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1)24 REVUE DES DEUX MONDES. |
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ment. Dans un pays fabuleux, dont Cravann est le nom, et que |
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gieuse), les destins ont désigné Fervaal, un chaste jouvenceau, pour |
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être, au jour du péril imminent, le sauveur de sa patrie. Mais la mis- |
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« Qu'il soit pur, » ont dit les oracles, « et que l'amour jamais ne trouble |
« Qu'il soit pur, » ont dit les oracles, « et que l'amour jamais ne trouble |
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ni son corps ni son âme. » Une sorte de prophète, ou de druide, |
ni son corps ni son âme. » Une sorte de prophète, ou de druide, Arfagard, instruit des choses à venir, s'est fait le précepteur austère de |
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gard, instruit des choses à venir, s'est fait le précepteur austère de |
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l'élu. Il a formé l'esprit et surtout assuré l'innocence de son élève, |
l'élu. Il a formé l'esprit et surtout assuré l'innocence de son élève, |
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l'obUgeant même à jamais par un serment sacré. Mais une femme |
l'obUgeant même à jamais par un serment sacré. Mais une femme |
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survient, Guilhen, une princesse sarrasine, qui détruit tout ce bel |
survient, Guilhen, une princesse sarrasine, qui détruit tout ce bel |
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ouvrage en apprenant l'amour au |
ouvrage en apprenant l'amour au Cravannais ingénu. C'est en vain |
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qu'Arfagard arrache Fervaal aux bras de l'enchanteresse. Il vient trop |
qu'Arfagard arrache Fervaal aux bras de l'enchanteresse. Il vient trop |
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tard. Abandonnée, et furieuse de l'être, Guilhen elle-même déchaîne |
tard. Abandonnée, et furieuse de l'être, Guilhen elle-même déchaîne |
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les hordes de ses Sarrasins contre l'infidèle. Élu par les siens pour les |
les hordes de ses Sarrasins contre l'infidèle. Élu par les siens pour les |
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mener à la victoire, le coupable du péché d'amour les entraine à la |
mener à la victoire, le coupable du péché d'amour les entraine à la |
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défaite. Alors, ne songeant désormais qu'à pleurer sa faute et le |
défaite. Alors, ne songeant désormais qu'à pleurer sa faute et le désastre de sa patrie, le triste Fervaal se retire sur les sommets neigeux. |
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sastre de sa patrie, le triste Fervaal se retire sur les sommets neigeux. |
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Rejoint là-haut par l'inévitable Arfagard, il s'offre de lui-même, en |
Rejoint là-haut par l'inévitable Arfagard, il s'offre de lui-même, en |
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sacrifice expiatoire, au fer de son terrible mentor, quand un appel de |
sacrifice expiatoire, au fer de son terrible mentor, quand un appel de |
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Guilhen, revenue soudain, se fait entendre et, littéralement, lui |
Guilhen, revenue soudain, se fait entendre et, littéralement, lui |
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retourne le cœur. Il voulait recevoir la mort, il la donne, et d'un |
retourne le cœur. Il voulait recevoir la mort, il la donne, et d'un revers de son glaive il abat à ses pieds l'importun qui lui barrait le passage. Mais le froid des sommets a glacé le sang de Guilhen. Elle frissonne, chancelle et tombe sans vie. Alors, saisi d'horreur et de |
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vers de son glaive il abat à ses pieds l'importun qui lui barrait le pas- |
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sage. Mais le froid des sommets a glacé le sang de Guilhen. Elle fris- |
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sonne, chancelle et tombe sans vie. Alors, saisi d'horreur et de |
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remords, parmi les ruines et les dépouilles même de tout ce qu'il |
remords, parmi les ruines et les dépouilles même de tout ce qu'il |
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aimait, Fervaal prend dans ses bras sa chère morte et, l'élevant |
aimait, Fervaal prend dans ses bras sa chère morte et, l'élevant |
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soupçon, donne à ce dénouement — dans l'ordre poétique même — |
soupçon, donne à ce dénouement — dans l'ordre poétique même — |
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une obscure autant qu'émouvante grandeur. |
une obscure autant qu'émouvante grandeur. |
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Ainsi Wagner, à la fin de la Tétralogie et par la voix prophétique de |
Ainsi Wagner, à la fin de la ''Tétralogie'' et par la voix prophétique de |
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Brunnhilde, annonce le crépuscule des anciens dieux et l'avènement |
Brunnhilde, annonce le crépuscule des anciens dieux et l'avènement |
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d'un siècle, d'un monde plus vraiment divin. Ajoutons que dans l' |
d'un siècle, d'un monde plus vraiment divin. Ajoutons que dans l'histoire de Fervaal comme dans celle de Parsifal, il y a de la rédemption |
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toire de Fervaal comme dans celle de Parsifal, il y a de la rédemption |
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à la fin, comme d'abord il y eut de la volupté. Les deux héros ne sont-ils |
à la fin, comme d'abord il y eut de la volupté. Les deux héros ne sont-ils |
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pas l'objet, — avec cette différence que l'un résiste et que l'autre cède, — |
pas l'objet, — avec cette différence que l'un résiste et que l'autre cède, — |