« Valentines et autres vers/Le Mendiant » : différence entre les versions

Contenu supprimé Contenu ajouté
Phe-bot (discussion | contributions)
m Hsarrazin: match
Phe-bot (discussion | contributions)
m Hsarrazin: split
Ligne 2 :
{{TitrePoeme|[[Valentines]]|Germain Nouveau|Le Mendiant}}
 
==[[Page:Nouveau - Valentines et autres vers, 1921.djvu/103]]==
{{t3|LE MENDIANT}}<br />
 
<pages index==[[Page:"Nouveau - Valentines et autres vers, 1921.djvu/" from=103]]= to=105 />
<poem>
 
L’être que j’adore en ce monde,
Eût-il les pieds noirs et des poux,
C’est le mendiant, il m’inonde
Le cœur d’une extase profonde ;
Je lui baiserais les genoux.
 
D’abord il convient de vous dire
Que si je ne l’adorais pas,
Ça ferait peut-être sourire ;
On penserait : Hé ! le bon sire !
Il a le « trac » pour ses ducats.
 
Il a peur de faire l’aumône,
Ou qu’on le vole, il a raison
Dans la vie, ah ! tout n’est pas jaune,
Et mon ami le plus béjaune
Ne viendrait pas à la maison.
</poem>
==[[Page:Nouveau - Valentines et autres vers, 1921.djvu/104]]==
<poem>
 
Ou, s’il venait, il voudrait faire,
Tout comme moi, les mêmes frais,
Nous compterions, quelle misère !
Et s’il me cassait, quoi ? son verre ?
Ah ! la tête que je ferais !
 
Je parlerais de ma famille
Tant, que c’en serait Han-Mer-Dent :
« J’ai ma femme, mon fils, ma fille ;
Oui, la petite est très gentille,
Mais ça coûte. — C’est évident ! »
 
Le mendiant, qu’est-ce qu’il coûte ?
Titus disait : un heureux jour.
Quand nous verrons plus d’une goutte,
Chacun trouvera sur sa route
Qu’avec cet homme, on fait l’amour.
 
Je l’aime, comme une parente,
Pauvre... mais ça... c’est un détail...,
D’une façon bien différente.
Si j’avais mille francs de rente.
Je lui donnerais... du travail.
 
Je lui dirais : Tu vas me faire
Un bonhomme sur ce papier.
— « Monsieur, je ne dessine guère, »
Alors... de me foutre en colère,
Trouves-tu cela trop... pompier ?
 
Il dessinerait son
</poem>
==[[Page:Nouveau - Valentines et autres vers, 1921.djvu/105]]==
<poem>
bonhomme
Bien ou mal, naturellement.
Je dirais : Combien ? — « Telle somme. »
Et je paierais ; c’est presque, en somme,
Ce que fait le Gouvernement.
 
Le mendiant, mais c’est mon frère !
Comment, mon frère ? Mais, c’est moi.
Je commence par me la faire,
La charité, la chose est claire.
Tu te la fais aussi, va, Toi.
 
Moi, souvent « je me le demande »
Et demande, quand ça me plaît.
Et bien ! pour ma langue gourmande,
Plus que la vôtre n’est normande,
Si saint Pierre ouvrait son volet
 
Seulement pour une seconde :
Si je suis là, si je le vois,
Bien que je doute qu’il réponde,
Je lui demande la plus ronde
Des lunes qui rient dans les bois.
 
Et si, — surprise ! et joie extrême ! —
J’entends : « tiens ! enfant, la voici ! »
Comme avec tes baisers que j’aime,
Je me barbouille tout de crème,
Sans seulement dire : merci.</poem>