« Page:Revue des Deux Mondes - 1892 - tome 112.djvu/382 » : différence entre les versions

 
Aucun résumé des modifications
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{tiret2|plu|part}} de ses idées morales, à Eustache Deschamps le cadre de ses
376 REVUE DES DEUX MONDES.
poèmes et sa forme poétique ; bien que, près de lui, Charles d’Orléans ait été un poète de grâce infinie et que Goquillart ait exprimé
part de ses idées morales, à Eustache Deschamps le cadre de ses
la nuance satirique et bouffonne du caractère populaire, c’est l’auteur des Testamens qui a pris la grande part de gloire poétique de
poèmes et sa forme poétique ; bien que, près de lui, Charles d’Or-
léans ait été un poète de grâce infinie et que Goquillart ait exprimé
la nuance satirique et bouffonne du caractère populaire, c’est l’au-
teur des Testamens qui a pris la grande part de gloire poétique de
son siècle. C’est parce qu’il a su donner un accent si personnel à
son siècle. C’est parce qu’il a su donner un accent si personnel à
ses poèmes que le style et l’expression littéraire cédaient au frisson
ses poèmes que le style et l’expression littéraire cédaient au frisson
nouveau d’une âme « hardiment fausse et cruellement triste. » 11
nouveau d’une âme « hardiment fausse et cruellement triste. » Il
faisait parler et crier les choses, dit M. Byvanck, jusque-là enchâs-
faisait parler et crier les choses, dit M. Byvanck, jusque-là enchâssées dans de grandes machines de rhétorique qui branlaient sans
sées dans de grandes machines de rhétorique qui branlaient sans
cesse leur tête somnolente. Il transformait tout le legs du moyen
cesse leur tête somnolente. Il transformait tout le legs du moyen
âge en l’animant de son propre désespoir et des remords de sa vie
âge en l’animant de son propre désespoir et des remords de sa vie
perdue. Tout ce que les autres avaient inventé comme des exer-
perdue. Tout ce que les autres avaient inventé comme des exercices de pensée ou de langage, il l’adaptait à des sentimens si
intenses qu’on ne reconnaissait plus la poésie de la tradition. Il
cices de pensée ou de langage, il l’adaptait à des sentimens si
avait la mélancolie philosophique d’Alain Chartier, devant la vieillesse et la mort; la tendre grâce et les doux pensers d’exil du
intenses qu’on ne reconnaissait plus la poésie de la tradition. 11
avait la mélancolie philosophique d’Alain Chartier, devant la vieil-
lesse et la mort; la tendre grâce et les doux pensers d’exil du
pauvre Charles d’Orléans, qui vit si longtemps éclore les fleurs des
pauvre Charles d’Orléans, qui vit si longtemps éclore les fleurs des
prairies d’Angleterre au jour de la Saint- Valen tin ; le réalisme
prairies d’Angleterre au jour de la Saint- Valentin ; le réalisme
cynique d’Eustache Deschamps ; la bouffonnerie et la satire dissi-
cynique d’Eustache Deschamps ; la bouffonnerie et la satire dissimulée de Guillaume Coquillart; mais les expressions qui chez les
mulée de Guillaume Coquillart; mais les expressions qui chez les
autres étaient des modes littéraires, paraissent devenir chez Villon
autres étaient des modes littéraires, paraissent devenir chez Villon
des nuances d’âme ; lorsqu’on songe qu’il fut pauvre, fuyard, cri-
des nuances d’âme ; lorsqu’on songe qu’il fut pauvre, fuyard, criminel, amoureux et pitoyable, condamné à une mort honteuse,
emprisonné de longs mois, on ne peut méconnaître l’accent douloureux de son œuvre. Pour la bien comprendre et juger de la sincérité du poète, il faut rétabhr, avec autant de vérité qu’il est
minel, amoureux et pitoyable, condamné à une mort honteuse,
emprisonné de longs mois, on ne peut méconnaître l’accent doulou-
reux de son œuvre. Pour la bien comprendre et juger de la sin-
cérité du poète, il faut rétabhr, avec autant de vérité qu’il est
possible, l’histoire de cette vie si mystérieusement compliquée.
possible, l’histoire de cette vie si mystérieusement compliquée.
<br /><br /><br />
Il est impossible d’arriver à une certitude sur l’endroit où na-

quit François Villon, non plus que sur la condition de ses parens.
{{Centré|I.}}

Il est impossible d’arriver à une certitude sur l’endroit où naquit François Villon, non plus que sur la condition de ses parens.
Quant à son nom, il est probable qu’il faut accepter définitivement
Quant à son nom, il est probable qu’il faut accepter définitivement
celui de François de Montcorbier. C’est ainsi qu’il figure sur les
celui de François de Montcorbier. C’est ainsi qu’il figure sur les
Ligne 35 : Ligne 28 :
le nom de François des Loges, et il devint connu sous celui de
le nom de François des Loges, et il devint connu sous celui de
François Villon.
François Villon.

On sait aujourd’hui que ce nom de Villon fut donné au poète par
On sait aujourd’hui que ce nom de Villon fut donné au poète par
son père d’adoption, maître Guillaume de Villon, chapelain de
son père d’adoption, maître Guillaume de Villon, chapelain de