« Un Naturaliste français - Le marquis de Saporta » : différence entre les versions

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Il faut cependant remarquer que, s’il s’est appauvri pendant ses quarante-cinq années de gouvernement, ce n’est pas seulement par suite de son honnêteté; c’est aussi par suite du luxe extraordinaire de son train de maison. Il obtenait la faveur de toutes les classes par son affabilité, en même temps que par la splendeur dont il entourait ses réceptions. Mme de Grignan, enivrée de l’encens qu’on lui prodiguait dans les cérémonies officielles, emportée par sa vanité qui ne connaissait pas de résistance, n’était pas faite pour arrêter le gouverneur de la Provence dans une voie qui menait droit à la ruine. Lorsque Philippe V fut nommé roi d’Espagne, il y eut dans toute la France un court moment de joie indescriptible ; les frères du nouveau roi, après l’avoir conduit à la frontière de ses Etats, se rendirent en Provence. On leur donna des fêtes somptueuses qui furent en grande partie à la charge de M. de Grignan. Bientôt après, le roi d’Espagne passa à Marseille et M. de Grignan recommença des réceptions, pour le prix desquelles il reçut du roi son portrait enrichi de diamans. Mme de Grignan trouva l’indemnité un peu mince :
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« Le roi, écrit-elle à Mme de Coulanges, a permis que M. de Grignan eût l’honneur de le loger et de le défrayer dans son séjour à Marseille; ce sont des honneurs singuliers. » On voit par là que, même sous Louis XIV, ce n’était pas tout plaisir d’être grand seigneur.
 
A la mort du comte de Grignan, son gendre, le marquis de Simiane, le remplaça comme lieutenant général de Provence; mais, trois ans après, il mourut, laissant la petite-fille bien-aimée de Mme de Sévigné en proie à des difficultés sans fin pour payer les dettes de M. de Grignan et sauver les débris de sa fortune. Elle fut obligée en 1732 de vendre le château de Grignan où elle avait été témoin de tant de splendeurs, et elle acheta à Aix, non un hôtel, mais une maison qui est encore debout au coin de la rue Saint-Michel. On y voit intacts l’aménagement et la décoration des appartemens. Saporta a peint d’une manière très séduisante la figure de M"" de Simiane, figure discrète, à demi voilée, estompée par le malheur. Il parle de son charme pénétrant, de l’éclat de son esprit et de la fermeté de sa raison. Le plus grand éloge qu’on puisse en faire est de dire qu’elle ressemblait moins à sa mère qu’à sa grand’mère.