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et l’attachement pour l’ordre établi. Quand je n’aurais que ce seul motif, je repousserais la proposition. »
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Ce bon sens éclairé, conservateur par droiture d’esprit et intelligence morale plutôt que par intérêt et par tradition, ne donnait pas pleine satisfaction aux idées ni aux passions des vieux tories, et ils suivaient Peel avec quelque inquiétude, mêlée parfois de quelques murmures, comme un défenseur indispensable, non comme un représentant vrai et un guide assuré. En Irlande surtout, les orangistes ne se laissaient pas contenir ni diriger par sa prudente équité, et ils lui causaient souvent, par la violence de leur langage et de leur conduite envers les catholiques, autant de déplaisir que d’embarras. Il était ainsi, de ce côté, le chef d’un parti dont il n’était pas, ni par son origine, ni par le fond de ses idées, ni par ses goûts. En revanche, son renom et son crédit dans le gros de la nation, au sein des classes moyennes, dans le clergé, la magistrature, le barreau, l’industrie, le commerce, s’étendaient et s’affermissaient à vue d’œil. De jour en jour, on prenait plus de confiance dans l’honnêteté prudente de ses vues, dans son habileté financière et administrative, dans son intelligence des intérêts nationaux et sa sympathie pour les sentimens publics. Attentif et prévoyant, il ne laissait échapper aucune occasion de rendre, soit à ces classes en général, soit à leurs représentans considérables, quelque important service. En accomplissant l’émancipation des catholiques, il avait offensé bien des membres de l’église anglicane d’Irlande ; mais il défendait si fermement, contre les dissensions et les hésitations du cabinet whig, l’inviolabilité des biens de cette église et de leur destination pieuse, qu’elle oubliait sa rancune et prêtait à Peel tout son appui. Un juge intègre et honoré à Dublin, le baron Smith, qui avait fait devant le grand jury une sortie un peu âpre contre les agitateurs, séides d’O’Connell, fut violemment dénoncé et attaqué dans la chambre des communes par O’Connell lui-même. Les whigs intimidés le livraient presque à la vengeance de leur tyrannique, mais nécessaire allié. Peel prit hautement sa défense, défendant aussi dans sa personne l’indépendance des magistrats et le sentiment du public anglais, indigné qu’O’Connell imposât son joug au cabinet. Chaque incident, chaque question grossissait et ralliait ainsi autour de sir Robert Peel ce nouveau parti d’ordre et de gouvernement qui soutenait les principes du pouvoir sans l’exercer, repoussait les invasions de l’esprit démocratique sans avoir un aristocrate pour chef, et tenait à honneur de s’appeler le parti conservateur, autant pour se distinguer du vieux parti tory que pour inscrire son nom sur son drapeau.
Ce bon sens éclairé, conservateur par droiture d’esprit et intelligence morale plutôt que par intérêt et par tradition, ne donnait pas pleine satisfaction aux idées ni aux passions des vieux tories, et ils suivaient Peel avec quelque inquiétude, mêlée parfois de quelques murmures, comme un défenseur indispensable, non comme un représentant vrai et un guide assuré. En Irlande surtout, les orangistes ne se laissaient pas contenir ni diriger par sa prudente équité, et ils lui causaient souvent, par la violence de leur langage et de leur conduite envers les catholiques, autant de déplaisir que d’embarras. Il était ainsi, de ce côté, le chef d’un parti dont il n’était pas, ni par son origine, ni par le fond de ses idées, ni par ses goûts. En revanche, son renom et son crédit dans le gros de la nation, au sein des classes moyennes, dans le clergé, la magistrature, le barreau, l’industrie, le commerce, s’étendaient et s’affermissaient à vue d’œil. De jour en jour, on prenait plus de confiance dans l’honnêteté prudente de ses vues, dans son habileté financière et administrative, dans son intelligence des intérêts nationaux et sa sympathie pour les sentimens publics. Attentif et prévoyant, il ne laissait échapper aucune occasion de rendre, soit à ces classes en général, soit à leurs représentans considérables, quelque important service. En accomplissant l’émancipation des catholiques, il avait offensé bien des membres de l’église anglicane d’Irlande ; mais il défendait si fermement, contre les dissensions et les hésitations du cabinet whig, l’inviolabilité des biens de cette église et de leur destination pieuse, qu’elle oubliait sa rancune et prêtait à Peel tout son appui. Un juge intègre et honoré à Dublin, le baron Smith, qui avait fait devant le grand jury une sortie un peu âpre contre les agitateurs, séides d’O’Connell, fut violemment dénoncé et attaqué dans la chambre des communes par O’Connell lui-même. Les whigs intimidés le livraient presque à la vengeance de leur tyrannique, mais nécessaire allié. Peel prit hautement sa défense, défendant aussi dans sa personne l’indépendance des magistrats et le sentiment du public anglais, indigné qu’O’Connell imposât son joug au cabinet. Chaque incident, chaque question grossissait et ralliait ainsi autour de sir Robert Peel ce nouveau parti d’ordre et de gouvernement qui soutenait les principes du pouvoir sans l’exercer, repoussait les invasions de l’esprit démocratique sans avoir un aristocrate pour chef, et tenait à honneur de s’appeler le parti conservateur, autant pour se distinguer du vieux parti tory que pour inscrire son nom sur son drapeau.


Cependant le cabinet whig était en proie aux plus fâcheux embarras et à un visible déclin. Pendant ses longues années d’opposition,
Cependant le cabinet whig était en proie aux plus fâcheux embarras et à un visible déclin. Pendant ses longues années {{tiret|d’opposi|tion}}