« Le Râmâyana (trad. Fauche)/Tome 1 » : différence entre les versions

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== Découpage à supprimer ==
le poids de ce langage, qui eût écrasé même un homme ferme ; et, regardant la parole engagée par le père comme un ordre qui enchaînait le fils étroitement, il résolut de s’en aller au milieu des forêts.
 
 
Les épouses mêmes des habitants, accourues à leurs fenêtres, contemplaient cette marche de Râma et vantaient ses vertus, qui tenaient leur âme enchaînée avec un lien d’amour.
 
« Râma, disaient les unes, suivra le chemin dans lequel ont marché ses aïeux et même avant eux ses vénérables ancêtres, car il possède un nombre infini de vertus. Ainsi que son aïeul et son père nous ont gouvernés, ainsi nous gouvcrnera-t-il, et même beaucoup mieux, sans aucun doute. Loin de nous aujourd’hui le boire et le manger ! loin de nous aujourd’hui toute jouissance des choses aimées, tant qu’il n’aura pas obtenu d’être associé à la couronne ! »
 
« Oh ! disaient les autres, il n’existe pour nous aucune chose préférable au sacre du vaillant Râma : il nous est même plus cher que la vie ! Que la reine Kâauçalyâ se réjouisse de voir en toi son fils, et que Sitâ monte avec toi, noble enfant de Raghou, au sommet de la plus haute fortune ! Quand le don paternel t’aura mis sur le front cette couronne désirée, vis, Râma, une longue vie, assis dans le plaisir sur tes ennemis vaincus ! »
 
Tandis que le beau jeune homme poursuivait sa marche vers le palais du monarque, son oreille était frappée de ces discours et par différentes autres acclamations flatteuses, que lui jetait encore une foule assise sur les plates-formes des maisons. Aucun homme, aucune femme ne pouvait séparer de lui ses regards, ni lui reprendre son âme, ravie par les qualités d’un héros si plein de majesté.
 
Râma vit son père assis dans un siège, en compagnie de Kêkéyî, et montrant la douleur peinte sur tous les traits de sa figure desséchée par le chagrin et l’insomnie. D’abord, s’étant prosterné et joignant les mains, il toucha du front ses pieds ; ensuite et sans tarder, il s’inclina de nouveau et rendit le même honneur à ceux de Kêkéyi.
 
Le fils de Soumitrâ vint après lui honorer les pieds du roi, son père ; et, plein de modestie comme d’une joie suprême, il salua également ceux de Kêkéyî.
 
À l’aspect de Râma, qui se tenait en face de lui avec un air modeste, le roi Daçaratha n’eut pas la force d’annoncer l’odieuse nouvelle à ce fils sans reproche et bien-aimé. À peine eut-il articulé ce seul mot : « Râma ! » qu’il demeura muet, comme bâillonné par l’impétuosité de ses larmes ; il ne put dire un mot de plus, ni même lever ses regards vers cet enfant chéri.
 
Quand Râma, assiégé d’inquiétudes, vit cette révolulion, qui s’était faite dans l’esprit de son père, si différent de ce qu’il était auparavant, il tomba lui-même dans la crainte, comme s’il eût touché du pied un serpent.
 
Alors ce noble fils, qui trouvait son plaisir dans le bonheur de son père, se mit à rouler ces pensées en lui-même : « Pour quel motif ce roi ne peut-il soulever ses yeux sur moi ? Pourquoi n’a-t-il pas continué son discours, après qu’il eut dit : « Râma ? » N’aurais-je pas commis une faute, soit d’ignorance, soit d’inattention ? »
 
Ensuite Râma, tel qu’un malheureux consumé de chagrin, jeta sur Kêkéyi un regard de son visage consterné et lui tint ce langage : « Reine, n’aurais-je point commis par ignorance je ne sais quelle offense contre le maître de la terre ; offense, pour laquelle, triste et le visage sans couleur, il ne daigne plus me parler ? Ce qui fait son tourment, est-ce une peine de corps ou d’esprit ? Est-ce la haine d’un ennemi ? car il n’est guère possible de conserver iine paix inaltérable. Reine, est-il arrivé quelque malheur à Bharata, ce jeune prince, les délices de son père ? En est-il arrivé même à Çatroughna ? Ou bien encore aux épouses du roi ? Ne suis-je pas tombé par ignorance dans une faute qui a soulevé contre moi le courroux de mon père ? Dis-le-moi ; obliens de lui mon pardon ! »
 
Elle, à qui la bonne foi et la véracité du jeune prince était bien connues, Kèkéyî, cette âme vile, corrompue aux discours de la Mantharâ, lui tint ce langage : « Jadis, noble enfant de Raghou, dans la guerre que les Dieux soutinrent contre les Démons, ton père, satisfait de mes bons services, m’accorda librement deux grâces. Je viens de lui en réclamer ici l’accomplissement : j’ai demandé pour Bharata le sacre, et pour toi un exil de quatorze ans. Si donc tu veux conserver à ton père f ?a limite renommée de sincérité dans les promesses, ou si tu as résolu de soutenir dans ta parole même toute sa vérité, abandonne ce diadème, quitte ce pays, erre dans les forêts sept et sept années, à compter de ce jour, endossant une peau de bête pour vêtement et roulant tes cheveux comme le djatà des anachorètes. » Alors il se réfugia dans là force de son âme pour soutenir le poids de ce langage, qui eût écrasé même un homme ferme ; et, regardant la parole engagée par le père comme un ordre qui enchaînait le fils étroitement, il résolut de s’en aller au milieu des forêts.
 
Ensuite, ayant souri, le bon Râma fit cette réponse au discours qu’avait prononcé Kêkéyî : « Soit ! revêtant un habit d’écorce et les cheveux roulés en gerbe, j’habiterai quatorze ans les bois, pour sauver du mensonge la promesse de mon père ! Je désire seulement savoir une chose : pourquoi n’est-ce pas le roi qui me donne cet ordre lui-même, en toute assurance, à moi, le serviteur obéissant de sa volonté ? Je compterais comme une grande faveur, si le magnanime daignait m’instruire lui-même de son désir. Quelle autorité, noble reine, ce roi n’a-t-il pas sur moi, son esclave et son fils ? »