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=== SOUBASSEMENT ===
s. m. Ordonnance inférieure d'un édifice ou d'une
portion d'édifice. Le soubassement diffère du socle en ce qu'il se compose
de plusieurs assises, qu'il prend une certaine importance en hauteur, en saillie, en richesse, tandis que le socle n'est qu'une simple
assise formant un empatement peu prononcé. Un pilier, une colonne,
peuvent reposer sur un socle, qui alors est isolé comme ce pilier ou
cette colonne. Le caractère du soubassement, outre son importance, est
d'être continu. Le bahut qui reçoit les piliers d'un cloître, par exemple,
est un véritable soubassement. Un bâtiment dont le rez-de-chaussée est
élevé de 2 ou 3 mètres au-dessus du sol extérieur, repose sur un soubassement.
Ce soubassement peut alors être percé de baies donnant du
jour dans une crypte ou cave.
 
La plupart des églises romanes possèdent des cryptes en partie prises
aux dépens du sol, partie au-dessus du pavé extérieur; ces
demi-sous-sols
forment un soubassement sur lequel s'élève le monument. Les architectes
du moyen âge ayant pour habitude, dès l'époque la plus ancienne,
de soumettre la proportion de l'ordonnance extérieure à celle de l'ordonnance
intérieure, il en résultait que si une abside, par exemple,
devait s'élever sur une crypte à demi enterrée, l'ordonnance architectonique
de cette abside ne commençait qu'au-dessus de cette crypte; dès
lors il fallait que la partie de celle-ci, vue extérieurement, formât un
soubassement distinct de l'ordonnance architectonique, qui ne commençait
qu'au niveau du sol du chœur. Ce principe, adopté dans les plus
beaux monuments de l'antiquité, fournissait des motifs dont les maîtres
du moyen âge ont su tirer parti. C'est dans l'Est, le long des bords du
Rhin, que l'on trouve encore aujourd'hui les dispositions les plus grandioses
de soubassements d'absides. L'école rhénane, en s'inspirant jusqu'au
XII<sup>e</sup> siècle du style byzantin, en avait adopté, plus qu'aucune
autre, les grands partis, la largeur et l'aspect monumental.
 
En fait de soubassements du commencement du XII<sup>e</sup> siècle, nous n'en
connaissons pas qui aient un plus beau caractère que celui de l'abside
orientale de la cathédrale de Spire.
</div>
[[Image:Soubassement.abside.cathedrale.Spire.png|center]]
<div class="text">
Nous en donnons, fig. 1, le profil, et fig. 2, la vue perspective<span id="note1"></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]]. On
voit, dans ces deux figures, comment sont percées les fenêtres de la
crypte qui règne sous cette abside; comment les colonnes engagées
qui servent de contre-forts au mur circulaire s'empatent sur cette ceinture
de profils successifs. Il y a là évidemment une réminiscence des
meilleures constructions romano-byzantines.
</div>
[[Image:Soubassement.abside.cathedrale.Spire.2.png|center]]
<div class="text">
Plus tard quelques-unes de nos cathédrales du XIII<sup>e</sup> siècle, bien qu'elles
ne possèdent pas de cryptes, reposent toutes les saillies formées par les
contre-forts des chapelles absidales sur un grand soubassement circulaire
composé d'une succession d'assises en retraite les unes sur les autres.
Telles sont plantées les absides des cathédrales d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]] et de Beauvais,
et le soubassement massif de cette dernière s'élevait de plus de 2 mètres
au-dessus de l'ancien pavé extérieur. <span id="Amiens104">À [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], ce même soubassement
circulaire n'a guère qu'un mètre au-dessus de l'ancien sol du cloître. À
Chartres, le chœur de la cathédrale du XIII<sup>e</sup> siècle ayant été bâti sur une
crypte romane, un beau soubassement revêt celle-ci; c'est sur ses
assises de couronnement en retraite que sont plantées les chapelles
absidales.
 
<span id="Auxerre22">Les soubassements des portails d'église sont souvent ornés de bancs
moulurés, d'arcatures, de tapisseries en plat relief, de sujets dans des
médaillons, etc. Les architectes des XII<sup>e</sup> et XIII<sup>e</sup> siècles particulièrement
se plaisaient à décorer avec grand soin ces parties de l'architecture placées
près de l'œil. Pour s'en convaincre, il suffit d'examiner les soubassements
des portails des cathédrales de Chartres, de Rouen, de Sens
(XII<sup>e</sup> siècle); ceux des cathédrales de Paris, d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Noyon|Noyon]], de
Reims, d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Auxerre|Auxerre]] (XIII<sup>e</sup> siècle); de Rouen (de la Calende et des Libraires),
de Lyon (XIV<sup>e</sup> siècle). Quelle que soit d'ailleurs la richesse des décorations
adoptées, celles-ci sont toujours soumises à un beau parti
général, franc, largement profilé, admirablement mis en proportion, disposé
pour faire valoir les parties supérieures et les porter. La richesse de
ces soubassements n'est jamais obtenue au détriment de la force, et leurs
profils ont une ampleur, souvent une énergie que l'on trouve rarement
dans l'architecture antique romaine, mais qui se rapprochent singulièrement des tracés grecs. C'est à dater du commencement du XIII<sup>e</sup> siècle
que se distinguent les compositions des soubassements de portails. Au
XII<sup>e</sup> siècle, les exemples que nous citions tout à l'heure ont plutôt le caractère
de grands socles ornés que de véritables soubassements formant
une ordonnance spéciale: comme, par exemple, la belle arcature des ébrasements
de la porte de la Vierge sur la face occidentale de la cathédrale
de Paris<span id="note2"></span>[[#footnote2|<sup>2</sup>]]; <span id=Noyon>ou encore la tapisserie inférieure de la porte centrale de Notre-Dame de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Noyon|Noyon]] (fig. 3); <span id="Amiens105">celle des trois portails de la cathédrale
d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Amiens|Amiens]], si amplement composée.
 
Il est des exemples de soubassements du commencement du XIII<sup>e</sup> siècle,
ornés d'arcatures, qui sont encore d'un très-beau caractère. Outre
celui provenant de la porte de la Vierge à Notre-Dame de Paris (façade
occidentale), nous citerons le soubassement de l'ébrasement de la porte
principale de la cathédrale de Sées<span id="note3"></span>[[#footnote3|<sup>3</sup>]]; le soubassement du portail nord
de la cathédrale de Troyes, dont la composition et l'exécution sont du
meilleur style<span id="note4"></span>[[#footnote4|<sup>4</sup>]].
</div>
[[Image:Soubassement.porte.centrale.Notre.Dame.Noyon.png|center]]
<div class="text">
Les portails de Notre-Dame de Reims et le portail nord de la cathédrale
de Metz présentent des soubassements d'une composition peu
ordinaire. Ces soubassements sont décorés de draperies en bas-relief.
Ceux de Notre-Dame de Reims sont bien connus; il n'est pas nécessaire
de les présenter ici, d'autant qu'ils ont été fort altérés par des restaurations
successives. Mais le soubassement du portail nord de la cathédrale
de Metz est bien conservé, un peu postérieur, il est vrai, à ceux de Reims,
et mieux entendu (fig. 4).
</div>
[[Image:Soubassement.portail.nord.cathedrale.Metz.png|center]]
<div class="text">
Sur un parement composé d'un socle et de trois assises nues, une
tenture
semble attachée à une tringle, et au-dessus d'elle se développe une
brillante litre à quadrillé perlé, avec animaux fantastiques dans les intervalles
des galons. Ce soubassement se termine par un beau profil orné
d'un rang de feuilles dans la gorge.
 
La variété des décorations adoptées pour les soubassements est infinie,
jusqu'au moment où les lignes verticales des piliers supérieurs viennent
les pénétrer et les relier aux ordonnances qu'ils supportent. De fait, alors
ils disparaissent comme disparaissent d'ailleurs les membres horizontaux
de l'architecture, les arasements, pour laisser dominer les lignes verticales.
Il y avait là une recherche d'unité absolue que nous expliquons
dans l'article [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 9, Trait|Trait ]].
 
Naturellement, quand le niveau des voûtes des caves, dans les édifices
civils, était placé au-dessus du sol extérieur, les hôtels ou maisons possédaient
un soubassement, c'est-à-dire une ordonnance inférieure qui
portait l'ordonnance du rez-de-chaussée. Ces soubassements étaient souvent
riches en profils, en soupiraux bien percés et bien appareillés, en
semis de pièces d'armoiries, fleurs de lis, coquilles, roses, croisettes,
chiffres ou devises<span id="note5"></span>[[#footnote5|<sup>5</sup>]].
 
Ces soubassements sont toujours bien profilés et d'une heureuse proportion.
Ils ne présentent pas de moulures saillantes, qui sont facilement
brisées et dont les angles risquent de blesser les allants et venants. Les
ornements qui les décorent sont plats, et n'enlèvent pas à ces membres
inférieurs l'apparence de force qu'ils doivent conserver.
 
<br><br>
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<span id="footnote1">[[#note1|1]] : Ce soubassement est bâti de grès rouge.
 
<span id="footnote2">[[#note2|2]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Arcature|Arcature]], fig. 22; [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 7, Porte|Porte ]], fig. 68.
 
<span id="footnote3">[[#note3|3]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 1, Arcature|Arcature]], fig. 19.
 
<span id="footnote4">[[#note4|4]] : Ce soubassement a été malheureusement fort maltraité à la fin du dernier siècle.
 
<span id=Orleans><span id="footnote5">[[#note5|5]] : Voyez l'ancien hôtel de ville d'[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes O#Orleans|Orléans]] (milieu du XV<sup>e</sup> siècle), dans l'ouvrage de MM. Verdier et Cattois, <i>Architecture civile et domestique</i>, tome II.