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Mme Jeanne Perdriel-Vaissière est née en Corse, à Ajaccio. Elle
Mme Jeanne Perdriel-Vaissière est née en Corse, à Ajaccio. Elle quitta l’île à quelques mois, ayant eu à peine le temps de prendre quelques gouttes du lait sauvage de sa race. Son père était officier, il avait
des origines méridionales ; sa mère, elle, était de l’Ouest, née aux confins de la Vendée et du Poitou.
quitta l’île à quelques mois, ayant eu à peine le temps de prendre quelques gouttes du lait sauvage de sa race. Son père était officier, il avait
des origines méridionales ; sa mère, elle, était de l’Ouest, née aux confins
de la Vendée et du Poitou.


« Après quelques garnisons autour de Paris, m’écrit-elle — mon père
« Après quelques garnisons autour de Paris, m’écrit-elle — mon père quitta l’armée — j’étais très petite fille encore — et nous fûmes vivre dans l'Ille-et-Vilaine, à Autrain-sur-Couesnon, dans l’atmosphère où
s’exalta le romantisme de Chateaubriand, à quelques lieues de Combourg, de Saint-Malo. — Mon enfance a été solitaire, mes grands amis furent les seuls classiques, lus dans mes livres d’étude, et Chateaubriand qui,
quitta l’armée — j’étais très petite fille encore — et nous fûmes vivre
à douze ans, m’apprit la mélancolie. Chateaubriand lu, dans le silence, par un enfant solitaire ! Il me fut un admirable maître de langage, mais il m’eût été un fâcheux professeur de désenchantement avant la lutte,
dans riUe-et-Vilaine, à Autrain-sur-Couesuon, dans l’atmosphère où
sans les ressources d’un tempérament équilibré, d’une vraie aptitude de joie que je portais en moi. »
s’exalta le romantisme de Chateaubriand, à quelques lieues de Combourg,
de Saint-Malo. — Mon enfance a été solitaire, mes grands amis furent
les seuls classiques, lus dans mes livres d’étude, et Chateaubriand qui,
à douze ans, m’apprit la mélancolie. Chateaubriand lu, dans le silence,
par un enfant solitaire I II me fut un admirable maître de langage, mais
il m’tût été un fâcheux professeur de désenchantement avant la lutte,
sans les ressources d’un tempérament équilibré, d’une vraie aptitude
de joie que je portais en moi. »


Toute jeune fille encore, elle épousa M. Perdriel, alors enseigne
Toute jeune fille encore, elle épousa M. Perdriel, alors enseigne de vaisseau. Depuis, elle a vécu dans les ports de l’Océan ou de la Manche une vie calme et douce, attristée seulement par la perte de quelques
êtres chers et les absences infiniment longues du marin auquel elle a lié sa destinée. Mais Mme Perdriel-Vaissière est mère ; les enfants sont une
de vaisseau. Depuis, elle a vécu dans les ports de l’Océan ou de la Manche
bien grande joie dans la maison de « celles qui attendent ».
une vie calme et douce, attristée seulement par la perte de quelques
êtres chers et les absences infiniment longues du marin aucuiel elle a lié
sa destinée. Mais Mme Perdriel-Vaissière est mère ; les enfants sont une
bien grande joie dans la maison de « celles qui attendent >.


Les débuts littéraires de Mme J. Perdriel-Vaissière eurent lieu dans l’''Hermine'', une intéressante revue bretonne. Une fleur qu’elle obtint aux ''Jeux floraux'' l’encouragea à envoyer à des revues parisiennes quelques pièces qui plurent et furent insérées. — Jusqu’ici, elle a publié trois volumes de poésies, chacun marquant un heureux progrès sur le précédent. Mme Perdriel-Vaissière a fait aussi représenter en 1901, ''La Couronne de Racine'', à la Comédie-Française, et ''La Fleur bleue'', au théâtre municipal de Brest. — Le talent de Mme Perdriel-Vaissière est souple et fort mais inégal. Après un beau poème, il arrive que l’on rencontre dans son œuvre une suite de pièces d’intérêt discutable. Elle a déjà réagi contre une facilité qui la conduisait parfois à une prolixité fâcheuse, elle devra s’observer encore, montrer plus de sévérité envers ses propres
Les débuts littéraires de Mme J. Perdriel-Vaissière eurent lieu dans
l’Hermine, une intéressante revue bretonne. Une fieur qu’elle obtint aux
Jeux floraux l’encouragea à envoyer à des revues parisiennes quelques
pièces qui plurent et furent insérées. — Jusqu’ici, elle a publié trois
volumes de poésies, chacun marquant un heureux progrès sur le précédent. Mme Perdriel-Vaissière a fait aussi représenter en 1901, La Couronne de Racine, à la Comédie-Française, et La Fleur bleue, au théâtre
municipal de Brest. — Le talent de Mme Perdriel-Vaissière est souple
et fort mais inégal. Après un beau poème, il arrive que l’on rencontre
dans son œuvre une suite de pièces d’intérêt discutable. Elle a déjà réagi
contre une facilité qui la conduisait parfois à une prolixité fâcheuse, elle
devra s’observer encore, montrer plus de sévérité envers ses propres