« La Divine Comédie (trad. Lamennais)/Le Paradis/Chant XIII » : différence entre les versions

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| [[La Divine Comédie (trad. Lamennais) : Le Paradis - Chant XIV|'''Chant XIV''']]
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Là se chantait non Bacchus, non Pœan {{Refl|6}}, mais trois Personnes dans la divine nature, et celle-ci et l’humaine dans une seule Personne. Le chanter et le tourner accomplirent leur mesure, et sur nous se porta l’attention de ces saintes lumières, heureuses de passer d’un soin à un autre soin.
 
D’au milieu des saints unis de cœur, ensuite rompit le silence la lumière dans laquelle la vie admirable du pauvre de Dieu me fut racontée {{Refl|7}} ; et elle dit : « Quand une paille est foulée, quand sa semence est serrée, à battre l’autre un doux amour m’invite. Tu crois que, dans la poitrine {{Refl|8}} d’où fut tirée la côte pour former la belle bouche dont le palais au monde entier coûta si cher {{Refl|9}}, et dans celle qui {{Refl|10}}, percée de la lance, et avant et après {{Refl|11}} tant satisfit,que dans la balance elle pesa plus qu’aucune faute, tout ce qu’à l’humaine nature il est permis de posséder de lumière, fut infus par cette puissance qui forma l’une et l’autre {{Refl|12}} ; et ainsi tu t’étonnes de ce qu’auparavant dans mon narré j’ai dit, que n’eut point de second le bienheureux {{Refl|13}} que renferme la cinquième lumière. Maintenant ouvre les yeux à ce que je te réponds, et tu verras ta croyance et mon dire devenir, dans le vrai, ce que le centre est dans le cercle {{Refl|14}}. Ce qui ne meurt point et ce qui peut mourir {{Refl|15}}, n’est que la splendeur de cette idée {{Refl|16}} qu’enfante, en aimant, notre Sire {{Refl|17}} ; parce que cette vive lumière, qui de son générateur {{Refl|18}} dérive de telle manière, qu’elle ne se sépare ni de lui ni de l’amour, lequel forme avec eux le ternaire {{Refl|19}}, par sa bonté rassemble ses rayons comme en un miroir, dans neuf substances {{Refl|20}}, en demeurant éternellement une. De là elle descend jusqu’aux dernières puissances {{Refl|21}}, tant, d’acte en acte, s’abaissant, qu’elle ne crée plus que de brèves contingences {{Refl|22}} : et ces contingences, j’entends que ce sont les choses engendrées, que de semence ou sans semence produit le ciel en se mouvant. Leur cire {{Refl|23}} et ce qui la modèle {{Refl|24}}, ne sont pas toujours uniformes ; ce pourquoi au-dessous le signe idéal {{Refl|25}} plus ou moins reluit à travers : d’où il advient que, dans la même espèce, les arbres portent un fruit meilleur ou pire, et que vous naissez avec des génies divers. Si la cire était parfaitement disposée, et que le ciel fût dans sa plus haute vertu, la lumière du sceau paraîtrait tout entière ; mais toujours amoindrie la rend la nature, opérant comme l’artiste qui a l’habitude de l’art et une main qui tremble. Si au contraire, avec son ardent amour et sa claire vue, la première vertu dispose et empreint, toute perfection alors s’acquiert {{Refl|26}}. Ainsi jadis la terre fut faite apte à toute la perfection animale {{Refl|27}} ; ainsi conçut la Vierge. De sorte que je loue ton opinion, que l’humaine nature ne fut et ne sera jamais telle qu’elle fut en ces deux personnes. Si plus avant je n’allais pas : — Comment donc, dirais-tu, celui-là {{Refl|28}} fut-il sans pair ? Mais, pour que clair devienne ce qui ne l’est pas, pense qui il était, et la cause qui le mut à demander, lorsqu’il lui fut dit : ''Demande'' ! Point n’ai-je parlé de manière que tu ne pusses bien voir qu’était roi celui qui demanda la science, afin de suffire à l’office du Roi, non pour savoir le nombre des moteurs de là-haut, ou si jamais la ''necesse'' avec un contingent engendre la ''necesse'' {{Refl|29}} ; non ''si'' ''est'' ''dare'' ''primum'' ''motum'' ''esse'' {{Refl|30}}, ou si du demi-cercle se peut faire un triangle qui n’ait pas un angle droit {{Refl|31}} : ainsi donc, si tu remarques ce que j’ai dit et ceci {{Refl|32}}, la royale sagesse est ce voir sans égal, que frappe la flèche de mon intention. Et si à surgit tu regardes d’une vue claire, tu verras qu’il se rapporte seulement aux rois qui sont nombreux, et les bons sont rares {{Refl|33}}. Avec celtecette distinction prends mon dit ; et ainsi il peut subsister avec ce que tu crois du premier père et de notre bien-aimé {{Refl|34}}. Et que ceci toujours te soit du plomb aux pieds pour que lentement, comme un homme las, tu te meuves vers le oui et le non que tu ne vois pas {{Refl|35}} : car, parmi les sots, bien bas est celui qui sans distinction affirme et nie, aussi bien l’un que l’autre, parce qu’il arrive souvent que l’opinion hâtive ploie d’un côté faux, et ensuite l’affection {{Refl|36}} lie l’entendement.
 
« Beaucoup plus qu’en vain quitte le rivage, parce que point il ne revient tel qu’il est parti, celui qui va pour prêcher le vrai, et ne sait point l’art : et de cela, dans le monde des preuves manifestes Parmenide {{Refl|37}}, Mélissus {{Refl|38}} et Brisso {{Refl|39}}, et bien d’autres, qui allaient et ne savaient où. Ainsi firent Sabellius et Arius {{Refl|40}} et ces insensés qui à l’Ecriture furent comme des épées, rendant tors ce qui était droit. Qu’on n’en juge point non plus avec trop d’assurance {{Refl|41}}, comme celui qui dans un champ estime les blés avant qu’ils soient mûrs : car j’ai vu tout l’hiver l’églantier d’abord se montrer âpre et rude, puis porter la rose sur sa cime : et j’ai vu un vaisseau, après avoir, droit et rapide, couru la mer pendant toute sa route, périr enfin à l’entrée du port. Qu’en voyant l’un dérober, l’autre offrir, ne croient pas monna Berta et ser Martino {{Refl|42}} voir au fond du conseil divin : car celui-là peut se relever, et celui-ci tomber. »