« Mémoires de Victor Alfieri, d’Asti » : différence entre les versions
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que déjà je ne me crusse poète ; mais mon oncle, qui était un rude homme de guerre, et qui, suffisamment versé dans la politique et l'histoire, n'en-, tendait rien et ne voulait rien entendre à aucune espèce, de poésie, se garda bien d'encourager ma muse naissante. Tout au,contraire, il désapprouva le sonnet, et ses moqueries tarirent jusque dans sa source le mince filet de ma veine. Lorsque l'envie de poétiser me revint, j'avais déjà plus de vingt-cinq ans, et que de vers bons ou méchans mouru-: rent, ce jour-là, de la main de mon oncle, dans le berceau de mon pauvre sonnet premier-né 1 ■ A
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que depuis j'ai voulu chercher la raison d'une si sotte préférence, j'ai vu qu'un sentiment particulier de faux amour-propre m'y poussait à mon insu. J'avais, pendant plus de deux ans, vécu avec des Anglais, j'entendais exalter en tous lieux la puissance et la richesse de l'Angleterre, j'avais devant les yeux sa grande influence politique ; d'un autre côté, je voyais l'Italie entière morte, les Italiens divisés, affaiblis, avilis, esclaves ; et, honteux d'être Italien et de le paraître, je ne voulais rien do commun entre eux et moi.
Nous allâmes de Livourne à Sienne. Quoique
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La Hollande est, pendant l'été, un pays agréable et riant ; mais elle m'aurait plu encore davantage si je l'eusse visitée avant l'Angleterre ; car les mêmes choses que l'on admire en Angleterre, sa population, sa richesse , sa propreté, la sagesse des lois, les merveilles de l'industrie et de son activité , tout. se retrouve ici, mais sur une moindre échelle ; et, en effet, après beaucoup d'autres voyages où mon expérience s'étendit, les deux seuls pays de l'Europe qui m'aient toujours laissé le désir de les revoir, ce sont l'Angleterre et l'Italie : la première, parce que l'art y a, pour ainsi dire, subjugué, transfiguré la nature ; la seconde, parce que la nature s'y est toujours énergiquement relevée pour prendre sa revanche de mille façons sur dés gouvernemens souvent mauvais, toujours inactifs.
Pendant mon séjour à La Haye, où je restai bien plus long-temps que je me l'étais promis, je donnai enfin dans les pièges de l'amour, qui jusque là n'avait jamais pu me joindre et m'arrêter. Une femme charmante, mariée depuis un an, pleine de grâces naturelles, d'une beauté modeste et d'une douce ingénuité, me blessa très-vivement au cœur. Le pays était petit, les distractions rares ; je la .voyais beaucoup plus souvent que d'abord je ne l'aurais voulu ; bientôt j'en vins à me plaindre de ne pas la voir assez souvent. Je me trouvai pris d'une terrible manière, sans m'en apercevoir ; je ne pensais déjà à rien moins qu'à ne plus sortir de La Haye ni mort ni vif, persuadé qu'il me serait complètement impossible de vivre sans
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vie intérieure : mais, à dix-neuf ans, j'avais vu. l'Angleterre, mais, à vingt ans, j'avais lu et chaudement senti Plutarque : je ne devais donc pas imaginer qu'on pût se marier- et avoir des enfans à Turin. Toutefois la légèreté de mon âge me rendit peu à peu plus docile à ses conseils sans cesse répétés, et je permis à mon beau-frère de rechercher en mon nom une jeune héritière d'une illustre maison, assez belle d'ailleurs, avec des yeux très-noirs, qui n'auraient pas eu de peine à me faire oublier Plutarque, comme Plutarque lui-môme avait amorti ma passion pour la belle Hollandaise. Et je dois confesser ici que, dans cette occasion, je convoitai lâchement la fortune de cette jeune fille plus encore que sa beauté: je calculais en moi-même que mes revenus accrus à peu près de moitié me mettraient en état de faire, comme on dit, dans le monde une meilleure figure. Mais, dans
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beaux-arts; un caractère d'ange, et, malgré toute sa fortune, des circonstances domestiques, pénibles et désagréables, qui ne lui permettaient d'être ni aussi heureuse ni aussi contente qu'elle l'eût mérité. Il y avait là trop de doux écueiis pour que j'osasse les affronter.
Mais dans le cours de cet automne, pressé à plusieurs reprises par un de mes amis de me laisser présenter à elle, et me croyant désormais assez fort, je me risquai à en courir le danger, et je ne fus pas long-temps à me sentir pris, presque sans m'en apercevoir. Toutefois, encore chancelant entre le ''oui ''et le ''non ''de cette flamme nouvelle, au mois de décembre je pris la poste, et je m'en allai à franc étricr jusqu'à Rome, voyage insensé et fatigant, dont je ne rapportai pour tout fruit que mon son-set sur Rome, que je fis, une nuit, dans une pitoyable auberge de Baccano, où il me fut impossible de fermer l'œil. Aller, rester, revenir, ce fut l'affaire de douze jours. Je passai et repassai par Sienne, où je revis mon ami Gori, qui ne me détourna pas de ces nouvelles chaînes dont j'étais plus d'à moitié enveloppé ; aussi mon retour à Florence acheva bientôt de me les river pour toujours. L'approche de
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tembre de l'année précédente, pour résister à une nouvelle impulsion, ou, pour mieux dire, à une impulsion renouvelée de ma nature, impulsion toute-puissante cette fois, qui m'agita pendant plusieurs jours, et à laquelle il fallut bien me rendre, ne pouvant la surmonter. Je conçus et jetai sur le papier le plan de six comédies à la fois. J'avais toujours eu le dessein de m'essayer dans ce dernier genre; j'avais même résolu de faire douze pièces; mais les contre-temps, les tourmens d'esprit, et plus que tout le reste, l'étude desséchante et assidue d'une langue aussi immensément vaste que
cette académie, m'a causé une vive joie. Ce n'est que la semaine dernière que j'ai reçu (ou pour mieux dire que j'ai eu, puisque je ne la reçois point ) la lettre académique. La voici intacte, et je vous la renvoie avec prière instante de la remettre à celui qui me l'a écrite. Il faut, pour mon entière purilication dans cette affaire, que
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