié au désir d’en finir les intérêts et presque l’honneur de la Grande-Bretagne. Rien de plus naturel que cette divergence d’opinions. En se plaçant à un point de vue exclusif, isolé, l’un et l’autre avis peut paraître également fondé. Celui qui ne voit que les embarras du gouvernement anglais, et les nombreuses et difficiles affaires qu’une politique impatiente et téméraire lui a laissées sur les bras, celui-1à doit penser qu’un traité par lequel, après tout, l’Angleterre ne renonce formellement et irrévocablement à rien d’essentiel, est une œuvre d’habileté, le produit d’une haute et saine politique. Celui au contraire qui, fermant les yeux sur les périls de l’Afghanistan, sur les dépenses et les lenteurs de l’expédition en Chine ; sur les incertitudes de l’Orient, sur les crises manufacturières de l’Angleterre, et sur le mouvement commercial qui agite en ce moment toutes les têtes de l’Europe, et qui peut amener les résultats les plus imprévus et les plus graves, ne songe qu’à la grandeur, à la puissance, aux ressources de l’empire britannique ; celui qui se rappelle les prétentions exagérées du gouvernement anglais et le langage hautain de ses envoyés, celui-là a pu s’étonner d’un traité par lequel l’Angleterre n’a rien obtenu, explicitement du moins, de tout ce qui lui tient le plus à cœur, d’un traité conclu sur le pied de la plus parfaite et modeste égalité avec ses anciennes colonies. Ces deux appréciations sont également erronées, parce qu’elles sont également incomplètes et partielles. Se placer à un point de vue exclusif, ne saisir qu’un seul côté d’une situation, ce peut être le rôle d’un amateur en politique et d’un homme de parti. Un
Le gouvernement anglais vient de terminer ses longs démêlés avec les États-Unis. La convention qu’on vient de conclure a été diversement appréciée ; les uns ont félicité le ministère tory de l’issue de la négociation, les autres lui ont reproché d’avoir sacrifié au désir d’en finir les intérêts et presque l’honneur de la Grande-Bretagne. Rien de plus naturel que cette divergence d’opinions. En se plaçant à un point de vue exclusif, isolé, l’un et l’autre avis peut paraître également fondé. Celui qui ne voit que les embarras du gouvernement anglais, et les nombreuses et difficiles affaires qu’une politique impatiente et téméraire lui a laissées sur les bras, celui-1à doit penser qu’un traité par lequel, après tout, l’Angleterre ne renonce formellement et irrévocablement à rien d’essentiel, est une œuvre d’habileté, le produit d’une haute et saine politique. Celui au contraire qui, fermant les yeux sur les périls de l’Afghanistan, sur les dépenses et les lenteurs de l’expédition en Chine ; sur les incertitudes de l’Orient, sur les crises manufacturières de l’Angleterre, et sur le mouvement commercial qui agite en ce moment toutes les têtes de l’Europe, et qui peut amener les résultats les plus imprévus et les plus graves, ne songe qu’à la grandeur, à la puissance, aux ressources de l’empire britannique ; celui qui se rappelle les prétentions exagérées du gouvernement anglais et le langage hautain de ses envoyés, celui-là a pu s’étonner d’un traité par lequel l’Angleterre n’a rien obtenu, explicitement du moins, de tout ce qui lui tient le plus à cœur, d’un traité conclu sur le pied de la plus parfaite et modeste égalité avec ses anciennes colonies. Ces deux appréciations sont également erronées, parce qu’elles sont également incomplètes et partielles. Se placer à un point de vue exclusif, ne saisir qu’un seul côté d’une situation, ce peut être le rôle d’un amateur en politique et d’un homme de parti. Un