« Prélude (Mirbeau) » : différence entre les versions

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D'ailleurs, le bonheur dont il se plaint, et que tous les gouvernements lui apportent, pareil, c'est lui seul qui l'a fait, toujours. Il a fait la Révolution française et, phénomène inexplicable, en dépit de cent années d'expériences douloureuses et vaines, il la célèbre ! Il la célèbre, cette Révolution qui n'a même pas été une révolution, un affranchissement, mais un déplacement des privilèges, une saute de l'oppression sociale des mains des nobles aux mains bourgeoises et, partant, plus féroces des banquiers ; cette révolution qui a créé l'inexorable société capitaliste où il étouffe aujourd'hui, et le Code moderne qui lui met des menottes aux poignets, un bâillon dans la gorge, un boulet aux chevilles. Il en est fier, et toute sa vie, à travers les monarchies et les républiques, se passe à changer de menottes, de bâillons et de boulets, chimérique opération qui lui arrache ce cri d'orgueil
:— Ah ! Si je n'avais pas fait Quatre-vingt-neuf, où donc en serais-je ? Je n'aurais peut-être pas Boulanger !
 
<p align="center">[[image:Empty Star.svg|15px]][[image:Empty Star.svg|15px]][[image:Empty Star.svg|15px]]</p>
 
Pour me donner une idée approximative de ce que vont être ces élections, je n'ai qu'à me souvenir de certaines fêtes religieuses de Bretagne, les jours de grand pardon. Souvenirs délicieux ! Chères évocations de la beauté humaine qu'il me suffira de transposer du physique au moral, pour avoir la représentation nette, impartiale et glorieuse de tous les partis qui vont mendier tes suffrages, éternel constructeur, toujours battu, de la fortune des autres, ô triple électeur que tu es !