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et sur les Chinois un petit livre, avec des dessins lithographies à deux teintes par Cicéri (je crois), et dont l’auteur était un artiste, un monsieur Auguste Borget, qui, au lieu de voyager à Paris dans les grammaires chinoises, avait pris le parti d’aller voir chez eux les Chinois, assis sur leurs propres tapis, et de leur demander, sans trop de cérémonie, une tasse de thé… Balzac, notre grand romancier, qui aimait la Chine comme un roman à écrire, rendit compte de cet ouvrage dans un journal, — une des lucioles du temps à présent éteinte. Dans cet article, un des plus charmants qu’on ait jamais écrits, avec cette pointe d’ironie qui est le parfum du filet de citron dans l’éloge, Balzac appelait Borget le Jacqucmont de la Chine. Mais c’était un Jacquemont supérieur au Jacquemont des Indes de toute la supériorité d’un peintre, d’un artiste, sur un philosophe et un bourgeois de la rue Saint-Denis, qui habite et parcourt les Indes comme le plongeur habite la mer, sous une cloche de verre, la tête éternellement recouverte de son bonnet de soie noire et d’un dôme de préjugés voltairiens. Eh bien, c’est ce livre de Borget, qui saisissait presque au saut du lit et en déshabillé les Chinois, que Pauthier et Bazin auraient dû prendre pour modèle ! et c’est ce livre qu’on éprouve le besoin de relire pour ne pas se brouiller entièrement avec la Chine, quand on sort, comme on sort d’une fondrière, de la compilation de Bazin et Pauthier, lesquels, hélas !