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A MONSEIGNEVR M. CHRESTOFLE DE THOV, CHEVALIER, SEIGNEVR DE COELI, PREMIER President en Parlement, and Conseiller du Roy en son priué Conseil. CEPRESENT que ie vous offre, Monseigneur, n'est pas pour demeurer quitte, mais bien pour seruir d'vne attestation de ce que i'ay appris en ceste esichole souueraine de Iustice, de laquelle vous esles chef, où l'ay em ployéla meilleure partie de mon aage: and en laquelle on void, on oyt, on cognoist mieux qu'en lieu de tout le monde, la vraye experience and vsage des loix and ordonnances, and de toutes les decisions des Docteurs qui furent oncques: tantost par les plaidoyeries des premiers Orateurs de l'Europe, tantost par la conference des vrais Iurisconsultes, tantost par les resulutions d.s Iuges, en descouurät comme en plein iour la naifue beauté de Iustice, auec vn plaisir and profit incroyable qu'on y reçoit d'apprendre à discourir doctement, poizer sagement, and resouldre subtilement les hautes questions de droict en toutes matieres:ores en l'vne, ores en l'autre chambre, ores en toute l'assemblee des Iuges and Aduocats de ce Parlement le plus illustre que le Soleil puisse voir entous les Empires and Republiques de la terre. Lì s'apprend la vraye prudence, guide and lumiere de la vie humaine, quand on void comme en vn haut theatre toutes les secrettes actions, trafiques, and menecs de routes sortes d'hommes, and des plus rusez representees au doigt, and à l' il. que la vie de l'homme pour longue qu'elle soit, ne sçauroit descouurir in voyageant, par tout le monde. Et combien que la splendeur and Maicsié de ce beaute (02) ple de iustice, se voit en toutes ses parties, si est ce qu'elle reluist principalement au chef d'iceluy pour auoir surpass'e les autres, qui ont mo éiusques à ce degré d'honneur en la cognoissance des lettres humaines, auecques vne memoire infinie de toutes histoires, and diligence incroyable à iuger les differends des parties: l'vn and l'autre conioinct à l'experience indubitable
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de sous les poincts de la Iurisprudence. Non pas que ie vileille icy chãter vos
de sous les poincts de la Iurisprudence. Non pas que ie vileille icy chãter vos louanges, Monseigneur, car ce n'est pas mon suiet, encores que la loy dict Prælidem prouinciæ non grauatè suas laudes audire oportere. Et combien que l'honneur de l'homme vertueux n'a besoin d'estre rehaussé de louanges pour donner lustre: si est-ce que la Republique a notable interest que les vrayes louanges des hommes illustres demeurent grauees and imprimees par tout pour seruir d'exemple aux vns, d'aiguillon aux autres, and d'imitation àtous. Ce que ie deuerois faire d'autant plus volontiers en vostre endroit que les loix and la religion d'honneur m'obligent àce faire, pour les plaisirs signalez (ie ne diray pas offices ne l'ayant merité en vostre endroit) que i'ay receu de vous: and que vous auez tousiours porté vne singuliere affection àtous ceux qui ayme (02) t les bones lettres. Mais ie reserue de cela à part, and à plus beau suier: and me suffira pour ceste heure de vous faire ce petit present, lequel, sil vous est aggreable, ie m'asseure si i'ay encores quelque malueillant, qu'il nesera pas si mal aduisé, que fut n'a pas long temps quelqu'vn, que ie ne veux nommer pour son honneur, lequel dedia au Royvn libelle contre la Republique que i'ay mis en lumiere. Mais si tost que le Roy eut remarqué les propos calomnieux de cest homme-là: il le fist conslituer prisonnier, and signa le decret de sa main, auec defenses sur la vie d'exposer son libelle en vente. Toutesfois il en est demeuré quitte pour vne ame (02) de honorable: mais s'il eust eslé de plus sain iugiment, il eust merité la peine que Zoile receut pour vn present pareil qu'il fist à Ptolemee Philadelphe Roy d'Egypte. Or ie n'espere pas que personne eseriue contre cest uure, si ce n'est quelque Sorcier qui deffende sa cause: mais si i'en suis aduerty, ie luy diray ce qu'on dit en plusieurs lieux de ce Royaume à ceux qui sont suspects d'estre Sorciers, d'autàt loin qu'on les voit sans autre forme d'iniure on crie à haute voix, IE ME DOVTE, afin que les charmes and malefices de telles gens ne puissent offenser. De Laon, ce xx.iour de Decembre, M. D. LXXIX. Vostre humble and affectionné seruiteur, I. Bodin.
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de sous les poincts de la Iurisprudence. Non pas que ie vileille icy chãter vos louanges, Monseigneur, car ce n'est pas mon suiet, encores que la loy dict Prælidem prouinciæ non grauatè suas laudes audire oportere. Et combien que l'honneur de l'homme vertueux n'a besoin d'estre rehaussé de louanges pour donner lustre: si est-ce que la Republique a notable interest que les vrayes louanges des hommes illustres demeurent grauees and imprimees par tout pour seruir d'exemple aux vns, d'aiguillon aux autres, and d'imitation àtous. Ce que ie deuerois faire d'autant plus volontiers en vostre endroit que les loix and la religion d'honneur m'obligent àce faire, pour les plaisirs signalez (ie ne diray pas offices ne l'ayant merité en vostre endroit) que i'ay receu de vous: and que vous auez tousiours porté vne singuliere affection àtous ceux qui ayme (02) t les bones lettres. Mais ie reserue de cela à part, and à plus beau suier: and me suffira pour ceste heure de vous faire ce petit present, lequel, sil vous est aggreable, ie m'asseure si i'ay encores quelque malueillant, qu'il nesera pas si mal aduisé, que fut n'a pas long temps quelqu'vn, que ie ne veux nommer pour son honneur, lequel dedia au Royvn libelle contre la Republique que i'ay mis en lumiere. Mais si tost que le Roy eut remarqué les propos calomnieux de cest homme-là: il le fist conslituer prisonnier, and signa le decret de sa main, auec defenses sur la vie d'exposer son libelle en vente. Toutesfois il en est demeuré quitte pour vne ame (02) de honorable: mais s'il eust eslé de plus sain iugiment, il eust merité la peine que Zoile receut pour vn present pareil qu'il fist à Ptolemee Philadelphe Roy d'Egypte. Or ie n'espere pas que personne eseriue contre cest uure, si ce n'est quelque Sorcier qui deffende sa cause: mais si i'en suis aduerty, ie luy diray ce qu'on dit en plusieurs lieux de ce Royaume à ceux qui sont suspects d'estre Sorciers, d'autàt loin qu'on les voit sans autre forme d'iniure on crie à haute voix, IE ME DOVTE, afin que les charmes and malefices de telles gens ne puissent offenser. De Laon, ce xx.iour de Decembre, M. D. LXXIX. Vostre humble and affectionné seruiteur, I. Bodin.
Preface
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LE TRAITE DE LEAN BODIN DE LA DEMONOMANIE contreles Sorciers. LIVRE PREMIER. PREFACE DE L'AVTHEVR. Le iugement qui a esté conclud contre vne Sorciere auquel ie tus appellé le dernier iour d'Auril, mil cinq cens septante and huict, m'a dõné occasion de mettre la main à la plume, pour esclarcir le subiect des Sorciers qui semble à toutes personnes estrãge à merueilles, and à plusieurs incroyable. La Sorciere que i'ay dict s'appelloit Ieanne Haruillier, natifue de Verbery piés Cõpieigne, accusee d'auoir faict mourir plusieurs hommes and bestes, comme elle confessa sans question, nv torture, combien que de prime face elle eust demé opiniatrement, and varié plusicurs fois. Elle cõfessa aussi que sa mere dés l'aage de douzeans l'auoit presentee au Diable en guile d'vn grand homme noir, outre la stature des hõmes, vestu de drap noir, luy disant qu'clle l'auoit, si tost qu'elle fut nee, promise a cestuy-là, qu'elle disoit estre le Diable, qui promettoit la bie (02) traicter, and la faire bie (02) heureuse: Et que dés lors elle renonça Dieu, and promist seruir au Diable. Et qu'au mesme instant elle eut copulatiõ charnellement auecle Diable, continuant depuis l'aage de douze ans iusques à cinquante, ou enuiron, qu'elle auoit lors qu'elle fut prise. Dist, aussi que le Diable se presentoit à elle quãd elle vouloit, tousiours en l'habit and forme qu'il se presenta la premiere fois esperonné, botté, ayant vne espee au costé, and son cheual à la porte, que personne ne voyoit qu'elle: Et si auoit quelques fois copulatiõ auecques elle, sans que son mary couché aupres d'elle l'aperceust. Or combien qu'elle fust diffamee d'estre fort grande Sorciere, and qu'il fust presque impossible, de garder les paysans de la rauir des mains de iustice pour la brusler, craignans
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qu'elle ne rechapast: Si est-ce qu'il fut ordonné auparauint que proceder au iugement diffinitif, qu'on enuoyeroit à Verbery: lieu de sa natiuité, pour s'enquerir de sa vie, and aux autres villages où elle auoit demeuré. Il fut trouué que tre (02) te ans auparauãt, elle auoit eu le fouet pour le mesme crime, and sa mere condamnee à estre bruslee viue, par arrest de la Cour de parlement confirmatif de la sentence du iuge de Senlis: Et si fut trouué, qu'elle auoit accoustumé de chãger de nom and de lieu, pour couurir son faict. Et que pat tout elle auoit esté attainte d'estre Sorciere. Se voyant conuaincue, elle requist pardon, faisant contenance de se repe (02) tir: deniant toutesfois beaucoup de meschancetez qu'elle auoit commises, and auparauant confessces: Mais elle persista en la confession qu'elle auoit faicte du dernier homieide, ayant ietté quelques pouldres, que le Diable luy auoit preparces, qu'elle mist au lieu où celuy qui auoit battu sa fille deuoit passer. Vn autre y passa, auquel elle ne vouloit point de mal, and aussi tost il sentit vne douleur poignãte en tout son corps. Et d'autant que tous les voisins qui l'auoient veu entrer au lieu, où elle auoit iecté le sort, le iour mesme, voyant l'homme frappé d'vne maladie si soudaine, crioie (02) t qu'elle auoit iecté le sort. Elle promist de le guerir, and de faict elle garda le patient pendant la maladie, and cõfessa que le Mercredy deuant que d'estre prisonniere, qu'elle auoit prié le Diable de guerir son malade, qui auoit faict responce qu'il estoit impossible. Et qu'elle dist alors au diable qu'il l'abusoit toussiours, and qu'il ne vint plus la voir. Et lors qu'il dist qu'il n'y vien droit plus, and que deux iours apres l'homme mourut. Et aussi tost elle s'alla cacher en vne grange, où elle fut trouuee. ceux qui assisterent au iugement, estoient bien d'aduis qu'elle auoit bien merité la mort: Mais sur la forme and genre de mort il y en eut quel qu'vn plus doux, and d'vn naturel plus pitoyable, qui estoit d'aduis qu'il suffisoit de la faire pendre. Les autres, apres auoir examiné les crimes detestables, and les peines establies par les loix Diuines and humaines, and mesmement la coustume generalle de toute la Chrestie (02) té, and gardee en ce Royaume de toute ancienneté, furent d'aduis qu'elle deuoit estre cõdamnee à estre bruslee viue: ce qui fut arresté, and la sentence,
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dontil n'y eut point d'appel, executee le dernier iour d'Auril à la poursuitte de Maistre Claude Dofay, Procureur du Roy à Ribemont. Depuis la cõdemnation elle confessa qu'elle auoit esté transportee par le Diable aux assemblees des Sorcieres, apres auoir vsé de quelques gresses, que le Diable luy bailloit, estant guindee d'vne si grande vistesse, and si loin, qu'elle estoit toute lasse and foulee, and qu'elle auoit veu aux assemblees grand nombre de personnes, qui adoroient tous vn homme noir, en haut lieu, de l'aage comme de trente ans, qu'ils appelloie (02) t Beelzebub. Et apres cela ils se couploient charnellement: and puis le Prince leur faisoit sermon de se fier en luy, and qu'il les ve (02) geroit de leurs ennemis, and les feroit bien-heureux. Interrogee si on bailloit de l'arge (02) t, dict que non: Ea accusa vn berger and vn couureur de Genlis, qu'elle dict estre Sorciers, and se confessa, and se repentit, requerant pardõ à Dieu. Et parce qu'il y en auoit qui trouuoient le cas estrange, and quasi incroyable, ie me suis aduise de faire ce traicté que i'ay intitulé, DEMONOMANIE DES SORCIERS, pour la rage qu'ils ont de courit apres lesdiables pour seruir d'aduertissement à tous ceux quile verront, afin de faire cognoistre au doigt, and à l' il, qu'il n'y a crimes qui soye (02) t à beaucoup pres si execrables que cestuy-cy, ou qui meritent peines plus griefues. Et en partie aussi pour respondre à ceux qui par liures imprimez s'efforcent de sauuer les Sorciers par tous moyens: en sorte qu'il semble que Sathan les ait inspirez, and attirez à sa cordelle, pour publier ces beaux liures, comme estoit vn Pierre d'Apone Medecin, qui s'efforçoit faire entendre qu'il n'y a point d'esprits, and neantmoins il fut depuis aueré qu'il estoir des plus grãds Sorciers d'Italie. Et afin qu'il ne semble estrange ce que i'ay dit, que Sathan a des hommes attiltrez pour escrire, publier, and faire entendre qu'il n'est rien de ce qu'õ dit des Sorciers. Ie mettray vn exemple memorable, que Pierre Mamor en vn petit liure de Lamies à remarqué d'vn nomé M. Guillaume de Line, Docteur en Theologie qui fut accusé and condamné comme Sorcier, le douziesme Decembre, mil quatre cens cinquante trois, lequel en fin se repentit, and confessa auoir plusieurs fois esté tra (01) sporté auee les autres Sorciers la nuict pour adorer le diable, quise monstroit quelquesfois
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en forme d'homme, and quelquesfois en forme de bouc, renónçant à toute religion, and fut trouué saisi d'vne obligation, qu'il auoit auec Sathan, portant promesses reciproques, and entre autres, le Docteur estoit obligé prescher publiqueme (02) t que tout ce qu'on disoit des Sorciers n'estoit que fable and chose im possible, and qu'il n'en falloit rien croire. Et par ce moye (02) que les Sorciers auoient multiplié, and pris grand accroissement par ces presches, ayant les Iuges laissé la poursuite qu'ils faisoient contre les Sorciers. Qui mõstre bie (02) que Sathan à de loyaux suiets de tous estats, and de routes qualitez: comme le Cardinal Benõ, and Platin escriuent qu'il y a eu plusieurs Papes, Empereurs, and autres Princes, lesquels le sont laissé piper aux Sorciers, and en fin auoir esté precipitez malheureusement par Sathan. Et mesmes à Tolede, où estoit anciennement l'eschole des Sorciers. On n'eust iamais pensé que tels personnages eussent esté de la partie: quand on r'apportoir les procez des Sorciers, ils se prenoient à rire, and faisoient rire vn chacun des traicts qu'ils donnoient, and affermoient constamment, que c'estoit chose fabuleuse, and impossible, and amollissoient tellement le c ur des Iuges (comme fist Alciat de son temps, despit qu'vn Inquisiteur auoit fait brusler en Piedmont plus de cent Sorciers) que tous les Sorciers reschappoient. M. Barthelemy Faye President aux en questes de la Cour, s'est plaint en ses uures, que la souffiãce de quel ques Iuges de ne faire brusler des Sorciers, cõme le Parleme (02) t a fait de toute ancienneté, and tous les autres peuples, a esté cause des grandes afflictions que Dieu nous a enuoyees. Mais M. d'Auenton Conseiller en Parlement, and depuis President à Poitiers (auquel a succedé en l'estat de Preside (02) t Saluert) fist brusler quatre Sorciers tous vifs à Poitiers l'an M.D. LXIIII. nonobstát l'appel par eux interiecté: Se plaignant de ce qu'on auoit enuoyé absous au parauant d'autres Sorciers appellans, qui depuis auoient infecté rout le pays, and que tout le peuple se mutinoit. Vray est qu'ils confessere (02) t auoir fair plusieurs homicides par charmes, and sortileges, and les faisoit executer, comme prenotables, nonobstant l'appel: Quia plus est (dict la Loy) occidere veneno quàm gladio. Or l'impunité des Sorciers de ce temps là fut cause, qu'ils prindrent vn merueilleux accroissement en ce
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Royaume, où ils aborderent de toutes parts, and mesmement d'Italie: entre lesquels estoit vn grand Sorcier Neapolitain, qu'on appelloit le Conseruateur, and qui a esté assez cogneu pat ses actes: and depuis ont continué, en sorte que le Sorcier Troiseschelles Manceau ayant eu sa grace, apres le iugeme (02) t de mort contre luy donné, à la charge de deferer ses complices, dict qu'il y en auoit plus de cent mil en ce Royaume, peut estre faussement, and pour amoindrir son impieté ayant si belle compagnie. Quoy qu'il en soit il en defera fort grand nombre: Mais on y donna si bon ordre, que tous où la plus-part reschapperent: and encores qu'ils confessassent des meschancetez si execrables, que l'air en estoit infect. Dequoy Dieu irrité a enuoyé de terribles persecutions, comme il a menacé par sa loy2 d'exterminer les peuples qui souffriront viure les Sorciers. C'est pourquoy sainct Augustin au liure de la Cité, dit que toutes les sectes, qui iamais ont esté, ont decemé peines contre les Sorciers. Ie n'excepte que les Epicuriens, que Plutarque au liure de Oraculum defectu, and Origene contre Celsus l'Epicurien, ont refuté, and apres eux, Iamblique, Procle Academiques, ont destruict les fondemens de la secte Epicurienne: combien qu'ils estoient assez ruinez par les principes de la Metaphysique d'Aristote: où il conclud par necessité qu'il y a autant de cieux, qu'il y a d'intelligences, ou esprits intelligibles pour les mouuoir: lesquelles intelligences il dict estre separees des corps, and que l'Ange se meuue au mouuement de son ciel, comme l'ame de l'homme se meuue au mouueme (02) t de l'hõme, qui est bien pour monstrer, que la dispute des Anges, and Demons ne se peut traiter Physicalement: Et que ceux-là s'abusent bien fort, qui denient qu'il y ait quelque chose possible, qui soit impossible par nature. Car l'attouchement, le mouuement, le lieu ne peut conuenir sinon au corps,4 and en corps parlant en Physicien: Et neantmoins si la verité est tousiours semblable à soymesmes, il faut confesser que l'attouchement, le mouuement, and le lieu conuiennent aux esprits, aussi bien comme au corps, ce qu'Aristote a demonstré en sa Metaphy sique5 parlant des Anges, ou Intelligences, qui meuuent les cieux: Combien que Plutarque6 and Apulee7 disent qu'Aristote -notes- 2Itemit.c. 20. 4li. 4 and 6. 4. [Greek omitted] Arist. s. li. 8. 6in lide Dæmon Servas. 7in li. 1 Socratis.
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a laiss'e par escrit, ce que toutes fois ne se trouue point en ses liures qui nous reste (02) t, qui n'est pas la moitié de ce qu'il a escrit, que les Pythagoriens s'esmerueilloient, s'il y auoit homme au mo (04) de qui n'eust iamais cogneu de Demon. Et de faict, le mesme Aristote8 confesse auoir veu vn nommé Thasius, qui auoit incessamment auec luy vn esprit en figure humaine, que personne ne voyoit que luy, ce qui est ordinaire à tous Sorciers. Or Platon en son Apologie fait vn argument tresnecessaire qu'il y a des Demons, veu que leurs effects le monstrent: car les voix, les paroles, les transports and autres actions esmerueillables ne peuuent estre sans cause. Et n'a pas long temps que François Prince de la Mirande a escrit auoir veu deux Prestres Sorciers, accompagnez tousiours de deux Demons Hiphialtes en guise de femmes: dont ils abuserent plus de quarante ans comme ils confesserent deuant que d'estre bruslez, ainsi que nous dirons en son lieu. Aussi Aristote au mesme liure escrit qu'en l'vne des sept Isles d'Eolus on entendoit vn merueilleux son de tabourins, and cymbales, and risees sans voir personne: chose qui est ordinaire en plusieurs lieux de Septentriõ, comme dict Olaus, and au mont Atlas, comme Solin and Pline testifie (02) t. Qui sont les assemblees and danses ordinaires des Sorciers, auec les malings esprits, qui ont esté auerees par infinis procez. Aristore dict d'auantage au mesme liure, qu'il y auoit vne Sorciere en la ville de Tene en Thessalie, laquelle charmoit le Basilicque auec certaines paroles and cercles qu'elle faisoit: ce qui ne peut estre faict par nature, comme nous dirons en son lieu: Ains pat la force and puissance des esprits qui ne pourroient faire les actions estranges qu'on voit à l' il, s'ils n'estoient en lieu où ils font leurs actions, comme dict Thomas d'Aquin. Aussi seroit-ce chose absurde de donner attouchement, lieu and mouuement aux Anges mouuans les cieux, and separez des cieux, comme tous les Peripatetiques, Academiques, and Stoiques sont d'accord auec les Hebrieux and Arabes, and oster ces proprietez aux esprits, qui sont parmy les elemens. Et toutesfois s'il est ainsi que les Demons foyent corporels, and de matiere elementaire, comme Aristote a tenu au quatriesme liure de la Metaphysique: and Origene and sainct Augustin au liure neufieme, -notes- 8in Fibr. [Greek omitted].
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and au liure VIII. chap. xvj. de la Cité de Dieu, and mesmes que S. Gregoire in homilia Epiphan. dit, que les Anges tont animaux raisonnables. Et Athanase aussi libro de essentia Patris, Et Alexãdre Aphrodissee le plus docte de tous les Peripateticie (02) s, a tenu que toute substance est corporelle, tous les arguments de ceux qui combatent les actions des demons cesseront: car les actiõs seront fondees and appuyees de demonstration de chose corporelles, voire elementaires à choses eleme (02) taires and corporelles. Or S. Augustin dit au 3. liu. chap. dernier de la Trinité, qu'on ne peut faillir de dire, que les Demons soient corporels: and par ainsi on peut soustenir contre l'opinion commune, qu'il n'y a substance incorporelle que Dieu seul, ce qui est appuyé sur demõstration que pas vn n'a touché, c'est à sçauoir qu'il n'y a rien qui soit finy que le corps ayant sa grandeur, and profondité determinee: and ce qui n'a point d'extremité superficielle est infiny: il s'ensuit bien qu'il n'y a rien que Dieu incorporel, autrement les creatures seroient infinies comme Dieu. Qui seruira, non pas pour instruire ceux qui croyent vn Dieu, and la pluralité des intelligences, l'vn and l'autre demonstré par Aristote: 9 and porté par toute l'Escriture saincte. Mais pour conuaincre les cerueaux hebetez: nó pas toutes fois pour rendre raison de tou tes les actions intellectuelles des Demons, chose qui seroit impossible: Car celuy qui pourroit re (02) dre raison de toutes choses, il seroit semblable à Dieu, qui seul sçait tout. Or tout ainsi qu'il est impossible de cognoistre Dieu, ny le cõprendre tel qu'il est, si celuy qui le cognoistroit en ceste sorte, and qui le pourroit cõprendre n'estoit luy mesme Dieu. D'autãt que l'insiny en essence, puissance, grandeur, eternité, sagesse, and bonté ne peut estre compris, que par celuy qui est infiny, and quil n'y a rien infiny que Dieu; Aussi faut il cõfesser par necessité, qu'il n'y a que Dieu qui peut rendre raison de toutes choses. Car il faut vne science infinie, qui ne peut estre ny és hommes, ny és Anges, ny en crea ture du monde. C'est pourquoy Aristote au premier liure de sa Metaphysique, où il traicte des esprits and intelligences, confesse qu'on ne peut cognoistre la verité, pour l'imbecillité de l'esprit humain, qui est bien recognoistre l'ignorance de tous en general, and non pas la sienne en particulier: car au mesme -notes- 9li. 6. Physic et 8. Met.cph.
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liure il dict2, qu'il
liure il dict2, qu'il ne taut point chercher de raison, où il n'y a point de raison. Voyla ces mots. Comme Pline en cas pareil dit au liure tre (02) teseptiéme, chapitre quatriesme, Non vlla in parte ratio, sed voluntas naturæ quære (02) da. Qui est vne incongruité notable à vn Philosophe de dire qu'il se face quelque chose sans raison, and sans cause, and vne arrogance insupportable, de dire qu'il n'y a point de cause: ce qu'on voit quãd on ne la sçait pas, plustost que de confesser son ignorãce, cõme a tresbien confessé Alexandre Aphrodisien, disant que nature a reserué à son secret la raison pourquoy le bruit de la lime re (02) d les dents stupides. Or la plus belle louange qu'on peut rendre à Dieu, c'est de confesser sa propre ignorance, and c'est faire iniure à Dieu, de ne recognoistre pas la foiblesse de sõ cerueau. C'est póurquoy apres tous les discours de Iob, and de ses amis, où il dispute des faits de Dieu, lors qu'il pensoit auoir attaint la verité, Dieu luy apparut en vision, and commença à parler en ceste sorte. Qui est cest homme ignorant, qui par ses discours sans propos obscurcit les uures du souuerain? Puis discourãt de la hauteur, grãdeur and mouuement terrible des cieux, de la force des astres, des loix du ciel sur la terre, de la terre fondee sur les eaux, des caux suspendues au milieu du monde, and autres merueilles que vn chacun voit, il monstre que toute la science humaine est pleine d'ignorance. Plusieurs donnent louange de sçauoir à Aristote commeil est certain qu'il a beaucoup sçeu, and non pas toutesfois la milliesme partie des choses naturelles. Car tous les Philosophes Hebrieux4 and Academiques, ont mõstré qu'il n'a rie (02) veu és choses intelligibles, and des choses naturelles qu'l a ignoré les plus belles veu qu'il n'a pas sçeu seulement le nõbre des cieux, que l'Escriture saincte a remarqué par les dix courtines du Tabernacle, qui est le modele de ce monde. Et quand il est dict: Les cieux sont les uures de tes doigts, qui sont en nombre de dix, car tousiours és autres endroits il dict, uures des mains de Dieu: ce que tous les Philosophes and Mathematiciens ont ignoré iusques à ce qu'il a esté demõstré par Iean de Realmont. Et mesme Aristote n'a pas seulement ente (02) du l'ordre des Planettes, veu qu'il met Venus and Mercure defsus le Soleil, contre ce que Ptolemee depuis a demonstré, n'y -notes- 2lib. 4. and li. 6. and 7. Metaphysis. 4Rabi Maymon. li. 2. Nemore.
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liure il dict2, qu'il ne taut point chercher de raison, où il n'y a point de raison. Voyla ces mots. Comme Pline en cas pareil dit au liure tre (02) teseptiéme, chapitre quatriesme, Non vlla in parte ratio, sed voluntas naturæ quære (02) da. Qui est vne incongruité notable à vn Philosophe de dire qu'il se face quelque chose sans raison, and sans cause, and vne arrogance insupportable, de dire qu'il n'y a point de cause: ce qu'on voit quãd on ne la sçait pas, plustost que de confesser son ignorãce, cõme a tresbien confessé Alexandre Aphrodisien, disant que nature a reserué à son secret la raison pourquoy le bruit de la lime re (02) d les dents stupides. Or la plus belle louange qu'on peut rendre à Dieu, c'est de confesser sa propre ignorance, and c'est faire iniure à Dieu, de ne recognoistre pas la foiblesse de sõ cerueau. C'est póurquoy apres tous les discours de Iob, and de ses amis, où il dispute des faits de Dieu, lors qu'il pensoit auoir attaint la verité, Dieu luy apparut en vision, and commença à parler en ceste sorte. Qui est cest homme ignorant, qui par ses discours sans propos obscurcit les uures du souuerain? Puis discourãt de la hauteur, grãdeur and mouuement terrible des cieux, de la force des astres, des loix du ciel sur la terre, de la terre fondee sur les eaux, des caux suspendues au milieu du monde, and autres merueilles que vn chacun voit, il monstre que toute la science humaine est pleine d'ignorance. Plusieurs donnent louange de sçauoir à Aristote commeil est certain qu'il a beaucoup sçeu, and non pas toutesfois la milliesme partie des choses naturelles. Car tous les Philosophes Hebrieux4 and Academiques, ont mõstré qu'il n'a rie (02) veu és choses intelligibles, and des choses naturelles qu'l a ignoré les plus belles veu qu'il n'a pas sçeu seulement le nõbre des cieux, que l'Escriture saincte a remarqué par les dix courtines du Tabernacle, qui est le modele de ce monde. Et quand il est dict: Les cieux sont les uures de tes doigts, qui sont en nombre de dix, car tousiours és autres endroits il dict, uures des mains de Dieu: ce que tous les Philosophes and Mathematiciens ont ignoré iusques à ce qu'il a esté demõstré par Iean de Realmont. Et mesme Aristote n'a pas seulement ente (02) du l'ordre des Planettes, veu qu'il met Venus and Mercure defsus le Soleil, contre ce que Ptolemee depuis a demonstré, n'y -notes- 2lib. 4. and li. 6. and 7. Metaphysis. 4Rabi Maymon. li. 2. Nemore.
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pas vn seul mouuement des astres. Et sans aller si haut, and à fin qu'on ne cherche pas en Aristore la verité des Demons and choses supernaturelles, on void que la pluspart des choses naturelles luy ont esté incogneuës: comme la salure de la mer, que le5 Prince de la Mirãde, surnõmé le Phenix de sõ aage, a attribué à la seule prouidéce de Dieu. Et neãtmoins l'origine des fõtaines dõnee par Aristote est encores pl9 absurde. C'est à sçauoir qu'elles prouie (02) nent de putrefactiõ de l'air, és cauernes de la ter re, veu les grosses and inepuissables sources, fõtaines, and riuicres qui ont cours perpetuel, and que tout l'air du monde corrompu ne sçauroit engendrer en cent ans l'eau qui en sort en vn iour. Les Philosophes Hebrieux, and mesme Salomon, ont monstré qu'elles prouienne (02) t de la mer, comme les veines du corps humain prennent origine du foye. Et souuent on voit en nature les effects produits contre toute raison naturelle: comme on voit la neige, qui est vne eau glacee, rechauffer la terre, and guarantir les bleds de la gelee, and la bruine froide à merueilles rostir and brusler les bleds and bourgeõs comme en vn four, and pour ceste cause dit Feste Pompee, pruina, s'appelle à perurendo: and la saincte Escriture entre les merueilles de Dieu raconte celle cy au Psalme cent dixsept, Qui dat niuem sicut lanam, and pruinam sicut cinerem spargit, que Buchanan a traduit ainsi: qui niuibus celsos operit seu vellere montes, densas pruinas cineris instar dücit. Et Theodore de Beze. Qui couure les mons and la plaine, De neige blanche comme laine, Et qui vient la bruiue espandre, Tout außi menu comme cendre, Mais ils n'ont point touché ce beau miracle. Car bóne pattie des laines sont notoires, and la bruine ne ressemble en rien aux cendres. Mais on pourroit ainsi tourner. Qui de neige eschaufse la plaine, Comme d'vne robe de laine, Et de bruine les bourgeons tendres, Rotist comme d'ardent's cendres. Aussi Albert à monstré l'erreur d'Aristote touchant l'arc au ciel, en ce qu'il dict, qu'il n'aduient poinct la nuict, chose notoirement -notes- 5Ioan Pierre in position.
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faulse, and par conseque (02) t aussi la raison d'Aristote, comme à vray dire, il n'y a ny rithme ny raison. Car il faudroit par mesme raison, que toutes les nuees fussent de mesme couleur. Ie laisse mille merueilles de nature, dont la cause n'est encores descouuerte. C'est pourquoy le Cardinal C'usan, des premiers hommes de son aage, à touché au doigt la varieté, ambiguité, and incertitude de la doctrine d'Atistore, and au parauant luy, le Cardinal Bessarion.6 Et sur tous le Cardinal d'Aliac ou d'Ailly, à soustenu and discouru par viues raisons, qu'il n'y à pas vne seule demonstration necessaire en Aristore, horsmis celle par la[que] (17) lle il a demõstre qu'il n'y auoit qu'vn Dieu, and bie (02) peu d'autres qu'il a remarquees. Et quãt à la7 demõstratiõ de l'eternité du mõde d'Aristote, qui a esté le premier, and seul entre les Philosophes anciens de ceste opinion, elle est pleine d'ignorance comme Plutarque, 8 Galen,9 les Stoiciens,1 les Academiques2 ont monstré: and mesmes les Epicuriens3 s'en sont mocquez, and entre les Hebrieux le Rabin Maymon,4 lequel pour son sçauoir excellent, a esté surnõmé la grande Aigle, a discouru fort doctement l'impossibilité de la demonstration d'Aristote, and Philopone en quatorze liures en Grec, qu'il a faict contre Procle Academicien, qui meritoient brief estre traduicts, touchãt ce subiet: Et depuis aussi Thomas d'Aquin a remarqué l'impos sibilité de ceste demonstration par autres argumens, que ie passeray pour ceste heure, l'ayant traicté en autre lieu.G1 Et toures fois and quantes qu'Aristote s'est trouué en quelque lieu, duquel il ne pouuoit sortir, il a meslé si bien la fusee, que personne ne peut deuiner ce qu'il a voulu dire, comme on peut voir au premier chapitre de la physique, and au liure de l'Ame, où l'Escot des plus subtils Philosophes qui fut oncques, a remarqué la contrarieté incompatible des raisons d'Aristote, desquelles les vns ont tiré la corruption d'icelle, comme Dicearque du temps mesmes d'Aristote, l'Epicure Atticus, Aphrodiseus, Simon Portius, and Pomponatius.G2 Et au cõtraire, des mesmes raisons Theophraste, Themiste, Philopone, Simplice, Thomas d'Aquin, le Prince de la Mirande ont cõclud l'immortalité des ames, and les Arabes mesmement. Auerrois a conclud l'vnité de l'intellect de la nature humaine des mesmes lieux d'Aristote. -notes- 6in li. 1. sen sens. q. 3. 7li. 1. de sæla. 8in lib. [Greek omitted] 9in li. 2. placitis Hippocratis. 1Plutarque in placu. Phil. 2Plato in Timao, and Philopon. li. 14. contra Proclu (05) . 3Lucretius and Plusarch. in placitis. 4li. 2. Nemore Haneboq. G15.li. 2. di. 1. q. 3 G26.Li. de Methodo hist. c. 6. o.li. 4.
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En quoy on peut iuger, qu'Aristore n'a pas veu les beaux secrets de nature, ce que les anciens ont bien remarqué, figurant au derriere de sa medaille, vne femme qui à la face couuerte d'vn voile nommee Physis c'est à dire Nature: signifiant que la beauté de nature luy a esté couuerte, and qu'il n'a veu que l'exterieur des vestemens. Aussi dict on qu'il se precipita en la mer comme Procope0 pour n'auoir sceu ente (02) dre pourquoy la mer au destroit de Negrepont en vingt and quatre heures a sept flux and autant de reflux. Et si les plus beaux tresors de nature nous sont cachez, comment pourrons nous attaindre aux choses supernaturelles, and intelligibles: C'est pourquoy Heraclite le premier, comme escrit Plutarque, and apres luy Theophraste, disoit que les plus belles choses du monde sont ignorees par l'arrogance des hommes, qui ne veulent rien croire des choses dont l'esprit humain ne peut comprendre la raison: Entre lesquelles on peut mettre les actions estranges des malings esprits, and des Sorciers, qui passent l'esprit humain, and les causes naturelles. Mais tout ainsi qu'à bon droict on reputeroit fol and insensé celuy qui voudroit nier que la Calamité ou l'aimant, ne donnast pas vne impression à l'aguille pour la tourner vers la bise, pour n'entendre pas la raison: ou qui ne voudroit confesser que la torpille,6 estant entree és filets: ne rende les mains puis les bras and en fin tout le corps des pescheurs endormy and stupide, pour ne sçauoir la raison: Aussi doit on reputer pour fols and insentez, ceux là qui voyent les actions estranges des Sorciers, and des esprits, and neantmoins parce qu'ils ne peuuent comprendre la cause, ou qu'elle est impossible par nature, n'en veulent croire. Car mesme Aristote7 se trouuant estonné de plusieurs choses dont il ne sçauroit la cause, dict que celuy qui reuoquera en doute ce qu'on voit, il ne dira pas mieux que les autres. Et le mesme Autheur aussi bien qu'Auerroes au li.8. de la Physique disent que le peuple ignorant ne croit que ce qu'il touche. Or nous voyons qu'Orphee, qui a esté enuiron douze ce (02) s ans de uant lesus-Christ, and apres luy Homere, qui sont les promiers autheurs entre les payens, ont laissé par escrit les. Sorcelleries, Necromanties, and charmes qu'on faict à present. On voit en la Loy de Dieu, publiee plus de deux ans deuãt Orphee les Sorciers -notes- 6Græci [Greek omitted] Launi Torpe dinem abeffectu appellans miraculu (05) naturæ vsuatissimum. 7Arist in Eth. Nicoma. [Greek omitted]
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de Pharaon contre-faire les uures de Dieu. On void la Sorciere de Saul euoquer les esprits, les faire parler: Les deféces portees en la loy2 de Dieu d'aller aux Deuins, Sorciers, Pithons, où toutes les sortes de sorcelleries, and diuinations sont specifiees, pour lesquelles Dieu declare, qu'il auoit exterminé de la terre les Amortheans, and Chananeans. Et pour lesquelles forcelleries Iehu fist mãger aux chiens la royne Iesabel, apres l'auoir fait precipiter de son chasteau. On voit aussi les peines establies contre les Sorciers és loix des douze tables, que les Ambassadeurs des Romains auoie (02) t extraittes des loix Grec[quae] (16) s, on voit encores les plus cruelles 3 peines qui soie (02) t entoutes les constitutions des Empereurs Romains, estre establies contre les Sorciers, où ils sont appellez ennemis de nature, ennemis du genre humain, and malefiques4 pour les meschancetez grandes qu'ils font, and les imprecations abhominables portees par les loix, qui ne se trouuent en loix quelconques, sinon contre les Sorciers que5 la peste cruelle (dit la loy) puisse esteindre, and consumer. On voit les histoires Grecques, Latines, anciénes modernes de tous les pays, and de tous les peuples, qui ont laissé par escrit les choses que font les Sorciers and les mesmes effects en diuers pays, and l'ecstase en l'esprit, and le transport en corps and en ame des Sorciers, commis par les malins esprits en pays esloingné, and puis rapportez par les malings esprits en peu d'heure. Ce que toutes les Sorcieres confessent d'vn commun consentement, ainsi qu'on peut voir és liures des Allemãs, Italiens, François, and autres natiõs. Ce que Plutarque6 a laissé par escrit d'Aristeus Proconesien, and de Cleomede Astipalian: Herodote d'vn Philosophe Atheiste, Pline d'vn Hermon Clazomenien: Philostrate d'Apollonius Thianeus, and toutes les histoires des Romains ont certifié de Romule, lequel deuãt toute son armee fut emporté en l'air: Comme nous lisons en noz Chroniques0 estre aduenu à vn Comte de Mascon: Et s'est trouué par insinis procez, que plusieurs faisant comme les Sorciers, and se trouuans transportez en peu d'heure à cent ou deux cens lieues de leur maison, voyant les assemblees des Sorciers, auroie (02) t appellé Dieu en leur ayde. Et aussi tost l'assemblee des -notes- 2Bxo.c. 2. Lcuit. 20. and 27. Deut. 18. Hie 27. et. 19. et. 50. Nahú. 3. and 4. Reg. c. 9. and 2. Paral.c. 33. Iesa. 3.4. and 8. and 47. Num. 23. and 4. Re. 23. 3Tat. tit.de Alalef.C. 4ob malesicioram magnitudsnem malefici appel lantur, l. 3. de malef. C. 5l. Neminem rodem tit. Qos seralis pestis absumet 6Plutar. in vita Rom. 0Hug. Flor.
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malins esprits, and des Sorciers s'esuanoüissoit, and se sõt trouuez seuls, and retournez en leur maison à lógues iournees. Brief on voit les procés faits contre les Sorciers d'Allemagne, de Frãce, d'Italie, d'Espagne, en ce [que] (17) nous auõs par escrit7 and voyons par chacun iour les tesmoignages infinis, les recollemens, confrõtations, conuictions, cõfessions, esquelles ont persisté iusques à la mort ceux qu'on a executez; qui pour la pluspart sont gens du tout ignorans ou vieilles femmes, qui n'auoie (02) t pas veu Plutarque, ny Herodote, ny Philostrate, ny les loix des autres peu ples, ny parlé aux Sorciers d'Allemaigne and d'Italie, pour s'accorder si bien en toutes choses, and en tous poincts comme elles font. Elles n'auoint pas veu S. Augnstin au x v. liure de la Cité de Dieu, qui dict, qu'il ne faut aucunemét douter and qu'il seroit bien impudent, qui voudroit nier, que les Demõs and malings esprits, n'ayent copulation charnelle auec les femmes, que les Grecs, pour ceste cause appellent Ephialtes, and Hyphialtes, les Latins, Incubes, Succubes and Syluans: Les Gaulois, Dusios (c'est le mot duquel vse S. Augustin) les vns en guise d'homme, les autres en guise de femme, la quelle copulation toutes les Sorcieres sont d'accord qu'elle se faict, nõ point en dormant, ains en veillant: qui est pour monstrer que ce n'est point l'oppression de la quelle parle (02) t les Medecins, qui demeurent tous d'accord qu'elle n'aduient iamais sinon en dormant. Et qu'il setoit aussi impossible que la mesme chose aduint aux Succubes, comme aux Incubes. Encores est-il bien estrange que ces Sorciers deposent and demeurent d'accord, and que les malings esprits se monstrans en forme d'homme, ordinairement sont noirs, and plus hauts que les autres, ou petits comme Nains: ainsi que Georges8 Agricola des premiers hommes de son aage, a laissé par escrit. Or les Sorciers que nous disons n'auoiét pas veu ce que dict Valere Maxime, au premier liure parlant de Cassius Parmensis; auquel se presenta vn homme haut, and fort noir, and interrogé qu'il estoit, il dist, se [Greek omitted] esse, e'est à dire, qu'il estoit mauuais Demõ. Aussi les Sorciers n'ont pas veu les Histoires de Pline le Ieune és Epistres de Plutarque, Florus, Appian, and de Tacite, où ils parlent de Curtius Ruffus Proconsul d'Affrique, and Dion, and de Brutus, qui eurent -notes- 7Spranger in Maleo. Paulus Gullandus. 8in li. de Spiritibus subterraneis.
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semblables visions
semblables visions en veillant, ny l'histoire'memorable6 de Philosophe Athenodore, qui eut mesme vision d'vn maling esprit en veillant en forme d'homme haut and noir enchainé, qui luy monstra l'endroict où estoient cinq corps meurtris, au logis qui demeuroit inhabité à cause du malin esprit, cõme il est aussi reciré en Suetonc2 apres le meurtte de l'Empereur Caligula, and en Plutarque3 apres la mort de Damon, and de Remus, apres la mort desquels, les esprits rendoie (02) t les lieux inhabitez, que les Latins appelloient Remures, and par mutation de Liquide Lemures, à cause de Remus. I'ay dict au commencement que Ieanne Haruillier auoit confessé, que le Diable s'estoit tousiours apparu à elle en guise d'homme haut and noir. Ie mettray encores ceste histoire, qui est aduenuë le secondiour de Feurier, mil cinq cens septante and huict. Catherine Doree femme d'vn laboureur demeurant à C uures pres de Soissons, estant interrogee par Hunaut, Bailly de C uures, pourquoy elle auoit couppé la teste à deux ieunes fillettes, l'vne qui estoit sapropre fille, l'autre la fille de sa voisine, respondit, que le Diable s'estant monstré à elle en forme d'homme grand, and fort noir, l'auoit incitce à ce faire, luy presentant la serpe de son mary. Elle fut iugee à Compiegne, and depuis executee à mort. Ie deduiray en son lieu la conuenance and accord perpetuel d'histoires semblables des peuples diuers, and en diuers siecles r'apportees aux actions des Sorciers, and à leurs confessions. Il ne fault donc pas s'opiniastrer contre la verité, quãd onvoit les effects, and qu'on ne sçait pas la cause. Car il faut arrester son iugement, à ce qui se faict, c'est à dire, [Greek omitted], quand l'esprit humain ne peut sçauoir la cause, c'est à dire, [Greek omitted], qui sont les deux moyens de monstrer les choses. Et mesme Platon4 quoy qu'il fust grand personnage, and comme il a esté surnommé Diuin,: quãd il vient à discourit des actions des Sorcieres, qu'il auoit dilige (02) ment recherchees, and examinees en l'onziesme liure dés loix, dict: que c'est chose difficile à congnoistre, and quand on la cognoist, il est difficile à persuader, and plusieurs, dit-il, se mocquent quand on leur dist, que les Sorcieis vsent d'images de cire, qu'ils mettent aux sepulchres, and aux carrefours, and enterrent soubs les portes, and qui par charmes, enchantemens, -notes- 6Plin. 2. in Epast. 2in Calagula. 3Platare in Vita Cimonis. 4Verba Platonis, li. 12. de legibus. [Greek omitted] vide. cætera.
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semblables visions en veillant, ny l'histoire'memorable6 de Philosophe Athenodore, qui eut mesme vision d'vn maling esprit en veillant en forme d'homme haut and noir enchainé, qui luy monstra l'endroict où estoient cinq corps meurtris, au logis qui demeuroit inhabité à cause du malin esprit, cõme il est aussi reciré en Suetonc2 apres le meurtte de l'Empereur Caligula, and en Plutarque3 apres la mort de Damon, and de Remus, apres la mort desquels, les esprits rendoie (02) t les lieux inhabitez, que les Latins appelloient Remures, and par mutation de Liquide Lemures, à cause de Remus. I'ay dict au commencement que Ieanne Haruillier auoit confessé, que le Diable s'estoit tousiours apparu à elle en guise d'homme haut and noir. Ie mettray encores ceste histoire, qui est aduenuë le secondiour de Feurier, mil cinq cens septante and huict. Catherine Doree femme d'vn laboureur demeurant à C uures pres de Soissons, estant interrogee par Hunaut, Bailly de C uures, pourquoy elle auoit couppé la teste à deux ieunes fillettes, l'vne qui estoit sapropre fille, l'autre la fille de sa voisine, respondit, que le Diable s'estant monstré à elle en forme d'homme grand, and fort noir, l'auoit incitce à ce faire, luy presentant la serpe de son mary. Elle fut iugee à Compiegne, and depuis executee à mort. Ie deduiray en son lieu la conuenance and accord perpetuel d'histoires semblables des peuples diuers, and en diuers siecles r'apportees aux actions des Sorciers, and à leurs confessions. Il ne fault donc pas s'opiniastrer contre la verité, quãd onvoit les effects, and qu'on ne sçait pas la cause. Car il faut arrester son iugement, à ce qui se faict, c'est à dire, [Greek omitted], quand l'esprit humain ne peut sçauoir la cause, c'est à dire, [Greek omitted], qui sont les deux moyens de monstrer les choses. Et mesme Platon4 quoy qu'il fust grand personnage, and comme il a esté surnommé Diuin,: quãd il vient à discourit des actions des Sorcieres, qu'il auoit dilige (02) ment recherchees, and examinees en l'onziesme liure dés loix, dict: que c'est chose difficile à congnoistre, and quand on la cognoist, il est difficile à persuader, and plusieurs, dit-il, se mocquent quand on leur dist, que les Sorcieis vsent d'images de cire, qu'ils mettent aux sepulchres, and aux carrefours, and enterrent soubs les portes, and qui par charmes, enchantemens, -notes- 6Plin. 2. in Epast. 2in Calagula. 3Platare in Vita Cimonis. 4Verba Platonis, li. 12. de legibus. [Greek omitted] vide. cætera.
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and liaisons font choses emerueillables.
and liaisons font choses emerueillables. Nos Sorciers n'ont pas esté en Grece, ny leu Platon, pour faire des images de eire, par le moyen desquelles, and des coniurations qu'elles font, elles tuent les personnes à l'aide de Sathan, comme il s'est verisié par infinis procés, ainsi que nous dirons, and mesmele procés des Sorcieres d'Alençon, pour faire mourir leurs cnnemis: and le procés d'Enguerand de Marigny estoit principaleme (02) t fondé sur des images de cire coniurees, par le moyen desquelles il estoit accusé d'auoir voulu tuer le Roy. Comme il cst encores nouuelleme (02) t aduenu d'vn prestre Sorcier d'Angleterre, and Curé d'vn village, qui s'appelle Istinction, demie lieuë pres de Londres, qui a esté trouué saisi au mois de Septe (02) bre, mil cinq cens septante-huict, de trois images de cire coniurees, pour faire mourir la Royne d'Angleterre, and deux autres proches de sa personne. Vray est quand l'aduis est venu d'Angleterre, le faict n'estoit pas encores bien aueré. Or combien que Platon ne sçeust aucunement la cause de telles choses, si est-ce qu'il a tenu cela pour certain and indubitable, and aux loix de sa Republique il a estably peine de mort contre les Sorciers, qui ferõt mourir hõmes ou bestes par magie, le quel homicide il a tresbié distingué des autres homicides sans magie. Comment en cas pareil Philon Hebrieu au liure [Greek omitted]. Les ignorans pensent qu'il est impossible: Les Atheistes and ceux qui contrefont les sçauans, ne veulent pas confesser ce qu'ils voyent, ne sçachans dire la cause, à fin de ne sembler ignorans. Les Sorciers s'en mocquent pour deux raisons, l'vne pour oster l'opinion qu'ils soyent du nombre: l'autre pour establir par ce moyen le regne de Sathan: Les fols and curieux en veulent faire l'essay: comme il aduint en Italie, en la ville de Come n'a pas long temps, ainsi que recite Syluestre Prieras, que l'Official and l'lnquisiteur de la Foy ayant grand nóbre de Sorcieres qu'ils tenoient en prison, and qui ne pouuoie (02) t croire les choses estranges qu'elles disoient, ils en voulurent faire la preuue, and se firent mener par l'vne des Sorcieres, and se tenãs vn peu à l'escart, ils virent toutes les abhominations, hommages au Diable, danses, copulations, and en fin le Diable qui faisoit semblant ne les auoir pas veuz, les battit tãt, qu'ils en moururent
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and liaisons font choses emerueillables. Nos Sorciers n'ont pas esté en Grece, ny leu Platon, pour faire des images de eire, par le moyen desquelles, and des coniurations qu'elles font, elles tuent les personnes à l'aide de Sathan, comme il s'est verisié par infinis procés, ainsi que nous dirons, and mesmele procés des Sorcieres d'Alençon, pour faire mourir leurs cnnemis: and le procés d'Enguerand de Marigny estoit principaleme (02) t fondé sur des images de cire coniurees, par le moyen desquelles il estoit accusé d'auoir voulu tuer le Roy. Comme il cst encores nouuelleme (02) t aduenu d'vn prestre Sorcier d'Angleterre, and Curé d'vn village, qui s'appelle Istinction, demie lieuë pres de Londres, qui a esté trouué saisi au mois de Septe (02) bre, mil cinq cens septante-huict, de trois images de cire coniurees, pour faire mourir la Royne d'Angleterre, and deux autres proches de sa personne. Vray est quand l'aduis est venu d'Angleterre, le faict n'estoit pas encores bien aueré. Or combien que Platon ne sçeust aucunement la cause de telles choses, si est-ce qu'il a tenu cela pour certain and indubitable, and aux loix de sa Republique il a estably peine de mort contre les Sorciers, qui ferõt mourir hõmes ou bestes par magie, le quel homicide il a tresbié distingué des autres homicides sans magie. Comment en cas pareil Philon Hebrieu au liure [Greek omitted]. Les ignorans pensent qu'il est impossible: Les Atheistes and ceux qui contrefont les sçauans, ne veulent pas confesser ce qu'ils voyent, ne sçachans dire la cause, à fin de ne sembler ignorans. Les Sorciers s'en mocquent pour deux raisons, l'vne pour oster l'opinion qu'ils soyent du nombre: l'autre pour establir par ce moyen le regne de Sathan: Les fols and curieux en veulent faire l'essay: comme il aduint en Italie, en la ville de Come n'a pas long temps, ainsi que recite Syluestre Prieras, que l'Official and l'lnquisiteur de la Foy ayant grand nóbre de Sorcieres qu'ils tenoient en prison, and qui ne pouuoie (02) t croire les choses estranges qu'elles disoient, ils en voulurent faire la preuue, and se firent mener par l'vne des Sorcieres, and se tenãs vn peu à l'escart, ils virent toutes les abhominations, hommages au Diable, danses, copulations, and en fin le Diable qui faisoit semblant ne les auoir pas veuz, les battit tãt, qu'ils en moururent
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quinze iours apres. Les autres ont renoncé à Dieu, and se sont vouez à Sathan pour faire l'ex perie (02) ce. Mais il leur aduint comme aux bestes, qui entrent en la cauerne du Lyon, qui ne retournent iamais. Or les hommes qui ont la crainte de Dieu, apres auoir veu les histoires des Sorciers, and conte (02) plé les merueilles de Dieu en tout ce monde, and leu diligemment sa loy, and les histoires Sacrees, ne reuoquent point en doute les choses qui semblent incroyables au sens humain, faisant iugement, que si plusieurs choses naturelles sont incroiables, and quel ques vnes incomprehe (02) sibles, à plus forte raison la puissance des intelligences supernaturelles, and les actions des esprits est incõp: chensible. Or nous voyons des choses en nature estranges, neantmoins qui se font ordinairement, comme d'enuironner la terre and la mer, ce que font noz marçhans, and courir la poste pieds contremont, qui a semblé ridicule à Lactãce, and à S. Augustin, lesquels ont nié qu'il y eust des Antipodes, chose toutes fois aussi certaine, and aussi bien demõstree que la clarté du Soleil, and ceux qui disoient qu'il est impossible que l'esprit maling tra (01) sporte phóme à cét ou deux cés lieuës desa maison, n'ót pas consideré, que tous les cieux and tous ces grands corps celestes font leur mouuement en vingt and quatre heures, c'est à dire, deux cens quarante and cinq millions, sept cens nonante and vn mil, quatre cens quarãte lieuës à deux mille pas la lieüe, comme ie demõstreray au dernier chap. S'ils disent qu'on void cela par chacun iour, and qu'il faut s'arrester au sens, ils confesseront doncques qu'il faut croire and s'arrester aux actions des esprits contre le cours de nature, puis que nous ne pouuõs pas mesmes comprendre les merueilles de nature que nous voyõs assiduellement deuant noz y eux, attendu mesmement que les Philosophes ne sont pas d'accord en quoy gist la marque de verité qu'ils appellent [Greek omitted]. Les Philosophes dogmatiques mette (02) t la reigle, pour cognoistre le vray du faux aux cinq sens rapportez à la raison: Platõ and Democrite reiettent les sens, and disent que l'intellect est seul iuge de la verité. Theophraste mettoit entre les sens and l'intellect, le sens commun qu'il appelloit [Greek omitted]. Mais les Sceptiques voyãs qui'l n'entre rien en l'ame raisonnable, qui n'ait premierement esté
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perçeu par le sens, and que les sens
perçeu par le sens, and que les sens nous abusét, ils ont teno qu'õ ne peut rien sçauoir. Car il disoient, quesi la maxime d'Aristote empruntee de Platon, que l'ame intellectuelle est comme la carte blanche1 propre à ietter les peinctures, and qu'il n'y a rien en l'ame qui nait premierement esté au sons, est veritable, qu'il est impossible de rien sçauoir. D'autát que le sens, qui est le plus clair, and le plus agu de rous les sens, est la veue, and neantmoins queles yeux sont faux tesmoins, comme disoit, le bon Heraclite,2 nous monstrant le Soleil d'vn ou deux pieds de grandeur qui est cent and soixante3 and six fois plus grand que la terre, and font voir en l'eau les choses beaucoup plus grandes qu'elles ne sont, and les bastons tortus qui sont droits: Et quant aux autres sens qu'ils sont tous differens aux ieunes and aux vieux, encores qu'ils soient bien sains. Car l'vn trouue chaud, ce que l'autre trouue froid: Et vne mesme personne en diuers temps rend diuers iugemens de mesines choses appliquees aux sens, comme il est tout notoire. Le premier quifist ceste ouuerture fut Socrate, qu'il dist qu'il ne sçauoit qu'vne chose, qui estoit qu'il ne sçauoit rien: Et depuis ceste secte print accroissement par le moyen d'Arcesilaus chef de l'Academie, and fur suiuy d'Aristõ, Pirrhon, Herile, and de nostre memoire par le Cardinal Cusan, aux liures qu'il a faict de la Docte ignorance. Et tout ainsi que les premiers s'appelloient par honneur Dogmatiques, c'est à dire; Docteurs, les seconds s'appelloient Septiques; ou Ephectiques, c'est à dire, Douteurs: lesquels mesmes ne vouloient pas confesser qu'ils ne seeussent rien: (comme Socrate auoit confessé) car en confessant qu'ils sçauoient tres bien qu'ils ne sçauoient rien, ils confessoient qu'on pouuoit sçauoir quelque chose. Tellement que si on leur demandoit, s'ils sçauoient que le feu fut chaud, ou que le Soleil fut clair, il respondoient qu'il y falloit penser: Comme Socrate qui disoit qu'il ne sçauoit s'il estoit homme ou beste. Et de faict Polyenus le plus grand Mathematicien de son aage, ayantouy les Sophisteries de l'Epicure, sur ce poinct confessa que toute la Geometrie ostoit fausse, laquelle touresfois on iuge la plus veritable de routes, and qui moins despend des sens, lesquels sens Aristore, à mis4 pour seul fondement de toutes sciences, and ausquels dit -notes- 1[Greek omitted] 2[Greek omitted] 3Prolomæus in Aiemagestib.lib.5. 4in posterio
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perçeu par le sens, and que les sens nous abusét, ils ont teno qu'õ ne peut rien sçauoir. Car il disoient, quesi la maxime d'Aristote empruntee de Platon, que l'ame intellectuelle est comme la carte blanche1 propre à ietter les peinctures, and qu'il n'y a rien en l'ame qui nait premierement esté au sons, est veritable, qu'il est impossible de rien sçauoir. D'autát que le sens, qui est le plus clair, and le plus agu de rous les sens, est la veue, and neantmoins queles yeux sont faux tesmoins, comme disoit, le bon Heraclite,2 nous monstrant le Soleil d'vn ou deux pieds de grandeur qui est cent and soixante3 and six fois plus grand que la terre, and font voir en l'eau les choses beaucoup plus grandes qu'elles ne sont, and les bastons tortus qui sont droits: Et quant aux autres sens qu'ils sont tous differens aux ieunes and aux vieux, encores qu'ils soient bien sains. Car l'vn trouue chaud, ce que l'autre trouue froid: Et vne mesme personne en diuers temps rend diuers iugemens de mesines choses appliquees aux sens, comme il est tout notoire. Le premier quifist ceste ouuerture fut Socrate, qu'il dist qu'il ne sçauoit qu'vne chose, qui estoit qu'il ne sçauoit rien: Et depuis ceste secte print accroissement par le moyen d'Arcesilaus chef de l'Academie, and fur suiuy d'Aristõ, Pirrhon, Herile, and de nostre memoire par le Cardinal Cusan, aux liures qu'il a faict de la Docte ignorance. Et tout ainsi que les premiers s'appelloient par honneur Dogmatiques, c'est à dire; Docteurs, les seconds s'appelloient Septiques; ou Ephectiques, c'est à dire, Douteurs: lesquels mesmes ne vouloient pas confesser qu'ils ne seeussent rien: (comme Socrate auoit confessé) car en confessant qu'ils sçauoient tres bien qu'ils ne sçauoient rien, ils confessoient qu'on pouuoit sçauoir quelque chose. Tellement que si on leur demandoit, s'ils sçauoient que le feu fut chaud, ou que le Soleil fut clair, il respondoient qu'il y falloit penser: Comme Socrate qui disoit qu'il ne sçauoit s'il estoit homme ou beste. Et de faict Polyenus le plus grand Mathematicien de son aage, ayantouy les Sophisteries de l'Epicure, sur ce poinct confessa que toute la Geometrie ostoit fausse, laquelle touresfois on iuge la plus veritable de routes, and qui moins despend des sens, lesquels sens Aristore, à mis4 pour seul fondement de toutes sciences, and ausquels dit -notes- 1[Greek omitted] 2[Greek omitted] 3Prolomæus in Aiemagestib.lib.5. 4in posterio
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qu'il faut s'arrester, and
qu'il faut s'arrester, and par vn recueil des indiuidus particuliers, composer les maximes vniuerselles, pour auoir les sciences, and la verite qu'on cherche.G1 Or s'il falloit adiouster foy aux sens tant sculement, la reigle d'Aristote demeureroit fause: car tous les hommes du monde, and les plus clairs, voyans confesseront que le Soleil est plus grand, and les choses qu'on void en l'eau plus petites qu'elles n'apparoissent: Et qu'il est faux que le baston foit rompu en l'eau, lequel apparoist tel à chacun. Aussi l'opinion de Platon and de Democrite faulse, qui ne s'arrestent qu'à l'intellect pour iuger la verité: Car il est impossible que l'homme aueugle puiste iuger des couleurs, ny le sourd des accords. Il faut donc s'arrester à l'opinion de Theophraste, qui a recours au sens commun, qui est moyen entre les sens and l'intellect, and rapporter à la raison comme à la pierre de touche, ce qu'on aura veu, ouy, gousté, and senty. Et d'autant plus qu'il y a des choses si hautes, and si difficiles à comprendre, qu'il n'y a que peu d'hommes qui en soient capables: en ce cas il faut croire chacun en sa science? Tellement que sitout le monde tenoit pour asseuré, que le Soleil and la Lune sont esgaux, comme il se (02) ble quand ils sont opposites au leuant, and au couchant: Si est-ce qu'il faudra tousiours se rapporter aux sages, and expers en la science, qui ont demonstré que le Soleil est plus grand que la terre cent soixante and six fois, and trois huictiesmes d'auantage, and plus grand que la Lune, six mil cinq cens quarante and cinq fois, and sept huictiesmes d'auantage, tout ainsi que les Iurisconsultes se rapportent aux Medecins2 en ce qui touche leur sciéce, and ne veulent rien determiner. Or les secrets des Sorciers ne sont pas si couuerts, que depuis trois mil ans on ne les ait descouuerts par tout le monde. Premierement la loy de Dieu, qui ne peut me (02) tir, les a declarez, and specifiez par le menu, and menassé d'exterminer les peuples qui ne feroient3 punition des Sorciers. Il faut done s'arre ster là, and ne faut pas disputer contre Dieu des choses que nous ignorons: Et neantmoins les Grecs, and les Romains, and autres peuples auant que d'auoir ouy parler de la loy de Dieu, auoient en mesme abomination les Sorciers and leurs actions, and les punissoient à mort, comme nous dirons en son lieu. Bref toutes lessectes du móde, dict S. Augustinont -notes- G1Anabticis, et l. 4. and 6 and 7. Metaph. 2l. 7. de statu hominu (05) l.2.de suis and legit. ff. Auth. de rest. sideicom. and ea quæ parit ximense l. Aediles aiu (05) t de Aedilitie edicto l.1.de ventre inspiciendo. 3Leuit.20.4. li. 13. de Ciui. Dei.
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qu'il faut s'arrester, and par vn recueil des indiuidus particuliers, composer les maximes vniuerselles, pour auoir les sciences, and la verite qu'on cherche.G1 Or s'il falloit adiouster foy aux sens tant sculement, la reigle d'Aristote demeureroit fause: car tous les hommes du monde, and les plus clairs, voyans confesseront que le Soleil est plus grand, and les choses qu'on void en l'eau plus petites qu'elles n'apparoissent: Et qu'il est faux que le baston foit rompu en l'eau, lequel apparoist tel à chacun. Aussi l'opinion de Platon and de Democrite faulse, qui ne s'arrestent qu'à l'intellect pour iuger la verité: Car il est impossible que l'homme aueugle puiste iuger des couleurs, ny le sourd des accords. Il faut donc s'arrester à l'opinion de Theophraste, qui a recours au sens commun, qui est moyen entre les sens and l'intellect, and rapporter à la raison comme à la pierre de touche, ce qu'on aura veu, ouy, gousté, and senty. Et d'autant plus qu'il y a des choses si hautes, and si difficiles à comprendre, qu'il n'y a que peu d'hommes qui en soient capables: en ce cas il faut croire chacun en sa science? Tellement que sitout le monde tenoit pour asseuré, que le Soleil and la Lune sont esgaux, comme il se (02) ble quand ils sont opposites au leuant, and au couchant: Si est-ce qu'il faudra tousiours se rapporter aux sages, and expers en la science, qui ont demonstré que le Soleil est plus grand que la terre cent soixante and six fois, and trois huictiesmes d'auantage, and plus grand que la Lune, six mil cinq cens quarante and cinq fois, and sept huictiesmes d'auantage, tout ainsi que les Iurisconsultes se rapportent aux Medecins2 en ce qui touche leur sciéce, and ne veulent rien determiner. Or les secrets des Sorciers ne sont pas si couuerts, que depuis trois mil ans on ne les ait descouuerts par tout le monde. Premierement la loy de Dieu, qui ne peut me (02) tir, les a declarez, and specifiez par le menu, and menassé d'exterminer les peuples qui ne feroient3 punition des Sorciers. Il faut done s'arre ster là, and ne faut pas disputer contre Dieu des choses que nous ignorons: Et neantmoins les Grecs, and les Romains, and autres peuples auant que d'auoir ouy parler de la loy de Dieu, auoient en mesme abomination les Sorciers and leurs actions, and les punissoient à mort, comme nous dirons en son lieu. Bref toutes lessectes du móde, dict S. Augustinont -notes- G1Anabticis, et l. 4. and 6 and 7. Metaph. 2l. 7. de statu hominu (05) l.2.de suis and legit. ff. Auth. de rest. sideicom. and ea quæ parit ximense l. Aediles aiu (05) t de Aedilitie edicto l.1.de ventre inspiciendo. 3Leuit.20.4. li. 13. de Ciui. Dei.
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decerné peines cõtte les Sorciers. Et s'il fautparler åux expers pour en sçauoir la verité, y en a il de plus expers que les Sorciers mesmes, lesquels depuis trois mil ans ont rapporté leurs actions, leurs sacrifices, leurs danses, leurs transports la nuict, leurs homicides, charmes, liaisons, and Sorcelleries, qu'ils ont cõfessé and persisté iusques à la mort? On voit en cela, que tous ceux qu'on a bruslé en Italie, en Allemagne, and en France, s'accordent de point en point: Or si le commun consentement de la loy de Dieu, des loix humaines de tous les peuples, des iugemens, conuictions, confessions, recoleme (02) s, confrõtations, executions: si le commun cõsentement des Sages, de suffist, qu'elle preuue demãderoit on plus grande? quand Aristote veut monstrer que le feu est chaud: c'est dit-il, qu'il semble tel aux Indois, aux Gaulois, aux Scites, and aux Mores. Quãd aux argume (02) s qu'õ peut faire au cõtraire, i'espere qu'vn chacun en fera satisfait par cy apres: Cependant nous laisserons ces maistres douteurs, qui doute (02) t si le Soleil est clair, si la glace est froide, si le feu est chau and quãd on leur demãde s'ils fçauent bien cõme ils s'appellent ils respondent qu'il faut y aduiser. Or il n'y a pas gueres moins d'impieté de reuoquer en doute, s'il est possible qu'il y ait des Sorciers, que reuoquer en doute s'il y a vn Dieu, celuy qui par sa loy a certisié l'vn, a aussi certifié l'autre. Mais le cõble de tous erreurs est prouenu de ce [quae] (16) les vns qui ont nié la puissance des esprits, and les actions des Sorciers, ont voulu disputer Physicalement des choses supernaturelles ou Metaphysiques, qui est vne incongruité notable. Car chacune science a ses principes and fondemens, qui sont diuers les vns des autres: le Physicien tiét que les atomes sout corps indiuisibles, qui est vn erreur intolerable entreles Mathematiciens, qui tiennent, and demõstret que le moindre corps du móde est diuisible en corps infinis, le Physicie (02) demõstre,2 qu'il n'y a rie (02) infiny, le Metaphysicie (02) tie (02) t que la premiere cause est infinie: Le Physicie (02) mesure le te (02) ps pas sé and futur par le nóbre du mouueme (02) t: le Metaphy sicie (02) pre (02) d l'eternité sans nõbre, ny te (02) ps, ny mouueme (02) r: Le Physicie (02) demõstre, qu'il n'y a rie (02) 3 en lieu du mõ de qui ne soit corps, and que rie (02) : ne peutsouffer mouueme (02) t [quae] (16) le corps, and qu'il n'y a toucheme (02) t que de corps à corps: le Metaphysicien demonstre qu'il y a des -notes- 2li. 2. [Greek omitted] 3lib. 4. and 6. [Greek omitted].
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esprits and Anges qui meuuent les cieux, and accidentalement souffrent mouuement au mouuement de leurs cieux comme Aristore4 confesse, and par consequent que les esprits ne sont pas par tout en me fine temps. Ainsque par necessité ils sont au lieu où leur action se faict paroistre: le Physicien demóstre que la forme naturelle n'est point deuant le subiect, ny hors de la matiere, and se perd du tout par corruption: Ce qu'Aristote dict generalement de toutes formes naturelles. Mais il demonstre que les formes Metaphysiques demeurent separees sans souffrir aucune corruption ny changement, and qui plus est le mesme autheur en sa Metaphysique4 dit que; la forme de l'hõme qui est l'intellect, vient de dehors vsant du mot2 [Greek omitted], and demeure apres la corruption du corps, d'auantage tous les Physiciens tiennent pour vn principe indubitable, que deux formes ne peuuent estre en vn subiect, ains que tousiours l'vne chasse l'autre, and qu'il n'y a iamais de transport ou commigration de formes d'vn corpsen l'autre, and neantmoins on void à l' il, que les Demons and malins esprits que les Peripatericiens appellent formes separees, se mette (02) t dedans le corps des hommes and des bestes parlant dedans leurs corps la bouche de l'hõ me close, ou la langue tiree hors iusques aux Larynges, and parlent diuers langages incogneuz à celuy qui est possedé de l'esprit: and qui plus est, ils parlent tantost dedans le ventre, tantost par les parties honteuses, que les anciens pour ceste cause appelloient [Greek omitted], and si on veut dire comme les Academiciens, que les Demons ont corps, il sera en cores plus estrange, and contre les principes de nature, qui ne souffrent pas qu'vn corps penetre l'autre: and toutesfois celà s'est veu de toute antiquité, and se void ordinairement en plusieurs personnes assiegees des esprits. C'est pourquoy Aristote dict, que les anciens n'ont pas voulu mesler la dispute de la Physique auec les sciences Meraphysiques: mettant les Mathematiques entre les deux, pour faire entendre, qu'il ne faut pas apporter les raisons naturelles au iugement des Sorciers, and des actions qu'ils ont auec les Demons and malins esprits. Et asin que le suiet, qui est de soy difficile and obscur soit mieux enten du, i'ay deuisé l' uure en quatre parties. Au -notes- 4li. 8. [Greek omitted]. 4lib. 12. 2li. 2. degeneras. animal. lib. 12. Metaphysic.
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premier liure l'ay parlé de la nature des esprits, and de l'association des esprits auec les hommes, and des moyens diuins pour sçauoir les choses occultes: puis des moyens natutels pour paruenir à mesme fin. Au secõd liure
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i'ay le plus sommairement qu'il a esté possible, touché les arts and moyens illicites des Sorciers, sans toutesfois que personne puisse tirer aucune occasion d'en faire mal son profit: ains seulement pour monstrer les pieges and filets desquels on se doit garder, and soulager les iuges qui n'ont pas loisir de rechercher telles choses: and lesquels neantmoins desire (02) t estre instruits pour asseoir iugeme (02) t. Au troisiesme liure i'ay parlé des moye (02) s licites and illicites pour preuenir ou chasser les sortileges. Au quatriesme liure de l'inquisition and forme de proceder cõtre les Sorciers, and des preuues requises pour les peines contre eux ordonnees. A la fin i'ay mis la refutation de Iean Wier, and la solution des argumens qu'on peut faire en ce traitté, rapportant tous mes discours aux reigles and maximes des anciens Theologiens, and à la determination faite par la faculté de Theologie de Paris le dixneufiesme iour de Septembre mil trois cens septante and huict que i'ay faict adiouster pour y auoir recours.
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DETERMINATIO PARISIIS FACTA PER ALMAM FACVLTATEM THEOLOGICAM, ANNO DOMINI M. CCCXVIII. SVper quibusdam superstitionibus nouiter exortis. PRÆFATIO. VNIVERSIS orthodoxæ fidei zelatoribus Cantellarius Ecclesiæ Parisiensis and facultas Theologiæ in alma vniuersitate Parisien, matre nostra cum integro diuini cultus honore spem habere in Domino: at in Vanitates and insanias falsas non respicere. Ex antiquis latebris emergens nouiter errorum f da colluuio recogitare commonuit: quòd plerumque veritas Catholica apud studiosos in sacris literis apertissima est: quæ cæteros latet, nimirum cum hoc proprium habeat omnis ars manifestà esse exercitatis in ea, sic vt ex eis consurgat illa maxima, Cuilibet in sua arte perito credendum esse. Hinc est orationum illud quod Hieronymus ad Paulinum scribens assumit: Quod medicorum est, promittant medici: tractent fabrilia fabri. Accedit ad hæc in sacris literis aliud speciale quod nec experientia and sensu constant aliæ artes, nec possunt ab oculis circumuolutis nube vitiorum facilè deprehendi. Excæcauit enim eos malitia eorum. Ait siquidem Apostolus quòd propter auaritiam multi errauerunt à fide: propterea non irrationabiliter idolorum seruitus ab eodem nominatur: alij propter ingratitudinem qui cum cogneuissent Deum: non sicut Deum glorificauerunt in omnem idololatriæ impietatem (sicut idem commemorat) corruerunt. Porro Salomonem ad idola, Didonem ad magicas artes pertraxit diro cupido. Alios postremò misera timiditas tota ex craslino pendens in obseruationes superslitiosissimas impiasque depulit: quemadmodum apud Lucanum de filio Pompei Magni, and apud hisloricos de plurimis notum est. Ita fit vt recedens peccator à Deo decliner in vanitates and insanias falsas, and ad eum qui pater est mendacij tandem, impudenter palámque apostatando se conuertat. Sic Saul à Domino
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derelictas Phytonissane cui prius aduersabatur, consuluir: sic Ochozias Deo Israel spreto, misit ad consalendum
derelictas Phytonissane cui prius aduersabatur, consuluir: sic Ochozias Deo Israel spreto, misit ad consalendum Deum Acharon. Sic denique cos omnes qui fide vel opere absque Deo vero sunt, vt à Deo falso ludis centur necesse est. Hanc igitur nefariam, pestiseram mortiferámque insaniarum falsarum cum suis hæresibus abominationem plus solito nosira ætare cernentes inualuisse, ne forsan Christianissimum regnum quod olim mons ro caruit and Deo protegente carebit, inficere valeat tam horrendæ impietatis and perniciosissimæ contagionis monstrum: Cupientes totis conatibus obuiure, memores insuper nostræ professionis: próque legis zelo succensi paucos ad hanc rem articulos damnationis cauterio (ne deinceps fallant incogniti (notaredecreuimus: rememorantes inter cætera innumera diclum illud sapentissimi doctoris Augustini de superstitiosis obseruationibus, Quod qui talibus credunt aut ad eorum domum enntes aut suis domibus introducunt aut interrogant, sciant se fidem Christianam and baptismum præuaricasse, and paganum and apostatam, id est, retro abeuntem and Dei inimicum and iram Dei grauiter incurrisse, nisi Ecclesiastica p ni: entia emendatus Deo reconcilietur. Hæc ille. Neque tamen intentio nosira est in aliquo derogare quibuscunque licitis and veris traditionibus, scientüs and artibus: sed insanos errores atque sacrilegos insipientium and ferales ritus pro quanto fidem orthodoxam and religionem Christianam lædunt, contaminant, inficiunt, radicitus quantum fas nobis est extirpare satagimus: and honorem suum sincerum relinquere veritati. ESTAVTEM primus articulus quòd perartes magicas and maleficia and inuocationes nefarias quærere familtaritates and amicitias and auxilia Dæmonu (05) nõ sit idololatria. Error. Quoniam dæmon aduersarius pertinax and implacabilis Dei and hominis iudicatur: nec est honoris vel domini cuiuscu (05) que diuini verè seu participatiuè vel aptitudinaliter susceptiuus vt aliæ creaturæ rationales non damnatæ: necin signo ad placitum instituto, vt sunt imagines and templa Deus in ipsis adoratur. Secundus articulus, quod dare, vel offerre, vel promittere Dæmonibus qualemcumque rem vt adimpleant desiderium hominis, aut in honorem eorum aliquid osculari vel portare non sit idololatria. Error. Tertius, quod inire pactum cum dæmonibus tacitum vel expressum non sit idololatria vel species idololatriæ vel apostasiæ.
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derelictas Phytonissane cui prius aduersabatur, consuluir: sic Ochozias Deo Israel spreto, misit ad consalendum Deum Acharon. Sic denique cos omnes qui fide vel opere absque Deo vero sunt, vt à Deo falso ludis centur necesse est. Hanc igitur nefariam, pestiseram mortiferámque insaniarum falsarum cum suis hæresibus abominationem plus solito nosira ætare cernentes inualuisse, ne forsan Christianissimum regnum quod olim mons ro caruit and Deo protegente carebit, inficere valeat tam horrendæ impietatis and perniciosissimæ contagionis monstrum: Cupientes totis conatibus obuiure, memores insuper nostræ professionis: próque legis zelo succensi paucos ad hanc rem articulos damnationis cauterio (ne deinceps fallant incogniti (notaredecreuimus: rememorantes inter cætera innumera diclum illud sapentissimi doctoris Augustini de superstitiosis obseruationibus, Quod qui talibus credunt aut ad eorum domum enntes aut suis domibus introducunt aut interrogant, sciant se fidem Christianam and baptismum præuaricasse, and paganum and apostatam, id est, retro abeuntem and Dei inimicum and iram Dei grauiter incurrisse, nisi Ecclesiastica p ni: entia emendatus Deo reconcilietur. Hæc ille. Neque tamen intentio nosira est in aliquo derogare quibuscunque licitis and veris traditionibus, scientüs and artibus: sed insanos errores atque sacrilegos insipientium and ferales ritus pro quanto fidem orthodoxam and religionem Christianam lædunt, contaminant, inficiunt, radicitus quantum fas nobis est extirpare satagimus: and honorem suum sincerum relinquere veritati. ESTAVTEM primus articulus quòd perartes magicas and maleficia and inuocationes nefarias quærere familtaritates and amicitias and auxilia Dæmonu (05) nõ sit idololatria. Error. Quoniam dæmon aduersarius pertinax and implacabilis Dei and hominis iudicatur: nec est honoris vel domini cuiuscu (05) que diuini verè seu participatiuè vel aptitudinaliter susceptiuus vt aliæ creaturæ rationales non damnatæ: necin signo ad placitum instituto, vt sunt imagines and templa Deus in ipsis adoratur. Secundus articulus, quod dare, vel offerre, vel promittere Dæmonibus qualemcumque rem vt adimpleant desiderium hominis, aut in honorem eorum aliquid osculari vel portare non sit idololatria. Error. Tertius, quod inire pactum cum dæmonibus tacitum vel expressum non sit idololatria vel species idololatriæ vel apostasiæ.
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Error. Et intendimus esse pactum implicitum in omni obseruatione superstitiosa, cuius effectus non debet à Deo vel natura rationabiliter expectari. Quartus, quod conari per artes magicas dæmonès in lapidibus, annulis, speculis aut imaginibus nomine eorum consecratis, vel potius execratis includere, cogere and arctare, vel eas velle viuificare, non sit idololatria. Error. Quintus quod licitum est vti magicis artibus, vel aliis quibuscunque superstitionibus à Deo and Ecclesia prohibitis pro quocunque bono fine. Error: quia secundum A postolum non sunt facienda mala vt bona eueniant. Sextus, quod licitum sit aut etiam permittendum maleficia maleficiis repellere. Error. Septimus, quod aliquis cum aliquo possit dispe (02) sare in quocun que casu, vt tahbus licite vtatur. Error. Octauus, quod artes magicæ and similes superstitiones and earu (05) obseruationessint ab Ecclesia irrationabiliter prohibite. Error Nonus, quod Deus per artes magicas and maleficia inducatur compellere dæmones suis inuocationibus obedire. Error. Decimus, quod thurificationes and suffumigationes quæ fiu (05) t in talium artium and maleficiorum exercitio, sint ad nonorem Dei and ci placeant. Error and blasphemia, quoniam Deus alias nõ veniret vel prohiberet. Vndecimus, quod talibus and taliter vti non est sacrificare seu immolare dæmonibus and ex consequenti damnabiliter idololatrare, Error. Duo de cimus, quod verba sancta and orationes quædam deuotæ and ieiunia and balneationes and continentia corporalis in pueris and aliis, and missarum celebratio: and alia opera de genere bonorum, quæ fiunt pro exercendo huiusmodi artes, excusent eas à malo and non potiùs accusent. Error: nam per talia sacræ res immo ipse Deus in Eucharistia dæmonibus tentatur immolari, and hæc procurat dæmon, vel quia vult in hoc honorari similis altissimo, vel ad fraudes suas occultandas, vel vt simplices illaqueet facilius, and damnabilius perdat. Decimustertius, quod sancti Prophetæ and alij sancti per tales artes habuerunt suas prophetias, and miracula fecerunt aut
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dæmones expulerunt. Error, and blasphemia. Decimusquartus, quod Deus per se immediate vel per bonos angelos talia malesicia sanctis hominibus reuelauerit. Error and blasphemia. Decimusquintus quod possibile est per tales attes cegere liberum hominis arbitrium ad voluntatem sea decidetium alterius. Error: and hoc conari sacere est impium and nesarium. Decimussextus, quodideo artes pre (11) fate (11) bonæ sunt and a Dco, and quod eas licet obseruare: quia per cas quando que vel sæpe euenit sicut vtentes eis quærunt vel prædicunt, quia bonum quando que prouenit ex eis. Error. Decimusseptimus, quod per tales artes dæmones veraeiter coguntur and compelluntur, and non potius ita se cogi singunt ad seducendos homines. Error. Decimusoctauus, quod per tales uttes and ritus impios, per sortilegia, per carmina and inuocationes dæmonum, per quasda insultationes and alia maleficia nullus vn guam effectus ministerio dæmonum subsequatur. Enror. Nam talia quando que permittit Deus cótingere: patuit in Magis l'haraonis and alibi pluries: vel quia vtentes, seu consulentes propter malam sidem and alia peccata nephanda, dati sunt in reprobum sensum and demerentur sic illudi. Decimusnonus, quod boni Angeli includantut in lapidibus and cõsecrent imagines vel vestimenta aut alia faciant quæ in istis artibus continentur: Error, and blasphemia. Vicesimus, quod sanguis vpupæ vel h di vel alterius animalis, vel pergamenum virgineum, vel corium conis, and similia habeant efficaciam ad cogendos vel repellèndos damones ministerio huiusmodi artium. Error. Vicesimus primus, quod imagines de ære, plumbo vel auro, dera alba vel rubea vel alia materia, baptizatæ, exorcizatæ, and consecratæ seu potius execratæ secundum prædictas artes, and sub certis diebus habent virtutes mirabiles, quæ in libris taliu (05) artium recitantur. Error in side and philosophia naturali and astronomia vera. Vicesimusse cundus, quod vti talibus and fidem dare non sit idololatria and infidelitas. Error.
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Vicesimusterrlus, quod aliquì dæmones boni funt, alijemnia seientes, alij
Vicesimusterrlus, quod aliquì dæmones boni funt, alijemnia seientes, alij ne saluati nec damnati. Error. Vicesimusquartus, quod suffamigationes quæ fiunt in huiusmodi operatiouibus conuertuntur in spiritus, aut quod sint debitæ eis. Error. Vicesimusquintus, quod vnus dæmonsie rex Orientis and præsertim suo merito and alius Occidentis, alius Septentrionis, aliius Meridie. Error. Vicesimussextus, quod intelligentia motrix c li influit in animam rationalem sicur corpus c li influit in corpus humanum. Error. Vicesimusseptimus, quod cogitationes nostræ intellectuales and volitiones nostræ interiores immediatæ causantur à c lo and quod per aliquam traditionem magicam tales possint sciri, and quod perillam de els certitudinaliter iudicare sir licitum. Error. Vicesimusoctauus articulus, quod per quaseunque artes magicas possimus deuenire ad visionem diuinæ essentiæ vol sanctorum spirituum. Error. Acta funt hæc and post maturam crebrámque inter nos and deputatos nostros examinationem, conclusa in nostra congregatione generali Parisiis apud sanctum Mathurinum de mane super hoc specialiter celebrata. Anno Domini M. cccxviij. die 19. mensis Septembils, In cuius rei restimonium sigillum dictæ facultatis præsentibus literis duximus anteponendum. Originale huius determinationis est sigillatum magno sigillo. facultatis Theologicæ Parisiis.
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Vicesimusterrlus, quod aliquì dæmones boni funt, alijemnia seientes, alij ne saluati nec damnati. Error. Vicesimusquartus, quod suffamigationes quæ fiunt in huiusmodi operatiouibus conuertuntur in spiritus, aut quod sint debitæ eis. Error. Vicesimusquintus, quod vnus dæmonsie rex Orientis and præsertim suo merito and alius Occidentis, alius Septentrionis, aliius Meridie. Error. Vicesimussextus, quod intelligentia motrix c li influit in animam rationalem sicur corpus c li influit in corpus humanum. Error. Vicesimusseptimus, quod cogitationes nostræ intellectuales and volitiones nostræ interiores immediatæ causantur à c lo and quod per aliquam traditionem magicam tales possint sciri, and quod perillam de els certitudinaliter iudicare sir licitum. Error. Vicesimusoctauus articulus, quod per quaseunque artes magicas possimus deuenire ad visionem diuinæ essentiæ vol sanctorum spirituum. Error. Acta funt hæc and post maturam crebrámque inter nos and deputatos nostros examinationem, conclusa in nostra congregatione generali Parisiis apud sanctum Mathurinum de mane super hoc specialiter celebrata. Anno Domini M. cccxviij. die 19. mensis Septembils, In cuius rei restimonium sigillum dictæ facultatis præsentibus literis duximus anteponendum. Originale huius determinationis est sigillatum magno sigillo. facultatis Theologicæ Parisiis.
Table of Contents
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SOMMAIRE DES CHAPITRES. LIVRE PREMIER. CHAP. I. La definition du Sorcier. CHAP. II. De l'associatiõ des Esprits duet les hommes. CHAP. III. La differe (02) ce d'entre les bons and malins Esprits. CHAP. IIII. De la Prophetie and autres moyens diuins pour sçauoir les choses occulres. CHAP. V. Des mayens naturels and humains, pour sçauoir les choses occultes. CHAP. VI. Des moyens illicites pour paruenir à chose qu'on pretend. CHAP. VII. De la Teratoscopie, Aruspicine, Orneomantie, Hæroscopie, and autres semblables. LIVRE SECOND. CHAP. I. De la Magie en general. CHAP. II. Des inuocations tacites des malings Esprits. CHAP. III. Des inuocations expresses des malings Esprits. CHAP. IIII. De ceux qui renoncent æ Dieu par conuention expresse, and s'ils sont transportez en corps par les Demons. CHAP. V. De l'Ecstase and rauisseme (02) t des Sorciers, and des freque (02) tations ordinaires qu'ils ont auec les Demons. CHAP. VI. De la Lycanthropie, and si les Esprits peuuent changer les hommes en besles. CHAP. VII. Si les Sorciers ont copulation auec les Demons. CHAP. VIII. Si les Sorciers peuuent enuoyer les miladies, sterilitez,
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LIVRE TROISIEME CHAP. I. Les moyens licites d'obuier aux charmes and Sorcelleries. CHAP. II. Si les Sorciers peuuent asseurer la santé des hõmes allaigres, and donner guarison aux maladies. CHAP. III. Si les Sorciers peuuet auoir par leur mestier, la faueur des grads, la beaute, les plaisirs, les hõneurs, les richesses, and les scauoir, and donner fertilite. CHAP. IIII. Si les Sorciers peuuent nuyre aux vns plus qu'aux autres. CHAP. V. Desmoyens illicites, desquels ont vse pour preuenir les charmes, and malefices, and guarir les maladies. CHAP. VI. De ceux qui sont aßiegez and forcezpar les malins Esprits, and les moyens de les chasser. LIVRE QVATRIESME. CHAP. I. De l'Inquisition des Sorciers. CHAP. II. Des preuues requises pour auerer le crime de sorcellerie. CHAP. III. De la confeßion volontaire, and force que font les Sorciers. CHAP. IIII. Des presomptions contre les Sorciers. CHAP. V. Des peines que meritent les Sorciers. Refutation des opinions de Iean Wier.
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IEAN BODIN AV LECTEVR SALVT. Entre plusieurs procez qu'on m'a enuoyé de diuers endroits il m'a semblé que cestuy-cy merite le mieux estre Imprimé. Jl m'à esté enuoyé par M. Nicolas Quatre-solz Lieutenant du Bailly de Colomiers, homme de bien and studieux de la Justice. L'AN mil cinq cents quatre vingts and deux le Mardy troisiesme Iuillet heure de deux à trois heures aprés midy, pardeuát nous Nicolas Quatre-sols Lieutenant general, Ciuil and Criminel du Bailliage de Colomiers, est comparu deuant nous Abel de la Ruë ouurier de vieil cuir demeurant audict Colomiers, lequel apres serment, par luy faict auons interrogé comme il s'ensuit. Premierement de son nom, surnom, aage, estat, origine, and demeurance. Qui à dict qu'il se nomme Abel de la Ruë, qu'il est aagé de vingt deux ans, ou enuiron, ouurier de vieil cuir, natif and habitans de ceste ville de Colomiers, and que vulgairement on l'appelle le Casseur. Sy Dimenche dernier il assista en l'Eglise parochial le monsieur Sainct Denis de Colomiers, à la
=== no match ===
grande Messe qui ce dict ledict iour, and s'il assista au Marriage,
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