« Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t4, 1888.djvu/49 » : différence entre les versions
État de la page (Qualité des pages) | État de la page (Qualité des pages) | ||
- | + | Page corrigée | |
Contenu (par transclusion) : | Contenu (par transclusion) : | ||
Ligne 1 : | Ligne 1 : | ||
<br /><br /> |
|||
SUTTER. LAUMANN. 3 j" |
|||
LE QUINZIÈME |
{{c|''<big>LE QUINZIÈME PRÉLUDE DE CHOPIN</big>''}} |
||
<poem style="margin-left:0em; font-size:100%"> |
|||
⚫ | |||
⚫ | |||
Lorsque sur lui tes doigts prennent leur vol léger, |
Lorsque sur lui tes doigts prennent leur vol léger, |
||
De mon être je sens tressaillir chaque fibre |
De mon être je sens tressaillir chaque fibre |
||
Et le monde réel me devient étranger. |
Et le monde réel me devient étranger. |
||
Alors, par le torrent de ces ondes sonores |
Alors, par le torrent de ces ondes sonores |
||
Qui, de la tête aux pieds, m’ont tout enveloppé, |
Qui, de la tête aux pieds, m’ont tout enveloppé, |
||
Je me vois transporté sous les frais sycomores |
Je me vois transporté sous les frais sycomores |
||
De quelque coin charmant du vallon de |
De quelque coin charmant du vallon de Tempé ; |
||
Elles sont à mes sens d’une douceur si grande |
Elles sont à mes sens d’une douceur si grande |
||
Qu’il me semble voir fuir le spleen, cruel moqueur. |
Qu’il me semble voir fuir le spleen, cruel moqueur. |
||
Ah! que cette douceur surnaturelle rende |
Ah! que cette douceur surnaturelle rende |
||
Et le calme à mon âme et la paix à mon cœur! |
Et le calme à mon âme et la paix à mon cœur ! |
||
C’est, dirait le croyant, une chanson divine, |
C’est, dirait le croyant, une chanson divine, |
||
Un chœur de séraphins, écho du paradis, |
Un chœur de séraphins, écho du paradis, |
||
Qui traverse l’espace afin que l’on devine |
Qui traverse l’espace afin que l’on devine |
||
Quels seront les bonheurs refusés aux maudits |
Quels seront les bonheurs refusés aux maudits |
||
Mais bientôt à ce chant aussi doux que la joie |
Mais bientôt à ce chant aussi doux que la joie |
||
Succède un air plaintif, entrecoupé d’un glas. |
Succède un air plaintif, entrecoupé d’un glas. |
||
Au fond de sa douleur, alors, mon cœur se noie, |
Au fond de sa douleur, alors, mon cœur se noie, |
||
Et je voudrais mourir, tellement je suis las. |
Et je voudrais mourir, tellement je suis las. |
||
Oui, très las et meurtri, brisé par l’existence, |
Oui, très las et meurtri, brisé par l’existence, |
||
— La coupe trop amère où trop longtemps j’ai bu, — |
— La coupe trop amère où trop longtemps j’ai bu, — |
||
Ce qui me fait chercher quelle est bien la distance |
Ce qui me fait chercher quelle est bien la distance |
||
Qui me reste à franchir pour atteindre le but. |
Qui me reste à franchir pour atteindre le ''but''. |
||
</poem> |