« Un Moraliste à rebours » : différence entre les versions
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Il tient en faible estime
Nietzsche nous le dit lui-même, ce n’est pas un système philosophique qu’il veut nous octroyer, « tout système est un manque de probité. » C’est une sorte de mise en revue de tout ce qui existe et de tout ce qui a existé, une évaluation première, complètement libre et indépendante des valeurs morales, telles que nous les acceptons aujourd’hui. Nous démontrer la valeur intrinsèque de nos biens moraux, voilà la grande préoccupation de Nietzsche. Il appelle cela « préparer la philosophie de l’avenir ».
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Quant au désintéressement, c’est un de ces « instincts de troupeau » qui sont particulièrement suspects à Nietzsche. La société loue le désintéressement parce qu’elle y trouve son avantage. Si ceux qui profitent de cette soi-disant vertu étaient eux-mêmes désintéressés, ils protesteraient énergiquement contre le préjudice porté aux droits de celui qui se dévoue.
Nietzsche n’est pas moins dur pour les conceptions idéales de l’âme humaine.
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La religion, pour ce contempteur, est naturellement chose surannée. Néanmoins, il admet que le catholicisme des races latines répond à un besoin intime qui fait défaut aux races protestantes du Nord. Pour les catholiques, ne pas croire signifie s’insurger contre sa race, tandis que pour les protestants du Nord, c’est au contraire revenir aux particularités de sa race. Puis, Nietzsche est reconnaissant à la religion d’avoir enrichi l’âme humaine de sensations nouvelles, de capacités d’extase qu’elle n’aurait jamais connues sans le sentiment religieux.
Il a une prédilection marquée pour l’Ancien Testament, dans lequel il trouve confirmé son idée sur les hommes d’autrefois.
Le goût pour l’Ancien Testament lui paraît même la pierre de touche d’une âme forte.
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Il est curieux d’entendre un Allemand parler du patriotisme comme Nietzsche le fait. Ce sentiment, pour lui, est une restriction indigne d’un esprit libre. L’élite des hommes, cette infime minorité qui, pour Nietzsche, mérite seule qu’on s’occupe d’elle, se trouve hors et au-dessus de toute nationalité.
L’espérance, en dépit de nos illusions tenaces, est le pire des maux, parce qu’elle les perpétue indéfiniment. Si l’espoir n’était pas de ce monde, les hommes sauraient vite ce qui en est de la vie, ils s’en arrangeraient ou s’en échapperaient, mais la duperie éternelle de l’espérance les retient, au prix de déceptions sans cesse renouvelées.
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Nietzsche réduit la conception du bien et du mal à une simple préoccupation de conséquences.
Les actions qui, d’une façon quelconque, compromettent le bien-être de la société sont réputées mauvaises.
La détermination d’une morale est un acte de désintéressement de la part de la société, chacun préférant faire quelques sacrifices, en livrant à la réprobation générale tel ou tel instinct pour lequel, individuellement, il aurait peut-être de la sympathie, en vue de faciliter le mécanisme de la vie en commun.
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Peut-il faire grand mal à ceux qui le lisent et devons-nous regretter la traduction de ses œuvres qu’on nous promet ? Nous pensons que non. L’excès même de sa doctrine lui enlève toute force convaincante. Il est impossible de croire en Nietzsche. Nous laissons de côté naturellement les jeunes emballés qui suivent aveuglément les traces de tout homme supérieur. Il paraît qu’en Allemagne ils sont nombreux et qu’ils s’efforcent, par leur tenue, leur langage, leurs allures, à jouer au fameux ''Uebermensch''. Mais chez tout esprit indépendant et pondéré le besoin de critique marche de pair avec l’intérêt pour une œuvre. Nietzsche, comme tous les excessifs, est autoritaire. Il veut nous imposer un système de dénigrement par trop complet et il nous rend méfiants et rebelles à ses intentions. Lui-même dit quelque part :
N’aurait-il pas prononcé là sa propre condamnation ?
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