« Le Diable à Paris/Série 4/Paris — Géographie — Histoire — Statistique » : différence entre les versions

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PARIS
GÉOGRAPHIE — STATISTIQUE — HISTOIRE

Le département de la Seine, situé dans la région septentrionale de la France, doit son nom au grand fleuve qui le traverse du sud-ouest au nord-ouest. Il est complètement enclavé dans le département de Seine-et-Oise, et n’a pas 25 kilomètres de largeur.

C’est un département à l’aspect varié. Il est formé de plaines séparées par des collines, entrecoupé de vallées peu profondes, dont les principales sont les vallées de la Seine et de la Marne, et sa pente générale s’abaisse du sud-est au nord-ouest. Paris, situé au centre du département, occupe un bassin de forme circulaire, limité par les buttes Montmartre et Chaumont, au nord, par les collines de Belleville et de Ménilmontant, à l’est, par les hauteurs d’Ivry, du Panthéon, de Bicêtre, au sud-est et au sud, et à l’ouest, par les collines plus reculées de Meudon, de Bellevue et de Saint-Cloud, qui suivent à peu près la lisière du département de Seine-et-Oise.

Le département de la Seine ne renferme aucune montagne, et son relief n’est accusé que par des collines et des coteaux, dont la hauteur moyenne est comprise entre 30 et 40 mètres au-dessus du niveau de la mer. Ses points culminants sont le Mont-Valérien, qui s’élève sur la rive gauche de la Seine à une hauteur de 162 mètres, la Butte-Montmartre, dont l’altitude est de 105 mètres, et la Butte-Chaumont, haute de 101 mètres.

Le département de la Seine est en entier compris dans le bassin de la Seine, et, directement ou indirectement, tous ses cours d’eau sont tributaires de ce fleuve.

Le climat de Paris est généralement doux et sain ; sa température moyenne est de 11 degrés environ ; les minima et maxima de température, entre lesquels oscille la colonne thermométrique, ont été 23 degrés au-dessous de zéro dans l’hiver de 1788, et 38 degrés au-dessus de zéro dans l’été de 1793. Les pluies sont fréquentes pendant l’hiver qui est long sans être très-rigoureux, et l’on a calculé que, dans la période d’un siècle, la quantité d’eau tombée dans le département s’élève annuellement en moyenne à 546 millimètres. Les vents dominants sont ceux de l’ouest et du nord-ouest, du sud et du sud-ouest, du nord et du nord-est.

Le département de la Seine et Paris sont habités par une population très-mélangée. Les provinciaux de tous les départements, les étrangers de tous pays y abondent, et prennent bien vite ce ton léger et ces allures spirituelles, si particulières au Parisien. Paris est donc réellement un lieu de concentration, on peut dire une sorte de creuset où viennent se fondre, s’amalgamer, se sublimer tous les éléments essentiels de la population française, et suivant la remarque très-vraie de P.-J. Stahl, « l’Europe même ne croit à ses gloires, que quand Paris les a signées et paraphées. »

Paris est une ville industrielle et manufacturière. Sous le rapport industriel, elle occupe en France le premier rang.

Son industrie comprend la fabrication des objets de première nécessité, alimentation, vêtement, bâtisse, ameublement, les produits de luxe, tels que bijouterie, carrosserie et articles de Paris, les manufactures et usines, c’est-à-dire la métallurgie, les filatures, le tissage, les fabriques de produits chimiques et de poterie, et l’imprimerie, la papeterie, la librairie, la gravure, etc. On peut estimer qu’aujourd’hui cette immense production industrielle s’élève à 2 milliards 500 millions.

Les principaux établissements métallurgiques de la capitale sont les divers ateliers de construction et de réparation des cinq grandes compagnies de chemins de fer, les usines Cail et Gouin pour la construction du matériel de chemins de fer et autres, les fonderies de bronze, et ces innombrables ateliers qui fonctionnent sur tous les points de Paris et fabriquent des machines pour imprimerie et reliure, des pièces d’horlogerie, de coupage, d’estampage, de scieries, de machines-outils, de machines à coudre, de presses, de chocolaterie, de bonneterie, etc. Les autres établissements industriels sont des usines à gaz, des fabriques de produits chimiques, d’allumettes, de noir animal, des ateliers pour la construction des voitures et des wagons, des imprimeries, parmi lesquelles on remarque les typographies Claye et Lahure, des ateliers d’ébénisterie et de sculpture pour meubles, des fabriques de papiers peints, des photographies, etc., et tous ces milliers d’ateliers où se confectionnent les objets de tabletterie, de bimbeloterie, les jouets, les fleurs artificielles, etc., qui composent cette spécialité complexe, dans laquelle l’art et le goût jouent un si grand rôle, et que l’on connaît dans le monde entier sous le nom d'Articles de Paris.

Le commerce départemental exporte tous les produits manufacturés, et il importe tout ce qui est nécessaire à l’alimentation et à l’existence de cette immense ville. Paris, en effet, dans le courant d’une année, consomme 3 millions et demi d’hectolitres de vins, alcools et liqueurs, 600 mille hectolitres d’huile, vinaigre, bière, 12 millions de kilogrammes de raisin, 144 millions de kilogrammes de comestibles, viande de bœuf, vache, veau, mouton, bouc et chèvre, fromages, du poisson pour 13 millions de francs, des huîtres pour 2 millions de francs, de la volaille et du gibier pour 25 millions, du beurre pour 29 millions et demi, des œufs pour 14 millions et demi, 12 millions de kilogrammes de sel, 11 millions de kilogrammes de glace, 3 millions et demi d’acides et de bougies stéariques, 2 millions et demi de suif et de graisse, 4 millions et demi de stères de bois, 749 millions de kilogrammes de charbon de terre et de coke, 162 millions de kilogrammes d’orge et d’avoine, 45 millions de bottes de foin et de paille, un chiffre très-considérable de matériaux, parmi lesquels on remarque 21 millions de kilogrammes de ciment, 25 millions de kilogrammes de fer, 16 millions de kilogrammes de fonte, 4 millions de stères de bois de construction, etc.

Toutes les nécessités de l’existence comme toutes ses superfluités ont créé un immense mouvement d’affaires dont Paris est le centre, et un mouvement de capitaux qui place cette grande ville immédiatement après Londres. Rien que la valeur des effets escomptés pour Paris à la Banque de France atteint à 2 milliards 300 millions, et le chiffre des négociations officiellement constatées à la Bourse, au comptant et à terme, s’élève annuellement à la somme de 80 milliards.

Avant l’invasion romaine, le territoire actuellement occupé par le département de la Seine était habité par la petite peuplade des Parisii, probablement d’origine belge. Leur domaine était fort restreint et il tenait tout entier dans une circonférence de douze lieues. Ils avaient pour principale ville la Cité, l’une des cinq îles de la Seine, que des raccordements successifs ont réduites à deux aujourd’hui. La Cité était alors réunie aux rives droite et gauche du fleuve par deux ponts de bois, qui sont devenus plus tard le Petit-Pont et le Pont-au-Change, et elle s’appelait Lutetia, c’est-à-dire la ville boueuse.

Ce fut 54 ans avant Jésus-Christ que César se mit pour la première fois en rapport avec les Parisiens ; il réunit plusieurs chefs gaulois à Lutèce, et obtint d’eux un contingent de cavalerie pour l’aider dans sa conquête ; mais l’année suivante, les Parisiens se soulevèrent contre l’envahisseur, et brûlèrent leur ville, que le lieutenant Labienus vint attaquer en descendant le cours de la Seine ; puis ils prirent part au mouvement national soulevé par l’héroïque Vercingétorix, et durent se soumettre avec toute la Gaule. Leur histoire devient alors fort obscure, et l’on sait seulement que l’administration romaine les classa dans la Lyonnaise.

Il faut arriver aux règnes de Constantin et de Julien, au ive siècle, pour retrouver la trace historique de ce petit peuple, destiné à jouer un rôle immense dans l’avenir. Au temps de Julien, les Parisiens étaient sobres et chastes ; ils fuyaient les théâtres et leurs représentations lascives, si l’on en croit cet empereur, et ils se distinguaient déjà par cet esprit gaulois que quinze siècles n’ont pu affaiblir. L’empereur Julien résida pendant cinq hivers consécutifs, de 355 à 361, soit dans le palais de la Cité, soit dans le palais des Thermes qu’il éleva sur la rive gauche de la Seine ; à cette époque, quelques villas s’étaient dispersées sur les deux rives du fleuve, et un camp romain occupait l’emplacement actuel du Luxembourg.

Le christianisme avait fait son apparition dans la contrée dès le milieu du iiie siècle ; mais son premier évêque historiquement reconnu, Victorinus, n’occupa le siège épiscopal de Paris qu’en 346. Cent ans après, un de ses successeurs, Marcellus, le patron du faubourg Saint-Marceau, détruisit les derniers vestiges du paganisme, et fonda une église sur le mont Cetardus, qui porte aujourd’hui le nom de Mouffetard.

Cependant, le vaste empire romain se désorganisait sous l’influence d’un militarisme despotique ; les barbares se jetèrent sur la Gaule ; Attila et les Huns s’avancèrent vers Paris, qui ne fut protégé que par la miraculeuse intercession de sainte Geneviève, que depuis lors il reconnut pour sa patronne. Lutèce devint capitale sous la première race des rois francs ; Clovis y résida, et il fonda une basilique en l’honneur de saint Pierre et de saint Paul, sur le mont Leucotitius, connu aujourd’hui sous le nom de montagne Sainte-Geneviève ; Childebert bâtit une église de Saint-Vincent qui a été remplacée par l’église romane de Saint-Germain des Prés ; d’autres églises se fondèrent, sur les ruines desquelles se sont élevées plus tard Notre-Dame, Saint-Germain l’Auxerrois, Saint-Laurent, et la Cité s’entoura de fortifications.

Pendant toute l’époque carlovingienne, Paris fut très-négligé, et son importance naissante décrut sensiblement. Les rois Francs ne l’habitaient plus. Vers le milieu du ixe siècle, les pirates normands pillèrent cette capitale délaissée et en chassèrent les habitants. Ses désastres furent grands alors ; la famine l’éprouva cruellement ; Charles le Chauve fit plusieurs tentatives pour repousser les barbares du Nord, et deux fois il les éloigna à prix d’or, mais la ville ne retrouva quelque sécurité que lorsque les rois de la troisième race en firent leur résidence. Robert, au xe siècle, reconstruisit les églises détruites par les pirates, et se bâtit un palais dans la Cité. Louis VI défendit les têtes de pont qui reliaient l’île aux deux rives de la Seine par le grand et le petit Châtelet ; peut-être même entoura-t-il d’une muraille la ville de la rive droite où s’était concentré tout le commerce de Paris, tandis que les écoles et les abbayes commençaient à se fonder sur la rive gauche, et, parmi elles, celle d’Abélard qui fut si florissante au commencement du xiie siècle. Avec Philippe-Auguste, Paris prit une grande importance ; il fut protégé par une enceinte, qui, sur la rive gauche, commençait à la Tournelle et finissait à la tour de Nesle, et qui, sur la rive droite, allait de la tour Barbeau à la tour de Nesle, espace aujourd’hui compris entre le pont de la Tournelle, l’Institut, la rue Culture-Sainte-Catherine et la colonnade du Louvre. Soixante-sept tourelles, sans compter les donjons des portes, défendaient cette muraille crénelée. Philippe-Auguste éleva également la tour du Louvre qu’une chaîne rattachait à la tour de Nesle, en barrant le cours du fleuve ; il fit paver la Cité, activa les travaux de Notre-Dame, commencée en 1163, et protégea fort l’Université contre les bourgeois. Ceux-ci à cette époque nommaient leur prévôt des marchands, véritable officier municipal, assisté d’échevins, qui marchait l’égal du prévôt de Paris, l’homme du roi.

L’accroissement de la capitale progressa toujours. Pendant le xiiie siècle, les vides de l’enceinte de Philippe-Auguste se remplirent. Saint Louis fonda les nouvelles églises de Sainte-Catherine et de Saint-Nicolas, les couvents des Jacobins, des Grands-Augustins, des Cordeliers, des Carmes et des Chartreux, l’établissement des Quinze-Vingts, l’Université, c’est-à-dire l’ensemble des écoles, les collèges d’Harcourt et de la Sorbonne, et dans son palais il érigea cette admirable Sainte-Chapelle, qui est un des chefs-d’œuvre de l’art ogival du xiiie siècle. De cette époque date la police régulière de Paris, qui fut commandée par le chevalier du guet.

Sous Philippe le Bel, les bourgeois revendiquèrent pour la première fois leurs droits, en se révoltant contre le roi qui les accablait d’impôts excessifs ; le roi dut se réfugier dans la tour du Temple, qui appartenait à l’ordre si riche des Templiers, anéanti, en 1314, par le supplice de Jacques Molay, leur grand maître. C’est à Philippe le Bel que Paris dut la fondation de son parlement, qui s’installa au palais de justice. Sous ses successeurs, la capitale fut souvent en état d’insurrection ; le prévôt des marchands, Étienne Marcel, et les bourgeois imposèrent plusieurs fois leur volonté ; cet habile administrateur, assassiné par Jean Maillard, en 1358, avait commencé une nouvelle enceinte pour défendre la partie méridionale de Paris, enceinte qui fut complétée par Charles V ; sur la rive droite, elle s’étendait depuis la tour de Bois, près des Tuileries actuelles, jusqu’à la tour Billy, près du boulevard Bourdon, et en dehors se dressait cette formidable et célèbre prison d’État, nommée la Bastille. Non loin, s’élevait l’hôtel Saint-Pol qu’habitait Charles V.

Après lui, Paris passa par les troubles sanglants des Maillotins, des Cabochiens, des Armagnacs, des Bourguignons et de la domination anglaise, dont le représentant résida au palais des Tournelles. En 1129, Jeanne d’Arc vint camper sur la butte Saint-Roch, assiégea la ville, mais ne put s’en emparer. Les étrangers n’en furent chassés qu’en 1436, et Charles VII en prit possession sans y établir sa résidence. Louis XI, qui l’habita peu, accrut ses privilèges, et y fonda une école de médecine. Ce fut François Ier qui s’occupa activement de la grande ville ; il protégea son enceinte par une suite d’ouvrages bas, reliés par des courtines et invulnérables aux coups de l’artillerie. La construction du nouveau palais du Louvre fut confiée à Pierre Lescot. Sous Louis XII s’élevèrent plusieurs monuments de la Renaissance, entre autres l’hôtel Cluny, et le Louvre commença à devenir un palais. Les troubles religieux ensanglantèrent la capitale sous Charles IX, et le signal de la Saint-Barthélemy y fut donné par la cloche de Saint-Germain l’Auxerrois, dans la nuit du 24 août 1572. Aux troubles religieux succédèrent les dissensions civiles ; la Ligue établit ses barricades dans les rues de Paris insurgé, et Henri III dut prendre la fuite ; ce roi, déclaré déchu du trône, revint assiéger « sa bonne ville, » et périt alors sous le poignard de Jacques Clément.

Pendant le règne d’Henri IV, les grands travaux de la capitale furent poussés avec ardeur ; le roi résolut de réunir le Louvre de François Ier aux Tuileries de Catherine de Médicis, construites par Philibert Delorme, et il fit continuer la galerie du bord de l’eau ; Androuet du Cerceau acheva l’hôtel de ville et rattacha à la Cité l’îlot où s’élève la statue du roi. Sous Louis XIII, il fallut agrandir une troisième fois l’enceinte de Paris, et embrasser dans la nouvelle les Tuileries et la butte Saint-Roch, en suivant la ligné actuelle des boulevards depuis la porte Saint-Denis ; le palais de la Cité fut reconstruit ; le palais du Luxembourg fut élevé par Marie de Médicis, et la Sorbonne par Richelieu ; de nouveaux ponts franchirent la Seine ; le Pré-aux-Clercs commença à se couvrir de maisons ; la place Royale s’acheva, ainsi que l’hôtel Rambouillet, le Palais-Royal, etc. Après les troubles de la Fronde, Paris paya les frais de l’émeute en perdant ses franchises et en recevant une garnison royale.

Louis XIV rendit la capitale splendide ; le jardin des Tuileries, tracé par Le Nôtre, les Tuileries, achevées par Leveau, le Louvre, orné de sa magnifique colonnade par Perrault, les Invalides, commencés en 1670 par Mansart, le Val-de-Grâce, le palais Mazarin, l’Observatoire, les portes Saint-Denis et Saint-Martin, les hôtels Carnavalet et Lamoignon, embellirent Paris, que cinq cent mille habitants occupaient alors. Pendant tout le xviiie siècle, les écrivains les plus célèbres, Rousseau, Voltaire, Piron, Fontenelle, Duclos, Crébillon, Lebrun, Sedaine, etc., résidèrent dans cette ville incomparable, et si, sous Louis XIV, on pouvait encore tirer des bécassines dans les marais de la Grange-Batelière, sous Louis XV, tout le nouveau quartier de la Chaussée-d’Antin s’éleva sous l’impulsion des traitants et des financiers. L’église Sainte-Geneviève fut érigée sur les dessins de Soufflot, et l’École militaire, l’École de droit, l’École de médecine, l’Odéon, la Halle au blé, l’hôtel des Monnaies, etc., apparurent dans les divers quartiers de Paris.

À cette époque succéda la période révolutionnaire, qui débuta par la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789 ; la vieille forteresse de Charles V tomba sous les coups de la colère parisienne ; le roi fut ramené de Versailles aux Tuileries, et la Constituante s’installa dans la salle du Manège, qui occupait l’espace aujourd’hui compris entre la rue des Pyramides et la rue Castiglione. Les grands faits de la Révolution sont connus de tous ; ils comprennent l’anniversaire de la prise de la Bastille, célébré au Champ de Mars le 14 juillet 1790, la fuite du roi, le 21 juin 1791, l’envahissement des Tuileries au 10 août 1792, la déchéance de Louis XVI et son emprisonnement au Temple, les massacres de septembre, l’ouverture des séances de la Convention, le 20 septembre 1792, l’exécution du roi, le 21 janvier 1793, les menées de la commune de Paris et du club des Jacobins, la mort des Girondins, la Convention transportée dans la salle de spectacle des Tuileries, et le Comité de salut public au pavillon de Flore, l’assassinat de Marat, le 13 juillet 1793, l’exécution de Danton, le 5 avril 1794, la fête de l’Être suprême, le 9 thermidor où périt Robespierre, l’envahissement de la Convention, le 1er prairial an iii, les tentatives de la réaction du 13 vendémiaire, le Directoire, le 18 brumaire, le Consulat, l’Empire, et le sacre de Napoléon à Notre-Dame, le 1er décembre 1804. Pendant toute la période de l’Empire, les travaux de Paris furent poussés activement ; mais ce règne de gloire finit misérablement par l’entrée des armées alliées qui vinrent venger à Paris la prise de Vienne, de Berlin et de Moscou.

Pendant la Restauration et sous le règne de Louis-Philippe, de nouvelles églises furent construites ou achevées. Paris s’entoura d’une enceinte continue et d’une ligne de forts détachés. Pendant la deuxième république, l’ordre fut énergiquement maintenu, pendant les funestes journées de juin, par le général Cavaignac, contre les bandes socialistes et réactionnaires unies dans un même intérêt.

Enfin, pendant le règne de Napoléon III, Paris a subi une transformation complète ; il s’étend surtout vers les Champs-Elysées et le quartier de Courcelles ; de son ancienne physionomie, il n’a rien conservé ; les boulevards, les squares, la destruction des vieux quartiers ont modifié son aspect ; le dégagement des églises et des palais s’opère de tous côtés ; l’enceinte de Louis XV tombe sous les efforts de la ville, qui s’accroît jusqu’à la limite de ses fortifications, et du vieux Paris de Philippe-Auguste et de Charles V il ne reste plus que quelques ruines perdues dans cette immense cité qui couvre une superficie de 47 550 hectares.

On a trop dit qu’il n’y avait pas de Parisiens dans Paris. Le département de la Seine a produit un grand nombre de personnages remarquables ou remarqués à divers titres ou à divers degrés dans la politique, la science, les lettres, les arts, l’administration ou l’armée. On peut citer :

Au xiiie siècle, le roi Louis X, et au xve siècle, le savant Budé.

Au xvie siècle : le philosophe Charron, le sculpteur Jean Goujon, l’auteur dramatique Jodelle, l’avocat Etienne Pasquier, les imprimeurs Estienne, les magistrats du Harlay et Pierre Séguier, de Thou, etc.

Au xviie siècle : Boileau-Despréaux, Bachaumont, le maréchal de Catinat, Chapelain, le voyageur Chardin, le grand Condé, Mme Deshoulières, le maréchal d’Estrées, le prince Eugène de Savoie, les orientalistes Petit de la Croix et d’Herbot, l’historien Hesnaut, les peintres Largillière, Lebrun, Oudry, Lesueur et Coypel, Ninon de Lenclos, le Maistre de Sacy, le philosophe Malebranche, l’architecte Mansart, le président Mathieu Molé, Molière, l’architecte Le Nôtre, l’avocat Patru, Claude et Charles Perrault, Quinault, Regnard, le cardinal de Richelieu, Santeuil, Scarron, etc.

Au xviiie siècle : le philosophe d’Alembert, l’historien Anquetil, l’orientaliste Duperron, le géographe d’Anville, Arnauld de Port-Royal, l’actrice Sophie Arnould, le maire de Paris Bailly, Beaumarchais, l’avocat Bellart, le peintre Boucher, le conventionnel Brissot, le naturaliste Cadet de Gassicourt, Camille Desmoulins, l’astronome Cassini, l’antiquaire de Caylus, le curé Goehin, le savant La Condamine, les chimistes Condorcet et Lavoisier, le sculpteur Coustou, l’auteur dramatique Crébillon, le poëte Dorat, les historiens Fréret et Mercier, le médecin Halle, le physicien Hassenfratz, Héraut de Séchelles, le général Hervilly, la reine Hortense, l’auteur dramatique Houdard de la Motte, l’acteur Lekain, le critique La Harpe, Lebrun, Lemierre, Marivaux, le dessinateur Moreau, le peintre Pigalle, Picard, Racine fils, J.-B. Rousseau, Mme Roland, le ministre Turgot, Tallien, Voltaire, etc.

Au xixe siècle : le maréchal Augereau, le géographe Barbié du Bocage, Béranger, le compositeur Berton, le mathématicien Biot, l’architecte Brongniart, Mme Campan, le sculpteur Cartellier, Charlet, Paul-Louis Courier, l’helléniste Darcier, le chimiste Darcet, le peintre David, l’astronome Delambre, le graveur Desnoyers, le duc de Gaete, le maréchal Grouchy, le géomètre Lacroix, l’auteur dramatique Legouvé, Mlle Mars, Mme Malibran, le roi de Rome, Talma, Carle Vernet, etc.

Parmi les contemporains, on peut citer aussi un très-grand nombre de personnages, dont les principaux sont :

Parmi les souverains et les princes : l’empereur Napoléon III, le prince Impérial, le duc de Bordeaux, le comte de Paris, le duc de Nemours, le prince de Joinville, le duc d’Aumale, le duc de Montpensier, etc.

Parmi les hommes politiques : Baroche, de Bourqueney, Jules Bastide, Daru, Duchatel, Delessert, Drouyn de Lhuys, Duruy, Forcade de la Roquette, Fould, le baron Gros, Guinard, Goudchaux, Haussmann, Ledru-Rollin, de Morny, de Mortemart, Pagnerre, de Pastoret, Pasquier, de Rémusat, Villemain, Vitet, etc.

Parmi les officiers généraux : Eugène Cavaignac, chef du pouvoir exécutif en 1848, le maréchal Baraguay d’Hilliers, le général Bourbaki, le maréchal Castellane, l’amiral Duperré, le maréchal Forey, le général Gémeau, le duc de Montebello, le maréchal Magnan, le général Oudinot, l’amiral Parseval-Deschênes, le maréchal Regnault de Saint-Jean d’Angély, etc.

Parmi les ministres du culte : le pasteur protestant Coquerel, le cardinal Mathieu, etc.

Parmi les savants : le mathématicien Joseph Bertrand, de l’Institut, les chimistes Boussaingaut et Berthelot, de l’Institut, le professeur Bouillet, le philosophe Cousin, de l’Académie française, le jurisconsulte Colmet d’Aage, Ferdinand Denis, l’helléniste Egger, de l’Institut, le physicien Foucault, de l’Institut, le naturaliste Isidore Geoffroy Saint-Hilaire, de l’Institut, le chimiste Girardin, de l’Institut, les savants Havet, Hauréau, de l’Institut, le jurisconsulte Ed. Laboulaye, de l’Institut, l’historien Th. La vallée, le philologue Littré, de l’Institut, l’archéologue duc de Luynes, de l’Institut, l’astronome Laugier, de l’Institut, Pierre Leroux, le littérateur Monmerqué, de l’Institut, l’historien Michelet, de l’Institut, le chimiste Payen, de l’Institut, l’orientaliste de Quatremère, de l’Institut, le philologue Quicherat, de l’Institut, l’agronome Rendu, le chimiste Robinet, l’archéologue Rougé, de l’Institut, le publiciste Saint-Marc Girardin, de l’Académie française, l’historien de Ségur, de l’Institut, l’orientaliste Sédillot, le naturaliste Verneuil, de l’Institut, etc.

Parmi les voyageurs : Henri Duveyrier, le lieutenant de vaisseau Mage, Place, etc.

Parmi les littérateurs : Mme George Sand, de Banville, Auguste Barbier, de Balzac, Baudelaire, le vicomte de Cormenin, Deschanel, Maxime Ducamp, Delécluze, Gustave Droz, Alphonse Karr, Paul de Kock, Alfred de Musset, Mérimée, Murger, Jean Macé, Henri Monnier, Nadar, Patin, Gustave Planche, Prévost-Paradol, de Sacy, Paul de Saint-Victor, Saintine, etc.

Parmi les auteurs dramatiques : Bayard, Th. Barrière, Anicet-Bourgeois, Bouchardy, Decourcelle, Dumas fils, Duvert, G. Doucet, Dupeuty, Empis, Paul Foucher, Jules Lacroix, E. Labiche, E. Legouvé, Lebrun, Laya, Mélesville, A. Maquet, Masson, P. Meurice, A. Royer, Sardou, Scribe, Saint-Georges, Séjour, Uchard, Vacquerie, etc.

Parmi les peintres et dessinateurs : Édouard Berlin, Jules André, Bellangé, Barrias, Bénouville, J. Boulanger, Bonvin, Bertall, Cabat, Couder, Cham, Cogniet, Corot, Cambon, Delaroche, Decamps, Daubigny, Dedreux, E. Delacroix, Desgoffe, les frères Deveria, M. Dubufe, Ed. Dubufe, F. Dubois, Fiers, Fortin, Gudin, Gavarni, E. Giraud, Gendron, Hersent, Hesse, Hillemacher, Isabey, Jadin, les frères Ad. et Arm. Leleux, Lamy, Lepoitevin, Muller, Pinguilly, Perignon, Pils, Raffet, ph. Rousseau, Th. Rousseau, Sechan, Signol, Timbal, Horace Vernet, etc.

Parmi les sculpteurs : Barye, Cavelier, Duret, Dantan jeune, Droz, Dumont, Étex, Klagmann, Mène, A. Millet, Nieuwerkerke, Préault, Petitot, Seurre, etc.

Parmi les graveurs : Henriquel-Dupont, Oudiné, etc.

Parmi les architectes : Baltard, Duban, Ch. Garnier, Le Bas, Lenoir, Viollet-le-Duc, etc.

Parmi les musiciens : Ad. Adam, Gounod, Halévy, Hérold, Labarre, Lefébure-Wély, etc.

Parmi les avocats : Em. Arago, Berryer, Bethmont, Picard, etc.

Parmi les journalistes : Armand Bertin, Enfantin, Labédollière, Nettement, Plée, Henri Rochefort, de Riancey, etc.

Parmi les médecins : Cloquet, Cullerier, Paul Dubois, Leroy d’Etioles, Mialhe, Michon, A. Tardieu, etc.

Parmi les industriels et fabricants : les imprimeurs Claye, Didot, Lahure et Pion, les opticiens Froment, Lerebours et Soleil, l’horloger Bréguet, le facteur de pianos Erard, etc.

Parmi les artistes dramatiques : Berton, Bouffé, Mme Augustine et Madeleine Brohan, Delaunay, Duprez, Mme Damoreau, Deburau, Mlle Delaporte, A. Dupuis, Mlle Déjazet, Mme Falcon, Ferville, Félix, Fechter, Geoffroy, Grassot, Hyacinthe, Lesueur, Numa, Roger, Régnier, Samson, Mme Ugalde, etc.

Paris, capitale de la France, préfecture et chef-lieu du département, situé sur les deux rives de la Seine, par 0° de longitude et 45° 50′ 49″ de latitude nord, renferme 1 825 274 habitants.

Paris est le siège du gouvernement. La résident le chef de l’Etat, le Sénat, le Corps législatif, le Conseil d’État, la Cour de cassation, la Cour des comptes, les ministres d’État, de la maison de l’Empereur et des Beaux-Arts, des affaires étrangères, de l’intérieur, de l’agriculture, du commerce et des travaux publics, des finances, de la guerre, de la marine et des colonies, de l’instruction publique, de la justice et des cultes, et c’est le lieu de résidence des 43 ambassadeurs, ministres ou chargés d’affaires, et des 47 consuls des différentes puissances étrangères.

Paris est une ville de guerre de première classe, renfermée dans une ceinture de fortifications d’un développement de 34 kilomètres et percée de 66 portes ; elle est couverte par seize forts détachés, les forts d’Ivry, de Bicêtre, de Montrouge, de Vanves, d’Issy et du Mont-Valérien, sur la rive gauche de la Seine, les forts de la Brèche, du Nord, du Maine, de l’Est, d’Aubervilliers, de Romainville, de Noisy, de Rosny, de Nogent, sur la rive droite de la Seine, et le fort de Charenton, sur la rive droite de la Marne. C’est une ville immense, plus qu’une ville, un département entier, couvert de maisons et de palais, sillonné de boulevards, orné de 136 places, et percé de 2 000 rues qui mesurent 710 kilomètres de longueur, et occupent une superficie de 6 millions de mètres carrés.

La Seine divise Paris en deux parties inégales qui prennent le nom de rive droite et de rive gauche, et elle forme les deux îles de Saint-Louis et de la Cité. Ce grand fleuve passe sous 28 ponts, depuis son entrée dans la capitale jusqu’à sa sortie ; ce sont : le pont-viaduc Napoléon III, de construction moderne, qui sert aux piétons, aux voitures et au chemin de fer de ceinture, le pont moderne de Bercy, jeté entre le boulevard de la Gare et le boulevard de la Râpée, le pont d’Austerlitz, qui relie le jardin des Plantes au quai Henri IV, la passerelle de Constantine, entre le quai de la rive gauche et l’extrémité est de l’île Saint-Louis, l’estacade de bois entre cette extrémité et le quai Henri IV, le pont Marie, bâti en 1618, qui réunit l’île Saint-Louis au quatrième arrondissement sur la rive droite, le pont de la Tournelle, qui date de 1656 et relie l’île au cinquième arrondissement, sur la rive gauche, le pont de la Cité qui raccorde l’île Saint-Louis à la Cité, les ponts de la Réforme, d’Arcole, de Notre-Dame, et le Pont-au-Change, tous reconstruits nouvellement, qui établissent les communications de la Cité avec la rive droite du fleuve, et le pont de l’Archevêché, le Pont-au-Double, le pont Saint-Charles, le Petit-Pont, et le pont Saint-Michel, nouvellement refaits, qui rattachent l’île à la rive gauche, le Pont-Neuf, commencé par Androuet du Cerceau en 1578, terminé en 1640, et séparé en deux parties par un terre-plein sur lequel s’appuie l’extrémité ouest de la Cité, le pont des Arts, bâti en 1801, le pont des Saints-Pères, commencé en 1832, le Pont-Royal, construit en 1665 et qui sera bientôt abattu pour faire place à un pont plus monumental, le pont de Solferino, construit en 1859, le pont de la Concorde, construit de 1787 à 1790, le pont des Invalides et le pont de l’Alma, de construction moderne, le pont d’Iéna, bâti en 1806, le pont de Grenelle, et le viaduc du Point-du-Jour, magnifique pont, composé de cinq arches et d’un étage de doubles arcades, qui sert au chemin de fer de ceinture et aux piétons.

Les boulevards de Paris ont pris dans ces dernières années une extension considérable. Les principaux sont le boulevard qui va de la Bastille à la Madeleine, tracé vers la fin du xviie siècle sur l’ancienne enceinte de Louis XIII, et dont la longueur est de 4 kilomètres et demi, les anciens boulevards extérieurs qui se développent autour de l’ancien mur d’octroi, et qui mesurent 9 700 mètres, les nouveaux boulevards extérieurs qui suivent le chemin de ronde et dont le développement total est de 24 kilomètres. Parmi les autres boulevards on remarque les boulevards de Strasbourg, de Sébastopol, et de Saint-Michel, le boulevard Malesherbes, l’avenue des Champs-Elysées, les douze boulevards qui rayonnent autour de l’arc de l’Étoile, les cinq boulevards qui prennent naissance au Château-d’Eau, tels que les boulevards du Prince-Eugène et de Magenta, le boulevard Monceau, le boulevard Haussmann, le boulevard Richard-Lenoir, établi sur la voûte du canal Saint-Martin, le boulevard Saint-Germain, en construction, le boulevard d’Iéna, l’avenue du Roi-de-Rome, le boulevard de l’Empereur, etc.

Parmi les principales promenades de Paris, on peut citer le jardin des Tuileries, long de 702 mètres, large de 317, qui couvre une superficie de 30 hectares, et qui est orné de bassins, de jets d’eau et de statues, le jardin du Luxembourg, qui vient de regagner en luxe ce qu’il a perdu en superficie, les Champs-Elysées, le parc Monceau, le jardin du Palais-Royal, le jardin des Plantes qui occupe une superficie de 90 arpents, les squares du Conservatoire des arts et métiers, du Temple, de Montholon et de Saint-Jacques-la-Boucherie, les nouvelles promenades des buttes Chaumont, avec rivière, lac, cascade, pont suspendu, précipices et montagnes en miniature, etc.

Les places sont très-nombreuses à Paris ; les plus importantes sont la place de la Concorde, anciennement place Louis XV, place de la Révolution et place Louis XVI, ornée d’un obélisque, de deux fontaines monumentales, de colonnes rostrales et de balustres, la place de l’Étoile, dominée au centre par l’arc de triomphe, commencé en 1806, qui mesure 43 mètres 50 au-dessus du sol, et dont les quatre pieds-droits sont décorés de magnifiques trophées, la place du Carrousel qui s’étend entre les Tuileries et le Louvre, ornée d’un arc de triomphe exécuté d’après le modèle de l’arc de Septime-Sévère à Rome, la place Royale, ouverte sur l’emplacement du palais des Tournelles et bordée de ses vieilles maisons du temps de Louis XIII, la place du Château-d’Eau que l’édilité refait sur des dimensions énormes, la place Dauphine qui sera l’une des plus curieuses de Paris quand toutes les maisons qui la bordent seront tombées pour dégager la nouvelle préfecture de police, la place de la Bastille, créée sur remplacement de la célèbre forteresse, détruite en 1789, et au centre de laquelle s’élève la colonne de Juillet, la place de l’Europe, jetée sur la gare de l’Ouest et qui forme le point d’intersection de six nouveaux boulevards, la place de Grève, dont la partie est bordée par l’hôtel de ville, les places du Louvre, de Louvois, du Trocadéro, du Palais-Royal, du Panthéon, de Saint-Sulpice, du Pont-Saint-Michel, la place Vendôme avec la colonne érigée en 1810, la place du Trône, le Champ de Mars, long de 874 mètres et large de 420, et qui vient d’être si merveilleusement utilisé pour la splendide Exposition universelle de 1867, etc.

Parmi les rues de Paris on peut citer la rue de Rivoli, commencée en 1802, achevée en 1855, qui a 3 kilomètres de longueur, la rue Saint-Honoré, commencée au xive siècle et achevée au xviie, les vieilles rues Saint-Denis et Saint-Martin, la rue du Faubourg-Saint-Antoine, les rues Vivienne, Richelieu, de la Chaussée-d’Antin, Montmartre, la rue Lafayette, et parmi les passages, le passage des Panoramas, Jouffroy, Verdeau, des Princes, etc.

Paris possède un nombre considérable d’édifices dont le plus grand nombre, soit pour leur valeur artistique, soit pour les souvenirs qui s’y rattachent, sont classés parmi les monuments historiques.

Les monuments religieux occupent le premier rang dans cette admirable réunion de chefs-d’œuvre de tous les siècles et de tous les styles. Au xie siècle appartiennent l’église de Saint-Médard, située dans le quartier Mouftetard, et Saint-Germain des Prés, église romane de la plus haute valeur que le percement de la nouvelle rue de Rennes va dégager entièrement ; — au xiie siècle : l’admirable cathédrale de Notre-Dame, située dans la Cité, commencée en 1163, achevée en 1250, romane par ses premiers piliers, gothique par toute son ordonnance architecturale, et dont les tours s’élèvent à 68 mètres au-dessus du pavé de la place, admirable spécimen du gothique rayonnant et de la plus pure période ogivale ; — au xiiie siècle : la Sainte-Chapelle du Palais de Justice, érigée dans la Cité par saint Louis, monument d’une délicatesse de style et d’une incomparable richesse de sculpture, et Saint-Germain l’Auxerrois, de style gothique, élevé devant la colonnade du Louvre, et dont le tympan est orné de peintures murales ; — au xive siècle : Saint-Leu, situé entre la rue Saint-Denis et le boulevard Sébastopol, qui possède de belles verrières ; — au xve siècle : Saint-Gervais, derrière l’hôtel de ville, remarquable église de la belle période gothique, mais dont la façade est malheureusement décorée d’un portail grec du xviie siècle, Saint-Nicolas des Champs, bâti en 1420, dans la rue Saint-Martin, et dont le buffet d’orgue est remarquablement sculpté, Saint-Séverin, dans la rue de ce nom, qui possède de belles peintures murales modernes par Flandrin, Heim, Gérôme, etc., et Saint-Laurent, dont la façade vient d’être refaite pour la régularisation de la place de la Fidélité ; — au xvie siècle : Saint-Étienne du Mont, bâti sur la colline Sainte-Geneviève, et orné d’un magnifique jubé et d’une tour assez élégante, et Saint-Merri, dans la rue Saint-Martin, qui se rattache au gothique flamboyant, si voisin de la Renaissance ; — au xviie siècle : l’Assomption, rue Saint-Honoré, construite sur le modèle du Panthéon à Rome, Sainte-Elisabeth, rue du Temple, dont on cite les boiseries, Saint-Eustache, près les Halles centrales, édifice grec, à pleins cintres, distribué comme une église gothique et orné de statues, de fresques, de beaux vitraux, Saint-Jacques du Haut-Pas, rue Saint-Jacques, qui est de style dorique, Saint-Louis des Invalides, dont le magnifique dôme, dû à Mansart, recouvre le tombeau de Napoléon Ier, entouré de douze figures colossales par Pradier, l’église des Petits-Pères, sur la place de ce nom, décorée d’un portail ionique et corinthien, la Sorbonne, sur la place de ce nom, construite par Lemercier, et dont la façade est d’ordre corinthien et composite, Saint-Sulpice, sur la place de ce nom, achevé en 1749 par Servandoni, dont la façade ionique et dorique est encore inachevée, Saint-Roch, rue Saint-Honoré, avec portail dorique et corinthien et dont la nef est entourée de 18 chapelles latérales, le Val-de-Grâce, rue Saint-Jacques, bâti par Mansart et Lemercier, et recouvert par un dôme assez lourd, Saint-Paul, bâti par les jésuites sur la rue Saint-Antoine, et dont la façade présente trois ordres corinthiens superposés, et les deux églises calvinistes de l’Oratoire de la rue Saint-Honoré, assez lourde construction de Lemercier, et de la Visitation, rue Saint-Antoine, qui fut commencée par Mansart ; — au xviiie siècle : l’église Sainte-Geneviève, d’architecture gréco-romaine, commencée en 1764 par Soufflot, consacrée aux grands hommes par la Constituante, sous le nom de Panthéon, rouverte au culte catholique pendant ces dernières années, et couronnée d’un dôme haut de 83 mètres, puis la Madeleine, située sur le boulevard de ce nom, monument grec, entouré de 54 colonnes corinthiennes ; — au xixe siècle : Sainte-Clotide, bâtie dans le style ogival du xvie siècle, Saint-Eugène, dont toute l’ornementation est en fer, Saint-Jean-Baptiste, à Belleville, dont l’ordonnance reproduit le style ogival du xiiie siècle, Notre-Dame de Lorette, dont la disposition rappelle celle des basiliques de Rome, Saint-Vincent de Paul, dont on admire les peintures de la nef par H. Flandrin, celles de la coupole par Picot, les stalles sculptées de Millet, le calvaire en bronze de Rude, Saint-Augustin, lourde construction de M. Baltard, qui ferme l’horizon du boulevard Malesherbes, la Trinité, charmante église d’architecture italienne, nouvellement construite par M. Ballu, l’Eglise russe, de style byzantin, la Synagogue, rue Notre-Dame-de-Nazareth, etc.

Les principaux palais de Paris sont le Louvre, le Palais de Justice, les Tuileries, le Luxembourg et le Palais-Royal.

Le Louvre doit son origine à une forteresse que Philippe-Auguste fit construire au xiie siècle, et dont la tour principale, reliée par une chaîne avec la tour de Nesle, située sur la rive opposée, défendait le cours du fleuve. Démolie sous le règne de François Ier cette forteresse fit place aux façades actuelles, élevées sur les plans de Pierre Lescot, qui bordent les côtés ouest et sud de la cour. Catherine de Médicis construisit le bâtiment perpendiculaire au quai dont l’extrémité forme pavillon, et la première partie de la galerie parallèle à la Seine jusqu’au pavillon Lesdiguières ; de ce point, Henri IV la fit poursuivre jusqu’aux Tuileries sous la direction d’Androuet Ducerçeau. On doit à Richelieu la disposition de la cour actuelle, à Lemercier le pavillon de l’Horloge, orné des huit cariatides de Sarrazin, au médecin Claude Perrault l’admirable colonnade, composée de 52 colonnes corinthiennes, qui forme la façade orientale, à Gabriel la continuation de la façade du bord de l’eau et des trois étages des autres façades, au premier Consul la galerie élevée sur la rue de Rivoli que les architectes Fontaine et Percier poussèrent jusqu’à la rue de Rohan, à Napoléon III l’achèvement de cette façade sous la direction de MM. Visconti et Lefuel, la démolition des maisons qui occupaient l’espace compris entre le Louvre et la cour des Tuileries, les nouveaux bâtiments du Louvre qui forment avant-corps sur la place Napoléon III, avec les six pavillons Turgot, Richelieu, Colbert, Daru, Denon et Mollien, et enfin la reconstruction de toute la partie de la galerie du bord de l’eau comprise entre les Tuileries et le pavillon de Lesdiguières, qui permettra de la soumettre à une ordonnance unique, et d’en régulariser les admirables lignes architecturales.

Le Palais de Justice, élevé sur l’emplacement d’un château qui existait déjà à l’époque de la domination romaine, fut reconstruit en partie par saint Louis ; de cette reconstruction il ne reste que la Sainte-Chapelle, une partie de galerie à cintres très-surbaissés, la tour de l’Horloge et les tours-poivrières de César et de Montgommery ; depuis Eudes de Paris jusqu’à François Ier, les rois de France résidèrent dans ce palais, qu’ils abandonnèrent alors pour le Louvre ; complété et régularisé sous le règne actuel, et réuni à la préfecture de police, il occupera toute la partie ouest de la Cité ; on remarque sa façade ornée d’un escalier monumental, la salle des Pas-Perdus, construite par Desbrosses en 1622, etc.

Le palais des Tuileries, commencé par Catherine de Médicis, en 1564, sous la direction de Joseph Delorme, à qui l’on doit le pavillon central et les deux corps de bâtiments qui y attiennent, continué par Jean Bullant, par Ducerceau qui construisit l’aile du sud et le pavillon de Flore, par Levau et Dorbay qui bâtirent l’aile du nord et le pavillon de Marsan, sert, depuis Napoléon Ier, de résidence aux souverains. Les pavillons d’angle de Flore et de Marsan, ainsi que les ailes qui les rattachent au vrai palais de Catherine de Médicis, rompent l’harmonie de l’édifice par l’irrégularité de leur style, et sont destinés à disparaître. Déjà même, sous la direction de M. Lefuel, le pavillon de Flore et une partie de l’aile ont été refaits suivant l’ordonnance générale du palais. On remarque aux Tuileries la salle des Maréchaux, la salle du Conseil, le salon de la Paix, le salon de Diane, les appartements particuliers, la salle du Trône, etc.

Le Luxembourg, commencé en 1615 par Desbrosses, pour la reine Marie de Médicis, ne fut achevé qu’au commencement du xixe siècle ; il servit de prison pendant la Révolution, puis de palais du Directoire et du Consulat ; et devint plus tard la chambre des Pairs ; il est maintenant affecté aux séances du Sénat. On y remarque la chapelle, la chambre de Marie de Médicis, l’escalier d’honneur, la salle des gardes, la salle du Trône, toutes ornées de statues et de peintures dues aux plus grands artistes modernes.

Le Palais-Royal fut construit, en 1629, par Lemercier, et pour le cardinal de Richelieu, sur la place occupée par les hôtels Mercœur et Rambouillet ; le cardinal le légua à Louis XIII ; sous Louis XIV, il fut donné à Philippe d’Orléans, frère du roi, et Philippe-Égalité éleva les galeries qui entourent le jardin et le Théâtre-Français.

Parmi les autres palais de la capitale, on peut citer le palais de l’Institut, construit en 1662 sur remplacement de l’hôtel de Nesle, et qui ne sert à l’Institut que depuis 1795, le palais de la Légion d’honneur, construit en 1786 pour le prince de Salm, et affecté en 1803 au service de la chancellerie, le palais du quai d’Orsay, bâti de 1810 à 1835, dont le rez-de-chaussée, de style toscan, sert au Conseil d’État, et le premier étage, de style ionique, à la Cour des comptes, le palais des beaux-arts, commencé sous Louis XVIII, terminé sous Louis-Philippe, orné des chefs-d’œuvre de l’architecture française enlevés à divers palais ou châteaux, et où l’on admire l’amphithéâtre, peint par Paul Delaroche, et une copie du Jugement dernier de Michel-Ange par Sigalon, le palais de l’Archevêché, installé dans un magnifique hôtel construit sous le règne de Louis XIV, le palais du Corps législatif dont Napoléon a fait élever le péristyle en 1804, l’Élysée, bâti en 1718 pour le comte d’Évreux, restauré par Napoléon Ier et complété par Napoléon III, etc.

Parmi les édifices affectés à des services civils, on remarque le ministère de la marine, bel édifice à colonnade corinthienne, bâti au xviie siècle par Gabriel, et qui forme avec l’hôtel Crillon, d’une architecture identique, le côté nord de la place de la Concorde, l’hôtel de ville, élevé par l’architecte italien Dominique de Cortone, en 1532, sur l’emplacement de l’ancienne Maison-aux-Piliers, et dont on admire la façade surmontée d’un élégant campanile, qui est un peu gâtée par les bâtiments et les pavillons annexes dus à Louis-Philippe, l’hôtel des Invalides, bâti par Louis XIV en 1671, et destiné aux soldats infirmes, la manufacture des Gobelins, fondée sous le règne de Louis XIV, l’hôtel de la Monnaie, dont l’avant-corps est orné de six colonnes ioniques, la Banque de France, ancien hôtel de la Vrillière, bâti par Mansart en 1620, la Bourse, vaste parallélogramme entouré de 66 colonnes corinthiennes et dû à l’architecte Brongniart, l’École militaire, large bâtiment élevé par Gabriel, sous le règne de Louis XV, et récemment accru de quatre bâtiments annexes, dont l’ensemble ferme le côté sud du Champ de Mars, l’Arsenal, rebâti par Charles IX et Henri III, l’hôtel des Postes, installé dans l’ancien hôtel d’Armenonville, l’hôtel du Timbre, élevé par l’architecte Baltard, le Tribunal de commerce, de construction moderne, orné d’un magnifique escalier d’honneur, mais dont on blâme justement l’affreuse coupole, les diverses mairies, dont plusieurs ont été rebâties récemment, le palais de l’Industrie qui fut construit pour l’Exposition universelle de 1855, et dont les galeries servent maintenant aux expositions annuelles de peinture, etc.

Paris possède un grand nombre de monuments que l’histoire a revêtus d’un charme particulier, ou qui doivent à l’illustration des grands hommes les soins religieux dont on les entoure. On peut citer dans ce genre le palais des Thermes, attribué à Julien l’Apostat, et dont la piscine et le frigidarium sont bien conservés, l’hôtel Cluny, admirable spécimen de l’architecture mi-gothique et mi-Renaissance du xve siècle, l’hôtel de Béthune, bâti rue Saint-Antoine par Ducerceau, l’hôtel de Bourgogne, rue du Petit-Lion, qui date du xiiie siècle, l’hôtel Lamoignon, rue Pavie, bâti pour Diane de France, en 1550, l’hôtel de Luynes, rue Saint-Dominique-Saint-Germain, construit par la duchesse de Chevreuse, l’hôtel de Ninon de l’Enclos, rue des Tournelles, l’hôtel Carnavalet, rue Culture-Sainte-Catherine, terminé par Mansart au xviie siècle, et que l’on restaure en ce moment avec le goût le plus scrupuleux, l’hôtel Borghèse, rue du Faubourg-Saint-Honoré, devenu l’ambassade d’Angleterre, l’hôtel Conti, rue de Grenelle-Saint-Germain, devenu l’ambassade d’Autriche, l’hôtel Renaissance de Gabrielle d’Estrées, rue des Francs-Bourgeois, l’hôtel de Bouillon, quai Malaquais, l’hôtel Pimodan, quai d’Anjou, l’hôtel moderne de Pourtalès, rue Tronchet, l’hôtel Saint-Aignan, rue du Temple, etc., la maison de François Ier, sur le Cours-la-Reine, dont la façade est ornée de sculptures attribuées à Jean Goujon, la maison où mourut Corneille, rue d’Argenteuil, la maison de Racine, rue des Marais-Saint-Germain, la maison où naquit Molière, près des Halles, la maison où mourut Voltaire, ancien hôtel Villette, situé quai Voltaire, la maison de Lully, rue Neuve-des-Petits-Champs, la maison du quai Conti qu’habitait le jeune Bonaparte en 1795, etc.

Les théâtres sont très-nombreux à Paris, et parmi ceux qui présentent un aspect monumental, on doit citer le nouvel Opéra, dû à l’architecte Garnier, qui sera le plus complet et peut-être le plus beau des édifices de ce genre, l’Odéon qui a été reconstruit en 1818, et dont le portique est corinthien, le Théâtre-Italien, bâti en 1829 sur la place Ventadour, l’Opéra-Comique, place Boïeldieu, le Théâtre-Français, bâti en 1782 par l’architecte Louis pour le compte du duc d’Orléans, les nouveaux théâtres du Châtelet, Lyrique, de la Gaîté, du Vaudeville, élevés dans ces dernières années aux frais de la ville de Paris, etc. Les marchés de Paris sont pour la plupart très-bien aménagés. Les Halles centrales, construites sous la direction de l’architecte Baltard, se composent de douze pavillons élégants reposant sur des soubassements de briques, et dont le fer et le verre forment les seuls matériaux ; la halle au blé a été élevée, en 1763, sur l’emplacement de l’hôtel de Soissons ; l’entrepôt des vins est un immense parallélogramme qui couvre une superficie de 134 000 mètres, etc.

Les principaux hôpitaux de la capitale sont l’Hôtel-Dieu, qui est en voie de reconstruction, la Pitié, bâtie par Louis XIII, la Charité, fondée par Marie de Médicis, Saint-Louis, bâti par Henri IV, l’hôpital du Midi, installé dans l’ancien couvent des Capucins, l’hôpital de Lourcine, qui occupe l’ancien couvent des Cordeliers, l’hospice des Quinze-Vingts, fondé par saint Louis, l’hôpital des Cliniques, bâti sur l’emplacement du cloître du couvent des Cordeliers, la Salpêtrière, immense cité commencée sous Louis XIII, l’hôpital Lariboisière, fondé en 1846, etc. Les prisons, au nombre de huit, sont le dépôt de la Préfecture, Mazas, le dépôt des condamnés, les Jeunes-Détenus, Sainte-Pélagie, les Madelonnettes, nouvellement refaites, Saint-Lazare, la maison d’arrêt de la garde nationale, et une prison militaire.

Au-dessous de Paris se trouve toute une vaste ville d’égouts qui, lorsqu’ils seront terminés, se développeront sur un parcours de 200 000 mètres, et au-dessous des territoires de Montrouge sont creusées d’anciennes carrières romaines qui forment d’immenses catacombes.

Non-seulement Paris est une ville extraordinaire sous le rapport industriel et commercial, non-seulement curieuse par la valeur de ses monuments, la multiplicité de ses établissements, le luxe de ses palais, l’immensité de ses boulevards et de ses places, mais c’est aussi un grand centre scientifique et artistique, et ce n’est pas sans de justes raisons qu’on a pu l’appeler la capitale du monde intellectuel.

Ses établissements d’arts, de science et d’instruction publique sont riches, nombreux, variés, et répondent à tous les besoins de l’intelligence humaine.

Les établissements où sont réunies les plus précieuses collections de l’art sous quelque forme qu’il se soit produit, depuis les temps antéhistoriques jusqu’au xixe siècle, sont les musées du Louvre, du Luxembourg, de l’hôtel Cluny, d’artillerie et le musée gallo-romain. Le musée du Louvre comprend : le musée de peinture, qui possède environ 1 800 toiles des écoles italienne, espagnole, allemande, flamande, hollandaise, française, et dont quelques-unes sont les chefs-d’œuvre des plus grands maîtres, le musée de sculpture, qui renferme les antiques, les œuvres du moyen âge et de la Renaissance et les œuvres modernes, le musée de dessin, le musée Napoléon III, précieuse collection d’antiquités grecques, étrusques et phéniciennes, le musée de gravure, le musée des émaux et des bijoux, le musée Sauvageot, le musée de marine où sont les collections navales et ethnographiques, et les musées assyrien, étrusque, égyptien, algérien et américain. Le musée du Luxembourg possède la collection des peintures, sculptures et gravures modernes, acquise par l’Etat, et riche des plus belles productions de l’art contemporain. Le musée de Cluny renferme une collection extrêmement précieuse d’objets des xive, xve et xvie siècle. Le musée d’artillerie offre aux curieux toute la série des armes connues depuis que les hommes ont dû s’attaquer et se défendre. Le musée gallo-romain comprend tous les objets de l’époque gallo-romaine, qui ont été recueillis sur les divers points du département.

Les établissements scientifiques de Paris sont : 1° l’Institut de France, divisé en cinq classes, l’académie française, l’académie des inscriptions et belles-lettres, l’académie des sciences, divisée en quatre sections, qui comprennent dans les sciences mathématiques la géométrie, la mécanique, l’astronomie, la physique générale, la géographie et la navigation ; dans les sciences physiques, la chimie, la minéralogie, la botanique, l’économie rurale, l’anatomie et zoologie, la médecine et chirurgie ; l’académie des beaux-arts, qui comprend les sections de peinture, de sculpture, d’architecture, de gravure et de musique, et l’académie des sciences morales et politiques, divisée en sections de philosophie, de morale, de législation, de droit public et jurisprudence, d’économie politique et de statistique, d’histoire générale et philosophique, d’administration et de finances ; 2° les archives de l’Empire ; 3° les bibliothèques, parmi lesquelles on remarque la bibliothèque Impériale, qui possède 2 000 000 de volumes, 100 000 manuscrits et des collections de cartes géographiques, d’estampes, de médailles et d’antiquités, la bibliothèque Sainte-Geneviève avec 110 000 volumes, la bibliothèque Mazarine avec 150 000 volumes, la bibliothèque de l’Arsenal avec 230 000 volumes et 6 000 manuscrits, la bibliothèque de la ville avec 100 000 volumes, la bibliothèque de l’Université avec 100 000 volumes, la bibliothèque du Louvre avec 90 000 volumes, les bibliothèques des ministères, municipales, du Conservatoire des arts et métiers, des Invalides ; 4° l’Observatoire, l’un des plus célèbres du monde ; 5° le Muséum d’histoire naturelle, qui comprend le jardin des Plantes, l’école botanique, les galeries de zoologie, de géologie, d’anatomie comparée ; 6° le Conservatoire des arts et métiers ; 7° plus de 100 sociétés savantes, parmi lesquelles on peut citer l’académie de médecine, et — pour les sciences historiques et géographiques : les sociétés de géographie, d’histoire de France, des antiquaires, d’archéologie, de l’école des chartes, des bibliophiles, l’institut historique, les sociétés ethnologique, ethnographique, asiatique, orientale, etc. ; — pour les sciences naturelles : les sociétés d’anthropologie, de zoologie, d’acclimatation, d’entomologie, de botanique, de géologie, de Cuvier, de météorologie, la société scientifique, etc. ; — pour les sciences médicales : les sociétés de chirurgie, d’anatomie, de biologie, de médecine pratique, de médecine vétérinaire, d’hydrologie médicale, d’accouchements, de chimie médicale, etc. ; — pour les sciences agricoles : les sociétés d’agriculture et d’horticulture ; — pour les sciences industrielles : l’académie des arts et métiers, l’académie internationale des sciences de chimie, de physique et de minéralogie appliquée aux arts, la société des sciences industrielles ; — pour les sciences économiques et morales : les sociétés internationales d’économie sociale, la société de statistique universelle, etc. ; — pour les arts, les belles-lettres : les sociétés des gens de lettres, des auteurs et compositeurs dramatiques, des éditeurs et compositeurs de musique, les associations des anciens élèves de l’école polytechnique, de l’école normale, de Sainte-Barbe, de Louis-le-Grand, l’association des architectes, etc. ; — enfin les sociétés philomathique, philotechnique, et bien d’autres associations de toute nature, la conférence des avocats, la conférence Molé, etc.

Le nombre des établissements destinés à l’instruction publique est considérable, et les élèves s’y pressent en foule pour entendre des professeurs du plus haut mérite. Les principaux sont le Collège de France, qui possède 29 chaires, la Sorbonne, siège de l’Académie de Paris, où sont les 7 chaires de théologie catholique, les 18 chaires des sciences, et les 12 chaires des lettres, la Faculté de droit, qui compte 18 chaires, la Faculté de médecine, avec 28 chaires, et dont le grand amphithéâtre peut contenir 1 400 personnes, l’école polytechnique, fondée sur l’emplacement du collège de Navarre, l’école normale, nouvellement reconstruite, et qui forme les professeurs de sciences et de lettres, l’école des mines, nouvellement rebâtie, l’école des ponts et chaussées, l’école d’état-major, l’école d’application des tabacs, l’école d’application du génie maritime, l’école des chartes, l’école des beaux-arts, l’école d’hydrographie, le conservatoire de musique, l’école centrale des arts et manufactures, l’école spéciale de dessin et de mathématiques, les lycées Bonaparte, Charlemagne, Louis-le-Grand, Napoléon, Saint-Louis, le collège Rollin, le collège Stanislas, plus de cent institutions privées, Sainte-Barbe, Barbet, etc., le collège Chaptal, l’école municipale Turgot, l’école supérieure du commerce, l’athénée polytechnique, les cours gratuits des associations polytechnique et philotechnique, les séminaires de Saint-Sulpice, des Missions étrangères, du Saint-Esprit, de Notre-Dame des Champs, de Saint-Nicolas du Chardonnet, de nombreux couvents pour l’éducation des jeunes filles, les Oiseaux, le Sacré-Cœur, Notre-Dame de Sion, etc.

Paris est administré par un conseil municipal de 60 membres, nommés par le chef de l’Etat, et qui fait fonction de conseil général du département, par un préfet de la Seine et par un préfet de police. Il est divisé en 20 arrondissements, ayant leur mairie distincte et comprenant chacun quatre quartiers où fonctionnent un commissaire de police et un officier de paix.

Ces arrondissements sont : 1° le Louvre, comprenant les quartiers de Saint-Germain-l’Auxerrois, des Halles, du Palais-Royal et de la place Vendôme ; 2° la Bourse, comprenant les quartiers de Gaillon, Vivienne, le Mail et Bonne-Nouvelle ; 3° le Temple, comprenant les quartiers des Arts-et-Métiers, des Enfants-Rouges, des Archives et de Saint-Avoie ; 4° l’Hôtel de ville, comprenant les quartiers de Saint-Merry, de Saint-Gervais, de l’Arsenal et de Notre-Dame ; 5° le Panthéon, comprenant les quartiers de Saint-Victor, du Jardin des Plantes, du Val-de-Grâce et de la Sorbonne ; 6° le Luxembourg, comprenant les quartiers de la Monnaie, de l’Odéon, de Notre-Dame-des-Champs et de Saint-Germain-des-Prés ; 7° le Palais Bourbon, comprenant les quartiers de Saint-Thomas d’Aquin, des Invalides, de l’École militaire et du Gros-Caillou ; 8° l’Élysée, comprenant les quartiers des Champs-Elysées, du faubourg du Roule, de la Madeleine et de la place de l’Europe ; 9° l’Opéra, comprenant les quartiers de Saint-Georges, de la Chaussée-d’Antin, du faubourg Montmartre et Rochechouart ; 10° l’Enclos Saint-Laurent, comprenant les quartiers de Saint-Vincent-de-Paul, de la Porte-Saint-Denis, de la Porte-Saint-Martin et de l’hôpital Saint-Louis ; 11° Popincourt, comprenant les quartiers Folie-Méricourt, Saint-Ambroise, la Roquette et Sainte-Marguerite ; 12° Reuilly, comprenant les quartiers de Bel-Air, de Picpus, Bercy et les Quinze-Vingts ; 13° les Gobelins, comprenant les quartiers de la Salpêtrière, de la Gare, de la Maison-Blanche et de Croule-Barbe ; 14° de l’Observatoire, comprenant les quartiers de Montparnasse, de la Santé, du Petit-Montrouge et de Plaisance ; 15° Vaugirard, comprenant les quartiers de Saint-Lambert, de Necker, de Grenelle et de Javel ; 16° Passy, comprenant les quartiers d’Auteuil, de la Muette, de la Porte-Dauphine et des Bassins ; 17° Batignolles-Monceaux, comprenant les quartiers des Ternes, de la plaine de Monceaux, des Batignolles et des Epinettes ; 18° la Butte Montmartre, comprenant les quartiers des Grandes-Carrières, de Clignancourt, de la Goutte-d’Or et de la Chapelle ; 19° les Buttes Chaumont, comprenant les quartiers de la Villette, du Pont-de-Flandres, de l’Amérique et du Combat ; 20° Ménilmontant, comprenant les quartiers de Belleville, de Saint-Fargeau, du Père-Lachaise et de Charonne.

Le budget de la ville se divise en budget ordinaire et budget extraordinaire ; ce dernier varie suivant les besoins nouveaux de la reconstruction de Paris qui est un fait considérable dans son histoire. En chiffres ronds, les recettes ordinaires de la capitale peuvent s’élever à 150 millions, les recettes extraordinaires à 14 millions, les recettes supplémentaires à 20 millions, et les recettes extraordinaires, affectées à des services spéciaux, à 61 millions ; les dépenses annuelles ordinaires seraient de 102 millions, et les dépenses extraordinaires de 61 millions, les dépenses supplémentaires de 20 millions, et les dépenses faites sur fonds spéciaux de 61 millions ; telle est l’évaluation des recettes et des dépenses pour l’année 1868.

Les travaux du nouveau Paris auront certainement modifié la physionomie de cette cité célèbre ; les quartiers insalubres, les maisons malsaines, les rues étroites et fangeuses disparaissent et font place à des boulevards, à des squares, à de vastes constructions que l’on dirait toutes sorties du même moule. Le goût n’a pas invariablement dirigé dans leur audacieuse entreprise les reconstructeurs du nouveau Paris ; ils ont souvent fait riche, ne sachant pas toujours faire beau, et, comme l’a dit un très-spirituel écrivain, les sculpteurs ont été plus d’une fois employés à cacher les bévues des architectes ; mais, en somme, c’est une entreprise gigantesque et qui marquera dans l’histoire de la capitale. Cependant, le grand vice de ce système, c’est l’immense agglomération des habitants qui s’accroît chaque année, et certainement Paris ne s’étend pas assez, puisqu’il est obligé de se déployer en hauteur, puisque ses maisons s’enfoncent de deux étages au-dessous des pavés et s’élèvent de six étages au-dessus. Là est le danger, et le bien-être, la salubrité de la ville souffriront toujours de cet entassement prodigieux et regrettable qui rejette la moyenne des habitants à cent pieds dans l’air, ou les repousse dans les entrailles du sol.

jules verne.