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PAUL BOU RGET. l~]

Quand je souffre du mal d’écrire,
Quand je souffre du mal d’écrire,
Mon désespoir d’ambitieux
Mon désespoir d’ambitieux
S’endort aux clartés du sourire
S’endort aux clartés du sourire
Qui va de sa bouche à ses yeux.
Qui va de sa bouche à ses yeux.

Mieux que Montaigne et mieux qu’Horace,
Mieux que Montaigne et mieux qu’Horace,
Ce large sourire clément
Ce large sourire clément
M’endoctrine et me débarrasse
M’endoctrine et me débarrasse
Du vain souci d’un bruit qui ment.
Du vain souci d’un bruit qui ment.

Et de mes chimères trompées
Et de mes chimères trompées
Je fais d’inutiles faisceaux,
Je fais d’inutiles faisceaux,
Comme avec leurs vieilles épées
Comme avec leurs vieilles épées
Les bretteurs fatigués d’assauts.
Les bretteurs fatigués d’assauts.

Oh! les sensations aiguës
Oh ! les sensations aiguës
Et vibrantes que je te dois,
Et vibrantes que je te dois,
Tête aux mâchoires exiguës
Tête aux mâchoires exiguës
Que j’aime à rouler dans mes doigts !
Que j’aime à rouler dans mes doigts !

Surtout dans 1 éclat des soirées
Surtout dans l’éclat des soirées
Où j’admire des fronts charmants,
Où j’admire des fronts charmants,
Qu’encadrent des boucles dorées
Qu’encadrent des boucles dorées
Et qu’éclairent des diamants,
Et qu’éclairent des diamants,

Je songe à toi, symbole étrange
Je songe à toi, symbole étrange
De la nuit où Ton s’en va seul,
De la nuit où l’on s’en va seul,
Et mon rêve d’avance arrange
Et mon rêve d’avance arrange
Sur ces fronts les plis du linceul.
Sur ces fronts les plis du linceul.

Cette enfant que la valse emporte
Cette enfant que la valse emporte
Au rythme tournant des accords,
Au rythme tournant des accords,
Je la vois toute blanche et morte,
Je la vois toute blanche et morte,
Je couche au cercueil ce beau corps.
Je couche au cercueil ce beau corps.
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