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ruiner ; ils ne ménageaient aucune transition, n’assuraient aucune indemnité sérieuse, et se bornaient à les dépouiller. Nous rangeons dans cette catégorie le décret qui remettait aux locataires trois termes de loyer, celui qui abolissait l’intérêt des échéances, échelonnées. sur trois ans, le décret qui confisquait au profit des associations ouvrières les usines dont les maîtres étaient absens, moyennant une promesse dérisoire d’indemnité, et enfin le décret qui supprimait les charges de notaire et d’huissier sans leur offrir aucune compensation. Le mont-de-piété fut aussi bien dépouillé que les grandes compagnies de chemin de fer, dont la redevance à l’état fut arbitrairement fixée. Le décret sur le travail de nuit des boulangers fut une immixtion des plus imprudentes dans l’industrie privée.
ruiner ; ils ne ménageaient aucune transition, n’assuraient aucune indemnité sérieuse, et se bornaient à les dépouiller. Nous rangeons dans cette catégorie le décret qui remettait aux locataires trois termes de loyer, celui qui abolissait l’intérêt des échéances, échelonnées sur trois ans, le décret qui confisquait au profit des associations ouvrières les usines dont les maîtres étaient absens, moyennant une promesse dérisoire d’indemnité, et enfin le décret qui supprimait les charges de notaire et d’huissier sans leur offrir aucune compensation. Le mont-de-piété fut aussi bien dépouillé que les grandes compagnies de chemin de fer, dont la redevance à l’état fut arbitrairement fixée. Le décret sur le travail de nuit des boulangers fut une immixtion des plus imprudentes dans l’industrie privée.


La religion était traitée de la même façon que la propriété. Pour bien montrer avec quel soin jaloux la commune se renfermait dans ses attributions urbaines, elle décréta la séparation de l’église et de l’état, comme si elle était la représentation de la France et l’état en personne, touchant ainsi de ses mains brutales à l’une des plus grandes réformes de l’avenir. Heureusement, pour qu’on ne se méprît pas sur son dessein, qu’on ne le confondît pas avec la noble aspiration de tous les vrais libéraux, elle prononçait dans le même décret la confiscation des biens du clergé. Rien de plus absurde et de plus inique qu’une pareille mesure. Depuis que le clergé a cessé d’être une corporation, ses propriétés sont soumises au droit commun. La mainmorte a disparu en 1790. Les législateurs de l’Hôtel de Ville ont voulu tout simplement servir les rancunes populaires, et se donner les coudées franches pour spolier à leur aise les maisons religieuses et les églises. On verra quel parti ils ont tiré de ce décret pour étouffer toute liberté de conscience et satisfaire leur haine la plus vivace.
La religion était traitée de la même façon que la propriété. Pour bien montrer avec quel soin jaloux la commune se renfermait dans ses attributions urbaines, elle décréta la séparation de l’église et de l’état, comme si elle était la représentation de la France et l’état en personne, touchant ainsi de ses mains brutales à l’une des plus grandes réformes de l’avenir. Heureusement, pour qu’on ne se méprît pas sur son dessein, qu’on ne le confondît pas avec la noble aspiration de tous les vrais libéraux, elle prononçait dans le même décret la confiscation des biens du clergé. Rien de plus absurde et de plus inique qu’une pareille mesure. Depuis que le clergé a cessé d’être une corporation, ses propriétés sont soumises au droit commun. La mainmorte a disparu en 1790. Les législateurs de l’Hôtel de Ville ont voulu tout simplement servir les rancunes populaires, et se donner les coudées franches pour spolier à leur aise les maisons religieuses et les églises. On verra quel parti ils ont tiré de ce décret pour étouffer toute liberté de conscience et satisfaire leur haine la plus vivace.