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voit ici divinisé, et qu’entre ses transmigrations s’interpose le ciel appelé Toushita, dont les habitans divins lui sont inférieurs et semblent reconnaître en lui leur maître. Brahma, Indra, les grandes divinités brahmaniques entourent le Bouddha ; mais elles lui sont aussi subordonnées. La promptitude avec laquelle ces dieux reparaissent peut faire supposer que le Bouddha ne les avait pas, de parti-pris, rejetés, comme le fit avant lui Kapila. Seulement il put s’en passer, et même il dut ne savoir qu’en faire, car son système n’en avait pas besoin. L’homme en effet peut, suivant sa doctrine, faire seul son salut, par la force persévérante de sa volonté, sans s’appuyer sur une puissance extérieure et surnaturelle : aucun être supérieur ne le guide vers le ''nirvâna'', et ne se tient auprès de ce but suprême. C’est dans ce sens que l’on peut dire, malgré l’humilité, la mendicité, le renoncement prescrits par le Bouddha, que sa religion est orgueilleuse, qu’il a oublié de tenir compte de la faiblesse humaine, et qu’il n’a pas trouvé le véritable mobile de la vie.
voit ici divinisé, et qu’entre ses transmigrations s’interpose le ciel appelé Toushita, dont les habitans divins lui sont inférieurs et semblent reconnaître en lui leur maître. Brahma, Indra, les grandes divinités brahmaniques entourent le Bouddha ; mais elles lui sont aussi subordonnées. La promptitude avec laquelle ces dieux reparaissent peut faire supposer que le Bouddha ne les avait pas, de parti-pris, rejetés, comme le fit avant lui Kapila. Seulement il put s’en passer, et même il dut ne savoir qu’en faire, car son système n’en avait pas besoin. L’homme en effet peut, suivant sa doctrine, faire seul son salut, par la force persévérante de sa volonté, sans s’appuyer sur une puissance extérieure et surnaturelle : aucun être supérieur ne le guide vers le ''nirvâna'', et ne se tient auprès de ce but suprême. C’est dans ce sens que l’on peut dire, malgré l’humilité, la mendicité, le renoncement prescrits par le Bouddha, que sa religion est orgueilleuse, qu’il a oublié de tenir compte de la faiblesse humaine, et qu’il n’a pas trouvé le véritable mobile de la vie.


''Le Lotus de la bonne loi'', dont la mise en scène et les détails ne sont pas d’une physionomie moins bizarre que le ''Lalitavistâra'', auquel il paraît être un peu postérieur, contient un fait qui s’oppose formellement à ce que nous confondions le ''nirvâna'' avec l’anéantissement. Le Bouddha se trouve un jour près de la ville de Râdjagriha, au sommet de la montagne du Pic du Vautour, et il n’est pas entouré de moins de milliers de Bodhisattvas, de religieux, de religieuses, et d’auditeurs de tout rang que dans son précédent entretien. Le sage est plongé dans une méditation profonde, lorsque s’échappe de la touffe de poils qui sépare ses sourcils un rayon dont sont illuminées les dix-huit mille terres situées à l’orient jusqu’au grand enfer et jusqu’aux limites de l’existence. Ce prodige signifie que le bienheureux va expliquer le ''soutra'' du ''Lotus de la bonne loi''. En effet il expose en vers, en prose et à l’aide de paraboles, les difficultés que présente l’enseignement, et dit quels sont les ménagemens par lesquels on doit conduire les hommes dans la bonne voie, puis il prédit à plusieurs centaines de ses auditeurs qu’ils renaîtront Bouddhas à leur tour, et il leur désigne les mondes qu’ils auront à sauver ; plusieurs femmes participeront à cette faveur, seulement il leur faudra, pour la circonstance, changer de sexe. Bhagavat en est à ce point de ses prédictions, quand tout à coup sort du sol un merveilleux ''stoupa'', ainsi qu’on appelle les monumens en forme de cônes et de coupoles dont la foi bouddhique, au temps de sa première ferveur, a couvert plusieurs régions de l’Inde. Ce ''stoupa'' immense est fait de sept substances précieuses ; il s’élève dans les airs et se tient suspendu dans le ciel devant l’assemblée, qui en admire les balcons chargés de fleurs, les milliers de portiques,
''Le Lotus de la bonne loi'', dont la mise en scène et les détails ne sont pas d’une physionomie moins bizarre que le ''Lalitavistâra'', auquel il paraît être un peu postérieur, contient un fait qui s’oppose formellement à ce que nous confondions le ''nirvâna'' avec l’anéantissement. Le Bouddha se trouve un jour près de la ville de Râdjagriha, au sommet de la montagne du Pic du Vautour, et il n’est pas entouré de moins de milliers de Bodhisattvas, de religieux, de religieuses, et d’auditeurs de tout rang que dans son précédent entretien. Le sage est plongé dans une méditation profonde, lorsque s’échappe de la touffe de poils qui sépare ses sourcils un rayon dont sont illuminées les dix-huit mille terres situées à l’orient jusqu’au grand enfer et jusqu’aux limites de l’existence. Ce prodige signifie que le bienheureux va expliquer le ''soutra'' du ''Lotus de la bonne loi''. En effet il expose en vers, en prose et à l’aide de paraboles, les difficultés que présente l’enseignement, et dit quels sont les ménagemens par lesquels on doit conduire les hommes dans la bonne voie, puis il prédit à plusieurs centaines de ses auditeurs qu’ils renaîtront Bouddhas à leur tour, et il leur désigne les mondes qu’ils auront à sauver ; plusieurs femmes participeront à cette faveur, seulement il leur faudra, pour la circonstance, changer de sexe. Bhagavat en est à ce point de ses prédictions, quand tout à coup sort du sol un merveilleux ''stoupa'', ainsi qu’on appelle les monumens en forme de cônes et de coupoles dont la foi bouddhique, au temps de sa première ferveur, a couvert plusieurs régions de l’Inde. Ce ''stoupa'' immense est fait de sept substances précieuses ; il s’élève dans les airs et se tient suspendu dans le ciel devant l’assemblée, qui en admire les balcons chargés de fleurs, les milliers de {{tiret|porti|ques}}