« Le Mariage de Figaro » : différence entre les versions

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Acte I relu et corrigé
Acte II relu et corrigé
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{{acte|II}}
 
<small>Le théâtre représente une chambre à coucher superbe, un grand lit en alcôve, une estrade au-devant. La porte pour entrer s’ouvre et se ferme à la troisième coulisse à droite ; celle d’un cabinet, à la première coulisse à gauche. Une porte dans le fond va chez les femmes. Une fenêtre s’ouvre de l’autre côté.</small>
 
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Puis il a vu votre ruban de nuit que je tenais : il s’est jeté dessus...
 
{{personnage|La Comtesse}}, ''souriant.''
 
Mon ruban ? ... Quelle enfance !
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J’ai voulu le lui ôter ; madame, c’était un lion ; ses yeux brillaient... Tu ne l’auras qu’avec ma vie, disait-il en Forçant sa petite voix douce et grêle.
 
{{personnage|La Comtesse}}, ''rêvant.''
 
Eh bien, Suzon ?
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Eh bien, madame, est-ce qu’on peut faire finir ce petit démon-lâ ? Ma marraine par-ci ; je voudrais bien par l’autre ; et parce qu’il n’oserait seulement baiser la robe de madame, il voudrait toujours m’embrasser, moi.
 
{{personnage|La Comtesse}}, ''rêvant.''
 
Laissons... laissons ces folies ... Enfin, ma pauvre Suzasme, mon époux a fini par te dire ? ...
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Madame ne veut donc pas qu’il en réchappe ?
 
{{personnage|La Comtesse}} ''rêve devant sa petite glace.''
 
Moi ? ... Tu verras comme je vais le gronder.
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Je n’ai qu’à reprendre ces deux boucles, madame le grondera bien mieux.
 
{{personnage|La Comtesse}}, ''revenant à elle.''
 
Qu’est-ce que vous dites donc, mademoiselle ?
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Entrez, monsieur l’officier ; on est visible.
 
{{personnage|Chérubin}} ''avance en tremblant.''
 
Ah ! que ce nom m’afflige, madame ! il m’apprend qu’il faut quitter des lieux... une marraine si... bonne ! ...
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Et si belle !
 
{{personnage|Chérubin}}, ''avec un soupir.''
 
Ah ! oui.
 
{{personnage|Suzanne}} ''le contrefait.''
 
Ah ! oui. Le bon jeune homme ! avec ses longues paupières hypocrites. Allons, bel oiseau bleu, chantez la romance à madame.
 
{{personnage|La Comtesse}} ''la déplie.
''
 
De qui... dit-on qu’elle est ?
 
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Est-ce qu’il est défendu... de chérir ? ...
 
{{personnage|Suzanne}} ''lui met le poing sous le nez.''
 
Je dirai tout, vaurien !
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{{personnage|La Comtesse}}
 
Prends ma guitare. (''La Comtesse assise tient le papier pour suivre. Suzanne est derrière son fauteuil, et prélude, en regardant la musique par-dessus sa maîtresse. Le petit page est devant elle, les jeux baissés. Ce tableau est juste la belle estampe, d’après Vanloo, appelée'' La Conversation espagnole.)
 
===ROMANCE===
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Il y a de la naïveté... du sentiment même.
 
{{personnage|Suzanne}} ''va poser la guitare sur un fauteuil.''
 
Oh ! pour du sentiment, c’est un jeune homme qui... Ah çà, monsieur l’officier, vous a-t-on dit que pour égayer la soirée nous voulons savoir d’avance si un de mes habits vous ira passablement ?
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J’ai peur que non.
 
{{personnage|Suzanne}} ''se mesure avec lui.''
 
Il est de ma grandeur. OtonsÔtons d’abord le manteau. ''(Elle le détache.)''
 
{{personnage|La Comtesse}}
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Jusqu’à l’instant du bal, le Comte ignorera que vous soyez au château. Nous lui dirons après, que le temps d’expédier votre brevet nous a fait naître l’idée...
 
{{personnage|Chérubin}} ''le lui montre.''
 
Hélas ! madame, le voici ! Bazile me l’a remis de sa part.
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''Chérubin, La Comtesse, Suzanne.''
 
{{personnage|Suzanne}} ''entre avec un grand bonnet.''
 
Le cachet, à quoi ?
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C’est ce que je disais. Est-ce là ma baigneuse ?
 
{{personnage|Suzanne}} ''s’assied près de la Comtesse.''
 
Et la plus belle de toutes. ''(Elle chante avec des épingles dans sa bouche.)''
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Arrange son collet d’un air un peu plus féminin.
 
{{personnage|Suzanne}} ''l’arrange.''
 
Là... Mais voyez donc ce morveux, comme il est joli en fille ! j’en suis jalouse, moi ! ''(Elle lui prend le menton.)'' Voulez-vous bien n’être pas joli comme ça ?
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Et surtout un ruban volé. - Voyons donc ce que la bossette... la courbette... la cornette du cheval... Je n’entends rien à tous ces noms-là. - Ah ! qu’il a le bras blanc ! c’est comme une femme ! plus blanc que le mien ! Regardez donc, madame ! ''(Elle les compare.)''
 
{{personnage|La Comtesse}}, ''d’un ton glacé.
''
 
Occupez-vous plutôt de m’avoir du taffetas gommé, dans ma toilette. ''(Suzanne lui pousse la tête en riant ; il tombe sur les deux mains. Elle entre dans le cabinet au bord du théâtre.)''
 
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''Chérubin, à genoux, La Comtesse, assise.''
 
{{personnage|Chérubin}}, ''les yeux baissés.
''
 
Celui qui m’est ôté m’aurait guéri en moins de rien.
 
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Par quelle vertu ? ''(Lui montrant le taffetas.)'' Ceci vaut mieux.
 
{{personnage|Chérubin}}, ''hésitant.''
 
Quand un ruban... a serré la tête... ou touché la peau d’une personne...
 
{{personnage|La Comtesse}}, ''coupant la phrase.''
 
... Etrangère, il devient bon pour les blessures ? J’ignorais cette propriété. Pour l’éprouver, je garde celui-ci qui vous a serré le bras. À la première égratignure... de mes femmes, j’en ferai l’essai.
 
{{personnage|Chérubin}}, ''pénétré''
 
Vous le gardez, et moi je pars !
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Je suis si malheureux !
 
{{personnage|La Comtesse}}, ''émue.''
 
Il pleure à présent ! C’est ce vilain Figaro avec son pronostic !
 
{{personnage|Chérubin}}, ''exalté.''
 
Ah ! je voudrais toucher au terme qu’il m’a prédit ! Sûr de mourir à l’instant, peut-être ma bouche oserait...
 
{{personnage|La Comtesse}}, ''l’interrompt et lui essuie les yeux avec son mouchoir.''
 
Taisez-vous, taisez-vous, enfant ! Il n’y a pas un brin de raison dans tout ce que vous dites. ''(On frappe à la porte ; elle élève la voix.)'' Qui frappe ainsi chez moi ?
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''Chérubin, La Comtesse, Le Comte, en dehors.''
 
{{personnage|Le Comte}}, ''en dehors.''
 
Pourquoi donc enfermée ?
 
{{personnage|La Comtesse}}, ''troublée, se lève.
''
 
C’est mon époux ! grands dieux ! ''(À Chérubin qui s’est levé aussi.)'' Vous, sans manteau, le col et les bras nus ! seul avec moi ! cet air de désordre, un billet reçu, sa jalousie ! ...
 
{{personnage|Le Comte}}, ''en dehors.''
 
Vous n’ouvrez pas ?
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C’est que... je suis seule.
 
{{personnage|Le Comte}}, ''en dehors.''
 
Seule ! Avec qui parlez-vous donc ?
 
{{personnage|La Comtesse}}, ''cherchant.''
 
... Avec vous sans doute.
 
{{personnage|Chérubin}}, ''à part.''
 
Après les scènes d’hier et de ce matin, il me tuerait sur la place ! ''(Il court au cabinet de toilette, y entre, et tire la porte sur lui.)''
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''Le Comte, La Comtesse.''
 
{{personnage|Le Comte}}, ''un peu sévère.''
 
Vous n’êtes pas dans l’usage de vous enfermer !
 
{{personnage|La Comtesse}}, ''troublée.
''
 
Je... je chiffonnais... oui, je chiffonnais avec Suzanne ; elle est passée un moment chez elle.
 
{{personnage|Le Comte}}, ''l’examine.''
 
Vous avez l’air et le ton bien altérés !
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Heureusement le docteur est ici. ''(Le page fait tomber une chaise dans le cabinet.)'' Quel bruit entends-je ?
 
{{personnage|La Comtesse}}, ''plus troublée.''
 
Du bruit ?
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Assurément, monsieur, cette fille vous trouble et vous occupe beaucoup plus que moi.
 
{{personnage|Le Comte}}, ''en colère.''
 
Elle m’occupe à tel point, madame, que je veux la voir à l’instant.
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''Suzanne, Chérubin.''
 
{{personnage|Suzanne}} ''sort de l’alcove, accourt au cabinet et parle à la serrure.''
 
Ouvez, Chérubin, ouvez vite, c’est Suzanne ; ouvrez et sortez.
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Un grand étage ! impossible ! Ah ! ma pauvre maîtresse ! Et mon mariage, ô ciel !
 
{{personnage|Chérubin}} ''revient.''
 
Elle donne sur la melonnière ; quitte à gâter une couche ou deux.
 
{{personnage|Suzanne}} ''le retient et s’écrie.''
 
Il va se tuer !
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Sors donc, petit malheureux !
 
{{personnage|La Comtesse}} ''le prend à bras-le-corps, en l’éloignant.''
 
Ah ! monsieur, monsieur, votre colère me fait trembler pour lui. N’en croyez pas un injuste soupçon, de grâce ! et que le désordre où vous l’allez trouver...
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Et vous vouliez garder votre chambre ! Indigne épouse ! ah ! vous la garderez... longtemps ; mais il faut avant que j’en chasse un insolent, de manière à ne plus le rencontrer nulle part.
 
{{personnage|La Comtesse}}, ''se jette à genoux, les bras élevés.''
 
Monsieur le Comte, épargnez un enfant ; je ne me consolerais pas d’avoir causé...
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{{personnage|Le Comte}}, ''furieux.''
 
Levez-vous. OtezÔtez-vous... Tu es bien audacieuse d’oser me parler pour un autre !
 
{{personnage|La Comtesse}}
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De mon amour, perfide !
 
{{personnage|La Comtesse}} ''se lève et lui présente la clef.''
 
Promettez-moi que vous laisserez aller cet enfant sans lui faire aucun mal ; et puisse, après, tout votre courroux tomber sur moi, si je ne vous convaincs pas...
 
{{personnage|Le Comte}}, ''prenant la clef.''
 
Je n’écoute plus rien.
 
{{personnage|La Comtesse}} ''se jette sur une bergère, un mouchoir sur les yeux.''
 
Ô ciel ! il va périr !
 
{{personnage|Le Comte}} ''ouvre la porte et recule.''
 
C’est Suzanne !
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''La Comtesse, assise, Suzanne, Le Comte.''
 
{{personnage|Le Comte}} ''sort du cabinet d’un air confus. Après un court silence.''
 
Il n’y a personne, et pour le coup j’ai tort. - Madame... vous jouez fort bien la comédie.
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Il n’y a plus rien à cacher, Figaro ; le badinage est consommé.
 
{{personnage|Figaro}}, ''cherchant à deviner.''
 
Le badinage... est consommé ?
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Conclure ! oh ! va, ne crains rien, quand même tu ne reviendrais jamais... Tu n’as pas l’air en train de chanter, veux-tu que je commence ? ... Allons, gai, haut la-mi-la pour ma fiancée. ''(Il se met en marche à reculons, danse en chantant la séguedille suivante ; Bazile accompagne ; et tout le monde le suit.)''
 
<poem>
 
SEGUEDILLE : Air noté.
 
Je préfère à richesse
 
La sagesse
 
De ma Suzon,
 
Zon, zon, zon,
 
Zon, zon, zon,
 
zon, zon, zon,
 
zon, zon, zon.
 
Aussi sa gentillesse
 
Est maîtresse
 
De ma raison,
 
Zon, zon, zon,
 
Zon, zon, zon,
 
Zon, zon, zon,
 
Zon, zon, zon.
</poem>
 
''(Le bruit s’éloigne, on n’entend pas le reste.)''
 
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Il est certain que je n’irai pas non plus. Voilà donc mon mariage encore une fois...
 
{{personnage|La Comtesse}} ''se lève.}}''
 
Attends... Au lieu d’un autre, ou de toi, si j’y allais moi-même !
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Madame, il est charmant votre projet ! je viens d’y réfléchir. Il rapproche tout, termine tout, embrasse tout ; et, quelque chose qui arrive, mon mariage est maintenant certain. ''(Elle baise la main de sa maîtresse. Elles sortent.)''
 
<small>Pendant l’entracte, des valets arrangent la salle d’audience : on apporte les deux banquettes à dossier des avocats, que l’on place aux deux colis du théâtre, de façon que le passage soit libre par-derrière. On pose une estrade à deux marches dans le milieu du théâtre, vers le fond, sur laquelle on place le fauteuil du Comte. On met la table du greffier et son tabouret de côté sur le devant, et des sièges pour Brid’oison et d’autres juges, des deux côtés de l’estrade du Comte.</small>