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| width=33%<pages styleindex="background: #ffe4b5"Viollet-le-Duc |- <center>< [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle, 1854-1868, Tometome 2,.djvu" from=252 fromsection=s3 to=255 tosection=s1 Bretture|Bretture]]</center>
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=== BRIQUE ===
 
s. f. On désigne par ce mot des tablettes de terre battues,
moulées, séchées au soleil et cuites au four. L’emploi de la brique
remonte à la plus haute antiquité. Les Romains en firent grand usage,
surtout dans les contrées où la pierre n’est pas commune. Pendant le
Bas-Empire, ils élevèrent souvent les maçonneries au moyen de blocages
avec parements de petits moellons taillés, alternés avec des lits de briques
posées de plat. Les constructions gallo-romaines et mérovingiennes
conservent encore ce mode. Mais, à partir du IX<sup>e</sup> siècle, on rencontre
très-rarement des briques mêlées aux autres matériaux; la brique n’est
plus employée ou est employée seule. Nous devons toutefois excepter
certaines bâtisses du midi de la France, où l’on trouve la brique réservée
pour les remplissages, les voûtes, les parements unis, et la pierre pour
les piles, les angles, les tableaux de fenêtres, les arcs, les bandeaux et
corniches. C’est ainsi que la brique fut mise en œuvre, au XII<sup>e</sup> siècle, dans
la construction de l’église Saint-Sernin de Toulouse. Cette partie du
Languedoc étant à peu près la seule contrée de la France où la pierre
fasse complètement défaut, les architectes des XIII<sup>e</sup> et XIV<sup>e</sup> siècles prirent
franchement le parti d’élever leurs édifices en brique, n’employant la
pierre que pour les meneaux des fenêtres, les colonnes, et quelques points
d’appui isolés et d’un faible diamètre.
 
<span id=Caussade><span id="Alby5">Un des plus beaux exemples de construction du moyen âge, en brique,
est certainement l’ancien couvent des Jacobins de Toulouse, qui date de
la fin du XIII<sup>e</sup> siècle. Plus tard, au XIV<sup>e</sup> siècle, nous voyons élever en brique
la jolie église fortifiée de Simorre (Gers), le collège Saint-Rémond et les
murailles de Toulouse, des maisons de cette même ville, le pont de
Montauban; plus tard encore, la cathédrale d’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Alby|Alby]], grand nombre
d’habitations privées de cette ville, les églises de Moissac, de Lombez,
le clocher de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Caussade|Caussade]], etc. La brique employée dans cette partie de la
France, pendant les XIII<sup>e</sup>, XIV<sup>e</sup> et XV<sup>e</sup> siècles, est grande, presque carrée
(ordinairement 0,33 centimètres sur 0,25 centimètres et 0,06 centimètres
d’épaisseur). Souvent les lits de mortier qui les séparent ont de 0,04 à
0,05 centimètres d’épaisseur. La brique moulée est rarement employée
en France, pendant le moyen âge, tandis qu’elle est fréquente en Italie
et en Allemagne; cependant on rencontre parfois de petits modillons dans
les corniches, des moulures simples, telles que des cavets et
quart-de-rond.
La brique du Languedoc étant très-douce, les constructeurs
préféraient la tailler; ou bien ils obtenaient une ornementation en la posant
en diagonale sous les corniches, de manière à faire déborder les angles,
ou en épis, ou de champ et de plat alternativement (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 4, Construction|Construction]]).
La brique fut très-fréquemment employée, pendant le moyen âge, pour
les carrelages intérieurs; elle était alors émaillée sur incrustations de
terres de diverses couleurs (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 2, Carrelage|Carrelage]]). Dans les constructions en
pans de bois du nord de la France, des XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> siècles, la brique est
utilisée comme remplissage entre les poteaux, décharges et tournisses;
et la manière dont elle est posée forme des dessins variés. Dans ce cas,
elle est quelquefois émaillée (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 7, Pan de bois |Pan de bois]]).
 
<span id=Moulins><span id=La.Palice>Nous trouvons encore dans le Bourbonnais, au château de la [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes P#La.Palisse|La Palisse]], à
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes M#Moulins|Moulins]] même, des constructions élevées en brique et mortier qui datent
du XV<sup>e</sup> siècle et dont les parements présentent (par l’alternance de briques
rouges et noires) des dessins variés, tels que lozanges, zigzags, chevrons,
etc. La façon dont ces briques sont posées mérite l’attention des
constructeurs; les lits et joints en mortier ont une épaisseur égale à celle
des briques, c’est-à-dire 0,034. Ces briques présentent, à l’extérieur, leur
petit côté, qui n’a que 0,12 c., et leur grand côté, de 0,24 c., forme queue
dans le mur. La fig. 1 fait voir comment sont montés ces parements briquetés<span id="note1"></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]].
</div>
[[Image:Parement.brique.chateau.Palisse.Moulins.png|center]]
<div class="text">
Pendant la renaissance, les constructions de pierre et brique mélangées
jouirent d’une grande faveur; on obtenait ainsi, à peu de frais, des
parements variés de couleur, dans lesquels l’œil distingue facilement les
parties solides de la bâtisse, des remplissages. <span id="Paris1">Les exemples de ces sortes
de constructions abondent. <span id=Fontainebleau><span id=Blois>Il nous suffira de citer l’aile de Louis XII du
château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Blois|Blois]], certaines parties du château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Fontainebleau|Fontainebleau]], et le
célèbre château de Madrid, bâti par François I<sup>er</sup>, près Paris, où la terre
cuite émaillée venait se marier avec la pierre, et présenter à l’extérieur
une inaltérable et splendide peinture<span id="note2"></span>[[#footnote2|<sup>2</sup>]]. Tout le monde sait quel parti
Bernard de Palissy sut tirer de la terre cuite émaillée. De son temps, les
nombreux produits sortis de ses fourneaux servirent non-seulement à
orner les dressoirs des riches particuliers et des seigneurs, mais ils contribuèrent
à la décoration extérieure des palais et des jardins.
 
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<br><br>
<span id="footnote1">[[#note1|1]] : M. Millet, architecte, à qui nous devons ces renseignements sur les briques du
Bourbonnais, reconnaît que les briquetages avec lits épais de mortier ont une force
extraordinaire; cela doit être. La brique, étant très-âpre et poreuse, absorbe une
grande quantité d’eau; lorsqu’elle se trouve séparée par des lits minces de mortier,
elle a bientôt desséché ceux-ci, et nous n’avons pas besoin de rappeler que les mortiers,
pour conserver leur force, doivent contenir, à l’état permanent, une quantité
assez notable d’eau.
 
<span id="footnote2">[[#note2|2]] : Quelques fragments de ces terres cuites émaillées, du château de Madrid, sont déposés au musée de Cluny.