« Page:Revue des Deux Mondes - 1897 - tome 142.djvu/193 » : différence entre les versions

Phe-bot (discussion | contributions)
Phe: split
(Aucune différence)

Version du 9 mai 2013 à 18:19

Cette page n’a pas encore été corrigée

MM. Couteilhas, Forestier, Loysel n’aient de réelles qualités de praticiens et que, s’ils ne conçoivent guère l’ensemble, ils n’exécutent avec science et habileté le morceau. M. Icard ne déteste pas la nouveauté, ni même la bizarrerie. En groupant ses cinq Vierges Folles devant une porte fermée, où, ayant laissé éteindre ; leurs lampes, elles viennent heurter Trop tard, il ne s’est point départi de ses habitudes ; mais, comme il est bon sculpteur, ayant le sentiment des masses et des lignes, il a fait d’une parabole une œuvre plastique qui, sans être édifiante, reste intelligible. Qu’on sache ou non pourquoi ces cinq filles, toutes nues, s’écrasent. devant cette porte fermée, on voit que la porte résiste, on voit qu’elles s’écrasent tout de bon, que le salut pour elles serait de l’autre côté de cette porte, et l’on partage leur angoisse tout humaine. Ces cinq figures, habilement entremêlées, forment un ensemble mouvementé d’attitudes et de gestes, de saillies et de creux, d’ombres et de clartés qui dénote un vrai sentiment sculptural. Tandis que, sur le première plan, l’une, vue de dos, dresse, en les appuyant, ses deux bras contre la porte, une seconde, de face, tirant, en haut, le marteau, de la main droite, soutient, du bras gauche, une de ses compagnes évanouies ; les deux autres, accroupies derrière, se tordent les bras en des attitudes désespérées. En atténuant avec un peu plus de délicatesse certains détails anatomiques d’une réalité grossière, les auteurs (car ils sont deux, M. Icard et Mme Ducrot-Icard) pourront, en lui donnant sa forme définitive, faire de ce groupe de damnées une œuvre vraiment intéressante. C’est que pour eux le sujet choisi n’a été qu’un prétexte pour bien regarder la nature et pour en tirer des attitudes vraies qu’ils ont ensuite librement associées dans l’harmonie idéale des combinaisons plastiques.

C’est en regardant plus directement encore la nature, en voyant des ouvriers se suspendre, en haletant, à quelque grand levier, pour soulever un bloc de pierre que M. d’Houdain a conçu l’idée très simple de son beau groupe, la Pesée, comme autrefois M. Boucher, en regardant courir de braves gens en vestons ou en blouses, avait conçu l’idée de ses Coureurs, devenus si populaires Il leur a suffi à tous deux de déshabiller leurs plébéiens, tout en conservant leurs attitudes et leurs mouvemens, pour faire, d’un accident, un poème durable et sans date de l’activité humaine. Tout le monde s’associe à une peine physique ou morale de ses semblables lorsqu’elle est exprimée franchement. Nous