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ce principe. À Notre-Dame du Pré, des voûtes ont été refaites au {{s|XIV}} sous l’ancienne charpente, en supprimant partie des arcs-doubleaux primitifs, dont on retrouve facilement la trace. Prenant ainsi deux arcades de la nef pour faire une travée, il en résultait un plan carré ou approchant, c’est-à-dire que l’espace AA était égal, ou à peu près, à la largeur de la nef principale ; de sorte que si l’on voulait définitivement voûter cette nef, il était tout simple d’adopter tout d’abord une voûte sur plan carré, avec arc-doubleau intermédiaire ; c’est-à-dire une voûte donnant en projection horizontale le plan tracé en P (fig. 2). Alors les arcs-doubleaux ''ab'', ''cd'', n’étaient que la reproduction des arcs-doubleaux des grosses piles, et l’arc-doubleau intermédiaire ''ef'' remplaçait la ferme de charpente ; les arcs ogives ''ad'', ''cb'', portaient les remplissages de voûtes bandés à la place qu’occupaient les lambris. Mais avant de passer outre à l’examen des développements de ce principe, il est nécessaire de mentionner un système de travées issu d’un autre mode de structure.
ce principe. À Notre-Dame du Pré, des voûtes ont été refaites au {{s|XIV}} sous l’ancienne charpente, en supprimant partie des arcs-doubleaux primitifs, dont on retrouve facilement la trace. Prenant ainsi deux arcades de la nef pour faire une travée, il en résultait un plan carré ou approchant, c’est-à-dire que l’espace AA était égal, ou à peu près, à la largeur de la nef principale ; de sorte que si l’on voulait définitivement voûter cette nef, il était tout simple d’adopter tout d’abord une voûte sur plan carré, avec arc-doubleau intermédiaire ; c’est-à-dire une voûte donnant en projection horizontale le plan tracé en '''P''' (fig. 2). Alors les arcs-doubleaux ''ab'', ''cd'', n’étaient que la reproduction des arcs-doubleaux des grosses piles, et l’arc-doubleau intermédiaire ''ef'' remplaçait la ferme de charpente ; les arcs ogives ''ad'', ''cb'', portaient les remplissages de voûtes bandés à la place qu’occupaient les lambris. Mais avant de passer outre à l’examen des développements de ce principe, il est nécessaire de mentionner un système de travées issu d’un autre mode de structure.


{{ancre|Worms}}Les Romains n’avaient pas seulement adopté, pour la construction de grandes salles, le système de files de colonnes portant des murs au-dessus des plates-bandes déchargées par des arcs noyés dans ces murs ; ils avaient élevé, sur des piles isolées et largement espacées, de grandes archivoltes portant les murs longitudinaux. Des berceaux, concentriques à ces archivoltes, fermaient les collatéraux, et des charpentes ou des voûtes (comme à la basilique de Constantin à Rome) couvraient la nef principale. Le Bas-Empire avait construit des édifices en grand nombre d’après ce système, en conservant parfois les charpentes sur la nef centrale, ainsi que le constatent certaines basiliques de la Syrie septentrionale. De ce système était dérivé, dès les premiers siècles du christianisme, un mode mixte qui consistait à diviser les grandes travées carrées, portant des voûtes d’arête sur la nef principale, en deux arcades, de manière à pouvoir trouver des voûtes d’arête également carrées sur les bas côtés, dont la largeur était ainsi égale ou à peu près à la moitié de celle de la nef principale. C’est sur ce plan que fut conçue, à Milan, la célèbre église de Saint-Ambroise, dès la fin du {{s|IX}} ; du moins le fait paraît-il probable<ref name=p243>Voyez, à ce sujet, ''Étude sur l’architecture lombarde'' par M. de Dartein, ingénieur des ponts et chaussées. Toutefois, si nous ne contestons pas l’ancienneté de la disposition du plan de l’église de Saint-Ambroise de Milan, il nous semble que l’auteur de cet excellent ouvrage, dans la notice qu’il donne sur cette église, ne tient pas assez compte des restaurations qu’elle eut à subir, et qu’il s’appuie d’une manière peut-être trop absolue sur des textes. Combien n’avons-nous pas d’édifices en France, par exemple, dont la reconstruction presque totale n’est mentionnée que d’une manière incidente, ou ne l’est pas du tout ! Aucun texte ne fait mention de la reconstruction de la façade de Notre-Dame de Paris, entre autres ; en faut-il conclure que cette façade est celle d’Étienne de Garlande, 1140, ou date de l’épiscopat de Maurice de Sully (1160-1190) ? Après le grand désastre de 1196, c’est-à-dire après la ruine des voûtes de l’église de Saint-Ambroise de</ref>. Or, ce type fut adopté dans la construction
{{ancre|Worms}}Les Romains n’avaient pas seulement adopté, pour la construction de grandes salles, le système de files de colonnes portant des murs au-dessus des plates-bandes déchargées par des arcs noyés dans ces murs ; ils avaient élevé, sur des piles isolées et largement espacées, de grandes archivoltes portant les murs longitudinaux. Des berceaux, concentriques à ces archivoltes, fermaient les collatéraux, et des charpentes ou des voûtes (comme à la basilique de Constantin à Rome) couvraient la nef principale. Le Bas-Empire avait construit des édifices en grand nombre d’après ce système, en conservant parfois les charpentes sur la nef centrale, ainsi que le constatent certaines basiliques de la Syrie septentrionale. De ce système était dérivé, dès les premiers siècles du christianisme, un mode mixte qui consistait à diviser les grandes travées carrées, portant des voûtes d’arête sur la nef principale, en deux arcades, de manière à pouvoir trouver des voûtes d’arête également carrées sur les bas côtés, dont la largeur était ainsi égale ou à peu près à la moitié de celle de la nef principale. C’est sur ce plan que fut conçue, à Milan, la célèbre église de Saint-Ambroise, dès la fin du {{s|IX}} ; du moins le fait paraît-il probable<ref name=p243>Voyez, à ce sujet, ''Étude sur l’architecture lombarde'' par M. de Dartein, ingénieur des ponts et chaussées. Toutefois, si nous ne contestons pas l’ancienneté de la disposition du plan de l’église de Saint-Ambroise de Milan, il nous semble que l’auteur de cet excellent ouvrage, dans la notice qu’il donne sur cette église, ne tient pas assez compte des restaurations qu’elle eut à subir, et qu’il s’appuie d’une manière peut-être trop absolue sur des textes. Combien n’avons-nous pas d’édifices en France, par exemple, dont la reconstruction presque totale n’est mentionnée que d’une manière incidente, ou ne l’est pas du tout ! Aucun texte ne fait mention de la reconstruction de la façade de Notre-Dame de Paris, entre autres ; en faut-il conclure que cette façade est celle d’Étienne de Garlande, 1140, ou date de l’épiscopat de Maurice de Sully (1160-1190) ? Après le grand désastre de 1196, c’est-à-dire après la ruine des voûtes de l’église de Saint-Ambroise de</ref>. Or, ce type fut adopté dans la construction