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S$6 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE


Le voici qui s'est séparé d'elle comme l'eau qui fait
Le voici qui s’est séparé d’elle comme l’eau qui fait
son œuvre,
son œuvre,


Et qui administrée par la pente s'en va de toutes parts
Et qui administrée par la pente s’en va de toutes parts
porter la vie à ces millions d'êtres inconnus,
porter la vie à ces millions d’êtres inconnus,


La vie qui est de Dieu seul et c'est pourtant de moi,
La vie qui est de Dieu seul et c’est pourtant de moi,
ô mon fils, que tu Tas reçue,
ô mon fils, que tu l'as reçue,


Cette vie qu'il n'est pas permis de donner autrement
Cette vie qu’il n’est pas permis de donner autrement
que dans le sommeil et l'ignorance de la mort !
que dans le sommeil et l’ignorance de la mort !


Maintenant le temps est venu de rejoindre ces choses
Maintenant le temps est venu de rejoindre ces choses
dont on dit qu'elles existent encore.
dont on dit qu’elles existent encore.


Tout cela qui se faisait tout petit pendant que la fron-
Tout cela qui se faisait tout petit pendant que la frontière tonnait, et qui de nouveau essaye de me dire son
tière tonnait, et qui de nouveau essaye de me dire son
nom à voix basse.
nom à voix basse.


Voici le bois qui précède mon village, et quel est ce bruit
Voici le bois qui précède mon village, et quel est ce bruit
dans les ronces, et j'entends le cri sombre des bécasses.
dans les ronces, et j’entends le cri sombre des bécasses.


— Soissons et Rheims ont brûlé ; et ce que je rapporte
— Soissons et Rheims ont brûlé ; et ce que je rapporte
avec moi dans mon dos, c'est le silence d'un million
avec moi dans mon dos, c’est le silence d’un million
d'hommes qui reposent.
d’hommes qui reposent.


Les feuilles mortes par terre font un triste tapis rose.
Les feuilles mortes par terre font un triste tapis rose.


Ce tas noir entre les arbres là-haut, c'est le village où
Ce tas noir entre les arbres là-haut, c’est le village où
la femme t'attend et l'enfant que tu ne connais pas.
la femme t’attend et l’enfant que tu ne connais pas.


Laisse la chercher dans la nuit un peu pour voir si elle
Laisse la chercher dans la nuit un peu pour voir si elle
ne te trouvera pas,
ne te trouvera pas,


Et dis si c'est bien cela que tu attendais, sans un mot et
Et dis si c’est bien cela que tu attendais, sans un mot et
sans un bruit,
sans un bruit,


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PAUL CLAUDEL
PAUL CLAUDEL
Copenhague, septembre 1919.


Copenhague, septembre 1919.
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