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ce dernier venait de se montrer animé. — Ils s’applaudirent également d’avoir contribué, par leur attitude nette et ferme vis-à-vis de l’Allemagne, à un dénouement aussi prompt. Le prince Gortchakof appuya sur ce point, disant que l’empereur Alexandre était heureux d’avoir eu l’occasion de donner une nouvelle preuve de la sincérité avec laquelle il unissait sa politique à celle de l’empereur Napoléon. Il fit remarquer aussi avec complaisance la situation embarrassée du gouvernement prussien vis-à-vis de son peuple autant que des membres de la Confédération germanique : « On devra reconnaître, à Berlin, qu’il aurait mieux valu suivre les conseils que nous n’avons cessé de donner. Le cabinet du Prince régent n’aurait pas été exposé comme il l’est, après la paix conclue sans sa participation, aux plaintes des populations arrachées à leurs travaux, aux reproches de ceux qui le blâment d’avoir marché trop lentement, aux rancunes de l’Autriche qui l’accuse d’avoir manqué aux devoirs fédéraux, aux méfiances futures de ceux qui l’ont vu se dessiner contre eux au moment le moins opportun. Ces sentimens étaient en effet ceux du cabinet de Berlin, déçu de se voir arrêté à la veille de jouer un rôle prépondérant, et d’avoir mécontenté l’Empereur des Français sans avoir satisfait celui d’Autriche. »

En Angleterre on fut plus que désappointé. Palmerston sembla fort étonné de ce qu’on s’était arrangé directement à Vérone tandis qu’on sollicitait son intervention ; cela lui paraissait un manque d’égards. Son mécontentement sur le fond des choses était plus vif encore. Toujours prompt à laisser échapper sa pensée, il ne le dissimula pas à Persigny : « Un tel arrangement sera funeste et mettra l’Italie au désespoir. Dès que l’Autriche devient membre d’une confédération italienne, l’Italie lui est livrée pieds et mains liés, et tout est à recommencer. Jamais l’Angleterre ne pourra s’associer à une aussi mauvaise combinaison. » Il eût voulu s’y opposer. La Beine n’y consentit pas, et elle lui fit connaître son avis, en rapprochant, dans le même sarcasme, son ministre, autrefois approbateur du coup d’État et le cher frère et ami qui en avait été l’auteur : « Nous n’avons pas protesté contre la guerre et, personnellement, lord Palmerston a souhaité le succès de la France. Nous ne pouvons pas, maintenant, protester contre la paix, et la Beine ne doute pas que lord Palmerston comprenne combien il serait fâcheux que le premier ministre de la couronne d’Angleterre semblât se donner pour but de persécuter l’Autriche.