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<references />
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|}
 
 
=== ESCALIER ===
s. m. <i>Degré</i>. Nous distinguerons les escaliers extérieurs
(qu'il ne faut pas confondre avec les perrons) des escaliers intérieurs, les
escaliers à rampes droites des escaliers à girons et à vis, les escaliers de
pierre des escaliers de bois. Dans les édifices romains, les théâtres et
amphithéâtres exceptés, les escaliers sont assez étroits et peu nombreux.
D'ailleurs les Romains employaient les escaliers à rampes droites et à
vis; mais ils ne paraissent pas (du moins dans les intérieurs) avoir jamais
considéré l'escalier comme un motif de décoration monumentale, ainsi
qu'on l'a fait dans les temps modernes. Les escaliers des édifices antiques
sont un besoin satisfait de la manière la plus simple, un moyen pour
communiquer d'un étage à l'autre, rien de plus. Nous ne déciderons pas
si, en cela, les anciens avaient tort ou raison; nous constatons seulement
le fait, afin qu'on ne puisse accuser les architectes des premiers temps du
moyen âge d'être restés en cela fort au-dessous de leurs maîtres.
 
D'ailleurs les architectes du moyen âge, comme les architectes romains,
n'eussent jamais établi, dans un bâtiment, un escalier dont les rampes
auraient bouché une ordonnance de baies, ainsi que cela se fait volontiers
de notre temps, même dans de grands édifices. Les Romains gardaient
les dispositions monumentales des escaliers pour les degrés extérieurs à
ciel ouvert. À l'intérieur, ils plaçaient toujours les rampes perpendiculairement
aux murs de face, afin que les hauteurs des paliers pussent
concorder avec les hauteurs des planchers et par conséquent avec l'ordonnance
des baies; mais nous reviendrons sur cette question importante.
 
Pour peu qu'on se soit occupé de distributions intérieures, on sait
combien il est difficile de disposer convenablement les escaliers, soit pour
satisfaire aux programmes, soit pour ne pas gêner des dispositions architectoniques
extérieures ou intérieures. Les anciens ne soulevaient pas la
difficulté; c'était un moyen de ne pas avoir besoin de la résoudre.
</div>
[[Image:Escalier.romain.png|center]]
<div class="text">
 
L'escalier romain le plus ordinaire est ainsi disposé (1). Il se compose
de deux rampes séparées par un mur de refend, la première arrivant à un
palier d'entresol A, la seconde au palier de premier étage B, et ainsi de
suite. Les marches sont alors portées sur les voûtes rampantes, si les
degrés sont très-larges, ou simplement engagées par les deux bouts dans
les murs, si ces degrés sont étroits. C'est ainsi que sont conçus et exécutés
les escaliers des thermes, des théâtres et amphithéâtres romains. On ne
chercha pas d'autre système d'escalier dans les premiers monuments du
moyen âge. Mais il est facile de voir que ces doubles rampes conduisaient
toujours au-dessus du point dont on était parti, ce qui pouvait, dans bien
des cas, ne pas s'arranger avec les distributions; on eut donc recours à
l'escalier à vis ou en limaçon, qui présente cet avantage de faire monter
dans un petit espace et de donner accès sur tous les points de la circonférence
du cylindre dans lequel s'élèvent ces sortes de degrés. Ces premiers
principes posés, nous nous occuperons d'abord des escaliers à rampes
droites, extérieurs, découverts ou couverts.
 
==== Escaliers extérieurs ====
Bien qu'on ne fasse plus guère aujourd'hui de
ces sortes d'escaliers, il faut reconnaître qu'ils étaient fort commodes, en
ce qu'ils ne gênaient en rien les dispositions intérieures et ne coupaient
pas les bâtiments du haut en bas, en interceptant ainsi les communications
principales. <span id=Cantorbery>L'un des plus anciens et des plus beaux escaliers ainsi disposés
se voit encore dans l'enceinte des bâtiments de la cathédrale de
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Cantorbery|Canterbury]]. Cet escalier, bâti au XII<sup>e</sup> siècle, est situé près de l'entrée
principale et conduisait à la salle de réception (salle de l'étranger); il se
compose d'une large rampe perpendiculaire à l'entrée de la salle, avec
palier supérieur; il est couvert, et le comble, dont les sablières sont horizontales, est supporté par une double arcature à jour fort riche, dont les
colonnes diminuent suivant l'élévation des degrés<span id="note1"></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]].
 
La plupart des grand'salles des châteaux étaient situées au premier
étage, et on y montait soit par de larges perrons, soit par des rampes
droites couvertes, accolées ou perpendiculaires à ces salles.
 
La grand'salle du château de Montargis, qui datait de la seconde moitié
du XIII<sup>e</sup> siècle, possédait un escalier à trois rampes avec galerie de communication
portée sur des arcs (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 3, Château|Château]], fig. 15). Cet escalier était
disposé de telle façon que, de la grand'salle A (voy. le plan fig. 2), on
pouvait descendre sur l'aire de la cour par les trois degrés BCD. Il était
couvert par des combles en bois posant sur des colonnes et piliers en
pierre<span id="note2"></span>[[#footnote2|<sup>2</sup>]]. On appelait, dans les palais, ces sortes d'escaliers le
<i>degré</i>, par
excellence. La rampe avait nom <i>épuiement</i><span id="note3"></span>[[#footnote3|<sup>3</sup>]]:
</div>
[[Image:Escalier.chateau.Montargis.png|center]]
 
<center>
«El palès vint, l'épuiement<br>
De sanc le truva tut sanglant.»<br>
</center>
<div class="text">
 
Les couvertures de ces rampes droites étaient ou en bois, comme à
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Cantorbery|Canterbury]] et à Montargis, ou voûtées, comme, beaucoup plus tard, à la
Chambre des comptes et à la Sainte-Chapelle de Paris. Ces deux derniers
degrés montaient le long du bâtiment. Celui de la Chambre des comptes,
élevée sous Louis XII, était un chef-d'œuvre d'élégance; il aboutissait à
une loge A s'ouvrant sur les appartements (fig. 3, voy. le plan).
Cette
loge et le porche B étaient voûtés; la rampe était couverte par un lambris.
Sur la face du porche, on voyait, en bas-relief, un écu couronné aux
armes de France, ayant pour supports deux cerfs ailés, la couronne
passée au cou et le tabar du héraut d'armes de France déployé au dos.
Sous l'écu, un porc-épic surmonté d'une couronne, avec cette légende au
bas:
</div>
[[Image:Escalier.Chambre.des.Comptes.png|center]]
 
<center>
«Regia Francorum probitas Ludovicus, honesti<br>
Cultor, et æthereæ religionis apex.»<br>
</center>
<div class="text">
 
Le tout sur un semis de fleurs de lis et de dauphins couronnés. Le semis
de fleurs de lis était sculpté aussi sur les tympans des arcs et sur les
pilastres. La balustrade pleine présentait, en bas-relief, des L passant à
travers des couronnes, puis des dauphins<span id="note4"></span>[[#footnote4|<sup>4</sup>]].
 
Pour monter sur les chemins de ronde des fortifications, on établissait,
dès le XII<sup>e</sup> siècle, de longues rampes droites le long des courtilles, avec
parapet au sommet. Les marches reposaient alors sur des arcs et se
profilaient toujours à l'extérieur, ce qui permettait de donner plus de
largeur à l'emmarchement et produisait un fort bon effet, en indiquant
bien clairement la destination de ces rampes, fort longues, si les chemins
de ronde dominaient de beaucoup le sol intérieur de la ville.
</div>
[[Image:Escalier.fortification.png|center]]
<div class="text">
<span id=Carcassonne>À Aigues-Mortes, à Avignon, à Villeneuve-lès-Avignon, à Jérusalem, à
Beaucaire, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Carcassonne|Carcassonne]], on voit encore quantité de ces escaliers extérieurs
découverts qui ont un aspect très-monumental (4)<span id="note5"></span>[[#footnote5|<sup>5</sup>]]. Mais il arrivait
souvent que, faute de place, ou pour éviter la construction de ces arcs,
ou lorsqu'il fallait monter, le long d'un rempart très-élevé, au sommet
d'une tour carrée, on posait les marches des escaliers découverts en
encorbellement. Afin de donner à ces marches une saillie suffisante pour
permettre à deux personnes de se croiser et une parfaite solidité, les
architectes obtenaient la saillie voulue par un procédé de construction
fort ingénieux. Chaque marche était taillée ainsi que l'indique le tracé A
(5), la partie B étant destinée à être engagée dans la muraille. Posant ces
marches, ainsi combinées, les unes sur les autres, de manière à ce que
le point C vînt tomber sur le point D, elles étaient toujours portées par
une suite de retraites présentant un encorbellement des plus solides, ainsi
que le font voir le tracé perspectif G, l'élévation H et le profil K. <span id=Carpentras>On voit
encore un de ces escaliers, parfaitement exécuté, à l'intérieur de la tour
dite d'Orange, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Carpentras|Carpentras]] (commencement du XIV<sup>e</sup> siècle).
</div>
[[Image:Escalier.en.encorbellement.png|center]]
<div class="text">
Ordinairement,
il faut, pour qu'un escalier soit facilement praticable, que chaque
marche ait en largeur la longueur d'un pied d'homme, soit 0,28 c. à
0,30 c.,
et en hauteur de 0,15 c. à 0,20 c. au plus, ce qui donne une inclinaison
de 22 degrés ou environ. Mais, parfois, la place manque pour obtenir une
pente aussi douce, et on est obligé, surtout dans les ouvrages de fortifications,
de monter suivant un angle de 45 degrés, ce qui donne des marches
aussi larges que hautes et ce qui rend l'ascension dangereuse ou fort
pénible. En pareil cas, les constructeurs, observant avec raison que l'on
ne met jamais qu'un pied à la fois sur chaque marche, soit pour
monter,
soit pour descendre, et que par conséquent il est inutile qu'une marche
ait la largeur nécessaire à la pose du pied dans toute sa longueur, ces
constructeurs, disons-nous, ont disposé leurs marches en coins, ainsi que
l'indique la fig. 6, de manière à ce que deux marches eussent ensemble
0,30 c. de hauteur et chacune 0,30 c. d'emmarchement par un bout, ce
qui permettait d'inscrire la rampe dans un angle de 45 degrés. Seulement
il fallait toujours poser le pied gauche sur la marche A, le pied droit sur
la marche B en descendant, ou le contraire en montant. Le tracé
perspectif
C fait comprendre le système de ces degrés<span id="note6"></span>[[#footnote6|<sup>6</sup>]]. On le reconnaîtra, ce
n'est jamais la subtilité qui fait défaut à nos architectes du moyen âge.
Mais ces derniers exemples ne fournissent que des escaliers de service.
</div>
[[Image:Escalier.a.45.degres.png|center]]
<div class="text">
 
==== Escaliers intérieurs ====
C'est-à-dire, desservant plusieurs étages d'un
bâtiment, posés dans des cages comprises dans les constructions ou accolées
à ces constructions. Les escaliers à vis, comme nous l'avons dit
précédemment, furent employés par les Romains; les architectes du
moyen âge adoptèrent ce système de préférence à tout autre, variant
les
dimensions des escaliers à noyau en raison des services auxquels ils
devaient
satisfaire. Ces sortes d'escaliers présentaient plusieurs avantages
qu'il est important de signaler: 1º ils pouvaient être englobés dans les
constructions ou n'y tenir que par un faible segment; 2° ils
prenaient peu
de place; 3º ils permettaient d'ouvrir des portes sur tous les points de
leur circonférence et à toutes hauteurs; 4º ils s'éclairaient aisément;
5º ils étaient d'une construction simple et facile à exécuter; 6º
ils devenaient
doux ou rapides à volonté; 7º pour les châteaux, les tours, ils
étaient barricadés en un moment; 8º ils montaient de fond jusqu'à des
hauteurs considérables sans nuire à la solidité des constructions voisines;
9º ils étaient facilement réparables.
</div>
[[Image:Escalier.XIe.siecle.png|center]]
 
[[Image:Noyau.escalier.eglise.Eu.png|center]]
<div class="text">
Les plus anciens escaliers à vis du moyen âge se composent d'un
noyau en pierre de taille, d'une construction en tour ronde, d'un
berceau
en spirale bâti en moellon, reposant sur le noyau et sur le parement
circulaire intérieur. Cette voûte porte des marches en pierre dont les
arêtes sont posées suivant les rayons d'un cercle. La fig. 7 représente en
plan et en coupe, suivant la ligne AB du plan, un de ces escaliers si fréquents
dans les édifices des XI<sup>e</sup> et XII<sup>e</sup> siècles. La porte extérieure de l'escalier
étant en D, la première marche est en C. Ces marches sont posées
sur un massif jusqu'au parement G; à partir de ce point commence la
voûte spirale que l'on voit figurée en coupe. Les tambours du noyau portent
un petit épaulement H pour recevoir les sommiers du berceau qui, de
l'autre part, sont entaillés dans le mur circulaire I. Les marches sont
posées sur l'extrados du berceau rampant et se composent de pierres d'un
ou de plusieurs morceaux chacune. Généralement ces voûtes rampantes
sont assez grossièrement faites en petits moellons maçonnés sur couchis.
Les voûtes des escaliers du chœur de l'église abbatiale d'Eu, qui datent
du XII<sup>e</sup> siècle, sont cependant exécutées avec une grande précision; mais
les Normands étaient dès lors de très-soigneux appareilleurs. Voici, fig. 8,
comme sont taillés les tambours du noyau qui reçoivent les sommiers du
berceau rampant; il arrive aussi que les portées de la voûte sont fréquemment entaillées dans le noyau cylindrique, ce qui affaiblit beaucoup
celui-ci. Ces sortes d'escaliers ne dépassent guère 1<sup>m</sup>,00 c. d'emmarchement,
et souvent sont-ils moins larges, les cages cylindriques n'ayant que
six pieds, ou 1<sup>m</sup>,90 c. environ, dont déduisant le noyau, qui dans ces
sortes d'escaliers a au moins un pied de diamètre, reste pour les marches
0,80 c. au plus. On reconnut bientôt que les voûtes rampantes pouvaient
être supprimées; lorsqu'au commencement du XIII<sup>e</sup> siècle on exploita les
pierres en plus grands morceaux qu'on ne l'avait fait jusqu'alors, on
trouva plus simple de faire porter à chaque marche un morceau du
noyau, de les faire mordre quelque peu l'une sur l'autre, et de leur ménager
une portée entaillée de quelques centimètres le long du parement
cylindrique de la cage. Ce procédé évitait les cintres, les couchis, une
main-d'œuvre assez longue sur le tas; il avait encore l'avantage de relier
le noyau avec la cage par toutes ces marches qui formaient autant d'étrésillons.
Ces marches pouvant être taillées à l'avance, sur un même tracé,
un escalier était posé très-rapidement. Or, il ne faut pas perdre de vue
que parmi tant d'innovations introduites dans l'art de bâtir par les architectes
laïques de la fin du XII<sup>e</sup> siècle, la nécessité d'arriver promptement
à un résultat, de bâtir vite en un mot, était un des besoins les plus
manifestes.
</div>
[[Image:Escalier.XIIe.siecle.png|center]]
<div class="text">
 
La fig. 9 donne le plan et la coupe<span id="note7"></span>[[#footnote7|<sup>7</sup>]] d'un de ces escaliers. La porte
extérieure est en A, la première marche en B. Les recouvrements sont
indiqués par lignes ponctuées, et le détail C présente une des marches
en perspective, avec le recouvrement ponctué de la marche suivante.
Quelquefois, pour faciliter l'échappement, les marches sont chanfreinées
par-dessous ainsi qu'on le voit en D. Les dimensions de ces escaliers
varient; il en est dont les emmarchements n'ont que 0,50 c.; les plus
grands n'ont pas plus de 2<sup>m</sup>,00, ce qui exigeait des pierres
très-longues;
aussi, pour faire les marches du grand escalier du Louvre,
Charles V avait-il été obligé d'acheter d'anciennes tombes à l'église des
Saints-Innocents<span id="note8"></span>[[#footnote8|<sup>8</sup>]], probablement parce que les carrières de liais de Paris
n'avaient pu fournir à la fois un nombre de morceaux de la dimension
voulue; en effet cet escalier était très-large; nous y reviendrons. Dans
l'intérieur des châteaux les escaliers à vis étaient singulièrement multipliés;
en dehors de ceux qui montaient de fond, et qui desservaient tous
les étages, il y en avait qui établissaient, dans l'épaisseur des murs, une
communication entre deux étages seulement, et qui n'étaient fréquentés
que par les personnes qui occupaient ces appartements superposés. À
propos de la domination que la reine Blanche de Castille avait conservée
sur l'esprit de son fils, Joinville raconte: «Que la royne Blanche ne vouloit
soufrir à son pooir que son filz feust en la compaingnie sa femme,
ne mez que le soir quand il aloit coucher avec li (elle). Les hostiex
(logis)là où il plesoit miex à demourer, c'estoit à Pontoise, entre le roy
et la royne, pour ce que la chambre le roy estoit desus et la chambre
(de la reine) estoit desous. Et avoient ainsi acordé leur besoigne, que il
tenoient leur parlement en une viz qui descendoit de l'une chambre en
l'autre; et avoient leur besoignes si attirées (convenues d'avance),
que
quant les huissiers veoient venir la royne en la chambre du roy son
filz, il batoient les huis de leur verges, et le roy s'en venoit courant en
sa chambre, pour ce que (dans la crainte que) sa mère ne l'i
trouvast; et
ainsi refesoient les huissiers de la chambre de la royne Marguerite
quant la royne Blanche y venoit, pour ce qu'elle (afin qu'elle) y trouvast
la royne Marguerite. Une fois estoit le roy de côté la royne sa
femme, et estoit (elle) en trop grant péril de mort, pour ce qu'elle estoit
bleciée d'un enfant qu'elle avoit eu. Là vint la royne Blanche, et
prist son filz par la main et li dist:--Venés-vous-en, vous ne faites
riens ci<span id="note9"></span>[[#footnote9|<sup>9</sup>]].»
 
Ces escaliers, mettant en communication deux pièces superposées,
n'étaient pas pris toujours aux dépens de l'épaisseur des murs; ils étaient
visibles en partie, posés dans un angle ou le long des parois de la chambre
inférieure, et ajourés sur cette pièce. À ce propos, il est important de se
pénétrer des principes qui ont dirigé les architectes du moyen âge dans la
construction des escaliers. Ces architectes n'ont jamais vu dans un escalier
autre chose qu'un appendice indispensable à tout édifice composé de
plusieurs étages, appendice devant être placé de la manière la plus commode
pour les services, comme on place une échelle le long d'un bâtiment
en construction, là où le besoin s'en fait sentir. L'idée de faire d'un
escalier une façon de décoration théâtrale dans l'intérieur d'un palais, de
placer cette décoration d'une manière symétrique pour n'arriver souvent
qu'à des services secondaires, de prendre une place énorme pour
développer
des rampes doubles, cette idée n'était jamais entrée dans l'esprit
d'un architecte de l'antiquité ou du moyen âge. Un escalier n'était qu'un
moyen d'arriver aux étages supérieurs d'une habitation. D'ailleurs les
grandes salles des châteaux étaient toujours disposées presque à
rez-de-chaussée,
c'est-à-dire au-dessus d'un étage bas, le plus souvent voûté,
sorte de cave ou de cellier servant de magasins. On arrivait au sol des
grandes salles par de larges perrons, comme à celles des palais de Paris et
de Poitiers, ou par des rampes extérieures comme à celle du château de
Montargis (voy. fig. 2). Les escaliers proprement dits n'étaient donc destinés
généralement qu'à desservir les appartements privés. Toute grande
réunion, fête, cérémonie ou banquet, se tenait dans la grande salle; il
n'y avait pas utilité à établir pour les étages fréquentés par les familiers
de larges degrés; l'important était de disposer ces degrés à proximité des
pièces auxquelles ils devaient donner accès. C'est ce qui explique la multiplicité
et l'exiguïté des escaliers de châteaux jusqu'au XV<sup>e</sup> siècle.
Cependant
nous venons de dire qu'au Louvre, Charles V avait déjà fait construire
un grand escalier à vis pour monter aux étages supérieurs du
palais; mais c'était là une exception; aussi cet escalier passait-il pour une
œuvre à nulle autre pareille. Sauval<span id="note10"></span>[[#footnote10|<sup>10</sup>]] nous a laissé une description assez
étendue de cet escalier, elle mérite que nous la donnions en entier.
 
«Le grand escalier, ou plutôt la grande vis du Louvre (puisqu'en ce
(temps-là le nom d'escalier n'était pas connu), cette grande vis,
dis-je, fut
faite du règne de Charles V, et conduite par Raimond du Temple, maçon
ordinaire du roi<span id="note11"></span>[[#footnote11|<sup>11</sup>]]. Or, il faut savoir que les architectes des siècles passés
ne faisoient point leurs escaliers ni droits, ni quarrés, ni à deux,
ni à
trois, ni à quatre banchées, comme n'ayant point encore été
inventés<span id="note12"></span>[[#footnote12|<sup>12</sup>]],
mais les tournoient toujours en rond, et proportionnoient du mieux
qu'il leur étoit possible leur grandeur et leur petitesse à la petitesse et à
la grandeur des maisons<span id="note13"></span>[[#footnote13|<sup>13</sup>]]. La grande vis de ce palais étoit toute de
pierre de taille ainsi que le reste du bâtiment, et de même que les
autres de ce temps-là: elle étoit terminée d'une autre (vis) fort
petite,
toute de pierre encore et de pareille figure, qui conduisoit à une terrasse,
dont on l'avoit couronnée (dont on avait couronné la grande vis);
chaque marche de la petite (vis) portoit trois pieds de long et un et demi
de large; et pour celles de la grande, elles avoient sept pieds de
longueur
sur un demi d'épaisseur, avec deux et demi de giron près de la
coquille qui l'environnoit.»
 
«On voit, dans les registres de la Chambre des comptes, qu'elles
portoient
ensemble dix toises un demi-pied de hauteur<span id="note14"></span>[[#footnote14|<sup>14</sup>]], que la grande
(vis) consistoit en quatre-vingt-trois marches<span id="note15"></span>[[#footnote15|<sup>15</sup>]], et la petite en quarante
et une<span id="note16"></span>[[#footnote16|<sup>16</sup>]]; elles furent faites à l'ordinaire de la pierre qu'on tira des carrières d'autour de Paris. Et comme si pour les faire, ces carrières eussent
été épuisées, pour l'achever on fut obligé d'avoir recours au
cimetière
Saint-Innocent, et troubler le repos des morts: de sorte qu'en
1365, Raimond du Temple, conducteur de l'ouvrage, enleva vingt
tombes le 27 septembre, qu'il acheta quatorze sols parisis la pièce de
Thibault de la Nasse, marguillier de l'église, et enfin les fit tailler par
Pierre Anguerrand et Jean Colombel pour servir de pallier.»
 
«Nous l'avons vu ruiner (cet escalier), en 1600, quand Louis XIII fit
reprendre l'édifice du Louvre, sous la conduite d'Antoine Lemercier.
Pour le rendre plus visible et plus aisé à trouver, maître Raimond le
jeta entièrement hors-d'œuvre en dedans la cour<span id="note17"></span>[[#footnote17|<sup>17</sup>]], contre le corps de
logis qui regardoit sur le jardin<span id="note18"></span>[[#footnote18|<sup>18</sup>]]; et pour le rendre plus superbe (l'escalier),
il l'enrichit par dehors de basses-tailles, et de dix grandes
figures de pierre couvertes chacune d'un dais, posées dans une niche,
portées sur un piédestal: au premier étage, de côté et d'autre de la
porte, étoient deux statues de deux sergens-d'armes, que fit Jean de
Saint-Romain<span id="note19"></span>[[#footnote19|<sup>19</sup>]], et autour de la cage furent répandues par dehors, sans
ordre ni symétrie, de haut en bas de la coquille, les figures du roi,
de la reine et de leurs enfans mâles<span id="note20"></span>[[#footnote20|<sup>20</sup>]]; Jean du Liége travailla à celles
du roi et de la reine; Jean de Launay et Jean de Saint-Romain
partagèrent
entre eux les statues du duc d'Orléans et du duc d'Anjou; Jacques
de Chartres et Gui de Dampmartin, celles des ducs de Berri et de
Bourgogne;
et ces sculpteurs, pour chaque figure, eurent vingt francs d'or,
ou seize livres parisis. Enfin, cette vis étoit terminée des figures de la
Vierge et de saint Jean de la façon de Jean de Saint-Romain; et le fronton
de la dernière croisée<span id="note21"></span>[[#footnote21|<sup>21</sup>]] étoit lambrequiné des armes de France, de
fleurs de lis sans nombre<span id="note22"></span>[[#footnote22|<sup>22</sup>]], qui avoient pour support deux anges, et
pour cimier un heaume couronné, soutenu aussi par deux anges, et
couvert d'un timbre chargé de fleurs de lis par dedans. Un
sergent-d'armes
haut de trois pieds, et sculpté par Saint-Romain, gardoit chaque porte des appartemens du roi et de la reine qui tenoient à cet
escalier; la voûte qui le terminoit étoit garnie de douze branches
d'orgues (nervures), et armée dans le chef (à la clef) des armes de Leurs
Majestés, et dans les panneaux (remplissages entre les nervures) de
celles de leurs enfans<span id="note23"></span>[[#footnote23|<sup>23</sup>]] et fut travaillée (la sculpture de cette
voûte), tant
par le même Saint-Romain que par Dampmartin, à raison de trente-deux
livres parisis, ou quarante francs d'or.»
 
Il faut ajouter à cette description que cet escalier communiquait avec la
grosse tour du Louvre au moyen d'une galerie qui devait avoir été bâtie de
même sous Charles V, car du temps de Philippe-Auguste, le donjon était
entièrement isolé. Essayons donc de réconstituer cette partie si intéressante
du vieux Louvre, à l'aide de ces renseignements précis et des monuments
analogues qui nous restent encore dans des châteaux des XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> siècles.
La grande vis du Louvre était entièrement détachée du corps de logis
du
nord, et ne s'y reliait que par une sorte de palier; cela ressort du texte de
Sauval; de l'autre côté l'escalier était en communication avec le donjon par
une galerie. Cette galerie devait nécessairement former portique à jour, à
rez-de-chaussée, pour ne pas intercepter la communication d'un côté de la
cour à l'autre. Ménageant donc les espaces nécessaires à l'amorce du portique
et de l'entrée dans le corps de logis du nord, tenant compte de la longueur
des marches et de leur giron, observant qu'à l'extérieur l'architecte
avait pu placer dix grandes statues à rez-de-chaussée dans des niches surmontées
de dais, que, par conséquent, ces figures ne pouvaient être posées
que sur des faces de contre-forts, tenant compte des douze branches
d'arcs de voûtes mentionnées par Sauval, de la longueur et du giron des
marches de la petite vis, nous sommes amené à tracer le plan du
rez-de-chaussée,
fig. 10. En A est la jonction de l'escalier avec le corps de logis
du nord B. En C est le portique portant la galerie de réunion de l'escalier
avec le donjon. La première marche est en D. Jusqu'au palier E, tenant
compte du giron des marches, on trouve seize degrés. Seize autres degrés
conduisaient au second palier posé au-dessus de la voûte F. Seize degrés
arrivaient au troisième palier au-dessus de celui E. De ce troisième palier
on montait d'une volée jusqu'au quatrième palier, toujours au-dessus de
celui E, par trente-cinq marches, total, quatre-vingt-trois. Le noyau central,
assez large pour porter le petit escalier supérieur, devait être évidé
pour permettre, à rez-de-chaussée, de passer directement du portique C
au logis B. Au-dessus ce noyau vide pouvait être destiné, ainsi que cela
se pratiquait souvent, à recevoir des lampes pour éclairer les degrés pendant
la nuit. La première rampe était probablement posée sur massif ou
sur voûtes basses; la seconde reposait sur des voûtes G qui permettaient
de circuler sous cette rampe. Notre plan nous donne en H dix
contre-forts
pouvant recevoir les dix grandes statues. Une coupe, fig. 11, faite sur la
ligne CB, explique les révolutions des rampes et les divers paliers
de plain-pied avec les étages du logis B. Elle nous indique la structure du noyau
ajouré, et, en K, le niveau du dernier palier de la grande vis, à partir
duquel commence à monter la petite vis portant quarante et une marches
jusqu'au niveau de la terrasse supérieure. Cette petite vis prenait
ses
jours dans la cage de la grande au moyen d'arcatures ressautantes.
</div>
[[Image:Escalier.Louvre.png|center]]
<div class="text">
 
Nous ne prétendons pas, cela va sans dire, présenter ces figurés comme
un relevé scrupuleux de ce monument détruit depuis le XVII<sup>e</sup> siècle,
et
dont il ne reste aucun dessin; nous essayons ici de résumer dans une
étude les diverses combinaisons employées par les architectes des
XIV<sup>e</sup> et
XV<sup>e</sup> siècles, lorsqu'ils voulaient donner à leurs escaliers un aspect tout à
fait monumental. On comprend très-bien comment Raymond du Temple
s'était procuré difficilement un nombre aussi considérable de marches et
de paliers de grandes dimensions, devant offrir une parfaite résistance,
puisque, suivant la méthode alors adoptée, ces marches, sauf celles des
deux premières révolutions, ne portaient que par leurs extrémités. Quant
aux paliers, qu'il eût été impossible de faire d'un seul morceau, nous les
avons supposés portés, soit par des voûtes, soit par des arcs ajourés, ainsi
que l'indique la vue perspective (12) prise au-dessous du palier supérieur.
</div>
[[Image:Coupe.escalier.Louvre.png|center]]
<div class="text">
 
Les architectes, devenus très-habiles traceurs-géomètres dès la fin du
XIII<sup>e</sup> siècle, trouvaient dans la composition des escaliers un sujet propre à
développer leur savoir, à exciter leur imagination. Leur système de construction,
leur style d'architecture se prêtait merveilleusement à l'emploi
de combinaisons compliquées, savantes, et empreintes d'une grande
liberté;
aussi (bien que les monuments existants soient malheureusement
fort rares) les descriptions de châteaux et de monastères font-elles mention
d'escaliers remarquables.
</div>
[[Image:Escalier.Louvre.2.png|center]]
<div class="text">
 
Souvent, par exemple, ces grandes vis de palais étaient à double
révolution,
de sorte que l'on pouvait descendre par l'une et remonter par
l'autre sans se rencontrer et même sans se voir. D'autres fois, deux vis
s'élevaient l'une dans l'autre; l'une dans une cage intérieure, l'autre dans
une cage extérieure; combinaison dont on peut se faire une idée, en supposant
que la petite vis figurée dans la coupe, figure 11, descend jusqu'au
rez-de-chaussée. La vis intérieure devenait escalier de service, et
le degré
<i>circonvolutant</i>, escalier d'honneur. Indépendamment des avantages que
l'on pouvait tirer de ces combinaisons, il est certain que les architectes,
aussi bien que leurs clients, se plaisaient à ces raffinements de bâtisses;
dans ces châteaux où les journées paraissaient fort longues, ces bizarreries,
ces surprises, étaient autant de distractions à la vie monotone des châtelains et de leurs hôtes.
 
On voyait aux Bernardins de Paris, dit Sauval<span id="note24"></span>[[#footnote24|<sup>24</sup>]], «une vis tournante à
double colonne (noyau) où l'on entre par deux portes, et où l'on monte
par deux endroits, sans que de l'un on puisse être vu dans l'autre;
cette vis a dix pieds de profondeur (3<sup>m</sup>,25), et chaque marche porte de
hauteur huit à neuf pouces (0<sup>m</sup>,23). Les marches sont délardées, et ne
sont point revêtues d'autres pierres. C'est le degré de la manière la plus
simple, et la plus rare de Paris; toutes les marches sont par dessous délardées.
Sa beauté et sa simplicité consistent dans les girons de l'un et
de l'autre, portant un pied ou environ, qui sont entrelassés, enclavés,
emboîtés, enchaînés, enchâssés, entretaillés l'un dans l'autre, et
s'entremordant
d'une façon aussi ferme que gentille. Les marches de l'autre
bout sont appuyées sur la muraille de la tour qui l'environne; ces
deux
escaliers sont égaux l'un à l'autre en toutes leurs parties; la façon du
noyau est semblable de haut en bas, et les marches pareilles en
longueur,
en largeur et en hauteur. L'église et le degré furent commencés
par le pape Benoît XII du nom, de l'ordre de saint Bernard, continué
par un cardinal du même ordre nommé Guillaume. Ces degrés n'ont
que deux croisées, l'une qui les éclaire tous deux par en haut, l'autre
par en bas<span id="note25"></span>[[#footnote25|<sup>25</sup>]].» En cherchant à expliquer par une figure la description
de Sauval, on trouverait le plan (13). En A et B sont les deux entrées, en
C et D les deux premières marches; le nombre de marches à monter de C
en E, vu la hauteur de ces marches, permet de dégager sous le giron E
pour prendre la seconde rampe D; les degrés continuent ainsi à monter
en passant l'un au-dessus de l'autre. Il est clair que deux personnes montant
par C et par D ne pouvaient ni se voir ni se rencontrer. Sauval décrit
encore de très-jolis escaliers qui se trouvaient à Saint-Méderic de Paris
et qui dataient de la fin du XV<sup>e</sup> siècle. Voici ce qu'il en dit<span id="note26"></span>[[#footnote26|<sup>26</sup>]]:
«Il existait deux vis de Saint-Gille dans les deux tourelles qui sont
aux deux côtés de la croisée hors-d'œuvre. L'une est à pans et l'autre
ronde. Toutes deux ont été dessinées par un architecte très-savant
et fort entendu à la coupe des pierres. La ronde est couverte d'une
voûte en cul-de-four ou coquille, si bien et si doucement conduite,
qu'il est difficile d'en trouver une dont les traits fort doux et hardis
soient ni mieux conduits ni mieux exécutés. Sa beauté consiste
particulièrement
en six portes qui se rencontrent toutes ensemble en un
même endroit et sur un même palier aussi bien que les traits de tous
leurs jambages, et cela sans confusion, chose surprenante et admirable.
La colonne de cette vis ronde est en quelques endroits torse ou ondée,
et quoique les traits partent des deux arêtes où l'onde est renfermée,
ils sont toutefois si bien conduits que la voûte en est toujours et partout
de semblable ordonnance.
</div>
[[Image:Escalier.Bernardins.Paris.png|center]]
<div class="text">
«L'autre vis à pans est tantôt pentagone et tantôt hexagone. Son noyau
est des plus grêles et ses arêtes des plus pointues, et est de haut
en bas conduit avec la même délicatesse et la même excellence de l'autre. La
merveille de ces deux vis consiste en leur petitesse et en la tendresse
des murailles qui les soutiennent, ne portant pas neuf pouces
d'épaisseur (0<sup>m</sup>,23).»
 
Nous n'en finirions pas si nous voulions citer tous les textes qui s'occupent
des escaliers du moyen âge et particulièrement de ceux du
commencement
de la Renaissance, car à cette époque c'était à qui, dans les
résidences
seigneuriales, les hôtels et les couvents mêmes, éleverait les plus
belles vis et les plus surprenantes. Dans la description de l'abbaye de
Thélème, Rabelais ne pouvait manquer d'indiquer une vis magistrale
«cent fois plus magnifique» que n'est celle de Chambord. «Au milieu
(des bâtiments, dit-il)<span id="note27"></span>[[#footnote27|<sup>27</sup>]] estoit une merveilleuse viz, de laquelle l'entrée
estoit par les dehors du logis en un arceau large de six toises. Icelle
estoit faite en telle symétrie et capacité, que six hommes d'armes, la
lance sur la cuisse, pouvoient de front monter jusques au-dessus de
tous le bastiment<span id="note28"></span>[[#footnote28|<sup>28</sup>]].»<span id=Gaillon>
</div>
[[Image:Escalier.chateau.Gaillon.png|center]]
<div class="text">
 
Nous avons vu comment Raymond du Temple avait disposé le grand
escalier du Louvre en dehors des bâtiments afin de n'être point gêné dans
la disposition des entrées, des passages de rampes et des paliers. Cette
méthode, excellente d'ailleurs, persiste longtemps dans la construction
des habitations seigneuriales; nous la voyons adoptée dans le château de
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes G#Gaillon|Gaillon]] (14). Ici l'escalier principal était posé à l'angle rentrant formé par
deux portiques E F. On pouvait prendre la vis en entrant par deux arcs
extérieurs A A et par deux arcs B B donnant sous le portique, la première
marche étant en D. Cette disposition permettait, aux étages supérieurs,
d'entrer dans les galeries par une ouverture percée dans l'angle en
G<span id="note29"></span>[[#footnote29|<sup>29</sup>]].
Un pareil escalier ne pouvait en rien gêner les distributions intérieures.
À Blois nous retrouvons un escalier indépendant des corps de logis et placé
au milieu d'une des ailes au lieu d'être élevé dans un angle. Dans la construction
du palais des Tuileries, Philibert Delorme avait encore conservé
cette tradition de la grande vis du moyen âge, et son escalier placé dans
le pavillon dit de l'Horloge aujourd'hui passait, comme celui de
Chambord,
pour une merveille d'architecture. D'ailleurs, les vis de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes G#Gaillon|Gaillon]], de
Blois, de Chambord et des Tuileries étaient terminées par des lanternes
qui, comme celle du grand escalier du Louvre, couronnaient le faîte et
donnaient entrée sur une terrasse<span id="note30"></span>[[#footnote30|<sup>30</sup>]]. Quelquefois aussi ces vis étaient intercalées
dans les constructions, mais de telle façon qu'elles conservaient
leurs montées indépendantes. On retrouve cette disposition adoptée
dans des châteaux du XV<sup>e</sup> siècle et du commencement du XVI<sup>e</sup>. Alors la
vis, au lieu d'être en dehors du portique comme à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes G#Gaillon|Gaillon]], laissait le
portique passer devant elle. La
</div>
[[Image:Escalier.XVe.siecle.png|center]]
<div class="text">
<br>
figure 15 présente en plan un escalier établi d'après cette donnée. Un portique A B est planté à
rez-de-chaussée
devant les pièces d'habitation. La cage d'escalier est en retraite et carrée,
son entrée est en E, la première marche en C. Dans les angles du carré
des trompes arrivent à une corniche spirale et soutiennent les marches
d'angles, qui sont plus longues que les autres. De cette manière les gens
qui montent ou descendent profitent entièrement de la cage carrée, et,
cependant, les marches délardées par dessous sont toutes de la même
longueur, comme si elles gironnaient dans un cylindre. La coupe de cet
escalier, faite sur la ligne A B, figure 16, indique clairement la disposition
des rampes, de leurs balustrades, des arrivées sur le sol du portique à
l'entresol en G, et au premier en H. Il existe une disposition d'escalier
absolument semblable à celle-ci dans le château de Châteaudun<span id="note31"></span>[[#footnote31|<sup>31</sup>]].
</div>
[[Image:Coupe.escalier.XVe.siecle.png|center]]
<div class="text">
 
Mais dans
la vis de Châteaudun les trompes d'angle arrivent du carré à l'octogone, et
des culs-de-lampes posés aux angles de l'octogone portent la corniche spirale,
dont la projection horizontale étant un cercle parfait soutient les
bouts des marches. Une vue prise à la hauteur de la première révolution
de l'escalier de Châteaudun, figure 17, là où cette révolution coupe le portique
du rez-de-chaussée dans sa hauteur, fait saisir l'arrangement des
trompes, des culs-de-lampes, de la corniche en spirale et des marches délardées
en dessous. Cet arrangement est d'ailleurs représenté en
projection
horizontale dans le plan (18).
</div>
[[Image:Escalier.Chateaudun.png|center]]
<div class="text">
 
Les trompes de la vis de Châteaudun sont appareillées; ce sont des
plates-bandes
légèrement inclinées vers l'angle; cet escalier était d'un assez
grand diamètre pour exiger cet appareil. Dans des vis d'un moins grand
développement, les angles, qui du carré arrivent à un octogone,
</div>
[[Image:Plan.escalier.Chateaudun.png|center]]
<div class="text">
<br>
n'ont pas autant d'importance; ces angles forment seulement un pan abattu
de façon à donner en projection horizontale un octogone à quatre grands
côtés et à quatre plus petits. Alors ces trompes, ou ces goussets plutôt,
sont appareillés d'une seule pierre. L'escalier de l'hôtel de la Trémoille à
Paris<span id="note32"></span>[[#footnote32|<sup>32</sup>]] donnait en plan un carré avec un grand pan abattu; les trois angles
droits restant à l'intérieur étaient, sous les marches, garnis de trompillons
pris dans une seule pierre sculptée. Nous donnons, figure 19, l'un de
ces
trompillons. C'était dans ces angles que l'on plaçait les flambeaux destinés
à éclairer les degrés. Ces flambeaux étaient, soit portés sur de petits
culs-de-lampes, quelquefois dans de petites niches, soit scellés dans la
muraille en manière de bras.
</div>
[[Image:Escalier.hotel.Tremoille.png|center]]
<div class="text">
 
Les textes que nous avons cités précédemment indiquent assez combien,
dans les habitations seigneuriales, on tenait à donner (au moins
à dater du XIV<sup>e</sup> siècle) une apparence de luxe aux grands escaliers.
Les architectes déployaient les ressources de leur imagination dans
les
voûtes qui les terminaient et dans la composition des noyaux. Il
existe
encore à Paris, dans la rue du Petit-Lion-Saint-Sauveur, une grosse
tour qui dépendait autrefois de l'hôtel que les ducs de Bourgogne
possédaient
rue Pavée-Saint-Sauveur. Cette tour, bâtie sur plan quadrangulaire,
couronnée de mâchicoulis, contient une belle vis fermée à son
sommet
par une voûte retombant sur le noyau; les nervures de cette voûte
en arcs d'ogive figurent des troncs de chêne d'où partent des branches
feuillues se répandant sous les voussures<span id="note33"></span>[[#footnote33|<sup>33</sup>]]. Les noyaux des escaliers à vis
primitifs, ou portaient une voûte spirale (figure 7), ou faisaient partie des
marches elles-mêmes (figure 9). Lorsque l'on donna un grand diamètre à
ces escaliers, il ne fut plus possible de prendre le noyau dans la marche;
on élargit ces noyaux pour éviter l'aiguïté des marches se rapprochant du
centre, et celles-ci furent encastrées dans ce noyau bâti par assises, ou
bien encore on composa les noyaux de grandes pierres en délit comme
on le fait pour les poteaux des vis en charpente. Ce fut alors que l'on
enrichit ces noyaux de sculptures délicates, qu'on les mit à jour quelquefois,
et que les appareilleurs eurent l'occasion de faire preuve de science.
Ces noyaux portèrent des mains-courantes prises dans la masse et des
saillies en forme de bandeau spirale, pour recevoir les petits bouts des
marches.
</div>
[[Image:Noyau.escalier.Chateaudun.png|center]]
<div class="text">
 
Le noyau de l'escalier de Châteaudun, donné fig. 17, est couvert d'ornements
très-délicats; il est monté en assises hautes; nous en donnons,
fig. 20, un morceau. En A est la main-courante, et en B le bandeau recevant
les marches dont l'incrustement est indiqué dans notre dessin. Le
noyau de la vis de l'hôtel de la Trémoille était fait de trois morceaux
de pierre du haut en bas, posés en délit, couverts de sculptures, et
recevant de même, dans des encastrements, les houts des degrés<span id="note34"></span>[[#footnote34|<sup>34</sup>]].
Les
morceaux superposés de cet arbre de pierre étaient reliés entre eux au
moyen de forts goujons de pierre dure. Inutile de dire que la taille de
pareils noyaux, faite avant la pose, devait exiger une adresse et une connaissance
du trait fort remarquables.
</div>
[[Image:Escalier.XIVe.siecle.sans.noyau.png|center]]
<div class="text">
 
Parfois, dès le XIV<sup>e</sup> siècle, lorsqu'on n'avait qu'un très-petit espace pour
développer les escaliers à vis intérieurs, on supprimait entièrement le
noyau afin de laisser du dégagement pour ceux qui montaient ou
descendaient.
Les marches étaient alors simplement superposées en spirale, et
portaient chacune un boudin à leur extrémité, près du centre, pour offrir
une main-courante; à la place du noyau était un vide. Voici (21), en A
la moitié du plan d'une vis de ce genre, en B sa coupe sur la ligne CD,
et en G une de ses marches en perspective, avec l'indication au pointillé
des surfaces non vues et du lit inférieur. Il arrivait aussi que dans les
intérieurs des appartements, et pour communiquer d'un étage à l'autre,
on élevait des escaliers prenant jour sur les salles, des vis enfermées dans
des cages en partie ou totalement à claire-voie. Il existe deux charmants
escaliers de ce genre, qui datent du commencement du XIII<sup>e</sup> siècle, dans
les deux salles< de premier étage des tours de Notre-Dame de Paris. Nous
ne croyons pas nécessaire de les donner ici, car ils ont été gravés plusieurs
fois déjà, et sont parfaitement connus. On voit une de ces vis, enclose
entre des colonnes, dans la
</div>
[[Image:Escalier.cathedrale.Mayence.png|center]]
<div class="text">
 
[[Image:Escalier.tour.cathedrale.Reims.png|center]]
<div class="text">
<br>
cathédrale de Mayence, et qui date du milieu du XIII<sup>e</sup> siècle; nous donnons (22) la moitié de son plan et une
révolution
entière<span id="note35"></span>[[#footnote35|<sup>35</sup>]]. À partir du mur circulaire qui ne monte que jusqu'au
niveau A, la construction consiste seulement en des marches portant
noyau, et en des colonnettes, toutes d'égale hauteur, soutenant chacune
l'extrémité extérieure d'une marche. Rien n'est plus simple et plus élégant
que cette petite construction. On voit aussi des escaliers de ce genre
à la partie supérieure des tours des cathédrales de Laon et de Reims. Ces
vis s'élèvent au milieu des grands pinacles qui, du dernier étage de la
façade, forment aux quatre angles des tours une décoration ajourée dans
toute leur hauteur. Les vis des tours de Reims ont cela de particulier, que
trois marches sont prises dans une seule assise (les matériaux avec lesquels
ce monument fut élevé sont énormes), et que les bouts extérieurs
de ces marches sont soulagés par des morceaux de pierres en délit.
Chaque bloc est donc taillé conformément au tracé perspectif, fig. 23.
Des chandelles de pierre B viennet soulager les portées A, puis se
poser au-dessus des extrémités des marches en C. Par le fait, c'est le
noyau D qui porte toute la charge, et les pierres B ne sont qu'une suite
d'étançons formant clôture à jour. Il arrive aussi que ces vis sont
mi-partie
engagées dans la muraille, mi-partie ajourées; c'était ainsi
qu'étaient disposés la plupart des escaliers intérieurs qui mettaient
en
communication deux pièces superposées. <span id=Moulins>L'escalier de la tribune de
l'église Saint-Maclou de Rouen (XVI<sup>e</sup> siècle), celui du chœur de la cathédrale
de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes M#Moulins|Moulins]] (XV<sup>e</sup> siècle), fournissent de très-jolis exemples de ces
sortes de vis prenant jour sur les intérieurs.
 
Nous avons vu comment les marches des vis forment naturellement
plafond rampant par-dessous les degrés; comment ces marches sont
délardées ou simplement chanfreinées, ou même laissées à angles vifs,
donnant ainsi comme plafond la contre-partie du degré. Mais il arrivait
que l'on était parfois obligé d'établir des rampes droites ou circulaires à
travers des constructions massives, dans les châteaux, dans les tours. Les
couvertures de ces rampes avaient alors un poids considérable à porter.
</div>
[[Image:Plafond.escalier.png|center]]
<div class="text">
 
Si ces rampes étaient larges (comme le sont en général les descentes de
caves dans les châteaux), les architectes n'osaient pas fermer ces escaliers
par des plafonds rampants, composés d'une suite de linteaux, dans la
crainte des ruptures. Alors, que faisaient-ils? Ils bandaient une suite
d'arcs brisés A ou plein ceintres A' juxtaposés (24), mais suivant la
déclivité des degrés, ainsi que l'indique la coupe B. Ces arcs avaient tous
leur naissance sur le même nu; ils étaient tous taillés sur la même
courbe. Si l'intrados de leurs sommiers venait mourir au nu du mur,
l'extrados arrivait en C. Ces sommiers étaient donc également assis,
et les appareilleurs ou poseurs évitaient les difficultés de coupe et de pose
des voûtes rampantes, dont les sommiers sont longs à tracer,
occasionnent
des déchets de pierre considérables et nécessitent des soins
particuliers
à la pose. Si ces degrés, à travers des constructions, étaient étroits,
si les architectes possédaient des pierres fortes, ils se contentaient de
juxtaposer, suivant la déclivité des rampes, une série de linteaux soulagés
par des corbeaux au droit des portées (voy., fig. 24, le tracé D et la
coupe E). Ces constructions, fort simples, produisent un bon effet, ont un
aspect solide et résistant; elles indiquent parfaitement leur destination et
peuvent impunément être pratiquées sous des charges considérables.
Les voûtes bandées par ressauts n'ont pas, sous des gros murs ou des
massifs, l'inconvénient de faire glisser les constructions supérieures,
comme cela peut arriver lorsque l'on établit sous ces charges des
berceaux
rampants. Quelquefois dans les rampes couvertes par des linteaux,
au lieu de simples corbeaux posés sous chacun de ces linteaux, c'est un
large profil continu qui ressaute d'équerre au droit des pierres formant
couverture, ainsi que l'indique la fig. 25. D'une nécessité de construction
ces architectes ont fait ici, comme partout, un motif de décoration.
</div>
[[Image:Plafond.escalier.2.png|center]]
<div class="text">
==== ESCALIERS DE CHARPENTE ET DE MENUISERIE ====
Des escaliers de bois antérieurs
au XVI<sup>e</sup> siècle, il ne nous reste que très-peu de fragments. Les plus
anciens sont peut-être les deux vis du sacraire de la Sainte-Chapelle de
Paris<span id="note36"></span>[[#footnote36|<sup>36</sup>]]; il est vrai que ce sont des chefs-d'œuvre de menuiserie du
XIII<sup>e</sup> siècle. Cependant les architectes du moyen âge avaient poussé très-loin
l'art de disposer les escaliers de bois dans des logis, et en ceci leur
subtilité avait dû leur venir en aide, car de toutes les parties de la construction
des édifices ou maisons particulières, l'escalier est celle qui
demande le plus d'adresse et d'étude, surtout lorsque, comme il arrivait
souvent dans les villes et même les habitations seigneuriales du moyen
âge, on manquait de place. Ainsi qu'on peut le reconnaître en examinant
les intérieurs des châteaux et des maisons, les architectes faisaient des
escaliers de bois à un ou deux ou quatre noyaux, à double rampe; ils
allaient jusqu'à faire des escaliers à vis en bois tournant sur un pivot, de
manière à masquer d'un coup toutes les portes des appartements des
étages supérieurs. Dans son <i>Théâtre de l'art du Charpentier</i>, Mathurin
Jousse (1627) nous a conservé quelques-unes de ces méthodes encore
usitées de son temps<span id="note37"></span>[[#footnote37|<sup>37</sup>]]. «Personne n'ignore, dit cet auteur<span id="note38"></span>[[#footnote38|<sup>38</sup>]],
qu'entre
toutes les pièces de la charpente d'un logis, la montée ne cède en
commodité
et utilité à aucune autre; estant le passage, est comme l'instrument
commun de l'usage et service que rendent les chambres, estages
et tout l'édifice: et si elle est utile, elle n'est pas moins gentille, mais
aussi difficile, tant pour le tracement, joinctures et assemblages,
que
pour la diversité qui se retrouve en icelles: car outre les ordinaires,
qui se font communes à toutes les chambres d'un logis, il y en a qui
(bien qu'elles soient communes) ont néantmoins telle propriété, que
deux personnes de deux divers logis ou chambres peuvent monter par
icelles sans s'entre-pouvoir voir: et par ainsi une seule fera fonction de
deux, et sera commune sans l'estre. Il s'en fait encores d'autres façons,
non moins gentilles que les précédentes: car estans basties sur un
pivot, elles se tournent aisément, de sorte qu'en un demy-tour elles
peuvent fermer toutes les chambres d'une maison, et forclorre le
passage
aux endroicts où auparavant elle le donnoit...»
 
Avant de présenter quelques exemples d'escaliers en charpente ou
menuiserie, il est nécessaire d'indiquer d'abord quels sont les éléments
dont se composent ces montées. Il y a les escaliers à limons droits avec
poteaux, les escaliers à noyaux et les escaliers à vis sans noyaux et à
limons spirales. Les marches, dans les escaliers en bois du moyen âge,
sont toujours pleines, assemblées dans le limon à tenons et mortaises.
</div>
[[Image:Escalier.a.limon.droit.png|center]]
<div class="text">
 
Soit (26) un limon droit présenté en face intérieure en A et en coupe
en B; chaque marche portera un tenon C avec un épaulement D, et sera
légèrement embrévée dans le limon en E. Ces marches seront délardées
par-dessous et formeront plafond rampant. Le limon portera aussi les
poteaux de balustrades G qui viendront s'assembler dans des mortaises
pratiquées dans les renforts H. Les bouts des marches avec leur tenon
sont figurés en K. Ces marches étant pleines sont prises, habituellement,
dans des billes de bois ainsi que l'indique le tracé L. Trois sciages I divisent la bille en chêne de 0,50 c. de diamètre, ou environ en six triangles
dans chacun desquels on trouve une marche, de façon à ce que le devant
de chaque marche soit placé du côté du cœur du bois, le devant des
marches
étant la partie qui fatigue le plus. S'il reste quelques parties
d'aubier
ou des flaches, elles se trouvent ainsi dans la queue de la marche qui
ne subit pas le frottement des pieds. Cette façon de prendre les
marches
en plein bois, le devant vers le cœur, a en outre l'avantage d'empêcher les
bois de se gercer ou de se gauchir, les sciages étant précisément faits
dans le sens des gerces. Ce débillardement des marches ne perd aucune
des parties solides et résistantes du bois, les marches se trouvent toutes
dans les mêmes conditions de dureté, et il reste en M de belles dosses que
l'on peut utiliser ailleurs. On reconnaît que les constructeurs ont, soit
pour les limons, soit pour les marches, choisi leurs bois avec grand soin
afin d'éviter ces dislocations et ces gerces si funestes dans des ouvrages de
ce genre. Quelquefois, mais rarement, les marches sont en noyer ou en
châtaignier<span id="note39"></span>[[#footnote39|<sup>39</sup>]].
</div>
[[Image:Escalier.a.deux.rampes.png|center]]
<div class="text">
 
Ces premiers principes de construction posés, examinons d'abord un
escalier à deux rampes et à paliers avec marches palières, limons droits et
poteaux d'angle; c'est l'escalier de charpente le plus simple, celui qui se
construit par les moyens les plus naturels. Voici, fig. 27, en A, le plan
d'une montée établie d'après ce système; la première marche est en B,
on arrive au premier palier C, on prend la seconde rampe dont la marche
est en D, on monte jusqu'au palier E, qui est au niveau du premier étage,
et ainsi de suite pour chaque étage. L'échelle du plan est de 0,01 c. pour
mètre. Faisons une coupe longitudinale sur <i>a b</i>, et présentons la au
double pour plus de clarté. Ses quatre poteaux d'angles montent de fond
et se posent sur un parpaing de pierre. Le premier limon repose
également
sur cette assise et vient s'assembler dans le poteau F qui reçoit à
mi-bois la marche palière G, soulagée encore par une poutrelle assemblée
à tenons et mortaises, et reposant sur le renfort H. Passons à la troisième
rampe qui est semblable en tout à la seconde, et qui est figurée dans la
coupe. Le limon est soulagé dans sa partie par un gousset I et un
lien K.
Les grands liens sont surtout nécessaires pour empêcher le roulement et
les poussées qui ne manquent pas de se produire dans un escalier de ce
genre s'il dessert plusieurs étages; ils roidissent tout le système de charpente,
surtout si, comme nous l'avons tracé, on établit un panneau à jour
dans le triangle formé par le poteau, le limon et ce lien. Les montants
des balustrades sont assemblés dans les limons, et leurs
mains-courantes dans les poteaux.
</div>
[[Image:Escalier.assemblage.limons.png|center]]
<div class="text">
 
Examinons maintenant comment se combinent les assemblages des
limons dans les poteaux, les marches palières, les poutrelles de buttée des
paliers, etc. Fig. 28: en A, nous avons tracé sur une même projection
verticale les poteaux en regard, la marche palière, la marche d'arrivée et
celle de départ (c'est le détail de la partie L de la fig. 27); en B est figuré le
poteau; en C, la poutrelle de buttée avec son double tenon et son profil en
C'; en D, le gousset du limon de départ; en EE', le limon d'arrivée; en
FF', le limon de départ avec son tenon; en G, la dernière marche faisant
marche palière; en H, la première marche de départ posant sur la
marche palière avec son tenon I s'assemblant dans le poteau; en K, la
partie de la marche palière vue en coupe entre les deux poteaux. Cette
marche palière, assemblée à mi-bois dans le poteau et reposant en partie
sur la poutrelle C, est fortement serrée dans son assemblage au moyen
d'un boulon qui vient prendre le gousset D. Les poteaux ont 0,18 c. sur
0,20 posés de champ dans le sens de l'emmarchement. Le gousset D et les
limons EE', FF' ne sont pas assemblés dans les milieux des poteaux; ces
limons portent 0,15 c. d'épaisseur, et affleurent le nu extérieur des
poteaux (voir le plan). Voyons les divers assemblages pratiqués dans le
poteau, tracés dans le détail perspectif O. En N est le renfort destiné à
recevoir la poutrelle de buttée C; en P, les deux mortaises et l'embrévement
d'assemblage de cette poutrelle; en R, l'entaille dans laquelle se
loge la marche palière avec le trou S du boulon; en T, le gousset. Le tracé
perspectif Q nous montre la marche palière du côté de ses entailles
entrant dans celles R des poteaux. La dernière marche d'arrivée est figurée
en U; la première marche de départ en V avec son embrévement et
son tenon X; on voit en Y le trou de passage du boulon. Ce système d'escaliers
à rampes droites avec paliers persista jusqu'au XVII<sup>e</sup> siècle; il
était
fort solide, ne pouvait se déformer comme la plupart de nos escaliers, dont
les limons attachés seulement aux marches palières finissent toujours par
fléchir. C'est de la véritable charpente dont tous les assemblages sont visibles,
solides, et composent seuls la décoration. Rien ne s'opposait
d'ailleurs
à ce qu'on couvrît ces poteaux, ces limons, ces liens, ces balustrades,
de sculptures et de peintures; aussi le faisait-on souvent.
</div>
[[Image:Escalier.a.vis.en.bois.png|center]]
<div class="text">
 
On faisait en bois des escaliers à vis aussi bien qu'en pierre. Les plus
anciens étaient construits de la même manière, c'est-à-dire que les
marches
étaient pleines, superposées, et portaient noyau. On en façonnait
à doubles limons qui pouvaient posséder deux rampes, ainsi que nous
l'avons dit plus haut, c'est-à-dire (29) qu'en entrant indifféremment par
l'une des deux portes CC', on prenait l'une ou l'autre rampe dont la
première marche est en A. C'était un moyen de donner entrée dans les
pièces des étages supérieurs par des portes percées au-dessus de
celles CC'.
La personne qui sortait par la porte C ne pouvait rejoindre celle sortant
par la porte C', les deux rampes gironnant l'une au-dessus de l'autre.
Les deux noyaux étaient réunis par deux limons B se croisant. Ces
escaliers, fort communs pendant le moyen âge et jusqu'au XVII<sup>e</sup> siècle,
étaient commodes, et on ne s'explique pas pourquoi on a cessé de les
mettre en œuvre. D'un bout les marches débillardées, pleines,
s'assemblaient
à tenon et mortaise dans les deux noyaux et dans les limons;
de l'autre, elles étaient engagées dans la maçonnerie ou portaient sur un
filet en charpente cloué le long d'un pan de bois.
 
Mais souvent les escaliers à vis en bois étaient complètement isolés, formaient
une œuvre indépendante de la bâtisse. Ces escaliers mettaient en
communication deux étages, et on les plaçait dans l'angle d'une pièce pour
communiquer seulement à celle au-dessus. C'était là plutôt une œuvre
de
menuiserie que de charpenterie, traitée avec soin et souvent avec une
grande richesse de moulures et de sculpture. Toutefois, les marches de
ces escaliers de menuiserie restèrent pleines jusque pendant le XV<sup>e</sup>
siècle,
portaient noyaux, et étaient réunies au centre au moyen d'une tige de fer
rond, d'un boulon, qui les empêchait de dévier. Chaque marche (30),
possédait son montant dans lequel elle venait s'assembler. Ces montants,
d'un seul morceau pour chaque étage, étaient assemblés au pied dans un
plateau en charpente, et au sommet dans un cercle également en
charpente.
</div>
[[Image:Escalier.a.vis.en.bois.2.png|center]]
<div class="text">
 
Cela formait une cage cylindrique ou un prisme ayant autant de
pans qu'il y avait de marches en projection horizontale. Nous donnons en
A le plan d'un quart d'un escalier de ce genre portant douze marches sur
sa circonférence. Les montants sont en B, et le noyau porté par chaque
marche en C. Les espaces EF donnent le recouvrement des marches l'une
sur l'autre, le devant de chaque marche étant en F, et le derrière en E. Si
nous faisons une élévation de ce quart de circonférence de l'escalier, nous
obtenons la projection verticale G. On voit en I le boulon qui enfile les
assises de noyau tenant à chaque marche. Les abouts des marches paraissent
en K, et reposent sur un gousset emprévé dans les montants. Le
détail O donne la section horizontale d'un montant au dixième de
l'exécution.
En <i>a</i> est le tenon du derrière de la marche indiquée en <i>a'</i> sur le
tracé perspectif M; en <i>b</i> est l'embrévement de la tête du gousset; son
tenon est indiqué en <i>b'</i> sur le tracé perspectif N; le derrière de la marche
étant en <i>e</i>, et le devant de la marche au-dessus en <i>f</i>. Chaque marche,
reposant sur la queue de celle au-dessous qui porte le tenon <i>a</i>, n'a pas
besoin d'un tenon sur le devant, d'autant que ces marches portent en
plein sur le gousset J muni d'une languette P destinée à arrêter leurs
abouts T. Une entaille R faite dans le poteau permet en outre à la marche
de s'embréver dans ce montant. Le tracé perspectif M montre le
devant de la marche élégi en S, l'about visible à l'extérieur en T,
les
deux entailles laissant passer les montants et s'y embrévant en Q, l'embrévement de la languette du gousset sous l'about et le débillardement
postérieur en V, pratiqué pour dégager et allégir. C'est d'après ce principe
que sont taillés les deux escaliers du sacraire de la Sainte-Chapelle du
Palais (XIII<sup>e</sup> siècle), et quelques escaliers de beffroi, notamment celui de
la tour Saint-Romain à Rouen (XV<sup>e</sup> siècle). Deux des montants, coupés à
deux mètres du sol, et reposant sur une traverse assemblée dans les
poteaux voisins, permettaient d'entrer dans ces cages et de prendre la
vis. Il est clair qu'on pouvait orner les montants de chapiteaux, de moulures,
que les goussets pouvaient être fort riches et les abouts des
marches
profilés. Le boulon d'axe excepté, ces escaliers étaient brandis et
maintenus assemblés sans le secours de ferrures; c'était œuvre de menuiserie,
sans emploi d'autres moyens que ceux propres à cet art si ingénieux
lorsqu'il s'en tient aux méthodes et procédés qui lui conviennent.
 
Vers le commencement du XV<sup>e</sup> siècle, on cessa généralement, dans la
structure des escaliers à vis en charpente ou menuiserie, de faire porter à
chaque marche un morceau du noyau. Celui-ci fut monté d'une seule
pièce, et les marches vinrent s'y assembler dans une suite de mortaises
creusées les unes au-dessus des autres suivant la rampe. C'est ce qu'on
faisait à la même époque pour les escaliers à vis en pierre, ainsi que nous
l'avons dit plus haut. De même que l'on sculptait les noyaux en pierre,
qu'on y taillait des mains courantes, qu'on y ménageait des renforts pour
recevoir les petits bouts des marches, de même on façonnait les noyaux
en charpente. Nous avons vu démolir dans l'ancien collège de Montaigu,
à Paris, un joli escalier à vis en menuiserie, dont le noyau pris dans une
longue pièce de bois de douze à quinze mètres de hauteur était fort habilement
travaillé en façon de colonne à nervures torses avec portées sous
les marches et main courante. Nous donnons (31) la disposition de ces
noyaux de charpente au droit de l'assemblage des marches. En A on
distingue les mortaises de chacune de ces marches avec l'épaulement inférieur
B pour soulager les portées; en C est la main courante prise dans la
masse comme l'épaulement; son profil est tracé en D coupé
perpendiculairement
à son inclinaison; le profil de la corniche avec l'épaulement est
tracé en E.
</div>
[[Image:Escalier.college.Montaigu.png|center]]
<div class="text">
 
Avant de finir cet article, disons un mot de ces escaliers pivotants dont
parle Mathurin Jousse, et qui devaient être employés dans des logis où
l'on avait à craindre les surprises de nuit, dans les manoirs et les donjons.
Ces escaliers s'établissaient dans une tour ronde, dans un cylindre de
maçonnerie percé de portes à la hauteur des étages où l'on voulait arriver.
L'escalier était indépendant de la maçonnerie, et se composait (32)
d'un arbre ou noyau à pivot supportant tout le système de charpente. Le
plan de cet escalier est figuré en A, et sa coupe en B. À chaque étage
auquel il fallait donner accès était ménagé un palier C dans la
maçonnerie.
</div>
[[Image:Escalier.pivotant.png|center]]
<div class="text">
 
Nous supposons toutes les portes percées au-dessus de celle D du
rez-de-chaussée. La première marche est en E; de E en F, les marches
sont fixes et sont indépendantes du noyau en charpente monté sur un
pivot inférieur en fer G, et maintenu au sommet de la vis dans un cercle
pris aux dépens de deux pièces de bois horizontales. La première marche
assemblée dans le noyau est celle H; elle est puissamment soulagée ainsi
que les trois suivantes par des potences I. À partir de cette marche soulagée
H, commence un limon spirale assemblé dans les abouts des marches,
et portant une cloison en bois cylindrique percée de portes au droit
des baies de maçonnerie D. Au-dessus de la troisième marche (partant
de celle H) les autres marches jusqu'au sommet de la vis ne sont plus
soulagées que par les petits liens K, moins longs que les potences I,
afin
de faciliter le dégagement. Ainsi toutes les marches, le limon et la cloison
cylindrique portent sur l'arbre pivotant O. Lorsqu'on voulait fermer d'un
coup toutes les portes des étages, il suffisait de faire faire un quart de
cercle au cylindre en tournant le noyau sur son axe. Ces portes se trouvaient
donc masquées; entre la marche F et celle H il restait un intervalle,
et les personnes qui l'auraient franchi pour pénétrer dans les appartements,
trouvant une muraille en face les ouvertures pratiquées dans le
cylindre, ne pouvaient deviner la place des portes véritables
correspondant
à ces ouvertures lorsque l'escalier était remis à sa place. Un simple
arrêt posé par les habitants sur l'un des paliers C empêchait de
faire pivoter
cette vis. C'était là un moyen sûr d'éviter les importuns. Nous avons
quelquefois trouvé des cages cylindriques en maçonnerie dans des
châteaux,
avec des portes à chaque étage, sans aucune trace d'escalier de
pierre ou de bois; il est probable que ces cages renfermaient des escaliers
de ce genre, et nous pensons que cette invention est fort ancienne; il est
certain qu'elle pourrait être utilisée lorsqu'il s'agit d'arriver sur plusieurs
points de la circonférence d'un cercle à un même niveau. Nous avons l'occasion
de parler des escaliers dans les articles [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 3, Château|Château]], [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Maison|Maison]], [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Manoir|Manoir]],
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 7, Palais|Palais ]].
 
<br><br>
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<span id="footnote1">[[#note1|1]] : Voy. <i>Some account of Domest. Archit. in England, from
the conquest to the end of
the thirteenth century</i>, by T. Hudson Turner. J. Parker, Oxford,
1851.
 
<span id="footnote2">[[#note2|2]] : Voy. Du Cerceau, <i>Des plus excellens bastimens de
Frane</i>.
 
<span id="footnote3">[[#note3|3]] : <i>Lai d'Ywenec</i>; poésies de Marie de France, XIII<sup>e</sup>
siècle.
 
<span id="footnote4">[[#note4|4]] : Voy. Topog. de la France; Bib. imp.
 
<span id="footnote5">[[#note5|5]] : Des remparts de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Carcassonne|Carcassonne]], fin du XIII<sup>e</sup> siècle.
 
<span id="footnote6">[[#note6|6]] : On voit encore un escalier de ce genre sur les parties supérieures de l'église de
Saint-Nazaire de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Carcassonne|Carcassonne]], et à Notre-Dame de Paris dans les galeries du transsept.
 
<span id="footnote7">[[#note7|7]] : La coupe est faite suivant <i>a b</i>, en pourtournant le noyau pour faire voir le recouvrement des marches.
 
<span id="footnote8">[[#note8|8]] : Sauval.
 
<span id="footnote9">[[#note9|9]] : <i>Mémoires du sire de Joinville</i>, pub. par Fr.
Michel, p. 190. Paris, 1858.
 
<span id="footnote10">[[#note10|10]] : <i>Hist. et Antiq. de la ville de Paris</i>, t. II, p.
23.
 
<span id="footnote11">[[#note11|11]] : Raymond du Temple était sergent d'armes et en même temps maître des œuvres
du roi Charles V.
 
<span id="footnote12">[[#note12|12]] : Sauval est ici dans l'erreur, ces sortes d'escaliers étaient inventés dès l'époque romaine;
mais, il vrai dire, les architectes du moyen âge préféraient toujours l'escalier
à vis, par les motifs déduits plus haut.
 
<span id="footnote13">[[#note13|13]] : Sauval rend en cela justice à nos vieux maîtres des
œuvres qui faisaient les escaliers
proportionnés aux services auxquels ils devaient satisfaire.
 
<span id="footnote14">[[#note14|14]] : C'est-à-dire que la dernière marche de l'escalier était à 10 toises ½ pied du sol de
la cour, soit à 20 mètres, et devait ainsi desservir deux étages
au-dessus
du rez-de-chaussée, plus la terrasse.
 
<span id="footnote15">[[#note15|15]] : À ½ pied chacune, cela fait 41 pieds ½ ou 13<sup>m</sup>,30
environ.
 
<span id="footnote16">[[#note16|16]] : À ½ pied chacune, cela fait 20 pieds ½, soit 6<sup>M</sup>,60
environ. Ces mesures de détail
sont d'accord avec la mesure générale et produisent environ 20
mètres.
 
<span id="footnote17">[[#note17|17]] : C'était bien là en effet le but que se proposaient les architectes du moyen âge. De
plus, en plaçant ainsi les grands escaliers hors-œuvre, ils ne dérangeaient pas les distributions
intérieures, prenaient autant de jours qu'ils voulaient et disposaient leurs
paliers sans embarras.
 
<span id="footnote18">[[#note18|18]] : C'est-à-dire en dedans du corps de logis du nord. (Voy.
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 3, Château|Château]], fig. 20, 21 et 22.)
 
<span id="footnote19">[[#note19|19]] : On voit que Raymond avait signé son œuvre en plaçant ainsi deux sergents d'armes
des deux côtés de la porte principale donnant au premier étage sur l'escalier.
 
<span id="footnote20">[[#note20|20]] : Sauval entend indiquer évidemment ici que ces dernières statues étaient posées
suivant le giron de l'escalier. En effet, dans ces escaliers à vis, l'architecture suivait
le mouvement des marches et les statues devaient ressauter à chaque pilier, pour cadrer
avec l'architecture.
 
<span id="footnote21">[[#note21|21]] : Le gâble de la dernière croisée.
 
<span id="footnote22">[[#note22|22]] : Ce fut Charles V qui le premier ne chargea plus l'écu de France que de trois
fleurs de lis; ce changement aux armes de France n'eut donc lieu que postérieurement
à 1365.
 
<span id="footnote23">[[#note23|23]] : Il ne peut être ici question que de la voûte élevée au sommet de la petite vis.
 
<span id="footnote24">[[#note24|24]] : <i>Hist. et Antiq. de la ville de Paris</i>, l. IV, t. I, p. 435.
 
<span id="footnote25">[[#note25|25]] : Ce fut en 1336 que le pape Benoît XII commença
l'église des Bernardins de Paris.
 
<span id="footnote26">[[#note26|26]] : <i>Hist. et Antiq. de la ville de Paris</i>, l. IV, t.
I. p. 438.
 
<span id="footnote27">[[#note27|27]] : L, I, ch. LIII.
 
<span id="footnote28">[[#note28|28]] : Évidemment Rabelais avait, en écrivant ceci, le souvenir du grand escalier de
Chambord dans l'esprit; toutefois il est surprenant qu'il n'ait pas fait mention de la
double rampe.
 
<span id="footnote29">[[#note29|29]] : Voy. <i>Les plus excellens bastimens de France</i>. Du
Cerceau.
 
<span id="footnote30">[[#note30|30]] : Au palais des Tuileries, la lanterne couronnait une coupole flanquée de quatre
lanternons en forme d'échauguettes.
 
<span id="footnote31">[[#note31|31]] : Ce château, qui ne fut jamais terminé, appartient à M.
le duc de Luynes; la partie
à laquelle appartient l'escalier date des premières années du XVI<sup>e</sup>
siècle.
 
<span id="footnote32">[[#note32|32]] : Démoli en 1840; quelques fragments de cet hôtel sont déposés à l'école des Beaux-Arts.
 
<span id="footnote33">[[#note33|33]] : Voy. dans l'<i>Itinéraire archéologique de Paris</i>,
par M. de Guilhermy, 1855, p. 299,
une description de cette tour et une vue de l'escalier.
 
<span id="footnote34">[[#note34|34]] : Il existe des fragments importants de ce noyau à l'École
des Beaux-Arts.
 
<span id="footnote35">[[#note35|35]] : Cet escalier montait autrefois au-dessus de la clôture du chœur.
 
<span id="footnote36">[[#note36|36]] : Un seul de ces escaliers est ancien, le second a été
refait exactement sur le
modèle de celui qui existait encore au moment où les travaux de restauration ont été
entrepris.
 
<span id="footnote37">[[#note37|37]] : Nous l'avons dit déjà bien des fois, la Renaissance en France ne fut guère
qu'une parure nouvelle dont on revêtissait l'architecture; le constructeur, jusqu'au
milieu du XVII<sup>e</sup> siècle, restait français, conservait et reproduisait ses vieilles méthodes
beaucoup meilleures que celles admises depuis cette époque jusqu'à la fin du dernier
siècle.
 
<span id="footnote38">[[#note38|38]] : CXVIII<sup>e</sup> figure, page 155.
 
<span id="footnote39">[[#note39|39]] : Particulièrement dans le centre de la France.