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SECONDE PROVINCIALE 167
SECONDE PROVINCIALE 167



plaist à Dieu de luy en donner. Les Jésuites sont
plaist à Dieu de luy en donner. Les Jesuites sont
venus ensuite, 1 et disent que tous ont des grâces
venus ensuite, 1 et disent que tous ont des graces
effectivement suffisantes. On consulte les Domini-
cains sur cette contrariété 2 . Que font-ils là dessus ?
effectivement suffisantes. On consulte les Dominicains sur cette contrariété 2 . Que font-ils là dessus ?
Ils s’unissent aux Jésuites. Ils font par cette union
Ils s’unissent aux Jesuites. Ils font par cette union
le plus grand nombre. Ils se séparent de ceux qui
le plus grand nombre. Ils se separent de ceux qui
nient ces grâces suffisantes. Ils déclarent que tous
nient ces graces suffisantes. Ils declarent que tous
les hommes en ont. Que peut-on penser de là, sinon
les hommes en ont. Que peut-on penser de là, sinon
qu’ils authorisent les Jésuites ? Et puis ils adjoustent,
qu’ils authorisent les Jesuites ? Et puis ils adjoustent,
que neantmoins ces grâces suffisantes sont inutiles
que neantmoins ces graces suffisantes sont inutiles
sans les efficaces, qui ne sont pas données à tous 3 .
sans les efficaces, qui ne sont pas données à tous 3 .

Voulez-vous voir une peinture de l’Eglise dans
Voulez-vous voir une peinture de l’Eglise dans
ces differens avis. Je la considère comme un
ces differens avis. Je la considere comme un
homme, qui partant de son païs, pour faire un
homme, qui partant de son païs, pour faire un
voyage, est rencontré par des voleurs, qui le blessent
voyage, est rencontré par des voleurs, qui le blessent
de plusieurs coups, et le laissent à demy mort 4 . Il
de plusieurs coups, et le laissent à demy mort 4 . Il
envoyé quérir trois Médecins dans les villes voisines.
envoyé querir trois Medecins dans les villes voisines.
Le premier, ayant sondé ses playes les juge mortelles, et luy declare qu’il n’y a que Dieu qui luy puisse rendre ses forces perdües 5 . Le second arrivant ensuitte, voulut le flater, et luy dit qu’il avoit encore des forces suffisantes 6 pour arriver en sa
Le premier, ayant sondé ses playes les juge mor-
telles, et luy déclare qu’il n’y a que Dieu qui luy
puisse rendre ses forces perdues 5 . Le second arri-
vant ensuitte, voulut le flater, et luy dit qu’il avoit
encore des forces suffisantes 6 pour arriver en sa


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1. B. [qui].
1. B. [qui].


2. W. Adhïbentur huic controversix disceptatores Dominicani.
2. W. ''Adhïbentur huic controversix disceptatores Dominicani''.


3. W. ajoute : O tanti vulneris levé remediam ?
3. W. ajoute : ''O tanti vulneris levé remediam'' ?


4 . Il est probable que Pascal a lui-même imaginé cette parabole.
4 . Il est probable que Pascal a lui-même imaginé cette parabole. Peut-être lui a-t-elle été inspirée par l’expression de ''grace medicinale'' qui se trouve dans saint Augustin, et qui est fréquemment usitée dans les discussions théologiques sur la grâce.
Peut-être lui a-t-elle été inspirée par l’expression de grâce médicinale
qui se trouve dans saint Augustin, et qui est fréquemment usitée dans
les discussions théologiques sur la grâce.


5. W. denuntiat opem ipsi divinam implorandam.
5. W. ''denuntiat opem ipsi divinam implorandam''.


6. W. sujjicientissimas.
6. W. ''sufficientissimas''.