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d’une sorte de fièvre de révolte, il affirma en public son dégoût pour la peine de mort, et pour tous ceux qui la pratiquaient. Puis la conscience de sa situation lui revint ; il résolut de vivre encore comme par le passé. Mais son père, dès le jour suivant, fut informé de son équipée. Et voici l’émouvant dialogue qui s’engagea entre eux :
d’une sorte de fièvre de révolte, il affirma en public son dégoût pour la peine de mort, et pour tous ceux qui la pratiquaient. Puis la conscience de sa situation lui revint ; il résolut de vivre encore comme par le passé. Mais son père, dès le jour suivant, fut informé de son équipée. Et voici l’émouvant dialogue qui s’engagea entre eux :



Tout le temps du dîner, un silence terrible plana sur la table. Quand le juge eut fini de manger, il se leva :

{{taille|Tout le temps du dîner, un silence terrible plana sur la table. Quand le juge eut fini de manger, il se leva :


— Mac-Killup, dit-il, portez le vin dans ma chambre ! — Puis, s’adressant à son fils : « Archie, vous et moi avons à causer. »
— Mac-Killup, dit-il, portez le vin dans ma chambre ! — Puis, s’adressant à son fils : « Archie, vous et moi avons à causer. »
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— J’ai le chagrin d’avoir à vous l’avouer, monsieur, fit Archie.
— J’ai le chagrin d’avoir à vous l’avouer, monsieur, fit Archie.


— J’en ai bien du chagrin aussi, dit Sa Seigneurie. Et maintenant, s’il vous plaît, nous allons examiner d’un peu plus près les détails de cette affaire.
— J’en ai bien du chagrin aussi, dit Sa Seigneurie. Et maintenant, s’il vous plaît, nous allons examiner d’un peu plus près les détails de cette affaire.|90}}




Suit un long et minutieux interrogatoire, où le juge, par degrés, amène son fils à reconnaître qu’en protestant contre la peine de mort et contre les bourreaux c’était lui, surtout, qu’il avait en vue.
Suit un long et minutieux interrogatoire, où le juge, par degrés, amène son fils à reconnaître qu’en protestant contre la peine de mort et contre les bourreaux c’était lui, surtout, qu’il avait en vue.



— Vous êtes un jeune gentleman qui désapprouvez la peine de mort, reprit alors Hermiston. Moi, je suis un vieillard qui l’approuve. J’ai été heureux de faire pendre ce Duncan Jopp ; et pourquoi prétendrais-je ne l’avoir pas été ? Je suis un homme qui fait son métier, et cela me suffit.

{{taille|— Vous êtes un jeune gentleman qui désapprouvez la peine de mort, reprit alors Hermiston. Moi, je suis un vieillard qui l’approuve. J’ai été heureux de faire pendre ce Duncan Jopp ; et pourquoi prétendrais-je ne l’avoir pas été ? Je suis un homme qui fait son métier, et cela me suffit.


Tout sarcasme avait disparu de sa voix : ses simples paroles semblaient maintenant investies d’une dignité supérieure, comme si elles fussent tombées de son siège de juge.
Tout sarcasme avait disparu de sa voix : ses simples paroles semblaient maintenant investies d’une dignité supérieure, comme si elles fussent tombées de son siège de juge.


— Vous ne pourriez pas en dire autant pour votre compte, poursuivit-il. Vous avez lu des pièces de mes procès, m’avez-vous dit. Mais ce n’était point pour y apprendre le droit, c’était pour épier la faiblesse de votre père : une belle occupation pour un fils ! Il est impossible que vous guidiez plus longtemps l’ambition de devenir avocat. Vous n’êtes point fait pour ce métier : on ne l’est point avec de telles idées. Il y a plus : que vous soyez ou non mon fils, vous avez outragé en public un des chefs du corps royal de justice,
— Vous ne pourriez pas en dire autant pour votre compte, poursuivit-il. Vous avez lu des pièces de mes procès, m’avez-vous dit. Mais ce n’était point pour y apprendre le droit, c’était pour épier la faiblesse de votre père : une belle occupation pour un fils ! Il est impossible que vous guidiez plus longtemps l’ambition de devenir avocat. Vous n’êtes point fait pour ce métier : on ne l’est point avec de telles idées. Il y a plus : que vous soyez ou non mon fils, vous avez outragé en public un des chefs du corps royal de justice,|90}}