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{{TitrePoeme|[[Émaux et Camées]]|Théophile Gautier|Ce que disent les
hirondelles<br>''Chanson d’automne''}}
[[Catégorie:Poésie|Ce que disent les hirondelles]]
[[Catégorie:XIXe siècle|Ce que disent les hirondelles]]
[[Catégorie:Émaux et camées|Ce que disent les hirondelles]]
[[Catégorie:Théophile Gautier|Ce que disent les hirondelles]]
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Déjà plus d’une feuille sèche
Parsème les gazons jaunis&#x2009;;
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Hélas&#x2009;! les beaux jours sont finis&#x2009;!
 
On voit s’ouvrir les fleurs que garde
Le jardin, pour dernier trésor&#x2009;:
Le dahlia met sa cocarde,
Et le souci sa toque d’or.
 
La pluie au bassin fait des bulles&#x2009;;
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Voici l’hiver, voici le froid&#x2009;!
 
Elles s’assemblent par centaines,
Se concertant pour le départ.
L’une dit&#x2009;: « Oh&#x2009;! que dans Athènes
Il fait bon sur le vieux rempart&#x2009;!
 
« Tous les ans j’y vais et je niche
Aux métopes du Parthénon.
Mon nid bouche dans la corniche
Le trou d’un boulet de canon. »
 
L’autre&#x2009;: « J’ai ma petite chambre
À Smyrne, au plafond d’un café.
Les Hadjis comptent leurs grains d’ambre
Sur le seuil, d’un rayon chauffé.
 
« J’entre et je sors, accoutumée
Aux blondes vapeurs des chiboucks,
Et parmi les flots de fumée,
Je rase turbans et tarbouchs. »
 
Celle-ci&#x2009;: « J’habite un triglyphe
Au fronton d’un temple, à Balbeck ;
Je m’y suspends avec ma griffe
Sur mes petits au large bec. »
 
Celle-là&#x2009;: « Voici mon adresse&#x2009;:
Rhodes, palais des chevaliers&#x2009;;
Chaque hiver, ma tente s’y dresse
Au chapiteau des noirs piliers. »
 
La cinquième&#x2009;: « Je ferai halte,
Car l’âge m’alourdit un peu,
Aux blanches terrasses de Malte,
Entre l’eau bleue et le ciel bleu. »
 
La sixième&#x2009;: « Qu’on est à l’aise
Au Caire, en haut des minarets&#x2009;!
J’empâte un ornement de glaise,
Et mes quartiers d’hiver sont prêts. »
 
« À la seconde cataracte, —
Fait la dernière, — j’ai mon nid&#x2009;;
J’en ai noté la place exacte,
Dans le pschent d’un roi de granit. »
 
Toutes&#x2009;: « Demain, combien de lieues
Auront filé sous notre essaim,
Plaines brunes, pics blancs, mers bleues
Brodant d’écume leur bassin&#x2009;! »
 
Avec cris et battements d’ailes,
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Ainsi jasent les hirondelles,
Voyant venir la rouille aux bois.
 
Je comprends tout ce qu’elles disent,
Car le poète est un oiseau&#x2009;;
Mais, captif, ses élans se brisent
Contre un invisible réseau&#x2009;!
 
Des ailes&#x2009;! des ailes&#x2009;! des ailes&#x2009;!
Comme dans le chant de Ruckert,
Pour voler là-bas, avec elles,
Au soleil d’or, au printemps vert&#x2009;!
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