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FÉLIX J EANTET. I 6^

Et toute la douceur de leurs effluves lents
Et toute la douceur de leurs effluves lents
Me caresse et me couve :
Me caresse et me couve :
Tels que jadis, troublés et plus encor troublants,
Tels que jadis, troublés et plus encor troublants,
Oui, tout pareils je les retrouve!
Oui, tout pareils je les retrouve !

Chers yeux, miroirs plaintifs, quelle ombre habite encor
Chers yeux, miroirs plaintifs, quelle ombre habite encor
Vos dolentes prunelles,
Vos dolentes prunelles,
Alors que maintenant s’est ouvert le décor,
Alors que maintenant s’est ouvert le décor,
Pour vous, des choses éternelles?
Pour vous, des choses éternelles ?

Toujours ce regret vague ou cet arrière-effroi
Toujours ce regret vague ou cet arrière-effroi
Qui les emplit vivantes!.,.
Qui les emplit vivantes !.,.
Chers yeux, je vous contemple, à présent, et c’est moi
Chers yeux, je vous contemple, à présent, et c’est moi
Qu’envahissent des épouvantes :
Qu’envahissent des épouvantes :

Puisque la Mort n’a pas changé votre regard,
Puisque la Mort n’a pas changé votre regard,
Sous vos paupières lasses
Sous vos paupières lasses
Était-ce donc déjà son fantôme hagard
Était-ce donc déjà son fantôme hagard
Dont l’ombre ternissait leurs glaces?
Dont l’ombre ternissait leurs glaces ?
Est-ce elle, ô mon amour, que j’ai vue en tes yeux,
Est-ce elle, ô mon amour, que j’ai vue en tes yeux,
Veloutant leur caresse ?
Veloutant leur caresse ?

Est-ce elle, en les voilant, qui m’a fait chérir mieux
Est-ce elle, en les voilant, qui m’a fait chérir mieux
Les yeux profonds de ma maîtresse?
Les yeux profonds de ma maîtresse ?
O Mort fatale, écrite en ces yeux que j’aimais,
Ô Mort fatale, écrite en ces yeux que j’aimais,
Une angoisse me hante :
Une angoisse me hante :
Si c’était toi, secrètement, qui me charmais,
Si c’était toi, secrètement, qui me charmais,
Mort dormant sous leur eau dormante?
Mort dormant sous leur eau dormante ?

Et quand si tendrement sur eux tant de baisers
Et quand si tendrement sur eux tant de baisers
Descendaient de mes lèvres,
Descendaient de mes lèvres,
Si j’y baisais déjà tes tourments déguisés
Si j’y baisais déjà tes tourments déguisés
Et la menace de tes fièvres?
Et la menace de tes fièvres ?
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