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358 REVUE PHILOSOPHIQUE

animaux qui peuvent lui servir de nourriture sont beaucoup plus
animaux qui peuvent lui servir de nourriture sont beaucoup plus
rares. Si sa vue ne devient pas plus perçante, ou son odorat plus fin^
rares. Si sa vue ne devient pas plus perçante, ou son odorat plus fin,
ou encore s'il n'acquiert pas plus de rapidité au vol, il mourra. Mais
ou encore s’il n’acquiert pas plus de rapidité au vol, il mourra. Mais
s'il acquiert ces qualités nouvelles, ce n'est évidemment point par
s’il acquiert ces qualités nouvelles, ce n’est évidemment point par
une action directe des objets extérieurs, mais par suite de forces
une action directe des objets extérieurs, mais par suite de forces
disponibles qu'il puise en lui-même et qui trouvent à se dépenser
disponibles qu’il puise en lui-même et qui trouvent à se dépenser
dans un exercice plus vigoureux des organes. Tous les individus ne
dans un exercice plus vigoureux des organes. Tous les individus ne
sont pas capables de cette adaptation; malgré la faim, l'idée ne leur
sont pas capables de cette adaptation ; malgré la faim, l’idée ne leur
vient pas de chercher leur proie autrement qu'auparavant, et ils ne
vient pas de chercher leur proie autrement qu’auparavant, et ils ne
réussissent pas à se procurer une pâture suffisante.
réussissent pas à se procurer une pâture suffisante.


Dans les exemples précédents, ce ne sont plus les objets extérieurs
Dans les exemples précédents, ce ne sont plus les objets extérieurs
qui rendent l'organisme capable de subsister dans des conditions
qui rendent l’organisme capable de subsister dans des conditions
nouvelles. Il est nécessaire de faire intervenir, avec Darwin, la va-
nouvelles. Il est nécessaire de faire intervenir, avec Darwin, la variabilité propre des individus et la sélection naturelle.
riabilité propre des individus et la sélection naturelle.


La variabilité spontanée des êtres vivants a sa cause dans un
La variabilité spontanée des êtres vivants a sa cause dans un
superflu de forces, prêtes à chaque instant à se dépenser, à s'é-
superflu de forces, prêtes à chaque instant à se dépenser, à s’écouler par toutes les portes qui s’ouvrent accidentellement. Sans
doute ce superflu de forces vient aussi du dehors ; mais il ne provient pas directement des objets qui ont mis l’être vivant dans
couler par toutes les portes qui s'ouvrent accidentellement. Sans
des conditions nouvelles d’existence et qui l’obligent à une accoutumance et à un acclimatement, sous peine de succomber. Ce superflu
doute ce superflu de forces vient aussi du dehors ; mais il ne pro-
a sa source dans la nutrition, dans la respiration, dans d’autres
vient pas directement des objets qui ont mis l'être vivant dans
excitations qui n’ont qu’un rapport très-indirect avec les nouvelles
des conditions nouvelles d'existence et qui l'obligent à une accoutu-
difficultés de vie. C’est lui qui suscite dans l’intelligence de nouvelles
mance et à un acclimatement, sous peine de succomber. Ce superflu
combinaisons d’idées. Grâce à lui, l’organisme tâtonne, se livre à
a sa source dans la nutrition , dans la respiration , dans d'autres
des essais, jusqu’à ce qu’il se soit remis dans un ensemble quelconque d’adaptations rendant la vie et la santé compatibles avec les
excitations qui n'ont qu'un rapport très-indirect avec les nouvelles
conditions d’existence. De ces différents essais, les seuls qui persistent, qui deviennent à leur tour des formes permanentes, sont ceux
difficultés de vie. C'est lui qui suscite dans l'inteUigence de nouvelles
qui se trouvent en harmonie avec l’ensemble de toutes les autres
combinaisons d'idées. Grâce à lui, l'organisme tâtonne, se livre à
habitudes de l’individu, et qui ne sont point par conséquent détruits dans les moments suivants par l’accomplissement des autres
des essais, jusqu'à ce qu'il se soit remis dans un ensemble quel-
conque d'adaptations rendant la vie et la santé compatibles avec les.
conditions d'existence. De ces différents essais, les seuls qui persis-
tent, qui deviennent à leur tour des formes permanentes, sont ceux
qui se trouvent en harmonie avec fensemble de toutes les autres
habitudes de l'individu, et qui ne sont point par conséquent dé-
truits dans les moments suivants par l'accomplissement des autres
fonctions ; ceux qui gênent les habitudes anciennement acquises
fonctions ; ceux qui gênent les habitudes anciennement acquises
tout en s'accordant avec les conditions nouvelles , sont effacés
tout en s’accordant avec les conditions nouvelles, sont effacés
quand ces habitudes anciennes viennent à s'exercer, à moins de trou-
quand ces habitudes anciennes viennent à s’exercer, à moins de trouver dans les influences extérieures un appui assez solide pour briser
toutes les résistances. De toutes les formes d’adaptations successivement essayées, celle qui a le plus de chance de devenir définitive,
ver dans les influences extérieures un appui assez soUde pour briser
est celle qui réussira le mieux à rétablir l’équilibre plus ou moins
toutes les résistances. De toutes les formes d'adaptations successi-
compromis par le changement imposé à l’organisme. Nous avons déjà
vement essayées, celle qui a le plus de chance de devenir définitive,
eu l’occasion de montrer que, pour bien comprendre le Darwinisme,
est celle qui réussira le mieux à rétabUr l'équilibre plus ou moins
il fallait admettre la lutte pour l’existence non-seulement entre les
compromis par le changement imposé à l'organisme. Nous avons déjà
eu l'occasion de montrer que, pour bien comprendre le Darwinisme,
il fallait admettre la lutte pour l'existence non- seulement entre les

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