« Grand dictionnaire universel du XIXe siècle/Éloquence politique et religieuse au XIVe, au XVe et au XVIe siècle (histoire de l’) » : différence entre les versions

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par Géruzez. C’est un recueil des leçons que ce savant écrivain a professées à la Sorbonne en 1837-1838 (2 vol. in-8°). C’est un ouvrage sagement écrit, où manquent parfois les développements, mais qui dans son ensemble, peut servir de guide fidèle pour l’étude de l’éloquence au moyen âge et pendant la Renaissance. Les divers chapitres qui le composent ressemblent aux anneaux d’une chaîne que l’on peut nouer facilement, mais qui ne sont pas liés entre eux on voit que c’est là une série de leçons préparées. Chaque leçon, d’ailleurs, prise a paît, est excellente. L’éloquence religieuse, politique et judiciaire, est traitée de main de maître ; la prédication de la première croisade, les sermonnaires, la comédie aristophanesque sont consciencieusement étudiés. Saint Bernard, Abélard, Alain Chartier, Rabelais, Calvin, Anne Dubourg, les pamphlétaires, d’Aubigné, sont autant de portraits réussis. L’auteur s’applique partout à établir une sorte de parenté entre la littérature grecque, la littérature latine et notre littérature Bodin, l’auteur de la République, est un disciple d’Aristote ; L’Hospital pense et parle comme un Caton de Thou est formé à l’école de Tite-Live ; Cujas et Pithou reconnaissent pour maîtres Gaius et Papinien Montaigne rend hommage à Sénèque et à Plutarque. et c’est dans l’étude d’Horace et de Virgile que Régnier et Malherbe ont retrouvé la vraie poésie. » Peut-être cette préoccupation systématique entraîne-t-elle parfois M. Géruzez un peu loin mais il soutient toujours spirituellement sa thèse. Ce qui est rare, nous nous plaignons de la brièveté de son livre. Ainsi, nous aurions désiré voir l’auteur traiter avec plus d’énergie tout ce qui a rapport aux origines de notre éloquence parlementaire et insister davantage sur l’effet que produisirent les discours de nos premiers hommes politiques du tiers état. Que devaient dire, par exemple, les députés aux états de 1484 en entendant Jacques de Viry, juge en Forez, dresser en homme de bien, au nom de la France, cet acte d’accusation contre Louis XI, le méchant roi qui venait de mourir, et auquel M. Géruzez ne nous semble pas rendre suffisamment justice. On dirait qu’il nie à dessein ses actes de bonne politique par horreur pour sa cruauté. Jucques de Viry trace un tableau qui rappelle le sombre pinceau de Tacite, que Camille Desmoulins saura retrouver plus tard pour
 
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peindre les suspects « Vous savez tous que naguère,, du temps du roi Louis, l’état entier de l’Eglise a été déshonoré, et ses élections ont été cassées, les indignes promus aux épiscopats et aux bénéfices, les biens des églises envahis, les plus saintes personnes délaissées sans aucune dignité ; que dis-je ? abandonnées à une condition vile et ignominieuse. Il n’est pas nécessaire de rappeler à votre souvenir les délateurs et les calomniateurs de l’innocence, admis partout à la cour, revêtus de titres honorables et des offices publics, ni ces gens avides et inventeurs des nouveaux profits, préposés de préférence à la levée des impôts et placés souvent dans les plus fautes administrations ; car le plus méchant des hommes était le plus aimé, et l’on ne se contenta point de ne pas honorer la vertu et l’innocence ; on alla jusqu’à leur faire subir maintes fois le supplice du crime. N’avez-vous pas vu souvent des innocents emprisonnés sans jugement et même mis à mort, et leur héritage passer aux mains de leurs accusateurs ? Quelle a été sa prodigalité et l’excès’infini de ses dépenses ? Personne ne l’ignore ; car, vous le savez, il donnait, il prenait tout sans choix et sans raison, et ses rapines n’étaient pas moins insensées que ses largesses. Quant au peuple : je dirai avec vérité que, sous ce roi de terrible mémoire, le poids insupportable des impôts faillit le jeter à bas et 1 écraser. Maintenant vous paraissez vouloir que le corps de l’Etat, accablé non d’une seule maladie, déchiré non d’une seule blessure, mais accablé par un grand nombre de maladies, affaibli de mille blessures, presque mourant dans les convulsions et la langueur, se relève uniquement par vos soins et qu’il recouvre tout à coup la santé, c’est-à-dire une meilleure organisation, et qu’il remonte à son antique splendeur. Ce n’est pas chose facile ; il n’est pas dans l’ordre de la nature de guérir en quelques heures tant de blessures du corps politique, tant de difformités ; c’est par degrés, c’est à l’aide du temps qu’on effacera la trace de ces longues aouffrancest » Nous remercions M. Géruzez de remettre sous nos yeux ce morceau de mâle éloquence conservé dans le Journal de Jean Masselin, official de l’archevêque de Rouen ; mais nous le ferions bien plus chaleureusement s’il l’avait accompagné d’une sorte de photographie de l’assemblée, qui nous transmit les gestes et les expressions de physionomie à l’audition de ce langage austère. En somme, cet ouvrage de M. Géruzez est une digne introduction à son ''Histoire générale de l’éloquence en France''.