« Poètes modernes de l’Italie - Niccolini » : différence entre les versions

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{{journal|[[Revue des Deux Mondes]], tome 11, 1845|[[Charles de Mazade]]|Poètes modernes de l’Italie - Niccolini}}
 
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Au commencement de ce siècle, l'Italie entrait déjà dans la révolution littéraire, qui est désormais un fait consommé pour l'Europe moderne; elle offrait tous les signes d'un rajeunissement intellectuel. C'est un spectacle instructif et plein d'attrait à considérer que celui de la pensée d'un peuple dans ses mouvemens divers, dans ses déviations, dans ses retours et dans ses accroissemens successifs. Sans -remonter jusqu'aux ''seicentisti'', jusqu'à cette époque relâchée de futiles paroles, de fausse harmonie, où un seul cri énergique a peine à se faire entendre : «''Italia! Italia''! etc.... Italie, Italie, ô toi à qui la fortune a fait don de la beauté! etc.... » quel est encore, en 1750, le plus grand poète au-delà des Alpes? Métastase est le dominateur efféminé de ce temps; le pâle et inoffensif courtisan de Schoenbrunn suffit aux imaginations affaiblies, et les nourrit de son élégante fadeur, de sa délicate et prétentieuse mollesse, de sa poésie de lait et de miel, comme on l'a justement dit. La ''Clemenza di Tito, Issipile, l'Olimpiade'', sont les chefs-d'oeuvre de cet art doucereux et corrompu. Cependant bientôt tout change d'aspect; le XVIIIe siècle s'avance et finit au milieu des agitations; Alfieri a succédé à Métastase. Une légion nouvelle de poètes se lève : c'est le sage et profond Parini qui frappe d'une vive et honnête satire les vices de la société milanaise, et aiguillonne la paresse des sardanapales de la Lombardie. C'est le doux et rêveur Pindemonte qui devine d'instinct l'aimable génie d'André Chénier. Le brillant Monti, qui avait, par malheur, autant de ressources dans la conscience que dans le talent, semble un instant avoir retrouvé la verve héroïque de Dante, et écrit la ''Bassvilliana''. Cesarotti initie l'esprit italien aux vaporeuses beautés de la poésie du Nord en traduisant Ossian. Foscolo laisse échapper de son coeur troublé les accens les plus pathétiques, - ''Jacob Ortis'' et ''les Tombeaux''. Faut-il attribuer ce réveil à une de ces contradictions telles qu'en a cru remarquer Sismondi? « On a vu souvent quelques hommes, dit-il, parvenir au plus haut terme de la gloire littéraire, à l'époque même où la décadence de toutes les institutions politiques semble devoir dégoûter de la gloire et donner de l'aversion pour tout développement de l'esprit. » Nous ne savons où l'auteur de l'''Histoire des Littératures méridionales'' a pu distinguer ce phénomène d'une poésie grande et vraie venant dans une époque de complète décrépitude; mais si un pays murmure déjà de sa décadence, s'il la connaît et veut rompre avec elle, si ses efforts tendent invinciblement à une transformation, si enfin l'espérance a de nouveau pénétré dans les coeurs, alors l'inspiration poétique peut renaître. Tel était l'état de l'Italie après Filangieri, Beccaria et le grand Vico.