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350 REVUE PHILOSOPHIQUE


Les idées sont, comme les sensations, des manières d'être de
Les idées sont, comme les sensations, des manières d’être de
l'âme. Elles existent tant qu'elles la modifient; elles n'existent plus
l’âme. Elles existent tant qu’elles la modifient ; elles n’existent plus
dès qu'elles cessent de la modifier. Chercher dans l'âme celles aux-
dès qu’elles cessent de la modifier. Chercher dans l’âme celles auxquelles je ne pense point du tout, c’est les chercher où elles ne sont
quelles je ne pense point du tout, c'est les chercher où elles ne sont
plus : les chercher dans le corps, c’est les chercher où elles n’ont
jamais été ? Où sont-elles donc ? Nulle part.
plus : les chercher dans le corps, c'est les chercher où elles n'ont
jamais été? Où sont-elles donc ? Nulle part.


Ne serait-il pas absurde de demander où sont les sons d'un clave-
Ne serait-il pas absurde de demander où sont les sons d’un clavecin, lorsque cet instrument cesse de résonner ? Et ne répondrait-on
cin, lorsque cet instrument cesse de résonner? Et ne répondrait-on
pas : ils ne sont nulle part. Mais si les doigts frappent le clavier,
pas : ils ne sont nulle part. Mais si les doigts frappent le clavier,
et se meuvent comme ils se sont mus, ils reproduisent les mêmes
et se meuvent comme ils se sont mus, ils reproduisent les mêmes
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Je répondrai donc que mes idées ne sont nulle part lorsque mon
Je répondrai donc que mes idées ne sont nulle part lorsque mon
âme cesse d'y penser, mais qu'elles se retraceront à moi, aussitôt
âme cesse d’y penser, mais qu’elles se retraceront à moi, aussitôt
que les mouvements propres à les reproduire se renouvelleront *. »
que les mouvements propres à les reproduire se renouvelleront<ref>''Logique'', part. I, ch. 9.</ref>. »


Nous pensons que pour donner la véritable exphcation des habitu-
Nous pensons que pour donner la véritable explication des habitudes intermittentes chez les êtres vivants, il faut se placer à égale
des intermittentes chez les êtres vivants, il faut se placer à égale
distance de ceux qui présentent les faits habituels comme demeurant
distance de ceux qui présentent les faits habituels comme demeurant
dans l'organisme à l'état latent ou inconscient, et ceux qui les consi-
dans l’organisme à l’état latent ou inconscient, et ceux qui les considèrent au contraire comme n’y laissant aucune trace pendant les
dèrent au contraire comme n'y laissant aucune trace pendant les
intervalles de leur reproduction. Un fait important nous met sur la
intervalles de leur reproduction. Un fait important nous met sur la
voie de la théorie véritable; c'est que tous les faits intermittents
voie de la théorie véritable ; c’est que tous les faits intermittents
ne se reproduisent que sous l'influence de certaines excitations
ne se reproduisent que sous l’influence de certaines excitations
ou par suite de l'accompHssement de certaines conditions. Il faut
ou par suite de l’accomplissement de certaines conditions. Il faut
donc considérer les phénomènes habituels de cette espèce comme
donc considérer les phénomènes habituels de cette espèce comme
résultant de la combinaison de deux éléments : 1° une manière
résultant de la combinaison de deux éléments : 1° une manière
d'être de l'organisme; 'i** un complément de force venant du dehors.
d’être de l’organisme ; un complément de force venant du dehors.
Si ce complément vient à manquer , la manière d'être perma-
Si ce complément vient à manquer, la manière d’être permanente de l’organe n’en disparaît pas pour cela ; seulement elle est
insuffisante pour produire à elle seule tel phénomène ; mais en même
nente de l'organe n'en disparaît pas pour cela; seulement elle est
temps elle peut entrer en combinaison avec d’autres forces, d’autres
insuffisante pour produire à elle seule tel phénomène; mais en même
conditions, et servir, dans l’intervalle, à la production de faits tout
temps elle peut entrer en combinaison avec d'autres forces, d'autres
différents. C’est ainsi que tel muscle accomplira telle fonction sous
conditions, et servir, dans fintervalle, à la production de faits tout
différents. C'est ainsi que tel muscle accomplira telle fonction sous
l’influence de telle excitation, et telle autre fonction sous l’influence
d’une excitation différente. Et cependant dans les deux cas il y a bien
l'influence de telle excitation, et telle autre fonction sous linflueiice
l’habitude ; car la propriété pour les tissus musculaires de combiner
d'une excitation différente. Et cependant dans les deux cas il y a bien
leurs mouvements avec d’autres mouvements reçus dans une excitation de manière à produire tel ou tel résultat, est bien une manière
l'habitude; car la propriété pour les tissus musculaires de combiner
d’être acquise.
leurs mouvements avec d'autres mouvements reçus dans une excita-
tion de manière à produire tel ou tel résultat, est bien une manière
d'être acquise.


Il en est de même pour les idées. Tous les éléments constituants
Il en est de même pour les idées. Tous les éléments constituants
des zones corticales du cerveau ont des manières d'être et de réagir;
des zones corticales du cerveau ont des manières d’être et de réagir ;

1, Logique, part. I, ch. 9.

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