« La Main gauche (Ollendorff, 1899)/Le Port » : différence entre les versions

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Au départ il avait à bord, outre le capitaine et le second, quatorze matelots, huit normands et six bretons. Au retour il ne lui restait plus que cinq bretons et quatre normands, le breton était mort en route, les quatre normands disparus en des circonstances diverses avaient été remplacés par deux américains, un nègre et un norvégien racolé, un soir, dans un cabaret de Singapour.
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Le gros bateau, les voiles carguées, vergues en croix sur sa mâture, traîné par un remorqueur marseillais qui haletait devant lui, roulant sur un reste de houle que le calme survenu laissait mourir tout doucement, passa devant le château d’If, puis sous tous les rochers gris de la rade que le soleil couchant couvrait d’une buée d’or, et il entra dans le vieux port où sont entassés, flanc contre flanc, le long des quais, tous les navires du monde, pêle-mêle, grands et petits, de toute forme et de tout gréement, trempant comme une bouillabaisse de bateaux en ce bassin trop restreint, plein d’eau putride, où les coques se frôlent, se frottent, semblent marinées dans un jus de flotte.
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Elle hésita, puis résignée :
 
— On s’y fait. C’est pas plus embêtant qu’autre chose. Être servante ou bien rouleuse{{tiret|rou|leuse,}}
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{{tiret2|rou|leuse,}} c’est toujours des sales métiers.
 
Il eut l’air d’approuver encore cette vérité.
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— Écoute, tu y diras… non rien
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Il la regardait toujours de plus en plus gêné. Enfin il voulut savoir.
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— Tu vas me promettre de ne pas l’y conter que tu m’as vue, ni de qui tu sais ce que je te dirai. Faut jurer.
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Il leva la main, sournois.
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— Je t’aurais point reconnue, mé, t’étais si p’tite alors, et te v’là si forte ! mais comment que tu ne m’as point reconnu, té ?
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Elle eut un geste désespéré.
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Il la regardait toujours au fond des yeux, étreint par une émotion confuse et si forte qu’il avait envie de crier comme un petit enfant qu’on bat. Il la tenait encore dans ses bras, à cheval sur lui, les mains ouvertes dans le dos de la fille, et voilà qu’à force de la regarder il la reconnut enfin, la petite sœur laissée au pays avec tous ceux qu’elle avait vus mourir, elle, pendant qu’il roulait sur les mers. Alors prenant soudain dans ses grosses pattes de marin cette tête retrouvée, il se mit à l’embrasser comme on embrasse de la chair fraternelle. Puis des sanglots, de grands sanglots d’homme, longs comme des vagues, montèrent dans sa gorge pareils à des hoquets d’ivresse.
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Il balbutiait :
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debout, le hissèrent par l’étroit escalier jusqu’à la chambre de la femme qui l’avait reçu tout à l’heure, et qui demeura sur une chaise, au pied de la couche criminelle, en pleurant autant que lui, jusqu’au matin.
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