« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Serrurerie » : différence entre les versions

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=== SERRURERIE ===
 
s. f. Les Romains étaient experts dans l'artl’art de la serrurerie,
si l'onl’on en juge par quelques fragments qui nous sont restés. Ils
employaient
le fer dans les bâtisses, non point comme nous le faisons
aujourd'huiaujourd’hui, mais comme agrafes, crampons, goujons, chevillettes,
boulons à clavettes, queues-de-carpe, équerres, étriers, etc. Dans les
Gaules, dès l'époquel’époque romaine, certaines provinces étaient célèbres par
leurs produits en fer ouvré, notamment les provinces du Nord et de l'Estl’Est,
le Berry, le Dauphiné. Comme toutes les grandes industries, celle de la
fabrication des ouvrages de fer dut souffrir des invasions pendant les
V<sup>e</sup> et VI<sup>e</sup> siècles, bien que la plupart des nouveaux conquérants ne fussent
point étrangers au façonnage des métaux ; mais ces nouveaux venus
n'employaientn’employaient guère ces matières que pour des ustensiles, des armes,
des chariots. Quant à l'artl’art de la construction, il était tombé si bas, qu'àqu’à
peine songeait-on à y employer le fer autrement que pour ferrer grossièrement
des huis et façonner des grilles. Les établissements monastiques
reprirent en main cette industrie perdue ; ils se mirent à exploiter des
mines abandonnées, à établir des fourneaux, des forges, et bientôt ils
purent atteindre une perfection relative, ou tout au moins remettre en
circulation une quantité considérable de fers façonnés au marteau. Peu
à peu l'artl’art de la serrurerie, pour lequel certains peuples de la Gaule
avaient une aptitude particulière, reprit une grande importance, et dès
le commencement du XII<sup>e</sup> siècle l'industriel’industrie des fers forgés était poussée
assez loin. Les moyens de fabrication étaient faibles cependant : on ne
possédait ni cylindres, ni laminoirs, ni filières ; on ignorait la puissance
de ce moteur, la vapeur, qui permet d'ouvrerd’ouvrer le fer en grandes
pièces. Un martinet mû par un cours d'eaud’eau composait tout le matériel
d'uned’une usine. Le fer, obtenu en lopins forgés d'und’un poids médiocre, était
donné aux forgerons qui, à force de bras, convertissaient ces lopins en
barres, en fer battu, en pièces plus ou moins menues. Alors la lime n'étaitn’était
point inventée, les cisailles n'existaientn’existaient pas ou ne pouvaient avoir
qu'unequ’une force minime. Cette pénurie de moyens était une condition pour
que la fabrication au marteau atteignît une certaine perfection. Les forgerons du moyen âge avaient en outre acquis une grande habileté lorsqu'illorsqu’il
s'agissaits’agissait d'obtenird’obtenir des soudures à chaud, que nous ne faisons que bien difficilement
aujourd'huiaujourd’hui. Il est vrai que les premiers procédés pour réduire
le fer en barres étaient si nombreux, qu'ilsqu’ils donnaient au métal une qualité
que ne sauraient atteindre nos moyens modernes. Nos fers passent de l'étatl’état
de lopins de fonte à peine corroyée au martinet, à l'étatl’état de barres par le
laminage au cylindre, sans opération intermédiaire, tandis qu'autrefoisqu’autrefois
le fer n'arrivaitn’arrivait que peu à peu, et par un corroyage répété, de l'étatl’état de
lopin à celui de barreau ou de plaque. Ce fer, sans cesse battu, acquérait
une ténacité et en même temps une souplesse qu'ilqu’il ne saurait avoir par
les moyens employés aujourd'huiaujourd’hui ; plus serré par le battage, plus
concret,
plus ductile, moins criblé de parties de fonte, il ne se brûlait pas si
facilement au feu, et se soudait plus aisément au rouge blanc, sans pour
cela devenir cassant. Mais ces qualités du fer corroyé à bras d'hommed’homme
reconnues, il n'enn’en faut pas moins signaler l'adressel’adresse rare avec laquelle
les forgerons du moyen âge savaient souder les pièces compliquées qui
demandaient un grand nombre de passages au feu, sans les brûler. Ils
employaient d'ailleursd’ailleurs le charbon de bois, soit pour obtenir la fonte, soit
pour convertir les gueuses en lopins et en fer battu : le charbon de bois
laisse au fer des qualités de souplesse et de ductilité que lui retire en
partie la houille. Il en est de la fabrication du fer appliquée aux travaux
d'artd’art comme de beaucoup d'autresd’autres ; ce que l'onl’on gagne du côté de l'industriel’industrie,
de la rapidité, de la puissance et de l'économiel’économie des moyens, on le
perd du côté de l'artl’art. En perfectionnant les procédés mécaniques,
l'hommel’homme néglige peu à peu cet outil supérieur à tout autre qu'onqu’on appelle
la main. Cependant on éprouvait des difficultés insurmontables lorsqu'illorsqu’il
s'agissaits’agissait de façonner de grandes pièces de forge à l'aidel’aide des bras, et la
grande serrurerie de bâtiment ne commence à naître qu'auqu’au moment où
les puissances de la mécanique purent être sérieusement employées. Ainsi,
le mettait-on en œuvre dans les édifices, soit pour des chaînages, soit
pour des armatures, que des pièces de forge dont le poids n'excédaitn’excédait
pas 200 kilogrammes, dont la plus grande longueur ne dépassait pas
quatre mètres, et encore les pièces de cette force sont-elles fort rares
avant le XVIII<sup>e</sup> siècle. Nous avons fait voir ailleurs comment les chaînages
étaient combinés pendant les XII<sup>e</sup>, XIII<sup>e</sup>, XIV<sup>e</sup> et XV<sup>e</sup> siècles (voyez [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 2, ../Chaînage|Chaînage]])
dans les grandes constructions. Ils consistaient en une suite de
crampons agrafés les uns aux autres ou scellés dans la pierre. Pour les
charpentes de fer, il n'enn’en était pas question, bien entendu ; et même
dans les charpentes de bois, le fer n'étaitn’était pas employé (voyez [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 3, ../Charpente|Charpente]]).
À dater du XIII<sup>e</sup> siècle, le fer, cependant, remplit un rôle
très-important
dans les constructions comme tirants, crampons, armatures de baies,
mais toujours en petites parties. Les nœuds, les renflements des
crampons,
des <i>''traits de Jupiter</i>'', les œils et leurs goujons souvent répétés,
formaient, dans les maçonneries, des poches de fer volumineuses qui, en
s'oxydants’oxydant, faisaient éclater les pierres et causaient de graves désordres.
 
On tentait bien d'éviterd’éviter le danger de l'oxydationl’oxydation par des scellements en
plomb, mais ce moyen était insuffisant, et bon nombre de monuments
doivent en partie leur état de ruine à ces masses de fer enfermées entre
les assises et cramponnées dans leurs lits. La grande serrurerie restait,
par l'insuffisancel’insuffisance des moyens mécaniques, à l'étatl’état barbare, tandis que
la serrurerie fine s'élevaits’élevait au contraire à la hauteur d'und’un art
très-parfait
dans sa forme et dans ses moyens d'exécutiond’exécution. Dans un même édifice
dont la grosse serrurerie accuse les procédés de fabrication les plus naïfs,
vous trouvez, comme à Notre-Dame de Paris, des pentures de portes
dont la merveilleuse exécution est un sujet d'étonnementd’étonnement pour les gens
du métier. Pour ces forgerons des XII<sup>e</sup> et XIII<sup>e</sup> siècles, le fer semblait être
une matière molle et facile à souder comme l'estl’est la cire ou le plomb, et
c'estc’est à grand'peinegrand’peine si quelques très-rares ouvriers de nos jours parviennent
à façonner des pièces de cette nature, qui alors étaient fort
communes.
 
Dans les règlements d'Étienned’Étienne Boileau, il n'estn’est pas question du corps
d'étatd’état des serruriers façonnant la grosse serrurerie de bâtiment, mais
seulement des <i>''greifiers</i>'', faiseurs de fermetures de portes (pentures), des
<i>''grossiers</i>'' (taillandiers) et des serruriers, fabricants de serrures. Ces ouvriers
pouvaient prendre autant d'apprentisd’apprentis qu'ilqu’il leur plaisait, et avaient
permission de travailler de nuit, les serruriers exceptés, à cause de la
perfection qu'exigeaitqu’exigeait ce genre d'ouvraged’ouvrage.
 
Les pentures étaient un genre de serrurerie fort prisé pendant le
moyen âge et qui exigeait un apprentissage spécial. Nous nous
occuperons
donc d'abordd’abord de cette partie de la serrurerie fine de bâtiment.
 
 
==== PENTURES ====
On désigne ainsi des bandes de fer clouées et boulonnées
aux vantaux des portes, munies d'und’un œil entrant dans un gond,
destinées
à suspendre ces vantaux et à permettre de les faire pivoter
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sur ces gonds.
 
Jousse<span id="note1" ></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]], dans son traité de la <i>''serrurerie</i>'', si précieux aujourd'huiaujourd’hui en ce
qu'ilqu’il nous retrace une partie des procédés employés par les ouvriers du
moyen âge, s'exprimes’exprime ainsi à propos des pentures: « Ce sont des barres
de fer plat, qu'ilqu’il faut percer tout au long, pour les attacher contre la
porte avec des clous rivez, ou bien avec un crampon qui passe
par-dessus
le collet de la bande, lequel crampon passe au travers de la
porte et est rivé par l'autrel’autre costé sur le bois. Le bout de la dite bande
se replie en rond, de la grosseur du mamelon du gond, qui est le bout
qui sort dehors la pierre ou bois, où il est posé; lequel bout du gond
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arrondi en façon que le gond tourne aisément dedans. Autres y font
des bandes flamandes pour porter les dites portes. Ces bandes sont
faites de deux barres de fer soudées l'unel’une contre l'autrel’autre et replyées en
rond comme la précédente pour faire passer et tourner le gond. Après
qu'ellesqu’elles sont soudées, on les ouvre et sépare l'unel’une de l'autrel’autre, autant
que la porte a d'épaisseurd’épaisseur, puis on les recourbe, le plus quarrément
que l'onl’on peut pour les faire joindre et serrer des deux costez de la
porte, principallement du costé de dehors: ceste façon de bandes
vaut mieux que les communes parce qu'ellesqu’elles prennent les deux costez
de la porte. On y en met trois pour l'ordinairel’ordinaire; on y met quelquefois
deux de ces bandes flamandes, ou d'autresd’autres droictes, avec un pivot au
bas qui prend souz la porte qui vaut encore mieux, pourveu qu'ilqu’il soit
bien fait et mis comme il faut...faut… » En effet, les pentures de portes
pendant le moyen âge étaient exactement fabriquées ainsi que Jousse
l'indiquel’indique encore au commencement du XVII<sup>e</sup> siècle. Ces pièces de fer ont,
au point de vue de l'artl’art du forgeron, une importance considérable. L'ouvrierL’ouvrier
qui peut forger une penture dans le genre de celles que nous
trouvons
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</div>
[[Image:Pentures.medievales.png|center]]
<div class="text" >
La figure 1 montre divers genres de pentures. En A, est la penture simple
avec son œil en <i>''b</i>'', son collet en <i>''c</i>'', le crampon d'attached’attache derrière le
renflement du collet en <i>''d</i>''. B est le géométral de la penture en coupe sur
le vantail ; <i>d'</i>'d’'' est le crampon avec sa double rivure en <i>''e</i>'' ; en <i>''f</i>'', le scellement
du gond. La ligne <i>''ops</i>'' indique la feuillure du jambage. Souvent la
rive du vantail est entaillée pour arriver à fond de feuillure, et l'œill’œil de la
penture est détourné, ainsi qu'onqu’on le voit en <i>''m</i>'', détail C. Alors l'œill’œil a moins
de champ que le plat de la penture, pour ne pas trop affamer le bois,
conformément au tracé perspectif G. Une rondelle <i>''g</i>'' est interposée entre
le renfort carré <i>''h</i>'' du gond et cet œil. Les pentures flamandes à doubles
bandes sont façonnées suivant les tracés I et K. Les pentures les plus
anciennes ont, soudé à leur collet, un arc de fer qui embrasse puissamment
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dès le XI<sup>e</sup> siècle, présente une difficulté de soudure, car il faut refouler le
fer de manière à en faire sortir les deux souches des branches, afin de
souder celles-ci, puis laisser une queue suffisante pour rouler l'œill’œil, le
souder et courber l'extrémitél’extrémité (voyez en C). Ces opérations demandent du
soin, pour ne pas brûler le fer et pour que les soudures des deux branches
courbes soient largement faites, le fer ayant juste le degré de
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de multiplier les clous, maintiennent fortement les frises de bois entre
elles, forment sur les vantaux comme une sorte de réseau de fer, et empêchent
les bandes de <i>''donner du nez</i>'', c'estc’est-à-dire de fléchir sous le poids
des frises. Les forgerons trouvèrent dans cette nécessité de structure un
motif d'ornementationd’ornementation. Les plus anciennes pentures sont, en effet, composées
de telle façon, qu'enqu’en suspendant les vantaux sur les gonds, elles
retiennent, sur un espace assez large, les frises les plus rapprochées du
collet ou de l'œill’œil. Ainsi, trouve-t-on encore assez fréquemment des pentures
de la fin du XI<sup>e</sup> siècle qui affectent la forme d'und’un C (fig. 2),
soudé au collet, de telle sorte que les deux branches A clouées sur les
frises les maintiennent fortement de B en C. Bientôt une bande
indépendante
de la penture, et appelée fausse penture, rend toutes les frises
du vantail solidaires. <span id=Ebreuil>On voit des pentures de ce genre à l'unel’une des portes
de la cathédrale du Puy en Velay, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - ../Index communes E#Ebreuil|Ébreuil]] (Allier). Ces dernières sont
fort belles, et nous en donnons (fig. 3) le dessin ; elles datent du commencement du XII<sup>e</sup> siècle. Le collet de la penture en forme de C passe
à travers le bois et est soudé, ainsi que l'indiquel’indique le détail A. En B, est la
section d'uned’une branche sur <i>''ab</i>''.
</div>
[[Image:Penture.XIe.siecle.png|center]]
 
[[Image:Penture.porte.cathedrale.Puy.en.Velay.png|center]]
<div class="text" >
La composition de l'ensemblel’ensemble des ferrures de la porte principale de
l'églisel’église d'd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - ../Index communes E#Ebreuil|Ébreuil]] est assez remarquable. Chaque vantail n'estn’est suspendu
que par deux pentures ; sept fausses pentures garnissent les frises et les
maintiennent entre elles. La fausse penture du milieu, plus riche que
les six autres, forme une double palmette d'und’un beau caractère. Ces ferrures
sont posées sur des peaux marouflées sur le bois et peintes en
rouge vif. Deux anneaux attachés à des mufles de lion de bronze
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</div>
[[Image:Penture.porte.eglise.Neuvy.Saint.Sepulcre.png|center]]
<div class="text" >
<span id=Neuvy.Saint.Sepulcre>L'artL’art de souder le fer au marteau arrivait déjà, au commencement du
XII<sup>e</sup> siècle, à une grande perfection. Les exemples abondent, et nous n'avonsn’avons
que l'embarrasl’embarras du choix. Quand il s'agits’agit seulement de souder à une
branche principale des rameaux secondaires, la besogne n'estn’est pas
très-difficile
pour un forgeron habile ; mais si l'onl’on prétend réunir des rinceaux
à un centre, composer des sortes d'entrelacsd’entrelacs, le travail exige une grande
pratique et une main aussi leste qu'habilequ’habile. Ces fausses pentures, par
exemple, provenant de la porte de l'églisel’église de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - ../Index communes N#Neuvy.Saint.Sepulcre|Neuvy-Saint-Sépulcre]]
(fig. 4) présentent un travail de forge d'uned’une difficulté réelle. Pour obtenir
les soudures A et B, surtout celles A, l'ouvrierl’ouvrier, s'ils’il n'estn’est
très-adroit,
risque fort de brûler son fer, car il lui faut remettre la pièce au feu plusieurs fois,
et cela sur un seul point. Il commence par forger et souder
une pièce C à laquelle il soude les huit branches l'unel’une après l'autrel’autre ; or, la
branche <i>''a</i>'' étant soudée, s'ils’il veut souder celle <i>''b</i>'', il faut que son feu et son
soufflet soient dirigés seulement sur le bout <i>''b</i>'', sans chauffer au rouge la
pièce <i>''a</i>''. Pour les soudures B, les deux branches E, G, étant forgées, on les
chauffait toutes deux en <i>''g</i>'', puis on les battait pour les souder ensemble
sur une doublure <i>''h</i>'' (voyez cette doublure ornée <i>''h</i>'', préparée avant la soudure).
Nous verrons tout à l'heurel’heure avec quelle adresse les forgerons
arrivèrent,
à la fin du XII<sup>e</sup> siècle, à façonner des pièces bien autrement
compliquées. Les extrémités des branches sont enroulées, ainsi que le
montre le tracé H, de manière à laisser un œil pour passer la tige du clou
à tête carrée <i>''p</i>''.
 
Mais ces sortes de pentures étaient assez riches d'ornementationd’ornementation déjà,
et exigeaient un grand nombre de soudures, car tous ces bouquets devaient
être forgés à part et soudés aux tiges principales. On employait souvent
un procédé plus simple, et qui cependant permettait une ornementation
assez brillante. Ce procédé consistait à détacher certaines parties d'uned’une
bande de fer à chaud, et à leur donner un galbe particulier. Ainsi
(fig. 5) soit une bande de fer plat A: on fendait à chaud, le long de ses
rives, des languettes de fer <i>''a</i>''; on courbait à chaud cette bande de fer sur
son champ, ainsi que l'indiquel’indique le tracé B, puis on galbait chacune des
brindilles refendues, en volutes <i>a'</i>'a’''. L'œilL’œil de chacune de ces volutes était
destiné à laisser passer une tige de clou <i>''c</i>'' dont la tête pressait les bords
du fer (voyez en <i>''b</i>''). On soudait alors la branche courbe, en D, à la bande
droite de la penture.
</div>
[[Image:Ornementation.penture.medievale.png|center]]
<div class="text" >
<span id=Blazincourt>Cet exemple provient d'uned’une porte de l'églisel’église de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - ../Index communes B#Blazincourt|Blazincourt]] (Gironde),
et date du XII<sup>e</sup> siècle. Les bouts E des branches courbes se terminent en
façon de têtes, ainsi que l'indiquel’indique le profil F. Pour obtenir ce renfort,
le fer a été refoulé, puis fendu et façonné au marteau, avant de courber
la branche et ses volutes.
 
<span id=Moulis>Voici en G une autre penture forgée d'aprèsd’après le même principe et
provenant de l'églisel’église de Saint-Saturnin, de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes M#Moulis|Moulis]] (Gironde)<span id="note2" ></span>[[#footnote2|<sup>2</sup>]]. <span id="Angers9" >On voit en <i>''g</i>''
comment le forgeron a refendu et préparé la bande droite de la penture
pour obtenir les petites volutes <i>''h</i>''. Rien n'étaitn’était plus simple que ce genre
de travail, qui n'exigeaitn’exigeait d'autresd’autres soudures que celles des deux
branches courbes avec la tige droite. Ces volutes étaient naturellement les attaches
des clous, et évitaient les trous dans les bandes ou branches, trous dont
multiplicité affame le fer et provoque souvent des brisures. Les portes
de l'églisel’église de Saint-Martin, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - ../Index communes A#Angers|Angers]], sont garnies encore de fausses
pentures qui, comme travail de forge et de soudure, sont une œuvre
assez remarquable. La figure 6 donne l'unel’une de ces fausses pentures. Il
n'estn’est pas fort aisé de souder le cercle milieu avec les quatre branches
de la croix. Ces bandes ont été battues à chaud l'unel’une sur l'autrel’autre,
puis découpées
à l'étampel’étampe et au burin. En A est la section faite sur <i>''ab</i>'', et en B le
détail d'uned’une des feuilles extrêmes C. Quand il s'agits’agit de souder ainsi deux
pièces de fer croisées ou rapportées l'unel’une sur l'autrel’autre, on fait chauffer au
rouge cerise la pièce du dessous et au rouge blanc la pièce du dessus,
puis on martèle à petits coups d'abordd’abord, et à coups plus forts à mesure
que le fer refroidit. Si les deux pièces étaient chauffées au rouge blanc,
on risquerait, au premier coup de marteau, de ne plus rien trouver sur
l'enclumel’enclume. C'étaitC’était par les différents degrés de chauffage que les forgerons
pouvaient arriver à souder un grand nombre de pièces, comme
nous le verrons tout à l'heurel’heure.
</div>
[[Image:Penture.porte.eglise.Saint.Martin.Angers.png|center]]
<div class="text" >
Les fausses pentures de Saint-Martin, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - ../Index communes A#Angers|Angers]], datent du XII<sup>e</sup> siècle,
et présentent, pour l'époquel’époque, cette particularité curieuse des évidements
ménagés dans les bandes et découpés après la soudure des pièces.
Le battage des deux fers superposés, du cercle et des deux branches de
la croix, donnait après l'opérationl’opération la forme D, --cette forme D étant
la réunion E, --car la double épaisseur du fer, sous le marteau, s'étaits’était
étendue en remplissant les angles. Ces angles étaient élégis au burin,
sans le secours de la lime, qui n'étaitn’était pas employée à cette époque. Il
était plus rationnel de donner cependant plus d'épaisseurd’épaisseur ou de largeur
aux parties soudées, et de profiter ainsi du procédé pour contribuer à
l'ornementationl’ornementation. C'estC’est dans cet esprit que sont fabriquées les jolies pentures
du XII<sup>e</sup> siècle attachées à la porte méridionale de l'anciennel’ancienne
cathédrale de Schlestadt, et dont nous donnons le dessin figure 7. Le collet A
est soudé aux deux branches C au moyen d'und’un renfort, ainsi qu'onqu’on le voit
sur le profil en B. La tige elle-même possède un renfort D sous lequel
est soudée l'embasel’embase G de la bande principale, cette embase étant
élargie
pour faciliter l'opérationl’opération de soudure. Le renfort D a été élégi au burin
après le martelage. Les branches extrêmes E sont soudées sur l'extrémitél’extrémité
F, également élargie, de la bande droite. Ainsi le fer refoulé latéralement
par le martelage à chaud a été utilisé dans l'ornementationl’ornementation. En H, est
tracée à une plus grande échelle la tête du boulon passant à travers le
renfort du collet ; cette tête de boulon possède deux rondelles étampées.
En I, est tracée la section de la bande faite sur <i>''ab</i>''. On remarquera les
coups de burin donnés sur les soudures et formant gravure. Ces coups
de burin frappés au moment où le fer se refroidit et n'estn’est plus que rouge
sombre, raffermissent encore les soudures et dissimulent les
inégalités
produites par le martelage sur une surface plane. On voit également
des coups de burin en <i>''g</i>'', aux extrémités des soudures longitudinales des
branches.
</div>
[[Image:Penture.porte.cathedrale.Schlestadt.png|center]]
<div class="text" >
Les exemples que nous avons donnés ne montrent que des pentures
forgées simples, c'estc’est-à-dire composées d'uned’une simple épaisseur de fer
plus ou moins travaillé. Mais les serruriers, lorsqu'ilslorsqu’ils façonnaient des
pentures d'uned’une grande dimension, étaient obligés de donner à la bande
principale une très-forte épaisseur près du collet, ce qui rendait les soudures
des branches difficiles et les pentures très-lourdes ; ou de renforcer ces bandes par des doublures, des nerfs, qui, sans augmenter
beaucoup
leur poids, ajoutaient singulièrement à leur force. Ces doublures,
ces nerfs, n'étaientn’étaient soudés au corps principal que de distance en
distance,
au moyen d'embrassesd’embrasses, de telle sorte que ces bandes superposées
conservaient une grande élasticité et une roideur extraordinaire.
</div>
[[Image:Schema.penture.medievale.png|center]]
<div class="text" >
En effet, si sur une bande de fer d'und’un centimètre d'épaisseurd’épaisseur (fig. 8),
nous soudons une doublure seulement au moyen des deux embrasses A
et B, en laissant d'ailleursd’ailleurs ces deux fers libres, ainsi que le montre la
section C, nous obtenons une tige plus roide et moins sujette à être brisée
que si la doublure était réunie à la bande dans toute sa longueur. Si
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obtiendrons également une résistance plus grande et nous aurons moins
à craindre les brisures. En supposant donc la bande principale D formée
de trois tiges E, F, G (voyez la section H) soudées par les embrasses I,
K, cette bande aura autant de roide qu'unequ’une barre pleine, sera moins
sujette à se briser et sera plus légère.
</div>
[[Image:Schema.penture.medievale.2.png|center]]
<div class="text" >
Les forgerons adoptent ces méthodes dès la fin du XIII<sup>e</sup> siècle, et nous
en avons un exemple bien remarquable dans la fabrication des belles
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longueur,
quelquefois sur certains points, mais toujours solidement réunis
au moyen d'embrassesd’embrasses riches, renforcées par des appendices qui ajoutent
à la solidité de l'œuvrel’œuvre aussi bien qu'àqu’à son ornementation.
 
Inutile de répéter ici les opinions singulières qui ont été émises sur la
fabrication de ces pentures, pendant le dernier siècle et de nos jours
encore. Les uns ont prétendu qu'ellesqu’elles étaient fondues, d'autresd’autres qu'ellesqu’elles
étaient en partie évidées à la lime, plusieurs qu'ellesqu’elles étaient composées
de brindilles de fonte soudées par un procédé inconnu. Disons tout de
suite que les serruriers forgerons ne se sont jamais mépris sur le mode
de fabrication de ces ferrures ; mais dans les questions de cette nature,
on préfère souvent écrire des pages entières dans son cabinet à consulter
le premier praticien venu.
 
Réaumur, cependant, avait indiqué le véritable mode employé pour
forger les pentures de Notre-Dame de Paris...Paris… « Quoi qu'onqu’on en dise »,
écrit-il dans la note insérée dans ll’''<i>Encyclopédie</i>'', « le corps des pentures
et les ornements sont de <i>''fer forgé</i>'' et faits, comme on les ferait aujourd'huiaujourd’hui,
de divers morceaux soudés tantôt les uns sur les autres,
tantôt les uns au bout des autres ; ce qu'ilqu’il y a de mieux n'estn’est pas même
la façon dont ils l'ontl’ont été, les endroits où il y a eu des pièces rapportées
sont assez visibles à qui l'examinel’examine avec attention: on n'an’a pas pris
assez de soin de les réparer, quoique cela fût aisé à faire. »
 
En effet, les soudures se voient sur bien des points et n'ontn’ont pas été
réparées au burin ou à la lime, elles n'enn’en sont pas moins
très-habilement
faites; mais peut-être Réaumur a-t-il voulu parler de certaines pièces
rapportées au XV<sup>e</sup> siècle pour réparer des dommages, et simplement
clouées à côté des fragments anciens ?... « Quoi qu'ilqu’il en soit »,
ajoute-t-il,
« ces pentures sont certainement un ouvrage qui a demandé un
temps très-considérable et qui a été difficile à exécuter. Il n'estn’est pas
aisé de concevoir comment on a pu souder ensemble toutes les pièces
dont elles sont composées: il y a cependant apparence que toutes
celles d'uned’une penture l'ontl’ont été avant qu'ellequ’elle ait été appliquée sur la
porte, car on aurait brûlé le bois en chauffant les deux pièces qui devaient
être réunies. » (Il faut avouer que cette dernière observation ne
manque pas de naïveté.) «...On…On n'an’a pas mis non plus une pareille masse
à une forge ordinaire ; il paraît nécessaire que dans cette circonstance
la forge vint chercher l'ouvrage...l’ouvrage… On s'ests’est apparemment servi de soufflets
portatifs, comme on s'ens’en sert encore aujourd'huiaujourd’hui en divers cas; on
a eu soin de rapporter (souder) des cordons, des liens, des fleurons, etc.,
dans tous les endroits où de petites tiges et des branches menues se
réunissaient à une tige ou branche plus considérable.
 
« Les pièces rapportées (soudées par dessus) cachent les endroits où les
autres ont été soudées (bout à bout): c'estc’est ce qu'onqu’on peut observer en
plusieurs endroits où les cordons ou fleurons ont été emportés ; ces
cordons et fleurons avaient sans doute été rapportés et réparés après
avoir été soudés...soudés… » Bien que cette appréciation de l'œuvrel’œuvre de ferronnerie
qui nous occupe ici soit assez exacte, cependant Réaumur
n'avaitn’avait point évidemment consulté un forgeron. Ces pièces qu'ilqu’il indique
comme rapportées sont soudées, et n'ontn’ont pas été étampées après la soudure,
mais avant ; leurs embrasses ont été retouchées parfois au burin,
mais à chaud.
 
Du reste, examinons ces pentures en laissant de côté ces appréciations
plus ou moins rapprochées de la vérité; comme nous en avons fait fabriquer
d'absolumentd’absolument pareilles<span id="note3" ></span>[[#footnote3|<sup>3</sup>]], nous pouvons en parler avec une connaissance
exacte des moyens employés ou à employer.
 
Naturellement, la première opération consiste à dessiner un carton de
la penture qu'onqu’on prétend faire forger, grandeur d'exécutiond’exécution ; carton qui
sert de patron pour forger et étamper d'abordd’abord toutes les brindilles et tiges
développées ; après quoi on soude les brindilles ensemble, suivant le dessin,
pour en former les bouquets ; puis on soude ces bouquets ou groupes
de feuilles aux tiges, puis on soude les tiges à la bande principale,
puis on donne aux tiges la courbe voulue. Autant pour masquer que
pour consolider les soudures, on rapporte à chaud, et l'onl’on soude par
conséquent, d'autresd’autres feuilles ou des embrasses, bagues, embases et ornements
sur le plat de ces soudures premières.
 
Nous ne pourrions donner, dans cet ouvrage, l'ensemblel’ensemble des pentures
de Notre-Dame de Paris ; d'ailleursd’ailleurs ces ensembles ont été publiés en entier
dans la <i>''Statistique monumentale de Paris</i> d'après' d’après de très-bons dessins
de M. Bœswilwald, et en partie dans l'ouvragel’ouvrage de M. Gailhabaud. Ce n'estn’est
pas là ce qui importe pour nous, mais bien les détails de la fabrication.
C'estC’est donc sur ce point que nous insisterons.
 
Les bandes de ces pentures n'ontn’ont pas moins de 0<sup>m</sup>, 16 à 0<sup>m</sup>, 18 de largeur
au collet, sur une épaisseur de 0<sup>m</sup>, 02 environ, et elles sont composées,
comme nous l'avonsl’avons dit ci-dessus, de plusieurs bandes réunies et
soudées de distance en distance au moyen d'embrassesd’embrasses qui ajoutent
une grande force à l'ouvragel’ouvrage et qui recouvrent les soudures des branches
recourbées. Pour faciliter l'intelligencel’intelligence du travail de forge, nous
procéderons du simple au composé.
 
Le carton tracé, dont nous donnons (fig. 10) un fragment, un bouquet,
terminaison d'und’un enroulement, le forgeron a commencé par forger
séparément chacune des brindilles: celle A, par exemple, ainsi que l'indiquel’indique
le détail <i>''a</i>'', celle B, ainsi que l'indiquel’indique le détail <i>''b</i>'' ; celle C, ainsi
que l'indiquel’indique le détail <i>''c</i>'', etc. Il a eu soin de laisser à la queue de chacune
de ces brindilles un talon de fer <i>''t</i>'' qui a permis de chauffer au rouge
blanc ces renforts et de les souder par le martelage. Il a donc obtenu à
la base du bouquet, les brindilles étant soudées, une surface plate dont
il a coupé les bords au burin, quand le fer était encore rouge. La queue
de ce bouquet a été remise au feu, ainsi que l'extrémitél’extrémité D de la branche,
puis le bouquet a été soudé à la branche. Pour masquer cette surface
battue DG, une première brindille avec feuille E a été soudée, ainsi qu'onqu’on
le voit en E'E’; puis par-dessus, l'embrassel’embrasse H, portant les feuilles K, a été
soudée à son tour. Cette embrasse, mise au feu, n'étaitn’était qu'unqu’un talon de
fer épais; c'estc’est au moyen d'uned’une étampe que le forgeron lui a donné sa
forme régulière et l'al’a soudée. Puis au burin il a nettoyé les bords et les
bavures sur la branche. Il faut dire que ces dernières pièces avaient dû
être chauffées au rouge blanc, tandis que le plat DG, destiné à les recevoir,
n'étaitn’était chauffé qu'auqu’au rouge. Le dessous offrait ainsi une consistance
assez grande pour ne pas être déformé par le martelage sur la queue de
la foliole E, et par les coups violents donnés sur l'embrassel’embrasse par le marteau
sur l'étampel’étampe.
</div>
[[Image:Penture.Notre.Dame.Paris.png|center]]
<div class="text" >
Mais peut-être quelques-uns de nos lecteurs ne savent pas ce que nous
entendons par <i>''étampe</i>''. C'estC’est une matrice de fer trempé, un coin auquel
on a donné en creux la forme de l'objetl’objet à étamper. Ainsi, toutes les folioles,
les boutons de ce bouquet, ont été obtenus au moyen d'étampesd’étampes.
Le forgeron a façonné au marteau la tigette L, par exemple, à l'extrémitél’extrémité
de laquelle il a laissé une masse de fer un peu aplatie. Cette masse, mise
au feu, a été apposée sur l'étampel’étampe ayant la forme <i>''b</i>'', en creux, puis
elle a été fortement frappée d'und’un ou plusieurs coups de marteau, suivant
la saillie des reliefs à obtenir ou l'étenduel’étendue de l'ornementl’ornement. Le fer ainsi
s'ests’est trouvé moulé, et les bords de l'ornementl’ornement ont été enlevés facilement.
L'habiletéL’habileté du forgeron consiste à faire chauffer le fer à étamper au
degré convenable. Trop chaud, il s'échappes’échappe sous le coup du marteau, et
celui-ci, rencontrant la matrice, peut la briser ; pas assez chaud, on frapperait
vainement sur le fer pour obtenir un bon moulage, et alors la
brindille est à recommencer, car le fer, déjà aplati, remis au feu et
soumis une seconde fois au coup du marteau, ne pourrait pas remplir
les creux de la matrice et ne donnerait qu'unequ’une épreuve indécise.
 
On concevra qu'ilqu’il est plus aisé de façonner, de souder un bouquet de
ce genre, que de réunir des branches qui déjà sont chargées de bouquets,
de brindilles et de folioles contre-soudées sur ces branches. Le forgeron
des pentures de Notre-Dame de Paris a commencé par façonner à part
chacune des brindilles entrant dans la composition générale ; il a groupé
ces brindilles en bouquets, il a soudé ces bouquets aux branches secondaires; ;
puis il a soudé ces branches secondaires ainsi chargées, sinon
contournées suivant leur galbe définitif, aux branches principales, puis
celles-ci à la bande principale, qui est le corps de la penture, comme le
tronc est le corps de l'arbrel’arbre. Ces dernières opérations sont de beaucoup
les plus difficiles, tant à cause de la précision qu'ellesqu’elles exigent pour donner
à ces branches la longueur convenable en les soudant, que par le poids
de ces pièces qu'ilqu’il faut manier rapidement, et par le degré de chaleur
qu'ilqu’il convient de donner à chaque partie à souder.
</div>
[[Image:Penture.porte.Sainte.Anne.Notre.Dame.Paris.png|center]]
<div class="text" >
Voici (fig. 11) un autre fragment des pentures de la porte
Sainte-Anne<span id="note4" ></span>[[#footnote4|<sup>4</sup>]],
qui présente la réunion des deux branches secondaires, celles A et
B, et des brindilles <i>''a, b, c, d</i>'', à une branche principale C. Comme la branche
D est la continuation de la branche principale C, ces trois branches
A, B, D, ont été d'abordd’abord soudées ensemble en E, avec un prolongement
EG finissant en ciseau. Sur ce plat de la soudure E a été soudé d'abordd’abord
le groupe de feuilles H, puis la grosse branche C terminée par l'embasel’embase K
et sa foliole, mais cette foliole a été étampée, ainsi que l'embasel’embase K, sur le
fer de dessous E chauffé au rouge ; la branche C elle-même a été soudée
sur le prolongement EG et étampée en nervures, à chaud, après le premier
martelage. Sur le corps des branches, quand on superpose des folioles,
ainsi que le montrent les détails M, le point de soudure de ces
folioles donne un renfort que le forgeron dispose à l'étampel’étampe en rosette,
comme on le voit en O, ou en façon d'embased’embase, comme on le voit en P.
La difficulté est aussi d'obtenird’obtenir, dans ces réunions de branches, des
courbes qui se suivent régulièrement sans jarreter. Pour cela, l'ouvrierl’ouvrier
a tracé son carton sur une pierre ou une plaque de plâtre, et il rapporte,
après chaque soudure, sa penture sur ce patron, pour être bien certain
qu'ilqu’il conserve exactement les courbes, les longueurs, les distances de
chacune des parties.
 
Si nous décrivons maintenant les procédés employés pour la façon de
la bande ou du corps principal de la penture, nous aurons rendu
compte, autant qu'ilqu’il est nécessaire de le faire, de la fabrication des
grandes pentures de Notre-Dame de Paris. Cette dernière pièce est la
plus difficile à forger, surtout auprès du collet. La bande n'estn’est pas faite
d'uned’une seule pièce de fer, mais d'und’un très-grand nombre de pièces soudées
côte à côte et bout à bout.
 
Si nous prenons l'unel’une de ces pentures, celle basse, au vantail de la
porte Sainte-Anne que chacun peut examiner de très-près, nous verrons
que cette penture se compose de cinq pièces principales (fig. 12): 1º le
collet A ; 2º le premier membre B ; 3º le second membre C ; 4º le troisième
membre D ; 5º le bouquet E. Chacun de ces membres a été
assemblé séparément avec ses branches principales, ses branches secondaires,
ses brindilles. De plus, la bande ou le corps de la penture se compose,
pour le collet, de quatre barres ; pour le premier membre, de trois
barres ; pour le second membre, de même; et pour le quatrième
membre, de trois barres aussi, mais plus minces. Ces barres, parallèles
et jointives, ne sont soudées entre elles qu'àqu’à leurs extrémités, en <i>''a, b, c</i>'',
<i>''d</i>'', etc. Ces soudures se terminaient en palettes quelque peu amincies
aux extrémités, en façon de ciseau. Lorsqu'ilLorsqu’il a fallu réunir ces cinq
parties en une seule, les extrémités <i>''g, h</i>'', préparées, ont été chauffées et
soudées, puis la soudure renforcée par une embrassure soudée. Les
extrémités <i>''e, d</i>'', de même, et ainsi de suite jusqu'aujusqu’au collet.
</div>
[[Image:Penture.porte.Sainte.Anne.Notre.Dame.Paris.2.png|center]]
<div class="text" >
Analysons donc cette dernière opération, la plus difficile et la plus
pénible de toutes, à cause du poids considérable de la pièce, de l'étenduel’étendue
de la soudure et de son importance, puisque de la perfection de l'ouvragel’ouvrage
résulte toute la force de la penture.
 
La figure 13 représente la soudure du collet A avec le premier membre
B. Cette soudure faite (voyez le profil P), les brindilles C et D ont été
soudées par dessus ; puis l'embrassurel’embrassure E, qui portait déjà, avant l'applicationl’application,
les cinq folioles F et ses deux tigettes G. L'embrassureL’embrassure soudée
sur la face et en retour, le profil H a été étampé et nettoyé au burin ;
de même sur la face et sur les côtés. On voit en I la section des quatre
barres composant le collet et réunies par la soudure en K ; en L, la section
des trois barres composant la bande du premier membre, et en M la
section des branches soudées préalablement à la souche de cette bande.
</div>
[[Image:Penture.porte.Sainte.Anne.Notre.Dame.Paris.3.png|center]]
<div class="text" >
Il n'estn’est pas nécessaire d'insisterd’insister, pensons-nous, sur les difficultés que
présente ce travail pour ne pas brûler le fer, et pour lui donner rigoureusement
le degré de chaleur qu'exigequ’exige une bonne soudure. Il est évident
que cette triple opération de battage à chaud, que ces superpositions de brindilles et d'embrassesd’embrasses, donnent au fer une grande résistance
et assurent la solidité de la soudure première (celle des deux morceaux
de bandes), en la renforçant et en la soumettant plusieurs fois au feu
et au martelage. L'ornementationL’ornementation est donc ici encore la conséquence du procédé de fabrication.
 
Le commencement du XIII<sup>e</sup> siècle est l'apogéel’apogée de l'artl’art du forgeron. Les pentures de Notre-Dame, des grilles des abbayes de Saint-Denis, de Braisne, de Westminster ; des pentures des cathédrales, de
Noyon, de Sens, de Rouen, etc., qui datent de cette époque<span id="note5" ></span>[[#footnote5|<sup>5</sup>]], nous
montrent des exemples de forge qui ne furent pas dépassés, ni même
atteints ; car nous ne pouvons considérer comme ouvrages de forge les
œuvres en fer battu et repoussé des XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> siècles. C'estC’est là un procédé
de fabrication tout autre et qui sort du domaine de l'architecturel’architecture.
Dès la fin du XIII<sup>e</sup> siècle, on cherche à éviter les difficultés de soudure,
à remplacer les fers étampés à chaud par des moyens qui demandent
moins de force et moins de temps. Les forgerons reculent devant ce travail
qui exigeait, avec des bras robustes, des soins, une grande expérience
et une adresse de mains extraordinaire. On voit encore de jolies
pentures dans des monuments du XIII<sup>e</sup> siècle, qui, d'ailleursd’ailleurs, ne diffèrent
pas, comme procédé de fabrication, de celles que nous venons de
présenter.
 
Au commencement du XIV<sup>e</sup> siècle, les pentures prennent des formes
générales plus fines, plus découpées ; les fers sont plats et ne demandent
plus un travail pénible.<span id=Carcassonne>
</div>
[[Image:Penture.porte.nord.cathedrale.Carcassonne.png|center]]
<div class="text" >
Voici (fig. 14) une penture de cette époque, provenant de la porte
nord de l'anciennel’ancienne cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Carcassonne|Carcassonne]]. Le galbe en est délicat,
cherché ; les soudures, peu nombreuses, sont bien faites et n'ontn’ont pas été
renforcées et recouvertes par ces embrasses habituellement employées
jusqu'aujusqu’au milieu du XIII<sup>e</sup> siècle. Cette penture date de 1320 environ.
 
Voici encore (fig. 15) une penture très-simple, mais bien combinée,
qui provient d'uned’une porte de l'églisel’église Saint-Jacques de Reims, et qui date
du milieu du XIV<sup>e</sup> siècle. Le vantail de la porte est à pivots P, et les pentures
ne sont, à vrai dire, que des bandes doubles qui pincent les traverses
de la porte avec les frises, ainsi que le fait voir la section A.
Extérieurement, la face de cette fausse penture n'estn’est décorée que par
une arête saillante et des clous fort joliment forgés. En C, sont tracés
la face et le profil d'und’un de ces clous principaux. En D, est donnée
la section de la penture, dont les bords n'ontn’ont que 5 millimètres, et
le milieu 8 millimètres.
 
On en venait, pour ces sortes d'ouvragesd’ouvrages de serrurerie fine, du fer soudé
au fer battu, découpé à l'étampel’étampe ou au burin, puis martelé à froid ou à
une température peu élevée. L'usageL’usage qui se répandit, dès le XIV<sup>e</sup> siècle,
de fabriquer des <i>''plates</i>'', c'estc’est-à-dire des pièces d'armuresd’armures de fer battu et
repoussé, mit ce genre de travail en vogue, et pénétra jusque dans la
serrurerie fine de bâtiment.
</div>
[[Image:Penture.eglise.Saint.Jacques.Reims.png|center]]
<div class="text" >
Pour les pentures à cette époque, elles sont plus souvent prises dans
une pièce de fer battu et découpé qu'obtenuesqu’obtenues au moyen des soudures,
comme précédemment.
</div>
[[Image:Penture.XIVe.siecle.png|center]]
<div class="text" >
Nous présentons ici (fig. 16) un exemple de ces sortes d'ouvragesd’ouvrages du
XIV<sup>e</sup> siècle<span id="note6" ></span>[[#footnote6|<sup>6</sup>]]. En A, est figurée la penture, ou plutôt le morceau de fer battu
avant le découpage. Ce morceau de fer avait alors la forme donnée
par la moitié <i>''abcde</i>''. Bien corroyé au marteau, également aplani, découpé
au burin sur ses bords, on a tracé sur sa face externe les linéaments
indiqués sur notre dessin. Alors la pièce <i>''iklm</i>'' a été coupée et
enlevée. Mettant au feu la partie A<i>''d</i>'', on l'al’a tordue de champ, ainsi que
le fait voir le côté achevé B ; remettant au feu la palette D, on a écarté
chacune des branches de façon à obtenir les ouvertures d'anglesd’angles <i>''g</i>''. Les
trois branches ont elles-mêmes été recoupées au burin et façonnées au
marteau, comme le montrent les folioles <i>''h</i>''. Le travail a encore aminci le
fer en l'étendantl’étendant, et l'onl’on a pu terminer la partie sans la remettre au feu.
Les bouts des folioles sont légèrement recourbés en dedans, de manière
à appuyer sur le bois et à éviter des aspérités qui écorcheraient les vêtements
Ligne 670 :
 
À propos de cette bride, nous signalerons ici certaines pentures composées
d'uned’une simple bande, et qui ne sont pas clouées sur les vantaux,
mais maintenues seulement au moyen de brides rivées. En L, est un
exemple de ces sortes de pentures employées parfois lorsque les portes
Ligne 676 :
de la penture L montre les brides enfoncées, et dont les bouts pointus
doivent être rabattus sur la traverse P, de manière à la bien serrer.
Alors ces brides O ont exactement, de <i>''p</i>'' en <i>''s</i>'', la largeur de la traverse.
 
Ces modifications dans les procédés de fabrication de ces pièces de
serrurerie fine devaient conduire peu à peu à l'emploil’emploi du fer battu rapporté
après coup sur le corps principal de la penture. Cependant
l’Allemagne
l'Allemagne
nous précéda dans cette voie de l'emploil’emploi du fer battu et repoussé
comme moyen décoratif de la serrurerie fine. Déjà, vers la fin du
XIV<sup>e</sup> siècle, on voit dans des ouvrages de serrurerie allemande, notamment
à Augsbourg, à Nuremberg, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes M#Munich|Munich]], des fers battus employés
comme ornements, et que nous appellerions aujourd'huiaujourd’hui de la tôle repoussée,
tandis qu'enqu’en France, ce mode ne paraît guère adopté avant le
commencement du XV<sup>e</sup> siècle pour des ouvrages de quelque importance.
</div>
[[Image:Penture.allemande.XIVe.siecle.png|center]]
<div class="text" >
La figure 17 expliquera l'emploil’emploi de ce procédé mixte<span id="note7" ></span>[[#footnote7|<sup>7</sup>]]. La bande de
la penture est une simple barre de fer plat de 0<sup>m</sup>, 09 de largeur sur
0<sup>m</sup>, 009 d'épaisseurd’épaisseur au plus.
 
Sur cette bande a été rapporté un ornement de fer battu découpé et
repoussé ; puis sur l'ornementl’ornement, une baguette de fer forgé étampé en
façon de torsade, avec œils renflés pour recevoir les clous, et tête d'animald’animal
à l'extrémitél’extrémité. L'ornementL’ornement de tôle est, en outre, percé de trous pour
recevoir des clous, soit passant à travers la bande, soit enfoncés directement
dans les frises du vantail. En A, est présentée la section (au double)
de la bande, avec le mouvement de l'ornementl’ornement, la baguette de recouvrement
et les têtes de clous. En B, le profil de l'extrémitél’extrémité de la penture,
avec la tête d'animald’animal terminant la baguette. Ce mode permettait d'obtenird’obtenir
une ornementation très-riche à peu de frais ; et sans avoir recours
aux soudures. Cependant, parfois, ces fers battus, d'uned’une épaisseur d'und’un
millimètre environ, sont soudés sur une âme, à chaud, et sans interposition
d'uned’une matière plus fusible que le fer. Il faut dire que ces sortes de
ferrures n'étaientn’étaient guère posées directement sur le bois ; mais sur une
toile, ou une peau, ou un feutre marouflé sur le vantail. D'ailleursD’ailleurs il en
était de même pour la plupart des pentures, et l'onl’on trouve encore les
traces de ces marouflages. Les pentures de l'églisel’église d'd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes E#Ebreuil|Ébreuil]], que nous
avons données au commencement de cet article, sont, ainsi qu'ilqu’il a été
dit, posées sur une peau soigneusement appliquée sur le vantail et peinte
en rouge.
</div>
[[Image:Penture.XIVe.siecle.2.png|center]]
<div class="text" >
Voici un exemple (fig. 18) qui fera comprendre en quoi consiste ce
procédé d'applicationd’application de plaques de fer battu, découpées et soudées sur
une assiette de fer forgé. Soit A une bande de fer forgé. Deux lames de
fer battu de 0<sup>m</sup>, 002 d'épaisseurd’épaisseur environ, <i>''a</i>'', <i>''b</i>'', et découpées suivant le
tracé B (moitié d'exécutiond’exécution), composent une redenture à deux plans ;
ces lames, après avoir été rendues solidaires par des rivets, sont appliquées
sur la bande de fer forgé, celle-ci étant rougie au feu. Au même
moment, deux bandes de fer <i>''c</i>'', <i>''c</i>'', chauffées au rouge blanc, sont adaptées
le long des rives des lames de fer découpé, puis frappées à l'étampel’étampe,
qui, les soudant, leur donne une ornementation en torsade ou en
demi-rond.
Ligne 733 :
les lames de fer découpées. Des trous sont alors percés au milieu des à-jour
pour permettre de clouer la penture sur le vantail. Souvent des
ornements de fer repoussé <i>''d</i>'', en façon de rondelles, contribuent à décorer
la tête des clous.
 
En D, l'œill’œil de la penture est figuré, celui-ci étant double et le scellement
portant de même un œil. Un boulon passe à travers ces œils, et
forme une sorte de paumelle qui remplace le système de gonds indiqué
Ligne 743 :
On ne renonçait pas absolument, pendant le XV<sup>e</sup> siècle, aux fers soudés
et étampés dans la fabrication des pentures, car il existe encore
bon nombre de ces ouvrages qui, sans atteindre la perfection et l'importancel’importance
de ceux des XII<sup>e</sup> et XIII<sup>e</sup> siècles, fournissent des objets de serrurerie
fort recommandables.
</div>
[[Image:Penture.Thann.Haut.Rhin.png|center]]
<div class="text" >
Si cette penture (fig. 19), dessinée à Thann (Haut-Rhin), est dépourvue
de ces embrasses et de ces nerfs rapportés sur les soudures des ouvrages
du XIII<sup>e</sup> siècle ; si elle est en grande partie obtenue par les moyens de
découpage à chaud indiqués figure 16, ses fleurons d'extrémitésd’extrémités sont
soudés cependant aux tigettes, puis étampés et burinés après l'étampagel’étampage.
 
Sa composition, d'ailleursd’ailleurs est gracieuse, et bien entendue pour maintenir
ensemble et sur une grande surface les frises du vantail. Le burinage
et le découpage, vers le milieu du XV<sup>e</sup> siècle, prenaient, dans les
ouvrages de serrurerie, une importance d'autantd’autant plus grande, que le
martelage à chaud était plus négligé. Ce qui tend à dire que les outils se
perfectionnant, la main de l'ouvrierl’ouvrier perdait de son habileté.
 
L'œuvreL’œuvre de Mathurin Jousse fait assez connaître, cependant, qu'auqu’au
commencement du XVII<sup>e</sup> siècle encore, les maîtres serruriers avaient
conservé les traditions de l'artl’art du forgeron ; et les renseignements que
donne cet auteur sur les diverses natures de fer, sur la manière de traiter
ce métal au feu et sur l'enclumel’enclume, sont le résumé d'observationsd’observations
très-justes
et d'uned’une connaissance exacte de la pratique.
 
Ce qui mérite de fixer l'attentionl’attention en dehors de la forme plus ou moins
bonne donnée aux ouvrages de serrurerie du moyen âge, c'estc’est le soin avec
lequel tout est prévu pour que ces pièces aient exactement les dispositions
qui leur conviennent. Quand l'architectel’architecte monte les pieds-droits
d'uned’une porte, il prévoit la place des scellements des gonds, et si même
la porte est d'uned’une grande dimension, ces gonds sont posés entre des
assises, en bâtissant ; quand il donne le dessin des vantaux, c'estc’est encore
en prévoyant exactement la position de toutes les ferrures, qui ne sont
jamais dissimulées. Quand les ferrures sont prêtes à poser, il n'yn’y a plus
d'entaillesd’entailles à faire dans le bois ou dans la pierre, et chaque objet prend la
place qui lui a été assignée dès le commencement de l'exécutionl’exécution. Ainsi,
par exemple, pour des portes intérieures qui doivent battre exactement
dans les feuillures, afin que la saillie de la penture ne vienne pas empêcher
l'applicationl’application immédiate du vantail contre le pied droit, le collet de
la penture est souvent détourné.
</div>
[[Image:Penture.XIIe.siecle.png|center]]
<div class="text" >
(Fig. 20.) Dans ce cas, la dernière frise de la porte A a été rapportée
après coup et maintenue avec les autres frises par des prisonniers, et
sur le collet de la penture par un dernier clou B, rivé en dehors, au
lieu d'êtred’être, comme les autres, rivé en dedans. Cette disposition existe
déjà dès le XII<sup>e</sup> siècle. Aussi le vantail peut-il exactement battre dans sa
feuillure, sans qu'ilqu’il soit nécessaire d'entaillerd’entailler le tableau pour loger la
saillie du collet de la penture.
 
Il n'estn’est pas de détail insignifiant, quand il s'agits’agit de faire concorder les
divers corps d'étatsd’états à cette œuvre commune qu'onqu’on appelle l'architecturel’architecture.
Les belles époques de l'artl’art sont celles où le maître de l'œuvrel’œuvre sait prévoir,
dès l'originel’origine de la structure, toutes les parties, sait leur assigner
une place sans avoir à retoucher ce qui est fait. Si le dernier objet à
placer dans un édifice en construction prend exactement, à l'heurel’heure dite,
la position qu'ilqu’il doit occuper, le constructeur est un maître. Il ne
saurait se donner cette qualité, si son œuvre ne s'élèves’élève qu'àqu’à l'aidel’aide de
tâtonnements de changements perpétuels, de repentirs ; s'ils’il lui faut,
pour poser ses derniers ouvrages, tels que la menuiserie et la serrurerie
fine, recouper par ici ou recharger par là. Tous ces tâtonnements sont
Ligne 811 :
En laissant apparente toute la serrurerie fine, les maîtres du moyen
âge étaient bien forcés de lui donner sa vraie place comme sa véritable
forme. De plus, il leur était aisé de reconnaître si l'ouvragel’ouvrage était bien
fait. Quand nous entaillons aujourd'huiaujourd’hui des équerres, des pentures, des
attaches de paumelles, des bandes, dans la menuiserie, et que tout cela
est recouvert de trois couches de peinture, il est assez malaisé de reconnaître
si ces fers ont l'épaisseurl’épaisseur voulue, si les vis sont bien posées,
et si elles ne sont point enfoncées comme des clous à coup de marteau.
L'architecteL’architecte, en mentant sans cesse à la forme, à la destination vraie, est
la première dupe de son propre mensonge. Il est arrivé à si bien dissimuler
toute chose, qu'onqu’on le trompe aisément sur la quantité ou la
qualité, ou qu'onqu’on se dispense de mettre en place ce qu'ilqu’il cherche si bien,
lui-même, à cacher aux yeux.
 
Mais retournons à nos forgerons. S'ilsS’ils ont façonné les pentures avec
un soin particulier, ils n'ontn’ont pas moins attaché d'importanced’importance à la parfaite
exécution des gonds qui les suspendent. Ces gonds sont forgés
avec le meilleur fer, bien centrés, et presque toujours légèrement
Ligne 830 :
</div>
[[Image:Gond.porte.medievale.png|center]]
<div class="text" >
Nous avons dit que pour les grandes portes battant en feuillure, les
gonds sont posés en même temps que les assises des pieds-droits, dans un
lit, afin d'êtred’être bien assurés du scellement. Pour les portes de moindre
importance, qui doivent se développer entièrement dans des intérieurs,
la feuillure étant près du parement (fig. 21), en A, le mamelon du
gond doit être assez isolé pour permettre le développement total du vantail; ;
de plus, il n'estn’est guère possible de le sceller diagonalement dans
l'anglel’angle A, parce qu'onqu’on risquerait de faire éclater la pierre du parement.
Souvent alors ces gonds sont disposés ainsi que le montre notre figure.
Le mamelon est muni d'uned’une queue B avec scellement inférieur en <i>''b</i>'',
qui forme ainsi comme une sorte de console, dont le dévers est arrêté par
le piton <i>''c</i>'' passant dans le mamelon, sous l'œill’œil de la penture. En D, est
tracée la face de la penture sur la traverse haute <i>''t</i>'' de la porte. En E, est
tracée la coupe de cette traverse et des frises avec leurs
couvre-joints.
Par ce moyen, le poids de la porte ne risquait pas de faire fléchir l'embasel’embase
du gond ou d'arracherd’arracher son scellement. Quand il s'agits’agit de développer
un vantail de volet ou de porte sur un parement éloigné de la
feuillure, comme dans l'exemplel’exemple fig. 22, en A, le mamelon du gond
devant être placé en <i>''a</i>'', au milieu de la distance <i>''bc</i>'', il est clair que,
non-seulement le collet de la penture doit être détourné en équerre,
mais que l'embasel’embase du gond doit être très-allongée ; alors le scellement
en <i>''d</i>'' ne saurait avoir aucune puissance. Le mamelon <i>''m</i>'' est donc forgé à
l'extrémitél’extrémité de la console C, qui porte son scellement <i>''e</i>'' ; puis un piton <i>''p</i>''
entre dans la partie inférieure du mamelon, est scellé en <i>''s</i>'', et sert de rondelle
à l 'œill’œil de la penture <i>''g</i>'' : de cette façon le vantail V se développe
en V'V’, sans fatiguer l'embasel’embase allongée du mamelon et sans risquer de la
desceller.
</div>
[[Image:Gond.porte.medievale.2.png|center]]
<div class="text" >
Ces exemples suffiront pour faire voir comment, dans ces ouvrages de
détail, l'architectel’architecte du moyen âge apporte le soin, le raisonnement,
l'attentionl’attention, la logique qui président aux ensembles. Si le besoin, si la
vérité, exigent l'emploil’emploi de dispositions qui attirent le regard et qui prennent
de l'importancel’importance, on ne cherche pas à dissimuler ces dispositions,
mais à les décorer, en leur donnant l'apparencel’apparence qui signale le mieux
leur raison d'êtred’être. C'estC’est ainsi que l'artl’art s'introduits’introduit dans tout, qu'unequ’une
architecture se forme, parce qu'ellequ’elle affirme sans cesse les principes vrais
et sincères qui la dirigent.
 
Ligne 877 :
 
==== FRÉMURES ====
(<i>''loquets</i>'', <i>''poignées</i>'', <i>''serrures à bosse</i>'', <i>''targettes</i>'', <i>''verrous</i>'',
<i>''verte-velles</i>'').<br />
Les plus anciennes serrures que nous connaissions ne datent guère
que du XII<sup>e</sup> siècle : ce sont des serrures dites <i>''à bosse</i>'',
c'estc’est-à-dire dont la
boîte, relevée au marteau, avec bords en biseau, est posée sur un <i>''pallâtre</i>''<span id="note8" ></span>[[#footnote8|<sup>8</sup>]],
et dont le <i>''pêle</i>''<span id="note9" ></span>[[#footnote9|<sup>9</sup>]] ou la <i>''gâchette</i>'' est en dehors du pallâtre, de telle sorte
que la bosse est à l'extérieurl’extérieur du vantail et le pêle à l'intérieurl’intérieur.
 
L'entréeL’entrée alors est percée dans le pallâtre, au-dessus du pêle.
</div>
[[Image:Serrure.XIIe.siecle.png|center]]
<div class="text" >
La figure 23 présente une de ces serrures<span id="note10" ></span>[[#footnote10|<sup>10</sup>]]. Le pêle A glisse entre
deux filets rivés sur l'entréel’entrée et est maintenu par deux embrasses B également
rivées. La gâche G reçoit le bout de ce pêle, lorsqu'onlorsqu’on ferme la
porte. Une poignée mobile P sert à tirer la porte, lorsque le pêle est sorti
de la gâche G. Le petit bouton C sert à tirer le pêle, ou à le pousser,
lorsque l'onl’on a tourné la clef pour lever le cramponnet. La boîte ou bosse
est entaillée dans le vantail V. Des filets sont rivés sur le pallâtre pour
le renforcer et aussi pour guider la clef, si l'onl’on veut ouvrir la porte dans
l'obscuritél’obscurité. Bien entendu, tout ceci est posé à l'intérieurl’intérieur. Si la porte est
épaisse, la boîte est noyée dans cette épaisseur et ne se voit point extérieurement.
Si le vantail est mince, le fond de cette boîte est apparent à
l'extérieurl’extérieur. Ces sortes de serrures n'ontn’ont généralement qu'unequ’une seule
entrée. La figure 24 présente le mécanisme très-simple de ces serrures.
La boîte est circonscrite par les lettres <i>''abcd</i>''. Le pêle intérieur <i>''p</i>'' tient
au pêle extérieur P' parP’par deux forts rivets qui glissent dans une coulisse
percée à travers le pallâtre, quand on veut ouvrir ou fermer la gâchette
au moyen du bouton dont nous avons parlé tout à l'heurel’heure. Si l'onl’on veut
que le pêle ne puisse plus glisser, un tour de clef fait descendre le cramponnet
<i>''c</i>'', ainsi que l'indiquel’indique la figure, et arrête ce pêle. Si l'onl’on veut que
la gâchette P' puisseP’puisse demeurer mobile comme un verrou, un tour de
clef de <i>''e</i>'' en <i>''f</i>'' appuie sur le ressort <i>''r</i>'', et
dégage le cramponnet, qui, étant
relevé, permet le jeu du pêle intérieur. Rien n'estn’est plus simple que ce
mécanisme, encore employé aujourd'huiaujourd’hui. Ces serrures à gâchette sont
les plus ordinaires, et ne changent guère de forme jusqu'aujusqu’au XV<sup>e</sup> siècle.
</div>
[[Image:Mecanisme.serrure.XIIe.siecle.png|center]]
<div class="text" >
Alors le pallâtre qui sert d'entréed’entrée, et sur lequel glisse la gâchette visible
à l'extérieurl’extérieur, est parfois décoré d'ornementsd’ornements de fer battu et finement
découpés. Entre ces ornements de fer battu et le pallâtre, est apposé un
morceau de drap rouge maintenu par les rivets qui retiennent les découpures.
 
Il existe encore beaucoup de serrures de ce genre, et nous en donnons
(fig. 25) un exemple provenant d'uned’une des grilles de la crypte de Saint-Sernin
de Toulouse<span id="note11" ></span>[[#footnote11|<sup>11</sup>]]. Ici la gâchette est enfermée dans une gaine ou coque
(voy. la coupe en <i>''ab</i>''). En A, est le bouton en forme de coquille, qui permet
de faire mouvoir le verrou, lorsque le tour de clef est donné. On aperçoit
les petits rivets qui servent à fixer les feuilles de fer battu sur la plaque
du fond <i>''d</i>''. Le morceau de drap interposé est donc visible entre les découpures.
Les bords du pallâtre sont, comme dans les exemples précédents,
renforcés par une baguette en façon de torsade. En B, est la poignée de tirage, et en C, le profil du bouton A. Ce genre d'ornementationd’ornementation
produit beaucoup d'effetd’effet à peu de frais, car rien n'estn’est plus aisé à faire,
pour un ouvrier habile, que ces feuilles de fer battu et modelé au marteau,
à froid. Dans cet exemple, pas de soudures, tout est rivé, excepté
le bouton A et l'embasel’embase de la poignée. Les petites feuilles de la poignée B
elles-mêmes sont maintenues à la boucle par des <i>''langues-de-carpe</i>'' latérales,
qui ont été prises dans des grains d'orged’orge, en courbant le fer de la
boucle à chaud, avant de souder ses extrémités à l'embasel’embase. Mais, avant
d'allerd’aller plus loin, il est nécessaire de dire que ces sortes de <i>frémures à
gâchette</i> n'étaientn’étaient pas les seules serrures fabriquées pendant le moyen
</div>
[[Image:Serrure.crypte.Saint.Sernin.Toulouse.png|center]]
<div class="text" >
âge. <span id="Angers14" >La serrure <i>''à bosse</i>'', avec pêle manœuvrant intérieurement au moyen
de la clef, comme ce que nous appelons aujourd'huiaujourd’hui serrures à <i>pêne
dormant</i>, était déjà en usage vers le milieu du XII<sup>e</sup> siècle. Il y avait
de ces serrures à un ou deux tours ; elles étaient de celles qu'onqu’on appelle
<i>''treffières</i>'', c'estc’est-à-dire ne pouvant s'ouvrirs’ouvrir que par un côté, ou quelquefois
<i>''bénardes</i>'', c'estc’est-à-dire ayant deux entrées. La serrure que nous
donnons ici (fig. 26), et que nous avons trouvée encore attachée à la
porte d'uned’une maison d'd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Angers|Angers]] datant de la fin du XIII<sup>e</sup> siècle, est à deux
entrées. La porte, battant en feuillure, sans bâti dormant, et cette feuillure
étant large et profonde (0<sup>m</sup>, 05, voyez en <i>''a</i>'') ; pour que la main ne soit point
gênée par le tableau lorsqu'onlorsqu’on tourne la clef, la boîte de la serrure est
éloignée de la rive de la porte (voyez la section horizontale A), et le pêle
glisse dans une gaine ou coque extérieure B, avant de s'engagers’engager dans la
gâche C. La serrure est posée à l'intérieurl’intérieur du vantail, et, à l'extérieurl’extérieur,
est une entrée de fer battu. La coque du pêle D est, par conséquent,
posée de même en dedans du vantail. La boîte ou bosse, biseautée sur
trois côtés, est rivée au pallâtre E, lequel est maintenu sur le vantail par
Ligne 966 :
sur la bosse de la serrure, et se combinent avec sa décoration, consistant
en des brindilles, des filets et des gravures. Une brindille en forme de V
guide le panneton de la clef dans son entrée ; une autre brindille, soudée
à sa base sur un filet inférieur en torsade, donne de la force à la boîte et
de la prise aux rivures des estoquiaux, car alors on n'employaitn’employait point
de vis dans les serrures.
</div>
[[Image:Serrure.XIIIe.siecle.Angers.png|center]]
<div class="text" >
En G, est présenté l'intérieurl’intérieur de la serrure ; en <i>''b</i>'', l'entréel’entrée du panneton
avec ses fouets piqués sur le pallâtre ; en <i>''c</i>'', les estoquiaux
qui servent à
maintenir la bosse de la serrure sur le pallâtre ; en <i>''d</i>'', le pêle avec ses
cramponnets et ses ressorts. Le pêle est supposé fermé à un tour.
 
Dès le XV<sup>e</sup> siècle, on trouve déjà des serrures dites <i>''à clenche</i>''
ou <i>''loquet</i>''.
Ces serrures possèdent, outre le pêle dormant, un loquet monté sur le
pallâtre, au-dessous du pêle, et s'ouvrants’ouvrant au moyen d'und’un bouton ou d'uned’une
bascule. <span id=Bourges>Il existe encore une serrure de ce genre sur la porte de fer qui
donne entrée dans le cabinet de Jacques Cœur, dépendant de l'hôtell’hôtel de
ce nom, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Bourges|Bourges]]. Sur le pallâtre est monté un pêle dans le genre de
celui décrit ci-dessus, mais à un seul tour, et au-dessous du pêle
manœuvre
un loquet à ressort, s'ouvrants’ouvrant du dedans par une bascule, mais
pouvant s'ouvrirs’ouvrir du dehors que par une clef ; si bien que du dehors,
tirant la porte à soi, elle est fermée sans qu'ilqu’il soit besoin de donner
un tour de clef pour pousser le pêle dans la gâche.
 
Il existait même des serrures qui ne se composaient que d'und’un loquet
pouvant, au besoin, être rendu immobile, et qui tenaient lieu de nos
serrures appelées <i>''à tour et demi</i>''.<span id=Lalinde>
</div>
[[Image:Serrure.XIVe.siecle.Lalinde.Dordogne.png|center]]
<div class="text" >
Voici (fig. 27) une assez jolie serrure de ce genre, datant de la fin du
XIV<sup>e</sup> siècle, et que nous avons dessinée sur une porte d'uned’une maison de la
ville de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes L#Lalinde|Lalinde]] (Dordogne). Le mécanisme que donne notre figure se
compose d'und’un loquet à fléau A monté sur un tourillon <i>''a</i>''. Un ressort B
maintient ce loquet dans la position horizontale ; alors son extrémité <i>''c</i>'' est
engagée dans une gâchette retournée et montée sur le dormant ou dans
la feuillure. Si l'onl’on veut que la porte reste fermée comme elle le serait
au moyen d'und’un pêle, on donne un tour de clef de <i>''d</i>'' en <i>''g</i>'', et alors on a
fait descendre le râteau <i>''h</i>'' de telle sorte qu'ilqu’il appuie sur la queue du
loquet en <i>i</''i>'' ; dès lors ce loquet ne peut basculer. Si l'onl’on veut que le loquet
reste mobile, on donne un tour de clef de <i>''g</i>'' en <i>''d</i>''. Le râteau <i>''h</i>'' se relève
en pivotant sur son axe <i>''s</i>'', et le fléau est mobile, comme l'estl’est le pêle
d'uned’une serrure <i>''demi-tour</i>''. Il suffit de relever la queue <i>''e</i>'' du fléau pour que
son extrémité <i>''c</i>'' échappe la gâchette. Poussant le vantail, la serrure se
ferme seule. Voici (fig. 28) la boîte de cette serrure à clenche. On voit
en A la queue du fléau qui, dépassant la boîte ou bosse de la serrure,
permet de faire échapper le pêle <i>''a</i>'' de la gâchette <i>''b</i>'' que nous avons
figurée au-dessous de sa place pour faire voir l'extrémitél’extrémité du fléau. La
bosse de la serrure étant posée en dedans de la pièce, il y a en dehors
une bascule B' B’(B' enB’en profil), qui permet de relever la queue du fléau
lorsque le tour de clef ne l'al’a pas rendu immobile dans sa gâchette. En D,
est tracée la platine sur laquelle est montée la bascule B. Comme dans
les exemples précédents, les ornements qui garnissent la bosse reçoivent
Ligne 1 028 :
</div>
[[Image:Serrure.XIVe.siecle.Lalinde.Dordogne.2.png|center]]
<div class="text" >
Ces ouvrages de serrurerie ne sortent pas de l'ordinairel’ordinaire, et nous les
choisissons exprès parmi les exemples de fabrication commune. Nos
musées renferment encore bon nombre de serrures du XV<sup>e</sup> siècle qui
sont d'uned’une richesse de composition et d'uned’une perfection d'exécutiond’exécution bien
supérieures à ces derniers exemples. Mais nous ne devons envisager l'artl’art
de la serrurerie qu'auqu’au point de vue de son application à l'architecturel’architecture,
et, par conséquent, ne pas chercher à reproduire des œuvres
exceptionnelles
réservées pour des meubles de luxe. Il s'agits’agit de faire ressortir les
procédés de fabrication employés par les serruriers pendant le moyen
âge, et de donner l'idéel’idée des formes qu'ilsqu’ils avaient su donner à la matière
employée.
 
C'estC’est peut-être dans les ouvrages de serrurerie que l'onl’on trouve
l’expression
l'expression
la plus nette de l'espritl’esprit logique des artistes et artisans du moyen
âge. Le fer n'estn’est point une matière qui se prête facilement aux
à-peu-près.
Dans l'artl’art du serrurier, chaque partie doit avoir sa fonction, posséder le
degré de force nécessaire, sans excès, car le travail de ce métal est cher
et pénible, surtout si l'ouvrierl’ouvrier ne possède aucun des engins puissants
qui sont aujourd'huiaujourd’hui à notre disposition, et qui trop souvent viennent
suppléer aux défauts de conception du maître ou à la maladresse du forgeron.
 
Quand le serrurier n'avaitn’avait ni la lime, ni les machines à raboter,
ni les cylindres, ni même la vis, et qu'ilqu’il lui fallait assembler des pièces
offrant une très-faible prise, son esprit était naturellement porté à s'ingéniers’ingénier,
à chercher des procédés compatibles avec la matière et la façon de
l'employerl’employer. Nous ne prétendons pas dire qu'ilqu’il faille repousser les moyens
mécaniques que fournit l'industriel’industrie moderne, mais il est fâcheux souvent
que l'étenduel’étendue et la puissance de ces ressources rendent l'espritl’esprit du constructeur
paresseux, s'ils’il s'agits’agit de combiner des ouvrages de serrurerie en
raison de la matière et des principes de structure que sa nature impose
forcément.
 
Les habitudes introduites dans l'architecturel’architecture, depuis le XVII<sup>e</sup> siècle,
par le faux goût classique, nous ont appris, avant toute chose, à mentir.
Simuler la pierre ou le bois avec le plâtre, le fer forgé avec la fonte, la
charpente de bois en employant la ferronnerie ; dissimuler les nécessités
de la structure ; torturer toute matière pour lui donner une apparence
qui ne lui convient point, c'estc’est à peu près ce en quoi consiste l'artl’art de
l'architectel’architecte pour un certain nombre d'artistesd’artistes et pour une grande partie
du public ; et il faut avouer que les développements de l'industriel’industrie appliquée
aux travaux de bâtiment favorisent ces supercheries. Ayant moins
de ressources matérielles à leur disposition, nos artisans du moyen âge
étaient bien forcés de demander à leur intelligence ce que ne pouvait
leur fournir une industrie dans l'enfancel’enfance. Au total, l'artl’art n'yn’y perdait pas.
L'œuvreL’œuvre de pacotille, vulgaire quant à la forme, vulgaire quant à la
conception, n'existaitn’existait pas et ne pouvait exister. Elle était simple ou riche,
pauvre ou luxueuse, mais elle était toujours le produit d'und’un effort de
l'intelligencel’intelligence développée en raison de l'objetl’objet propre, et cet effort se reproduisait
chaque jour, et chaque jour avec un perfectionnement ou une
plus complète expérience. Il ne s'agissaits’agissait pas de livrer à une machine
un morceau de matière qu'ellequ’elle rend brutalement sous la même forme,
il fallait que l'intelligencel’intelligence et la main de l'artisanl’artisan se missent à l'œuvrel’œuvre ;
et ne fût-ce que pour obéir à ce sentiment naturel à l'hommel’homme qui le
pousse à chercher sans cesse le mieux, cet artisan, même en se copiant,
introduisait sans cesse dans son œuvre, soit une idée plus complète, soit
un calcul plus judicieux, soit une exécution plus logique, plus simple
et plus près de la perfection. Nous ne demandons pas qu'onqu’on brise les
machines, mais nous voudrions qu'ellesqu’elles ne prissent pas la place de l'intelligencel’intelligence.
 
Plus la matière est revêche, plus, lorsque l'hommel’homme la travaille,
doit-elle
s'empreindres’empreindre de la marque de sa volonté. Elle n'exprimen’exprime la puissance
de cette volonté que si l'artisanl’artisan tient compte des propriétés mêmes de
cette matière, que s'ils’il la rend docile en manifestant clairement ces propriétés.
Si l'hommel’homme, à force d'industried’industrie, parvient à nous faire prendre un
morceau de fer pour un morceau de bois, et, du détail à l'ensemblel’ensemble,
une œuvre de ferronnerie ou de charpente pour une œuvre de maçonnerie,
nous disons qu'ilqu’il emploie mal son intelligence, et qu'ilqu’il abuse de la
matière au lieu de l'utiliserl’utiliser.
 
Dans tous les exemples de serrurerie présentés plus haut, on a pu
observer
que jamais les pentures, les attaches ou entrées des serrures, etc.,
ne sont entaillées dans la menuiserie. Le bois reste intact, la serrurerie
se pose à la surface sans l'entamerl’entamer. Il y avait dans cette méthode un
avantage au point de vue de la fabrication, c'estc’est qu'ilqu’il fallait que ces ouvrages de serrurerie, destinés à rester apparents, fussent façonnés avec
soin et fussent solides: au point de vue de l'artl’art, l'avantagel’avantage était au moins
aussi important, car l'artisanl’artisan s'ingéniaits’ingéniait à trouver les combinaisons décoratives
convenables en raison de la matière, de l'objetl’objet et de la place. La
forme adoptée, étant <i>''vue</i>'' toujours, devait être agréable et indiquer la
fonction. Si, au contraire, on noie dans le bois la plus grande partie des
objets de serrurerie fine, ce que nous appelons aujourd'huiaujourd’hui la quincaillerie,
il importe peu que ces objets revêtent une forme convenable
ou agréable; il devient même assez difficile de reconnaître si ces objets
sont bien fabriqués, ou grossiers ou vicieux, car l'architectel’architecte ne peut voir
une à une toutes les paumelles, équerres, ou serrures d'und’un grand bâtiment,
avant leur pose. Les attaches de ces objets étant noyées dans la
menuiserie, puis recouvertes de peinture, les défauts sont masqués et ne
se dévoilent que par les accidents qu'ilsqu’ils occasionnent. Ainsi, en arrivant
à dissimuler une bonne partie des objets de serrurerie aux yeux, on a provoqué
les malfaçons, les négligences, la fraude. À menteur, menteur et
demi : c'estc’est trop naturel. Pour satisfaire aux règles imposées par le classicisme
majestueux qui nous dominait si fort, l'architectel’architecte dissimulait et dissimule
encore des escaliers, des tuyaux de cheminée, des conduites d'eaud’eau
et (descendant aux détails) des ferrures nécessaires. Jugeant, non sans
raison, que ce qui doit être dissimulé ferait tout aussi bien de ne pas
être, ou tout au moins de n'existern’exister qu'àqu’à l'étatl’état incomplet, les metteurs en
œuvre ne se font pas faute de falsifier ou d'omettred’omettre cette marchandise
qu'unequ’une majestueuse pudeur voudrait soustraire aux regards. Aussi
est-il
souvent nécessaire, aujourd'huiaujourd’hui, de rappeler les serruriers dans une bâtisse
nouvellement terminée, pour réparer toute la quincaillerie si bien
dissimulée sous la peinture et même la dorure<span id="note12" ></span>[[#footnote12|<sup>12</sup>]]: car, après tout, il faut
qu'unequ’une porte ou une croisée roule sur ses gonds, ses charnières ou ses
paumelles ; qu'unqu’un verrou et une serrure fonctionnent ; que les vis aient
de la prise, et les fers de la quincaillerie une épaisseur convenable pour
résister à l'usagel’usage.
 
Lorsque toutes les parties de la serrurerie fine étaient apparentes ;
lorsque même, étant apparentes, elles contribuaient à la décoration,
force était de leur donner une forme en harmonie avec leur destination,
et de veiller à la bonne exécution d'ouvragesd’ouvrages que l'œill’œil le moins exercé
pouvait vérifier sans cesse. Moins préoccupés du majestueux que nous ne
le sommes, les maîtres du moyen âge cherchaient, pour les ouvrages de
quincaillerie, les combinaisons les plus simples, sans jamais les dissimuler, et parfois ces ouvrages sont de véritables chefs-d'œuvred’œuvre, en
ne considérant
que la forme d'artd’art adaptée à l'usagel’usage.
</div>
[[Image:Loquet.medieval.png|center]]
<div class="text" >
En fait d'objetd’objet de serrurerie, rien n'estn’est plus simple que l'ancienl’ancien
loquet
à battant ou fléau ; et cependant, pour qu'unqu’un de ces loquets fonctionne
bien et longtemps, il faut qu'unequ’une platine garnisse le vantail, afin
d'empêcherd’empêcher le frottement du fléau sur le bois ; que la bascule ou pouçoir
agisse sans effort sous la pression du doigt ; que le fléau ait un poids
convenable pour retomber dans son mentonnet, etc. Dans l'exemplel’exemple que
nous donnons ici (fig. 29)<span id="note13" ></span>[[#footnote13|<sup>13</sup>]], le fléau pivotant sur le boulon A, muni d'uned’une double rondelle, l'unel’une sur le bois, l'autrel’autre sous la tête du boulon,
tombe dans son mentonnet B, si l'onl’on pousse le vantail, en glissant sur
le plan incliné de ce mentonnet. Un support C, rivé à la platine, muni
d'und’un double œil, reçoit le pouçoir D. À l'extérieurl’extérieur, un autre pouçoir E,
figuré en E'E’, passe à travers le vantail, et vient poser son
<i>''pied-de-biche</i>''
sous le fléau, à côté de celui de l'intérieurl’intérieur. Du dehors il suffit d'appuyerd’appuyer
sur le pouçoir E et de pousser la porte, pour l'ouvrirl’ouvrir ; mais à l'intérieurl’intérieur,
comme il faut tirer le vantail à soi, le support C permet de passer l'indexl’index
entre lui et la platine, d'appuyerd’appuyer le pouce sur le pouçoir D, et de tirer la
porte en même temps que l'onl’on fait lever le fléau. La platine est découpée
de façon à composer une ornementation qui s'accordes’accorde avec la place des
clous. En G, nous donnons deux autres formes de pouçoirs, et en H,
deux pouçoirs qui, au lieu d'êtred’être posés l'unl’un à côté de l'autrel’autre, agissent,
celui du dehors sous le pied-de-biche de celui du dedans.
 
Ligne 1 178 :
en reste encore des exemples assez nombreux pour faire connaître avec
quel soin relatif elle était, traitée même dans les bâtisses les plus ordinaires.
Des serrures, des poignées, des loquets que l'onl’on découvre encore
attachés à de vieilles portes de maisons, d'hôtelsd’hôtels et d'églisesd’églises du moyen
âge, dévoilent une industrie pleine de ressources. La variété des formes
de ces objets est assez grande pour qu'ilqu’il nous soit impossible de présenter
à nos lecteurs un spécimen de chacun d'euxd’eux ; nous devons nous borner
aux plus essentiels. Peut-être même pensera-t-on que nous nous
étendons
trop sur ces ouvrages de serrurerie fine ; mais on est si disposé
à croire à l'imperfectionl’imperfection grossière des industries du moyen âge, qu'ilqu’il nous
a paru nécessaire d'end’en montrer les produits, non point destinés à des
monuments luxueux, mais à des habitations ordinaires. L'industrieL’industrie de la
quincaillerie était très-développée déjà en France au XIV<sup>e</sup> siècle, mais
aussi en Suisse, en Bavière, en Bohême, sur les bords du Rhin, tandis
qu'àqu’à cette époque elle était encore restée barbare en Italie. Ce ne fut
que vers le milieu du XV<sup>e</sup> siècle que les villes italiennes se mirent à leur
tour à fabriquer des objets de fer d'uned’une grande finesse d'exécutiond’exécution et
d'uned’une assez bonne composition. Il faut dire cependant que jamais, dans
la Péninsule, cette belle industrie ne sut allier l'artl’art à la nécessité, au
besoin, comme surent le faire les artisans de France. Les formes de la
serrurerie fine d'Italied’Italie, très-heureuses souvent, ont le défaut de ne s'accorders’accorder
nullement avec l'objetl’objet. Pour notre part, dans tout ce qui touche
à l'artl’art de l'architecturel’architecture, nous pensons qu'unequ’une exécution séduisante seule,
si le raisonnement n'estn’est pas intervenu, si la concordance entre la forme
et le besoin tracé fait défaut, ne saurait constituer une œuvre complète.
Nous avons pour nous les Grecs de l'antiquitél’antiquité ; tous les objets qu'ilsqu’ils nous
ont laissés sont profondément pénétrés de ce double caractère: une
expression très-vive et très-juste; une exécution en rapport avec l'objetl’objet
et sa destination.
</div>
[[Image:Serrure.XVe.siecle.png|center]]
<div class="text" >
Cette serrure à bosse et à pêle dormant (fig. 30), dont le pallâtre est
découpé de manière à bien s'attachers’attacher au vantail, dont la face externe est
décorée de feuilles de fer battu, avec tigettes guidant la clef dans l'entréel’entrée,
avec embase renforcée pour résister à une pesée, ainsi que le fait
voir la section A, a certainement une forme parfaitement appropriée à
l'objetl’objet et à la nature de la matière employée. Ces feuilles donnent de la
prise aux rivures du mécanisme, et décorent la plaque de tôle en la mariant, pour ainsi dire, au bois qu'ellequ’elle recouvre. L'entréeL’entrée B, légèrement
entaillée dans le vantail, ainsi que le montre la section C,
n'estn’est-elle point
une jolie composition indiquant bien la matière employée, se prêtant
exactement à la fonction qu'ellequ’elle remplit ? Les artisans du XV<sup>e</sup> siècle qui
ont fabriqué ces objets usuels ne nous font-ils pas voir qu'ilsqu’ils ont raisonné,
qu'ilsqu’ils ont laissé sur ces morceaux de fer assemblés la trace de
leur intelligence et de leur goût<span id="note14" ></span>[[#footnote14|<sup>14</sup>]] ?
</div>
[[Image:Anneau.de.tirage.XVe.siecle.png|center]]
<div class="text" >
Cet anneau de tirage (fig. 31), dont le fond, sous les feuillages de fer
battu, est garni de drap rouge, n'estn’est-il pas une composition charmante,
décorative<span id="note15" ></span>[[#footnote15|<sup>15</sup>]] ?
Un morceau de drap rouge garnit également le fond sous le feuillage
de l'embasel’embase de la serrure précédente (fig. 30).
 
Outre les divers genres de serrures dont nous venons de présenter des
exemples, on employait encore, pour fermer les vantaux de grandes
portes, de longs verrous, avec moraillon. Ces verrous, poussés en dedans,
ne pouvaient, bien entendu, s'ouvrirs’ouvrir du dehors, comme les serrures à
double entrée. Ils servaient à barrer les portes charretières, les
grandes
portes d'églisesd’églises, les vantaux de portes d'enceintesd’enceintes, et ne laissaient rien
apparaître au dehors. La barre horizontale, formant verrou, glisse dans
deux pitons ou deux embrasses fortement attachées au vantail, et
s’engage
s'engage
dans une gâche, si le vantail bat en feuillure, ou dans un troisième piton, si les vantaux sont doubles. Le verrou poussé, l'auberonl’auberon
du moraillon tombe dans une auberonnière percée dans la boîte de la
serrure, au-dessus de l'entréel’entrée. Un pêle passe dans l'auberonl’auberon au moyen
d'und’un tour de clef, si l'onl’on veut que le verrou reste fixe. Ces sortes de verrous
avec serrure à bosse avaient nom <i>''vertevelles</i>''. La figure 32 présente
une vertevelle. Le verrou A est forgé à pans et non cylindrique, ce qui
facilite le glissement dans les embrasses ou pitons. L'auberonL’auberon est
supposé
entrer dans l'auberonnièrel’auberonnière, et la serrure fermée. Si la porte est à
un seul vantail, à la place du piton B est une gâche scellée dans la
feuillure de pierre, ou fixée au dormant de bois. Après que l'embrassél’embrassé B''
a été coulée dans la barre, la tête C de celle-ci a été forgée et burinée.
Cette tête sert à tirer le verrou, lorsque le moraillon est soulevé. Un
arrêt E, forgé avec la barre, arrête le verrou, de façon que son extrémité
D ne puisse échapper l'œill’œil de l'embrassel’embrasse F.
</div>
[[Image:Vertevelle.png|center]]
<div class="text" >
Ces vertevelles ne sont pas rares, et beaucoup de vieilles portes en
possèdent encore. Celle-ci était placée à l'intérieurl’intérieur de la porte de l'églisel’église
de Savigny-en-terre-pleine (Yonne)<span id="note16" ></span>[[#footnote16|<sup>16</sup>]] ; mais le verrou tombait dans une gâche scellée au trumeau.
 
Outre ces verrous horizontaux formant barres, il fallait munir les vantaux,
qu'ilsqu’ils fussent simples ou doubles, de verrous bas, verticaux, tombant
dans une gâche scellée dans le seuil, tant pour empêcher les vantaux
de gauchir que pour rendre une effraction beaucoup plus difficiles.
Ces verrous se composent d'uned’une barre de fer verticale glissant dans deux
embrasses rivées sur des platines. À sa partie supérieure, la barre est
munie d'und’un anneau mobile qui permet de la soulever et de faire sortir
son extrémité inférieure de la gâche.
</div>
[[Image:Verrou.vertical.png|center]]
<div class="text" >
La figure 33 présente un de ces verrous, dont la forme est bien connue.
 
Lorsqu'ilLorsqu’il est soulevé et qu'onqu’on ouvre le vantail, pour que la partie inférieure
de la barre ne traîne pas sur le sol, on passe l'anneaul’anneau dans le
crochet A<span id="note17" ></span>[[#footnote17|<sup>17</sup>]]. On façonnait aussi des verrous hauts, pour maintenir la partie
supérieure du vantail, dont l'anneaul’anneau était remplacé par un moraillon, ou
par un piton dans lequel entrait la barre du verrou horizontal. Mais ces
verrous hauts se manœuvraient difficilement, on leur préférait les fléaux
Ligne 1 286 :
 
On apportait, pendant le moyen âge, une attention particulière à la
ferrure des vantaux de portes fortifiées. Il n'estn’est resté en place qu'unqu’un bien
petit nombre de ces ferrures antérieures au XVI<sup>e</sup> siècle ; mais, par les
scellements, on peut juger de l'importancel’importance des moyens de fermeture
employés pendant les XIII<sup>e</sup>, XIV<sup>e</sup> et XV<sup>e</sup> siècles pour les portes de villes et
de châteaux. Certains vantaux<span id="note18" ></span>[[#footnote18|<sup>18</sup>]] étaient maintenus au moyen de deux
barres de bois rentrant dans le mur, d'uned’une barre fixe tenant à un
vantail
(voyez [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 2, Barre, Barrière|Barre]]), d'und’un verrou haut, d'und’un verrou bas et d'uned’une vertevelle.
L'emploiL’emploi fréquent des engins de guerre pour lancer des projectiles, la
manœuvre des ponts à bascule, des ponts-levis, des herses, avaient
familiarisé
les serruriers avec certains moyens mécaniques assez simples
comme principe, ingénieux cependant, puissants et pratiques. Alors on
ne songeait pas, comme aujourd'huiaujourd’hui dans la serrurerie fine, à cacher les
mécanismes ; ils étaient au contraire apparents, et à cause de cela
même d'und’un entretien facile. L'habitudeL’habitude que l'onl’on avait prise, dans toute
place forte, de faire manœuvrer de grandes pièces de charpente avec
rapidité, exigeait une certaine précision dans les ouvrages de serrurerie
et une grande solidité. Les grands verrous à crémaillère, pour fermer
des vantaux de portes très-lourds et d'uned’une hauteur de 4 à 5 mètres, étaient usités. Nous avons vu de ces verrous attachés, il y a
quelque
vingt ans, à des vantaux de portes de villes, notamment à Verdun.
Ligne 1 311 :
le système adopté. Un lourd verrou de fer carré est maintenu au
sommet
du montant du vantail par quatre embrasses <i>''a</i>''. Sur les flancs de ce
verrou sont fortement cloués deux paliers <i>''b</i>'', recevant entre eux un levier
à engrenage <i>''c</i>'', lequel roule sur un axe <i>''d</i>''. Deux dents d'engrenaged’engrenage tiennent
au verrou et s'engagents’engagent entre les trois dents du levier. À l'extrémitél’extrémité
de celui-ci est un boulon traversant la fourchette d'uned’une tige <i>''t</i>'' de fer tordu,
descendant à portée de la main et terminée à sa partie inférieure par
une poignée <i>''p</i>'', munie d'und’un moraillon <i>''e</i>''. En tirant la tige de haut en bas,
on fait naturellement glisser le verrou, qui entre alors dans sa gâche <i>''g</i>'' ;
en poussant au contraire la tige de bas en haut, on fait sortir le verrou de
sa gâche. Quand le verrou est poussé dans sa gâche, on enfonce
l’auberon ''e''
l'auberon <i>e</i>
du moraillon dans l'auberonnièrel’auberonnière d'uned’une serrure qui reçoit également
l'auberonl’auberon d'und’un verrou horizontal. Un tour de clef empêche qu'onqu’on
ne puisse faire manœuvrer et ce verrou et la tige. Ce n'estn’est là, de fait,
qu'unequ’une sorte de crémone puissante dont le mécanisme agit
perpendiculairement
à la face du vantail, au lieu d'agird’agir parallèlement à cette face.
En A, est figuré le mécanisme en perspective, la tige ayant été tirée de haut
en bas pour faire glisser le verrou dans sa gâche. Deux petits cylindres <i>''h</i>'',
ou rouleaux libres sur un axe, noyés dans le vantail, sous le verrou, empêchent
le frottement de celui-ci sur le bois, occasionné par la pression de
l'engrenagel’engrenage, et facilitent singulièrement la manœuvre, soit pour ouvrir,
soit pour fermer. La torsion du fer carré de la lige <i>''t</i>'' donne à celle-ci
le roide nécessaire pour qu'ellequ’elle ne ploie pas, si elle est longue, lorsqu'illorsqu’il
s'agits’agit de la pousser de bas en haut pour ouvrir le verrou. À coup sûr,
tout cela n'estn’est pas de la mécanique bien avancée, mais c'estc’est
ingénieux,
solide, apparent, facile à réparer, et pouvant être exécuté par le
premier
Ligne 1 343 :
</div>
[[Image:Verrou.a.cremaillere.png|center]]
<div class="text" >
On ne saurait trop regretter la disparition journalière de tous ces objets
de serrurerie du moyen âge dans nos anciens édifices civils, religieux
ou militaires. On en trouvait encore beaucoup il y a vingt et trente ans ;
ils sont aujourd'huiaujourd’hui devenus très-rares. Usés, hors de service, attachés à
des bois vermoulus, on les jette à la ferraille habituellement,
lorsqu’on
lorsqu'on
fait des réparations. Il eût été cependant intéressant et utile de recueillir
ces objets dans un musée, qui serait très-riche maintenant et fort instructif
pour nos artisans de ferronnerie. Mais nous n'enn’en sommes pas arrivés à
considérer les musées comme des collections d'uned’une utilité réelle pour
notre industrie, ce ne sont encore en France que des amas d'objetsd’objets destinés
à satisfaire la curiosité des amateurs ou des archéologues, ou
encore
des lieux d'étuded’étude pour les artistes, peintres et statuaires. L'artL’art ne
vit cependant chez un peuple que quand il a pénétré partout, quand
on le trouve aussi bien sur la cheminée d'und’un grand seigneur que sur la
table de cuisine de l'ouvrierl’ouvrier, sur le marteau de la porte d'und’un palais
que sur la targette de l'humblel’humble croisée du petit bourgeois, sur la
poignée de l'épéel’épée du général que sur la plaque de ceinturon du soldat.
Si vulgaires que soient les objets de serrurerie du moyen âge, l'artl’art approprié
à la matière, y trouve sa place ; l'artl’art était un besoin pour tous,
non une affaire de luxe réservée pour quelques privilégiés. Ce qu'onqu’on
ne trouvait point alors, c'estc’est l'artl’art de pacotille, l'apparencel’apparence du luxe donnée
à un objet de peu de valeur.
 
Nous avons montré un certain nombre d'exemplesd’exemples de fermetures de
vantaux de portes. Les exemples de fermetures de croisées sont beaucoup
plus rares ; cette menuiserie, plus légère que celle des vantaux, plus exposée
aux intempéries, a été détruite plus rapidement. Il nous faudra
fouiller dans les vieilles ferrailles pour trouver quelques restes de fermetures
de croisées. L'intérêtL’intérêt qui nous a toujours paru s'attachers’attacher à
l’ancienne
l'ancienne
fabrication du fer, alors même qu'onqu’on vendait partout les plus
belles ferronneries forgées, pour leur substituer des fontes d'und’un si triste
goût, nous a poussé, il y a déjà longtemps, à recueillir bon nombre de
dessins de ces vieilles ferrures si fort méprisées, ferrures qui ont disparu
sous la main de la plupart des restaurateurs de châteaux depuis trente ans.
C'estC’est ainsi qu'auqu’au château de Chastellux, près de Carré-les-Tombes (Yonne),
on voyait encore en 1839 des châssis de croisées du XIV<sup>e</sup> siècle armés de
leurs grands verrous. Il est vrai que ces ferrures étaient hors de service,
les châssis étant complètement pourris et doublés par des volets fixes,
mais les pièces de leur mécanisme très-simple étaient toutes conservées.
Ces verrous...,verrous… plutôt ces crémones (fig. 35), consistaient en une tige de
fer méplat de 0<sup>m</sup>, 02 (9 lignes) sur 0<sup>m</sup>, 011 (5 lignes). À cette tige était
adaptée une poignée <i>''a</i>'' (voyez l'ensemblel’ensemble A). En <i>''bb</i>'', la tige formait des
boucles dans lesquelles passaient les queues en volutes de deux
loqueteaux.
En haussant la tige, on faisait échapper les loqueteaux de leurs
mentonnets; ;
en la baissant au moyen de la poignée <i>''a</i>'', on faisait rentrer ces
loqueteaux dans leurs mentonnets: alors le pied de la tige, formant verrou,
entrait dans une gâche inférieure <i>''d</i>''. Des embrasses <i>''e</i>'' retenues par deux
pattes, et des embrasses <i>''f</i>'' retenues par une seule, maintenaient la tige et
dirigeaient son mouvement. Des détails vont faire saisir le système adopté
dans la façon de cette crémone. En B, est la section du montant du
châssis, avec la boucle de la tige en E, la queue du loqueteau passant
dedans en F, le boulon à clavette servant de pivot à ce loqueteau en C, et
le mentonnet en D. En G, est tracée la face d'und’un des loqueteaux avec sa
queue passant dans la boucle de la tige. Le tracé ponctué indique la position
que prend le loqueteau, lorsqu'onlorsqu’on fait glisser la tige de bas en
haut par le moyen de la poignée P. En G'G’, est tracée la coupe du loqueteau
avec la boucle de la tige, et en <i>''g</i>'' le mentonnet. En H, est figurée
une embrasse à deux pattes; en I, à une seule patte, la section de celle-ci
étant en <''i>i</i>''. On observera que ces embrasses à une seule patte sont
ainsi façonnées pour ne prendre que le plein bois du châssis. En K, est
représentée l'extrémitél’extrémité inférieure de la crémone avec son embase L
servant de gâche et clouée sur la traverse basse du dormant. Un tracé
perspectif M explique la position du loqueteau et de sa queue engagée librement dans la boucle de la tige.
</div>
[[Image:Verrou.chateau.Chastellux.Yonne.png|center]]
<div class="text" >
Cette crémone maintenait donc le châssis dans son dormant au moyen
de trois fermetures, deux loqueteaux latéraux et un verrou bas. À l'aidel’aide
des mentonnets et de la gâche inférieure, ce châssis pouvait même être
<i>''rappelé</i>'', s'ils’il venait à gauchir. Le forgeron avait donné à la poignée P une
forme qui permettait de faire glisser la tige aussi bien de bas en haut, pour
ouvrir, que de haut en bas, pour fermer. Les tiges étaient forgées assez
grossièrement entre les parties destinées à couler dans les embrasses,
mais la poignée, les loqueteaux, les embrasses, étaient façonnés au marteau
et au burin avec le plus grand soin.
</div>
[[Image:Serrurerie.XVe.siecle.png|center]]
<div class="text" >
La figure 36 présente divers fragments de serrurerie appartenant au
milieu du XV<sup>e</sup> siècle environ. En A, est un débris de crémone
dépendant
très-probablement d'uned’une croisée<span id="note19" ></span>[[#footnote19|<sup>19</sup>]] ; une poignée B, dépendant de
la même crémone, faisait mouvoir les deux bielles <i>''a</i>'' attachées à un axe
O, et, par suite, les deux tiges C C' enC’en sens inverse. En appuyant sur la
poignée de haut en bas, la tige C s'élevaits’élevait et s'enfonçaits’enfonçait dans une gâche
supérieure ; la tige C' s'abaissaitC’s’abaissait et tombait dans une gâche inférieure,
comme le font les tiges de nos crémones modernes. En D, est tracé le
profil du mécanisme, avec le boulon et sa clavette ; en B'B’, la face de la
poignée ; en E, une des embrasses très-finement composées et forgées.
 
Une autre embrasse avec platine, appartenant également au XV<sup>e</sup> siècle
et ayant dû servir à diriger une tige de verrou ou de crémone, est figurée
en G<span id="note20" ></span>[[#footnote20|<sup>20</sup>]].
 
En H, nous présentons encore un excellent système de loqueteau à
Ligne 1 453 :
 
Le tracé perspectif K donne une très-jolie poignée de porte de la
même époque et attachée sur un vantail intérieur de l'églisel’église
Saint-Pierre,
à Strasbourg. Ces sortes de poignées, assez communes en Alsace, se
composent de deux tiges horizontales <i>''hh</i>'', qui passent à travers le vantail
et sont rivées de l'autrel’autre côté sur une platine. Un cylindre de fer battu <i>''l</i>'',
orné de moulures et de divers ornements, est, d'autred’autre part, rivé à ces
deux tiges horizontales. Un rinceau à travers lequel passent les tiges tient
lieu intérieurement de platine et est cloué sur le vantail. En L, nous
donnons le profil du cylindre, et en N le plan du bouquet supérieur <i>''n</i>'',
lequel est composé de deux petites plaques de fer battu rivées en croix
et formant bouton, et de quatre feuilles découpées dans un cornet
Ligne 1 468 :
à son support. Tous ces derniers ouvrages de serrurerie sont exécutés avec une grande perfection.
 
<span id="Auxerre33" >Il nous reste à parler, en fait de suspension et de fermeture d'huisd’huis,
des targettes, des paumelles, charnières, équerres, etc. On donne le nom
de targettes à de petits verrous adaptés à des châssis de croisée, lorsqu'ilslorsqu’ils
n'ontn’ont qu'unequ’une faible dimension ; à des vantaux de volets ou d'armoiresd’armoires.
Très-rarement, pendant le moyen âge, jusqu'aujusqu’au XV<sup>e</sup> siècle, les
châssis de croisée avaient-ils des dimensions dépassant en hauteur trois
ou quatre pieds sur deux ou trois pieds de largeur, puisque les fenêtres
étaient divisées par des meneaux verticaux et des traverses de pierre
(voyez [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 5, Fenêtre|Fenêtre]], [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Menuiserie|Menuiserie]]). Dès lors, pour fermer des châssis d'uned’une
dimension si médiocre, il n'étaitn’était besoin que de targettes, et l'emploil’emploi des
crémones ou grands verrous hauts et bas n'étaitn’était guère commandé. Aussi
les targettes sont-elles beaucoup plus communes, dans les édifices
publics
ou privés anciens, que les crémones ou fléaux. Quant aux fermetures
auxquelles on donne le nom dd’''<i>espagnolettes</i>'', leur emploi ne date, en
France, que du XVIII<sup>e</sup> siècle. Les espagnolettes remplacèrent, pour fermer
les châssis de croisée d'uned’une grande dimension et à deux vantaux,
les verrous hauts et bas, les fléaux, les barres, les crémones combinées
comme celles présentées ci-dessus. Il ne faut point oublier que pendant
le moyen âge, on ne faisait pas de châssis de croisée à deux vantaux,
puisque les fenêtres étaient garnies de meneaux de pierre, si elles dépassaient
une dimension médiocre. Les crémones que nous avons données
figures 35 et 36 étaient posées sur des châssis à un seul vantail, et
les retenaient dans leur dormant, ou simplement dans la feuillure de
pierre du meneau. De nos jours on a abandonné l'espagnolettel’espagnolette pour
revenir aux crémones, qui ne sont point cependant d'inventiond’invention moderne,
et qu'onqu’on n'an’a jamais cessé d'employerd’employer en Italie et dans certaines parties
de l'Allemagnel’Allemagne.
 
Les targettes donc étaient la fermeture ordinaire des châssis d'uned’une
petite dimension ; on en plaçait une ou deux dans la hauteur du
battement,
et quelquefois ces targettes fermaient en même temps et la croisée
et le volet intérieur, ainsi que nous le verrons tout à l'heurel’heure. On trouve
une grande variété de targettes, et il semble que les serruriers se soient
plu à donner à cet ustensile vulgaire les formes les plus originales et les
Ligne 1 507 :
</div>
[[Image:Targettes.medievales.png|center]]
<div class="text" >
Voici (fig. 37) quelques exemples de ces targettes fixées à des châssis
de croisée. La targette A<span id="note21" ></span>[[#footnote21|<sup>21</sup>]] se compose d'uned’une coque à section trapézoïde,
dans laquelle glisse un pêle à section pareille, ont les angles aigus sont
abattus. La coque est fendue sur sa face, de manière à laisser passer
un piton tenant au pêle auquel est rivée librement une poignée mobile.
Deux filets-embrasses, avec talons <i>''a</i>'', renforcent la coque le long de ses
rives, et permettent de la fixer au battement de la croisée au moyen des
pointes <i>''b</i>'' qui sont rabattues en dehors. Le pêle entre simplement dans
une platine à gâche fixée au meneau, car ici la croisée ne possède pas
de dormant. Cette autre targette B est dans le même cas: son pêle tombe
dans une platine à gâche; sa coque est maintenue, comme la précédente,
à la traverse du châssis par deux embrasses à pointes. La poignée,
au lieu d'êtred’être mobile, consiste en un animal finement forgé et buriné,
qui, étant bien en main, facilite le tirage ou la poussée<span id="note22" ></span>[[#footnote22|<sup>22</sup>]]. En <i>''d</i>'', la targette
est présentée de profil ; en <i>''e</i>'', de face (l'animall’animal étant supposé enlevé). Le
tracé <i>''g</i>'' donne sa section. Le piton de la poignée mobile de la targette A
et la poignée fixe de la targette B sont rivés aux pêles avant que les platines
formant fond aient été elles-mêmes rivées aux coques : cela est
tout simple.
 
La targette C appartenait à un châssis de croisée muni d'und’un dormant,
puisque la gâche <i>''h</i>'' existe<span id="note23" ></span>[[#footnote23|<sup>23</sup>]], et était encore fixée à ce dormant. La poignée,
en façon de jambe, est mobile (voyez la section <i>''l</i>''). La coque n'an’a pas la
forme d'und’un trapèze, mais d'und’un parallélogramme ; elle n'estn’est plus fixée par
des embrasses à pointes, mais par des clous passant à travers les débords
de la platine de fond, à laquelle sont rivées les embrasses. Comme précédemment,
cette platine de fond n'an’a été fixée que quand le pêle a été
ajusté dans le devant de la coque et que le piton portant la goupille de
la poignée a été rivé. Ces objets sont délicatement travaillés, en bon fer
Ligne 1 544 :
manière à donner plus ou moins de jour dans les appartements (voyez
[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Menuiserie|Menuiserie]], fig. 20). Ces volets étaient ferrés sur les dormants, mais
plus habituellement sur les châssis ouvrants, de manière qu'ilqu’il ne fût
pas nécessaire de développer le vantail préalablement, pour ouvrir la
fenêtre. Dans le premier cas, les targettes étaient disposées de telle manière
qu'ilqu’il fallait absolument ouvrir les volets pour ouvrir la fenêtre, afin
de ne pas risquer, par inadvertance, de forcer les paumelles ou les pivots
du châssis de croisée ; mais aussi ces targettes fermaient-elles, au besoin,
le châssis de croisée et les volets, soit un, soit deux, suivant le besoin.
</div>
[[Image:Targette.de.volet.png|center]]
<div class="text" >
<span id="Auxerre32" >La figure 38 nous montre une de ces targettes<span id="note24" ></span>[[#footnote24|<sup>24</sup>]]. Cette fois, le pêle ne glisse pas dans une coque, mais, fendu dans sa longueur, des deux côtés
de la poignée, il laisse passer dans chacune de ses coulisses deux clous-guides
<i>''a</i>'', terminés par une pointe double rivée sur le bois de la traverse
du châssis, en dehors. La gâche <i>''b</i>'' est fixée au dormant, mais de façon
que le pêle de la targette dépasse la largeur de cette gâche de la course <i>''ef</i>''.
Ce pêle est muni de deux oreilles <i>''h hh’''</i> (voyez la section en
h'') évidées
par-dessous. Quand on veut fermer un volet <i>''v</i>'', on a poussé la targette
au bout de sa course, comme le montre le tracé ; on fait battre le vantail
du volet, dont les angles sont munis de pannetons <i>''p</i>'' ; puis on ramène la
targette en arrière de la portion de course <i>''fe</i>'' : alors l'oreillel’oreille <i>h'</i>'h’'' appuie
sur le panneton <i>''p</i>''. Voulant fermer les deux portions de volets à la fois,
l'oreillel’oreille <i>''h</i>'' appuiera de même sur le panneton de l'anglel’angle inférieur du volet
supérieur. Il est clair que dans ce cas, pour ouvrir la fenêtre, il faut ouvrir
les volets, puisque l'épaisseurl’épaisseur de ceux-ci empêche le pêle de la
targette
de sortir de sa gâche. En A, est tracée la section de cette targette
avec l'unl’un des volets fermés, et en B, la façon dont le panneton est fixé
par des clous à l'anglel’angle du volet.
 
Il n'estn’est guère besoin de dire que, dans ces sortes de châssis de croisée,
il y a une traverse entre chaque volet, et qu'ilqu’il y a autant de targettes qu'ilqu’il
y a de traverses. Le pêle à coulisses glisse sur une platine dont les débords
<i>''d</i>'' sont munis de clous.
 
Quand les volets sont ferrés sur le châssis de croisée, et non sur le dormant,
ils sont maintenus souvent par des targettes spéciales qui
permettent
d'ouvrird’ouvrir la croisée sans développer les volets.
</div>
[[Image:Targette.de.volet.2.png|center]]
<div class="text" >
Voici encore (fig. 39) un système de fermeture de croisées avec volets,
qui était adopté au XV<sup>e</sup> siècle, dans les provinces du Nord, où, à cette
époque, l'industriel’industrie de la quincaillerie était fort développée. Ce système
consiste en une tige verticale (voyez l'ensemblel’ensemble du battement de croisée
en A), munie à ses extrémités de pignons qui font mouvoir deux
targettes,
l'unel’une haute, l'autrel’autre basse, à crémaillère. Des mentonnets, au
nombre de quatre, rivés à la tige, entrent dans des boucles attachées aux
angles des deux volets fermant séparément les deux panneaux vitrés de
Ligne 1 598 :
axe suivant un quart de cercle. En tournant, cette tige pousse les targettes
dans leurs gâchettes scellées dans la feuillure de pierre, et engage les
mentonnets dans les boucles des volets, si l'onl’on veut les fermer, comme le
faisaient les espagnolettes dont on se servait encore il y a peu d'annéesd’années.
 
En B, est tracée de face l'extrémitél’extrémité supérieure de la tige verticale, avec
son pignon, sa targette à crémaillère et l'unl’un des mentonnets. En C, la
tige est présentée de profil avec le battement de la croisée. En D, une
section horizontale fait comprendre le mécanisme. En E, est présenté un
des pitons maintenant la tige et dans lesquels elle pivote. On voit, en F,
une des boucles des volets, et en G, la poignée de face et de profil. Sur
la section D est indiqué en <i>aa'</i>'aa’'' le mouvement imprimé à la poignée pour
faire pivoter la tige, pousser les targettes, et faire tomber les mentonnets
dans les boucles.
 
La tige verticale est renforcée aux points où elle reçoit, en mortaises,
les pignons, les mentonnets et la poignée, cette dernière rivée. Entre les
pitons dans lesquels elle tourne, cette tige, forgée carrée, est tordue en
spirale, ce qui lui donne du roide. En H, est figurée une autre poignée
dont l'attachel’attache vient saisir la tige et est fixée par deux goupilles. Le fer,
aplati en palette, est gondolé (voyez la section horizontale h), puis enroulé
autour d'und’un bâtonnet également de fer.
 
Les pitons à deux pointes rabattues en dehors du battement (voyez en <i>''d</i>'')
passent à travers une platine <i>''p</i>'' clouée sur le bois, afin que le mouvement
de la tige ne puisse agrandir peu à peu le trou pratiqué dans le montant.
Aux extrémités, ces platines reçoivent encore, en rivure, les embrasses
des targettes (voyez en <i>''g</i>'').
 
Ces ferrures, provenant de débris recueillis dans nos villes du Nord et
en Belgique, devaient présenter bien d'autresd’autres variétés ; nous ne pouvons
avoir la prétention de les donner toutes, il faudrait pour cela un traité
spécial. Peut-être pensera-t-on que nous n'insistonsn’insistons que trop sur cette
branche de l'industriel’industrie du bâtiment ? mais le peu d'attentiond’attention que l'onl’on a
prêté généralement à notre ancienne ferronnerie, dont la forme est toujours
si bien adaptée à la matière ; l'ignorancel’ignorance qui a fait jeter à la vieille
ferraille tant d'objetsd’objets propres à exciter l'intelligencel’intelligence de nos artisans ; les
idées erronées que l'onl’on entretient parmi les architectes sur ces industries
où nous aurions tant à prendre ; les abus que la facilité des moyens d'exécutiond’exécution
introduit dans la ferronnerie moderne, tout cela nous entraîne à
multiplier les exemples.
 
Nous dirons donc encore quelques mots sur les paumelles, charnières,
équerres simples ou à pivots, tous objets de quincaillerie de bâtiment
qui sont traités avec soin par ces artisans du moyen âge, et qui ont une
Ligne 1 647 :
ces châssis à pivots hauts et bas, entrant dans des crapaudines ou
douilles
scellées dans la pierre même<span id="note25" ></span>[[#footnote25|<sup>25</sup>]]. Chaque pivot était soudé à une équerre
qui prenait le champ du châssis et se développait sur sa face intérieure.
</div>
[[Image:Equerre.XIIIe.siecle.png|center]]
<div class="text" >
La figure 40 représente, en A, une de ces équerres munie d'und’un
mamelon
ou pivot <i>''a</i>''. L'équerreL’équerre est renforcée au coude, entaillée sur les
champs vertical et horizontal du châssis, et déborde en saillie sur la face,
au moyen des petits talons <i>''b</i>''. En B, on voit une autre sorte de pivot
dont les bandes embrassent les deux faces intérieure et extérieure du
châssis, avec appendice formant équerre. La figure 41 présente une véritable
paumelle dont la partie A est clouée sur le dormant, et la partie B
sur le châssis ouvrant<span id="note26" ></span>[[#footnote26|<sup>26</sup>]]. Les platines de la paumelle sont vues, ajourées,
découpées et gravées. On reconnaissait alors les inconvénients des clous
ordinaires, et le serrurier avait le soin de poser deux clous à tête quadrangulaire et à pointe plate, ainsi que le fait voir le détail <i>''a</i>''. Ces clous,
rivés en dehors, ne faisaient pas fendre le bois (leur pointe étant plate,
de champ, suivant le fil), et, au moyen de leur tête quadrangulaire,
maintenaient fortement les platines auprès du gond <i>''b</i>'' et de l'œill’œil <i>''c</i>''.
</div>
[[Image:Paumelle.png|center]]
<div class="text" >
Lorsque les châssis ouvrants avaient une assez grande hauteur (six à
sept pieds), les paumelles étaient longues et munies de deux œils espacés,
pour empêcher le gauchissement des bois. La figure 42 retrace une de
ces paumelles ou charnières, qui paraît appartenir à la fin du XIV<sup>e</sup> siècle
ou au commencement du XV<sup>e</sup><span id="note27" ></span>[[#footnote27|<sup>27</sup>]]. La fiche est libre entre les œils, vue, et
est ornée d'uned’une queue de fer rond enroulée en spirale autour d'elled’elle.
Cette queue est libre aussi. Pour dégonder le châssis, il suffit d'enleverd’enlever
cette fiche par le haut.
</div>
[[Image:Paumelle.XIVe.siecle.png|center]]
<div class="text" >
La figure 43 donne une paumelle A, une charnière B et une charnière
équerre C attachées à la porte d'uned’une chapelle de l'églisel’église de Semur en
Auxois (voy. [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Menuiserie|Menuiserie]], fig. 15). La porte bat dans une feuillure de
pierre et la paumelle A tourne sur un gond <i>''a</i>'' scellé. Les charnières réunis
sont des vantaux brisés. À la place des clous sont posées des brides munies
chacune de trois pointes bifurquées et rivées en dehors, ainsi que
l'indiquel’indique le tracé perspectif D. Ces brides avaient l'avantagel’avantage de maintenir
parfaitement les platines, aussi bien et mieux que ne le font les vis, et
d'empêcherd’empêcher les paumelles ou charnières de fatiguer leurs attaches par
l'usagel’usage. Ces ferrures datent du milieu du XV<sup>e</sup> siècle.
</div>
[[Image:Charniere.chapelle.Semur.en.Auxois.png|center]]
<div class="text" >
En G, est tracée une belle charnière équerre de la fin du XV<sup>e</sup>
siècle<span id="note28" ></span>[[#footnote28|<sup>28</sup>]],
qui est maintenue au moyen de deux barrettes verticales, dont on voit
en <i>''g</i>'' le détail, clouées sur les platines afin de leur donner plus de résistance
et de rendre tous les clous solidaires. De petites pointes fixaient en
outre les découpures des platines sur le bois. Très-probablement les
pointes des clous passant à travers les barrettes étaient rabattues ou rivées
sur d'autresd’autres platines postérieures.
 
La renaissance produisit des ouvrages de quincaillerie d'uned’une perfection
d'exécutiond’exécution rare. Nous n'enn’en conservons qu'unqu’un assez petit nombre en
France, si ce n'estn’est sur des meubles de cette époque. Au contraire,
l'Allemagnel’Allemagne, la Belgique, la Suisse, possèdent un nombre prodigieux de
ferrures de la fin du XV<sup>e</sup> siècle et du commencement du XVI<sup>e</sup>, exécutées
avec un art infini. <span id=Innsbruck>Les grilles du tombeau de Maximilien, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes I#Innsbruck|Innsbruck]],
les clôtures des chapelles des cathédrales de Constance, de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes M#Munich|Munich]], sont
de véritables chefs-d'œuvred’œuvre de ferronnerie comme fabrication et comme
forme. On voit, par exemple, sur les montants de fer forgé de la grille de
clôture du tombeau de Maximilien, des ornements de fer battu qui sont
soudés au corps même du montant et non goupillés ou rivés. Nous avons
eu quelquefois l'occasionl’occasion de signaler, même en France, ce procédé de
fabrication, entièrement perdu aujourd'huiaujourd’hui, et fréquemment employé à
la fin du XV<sup>e</sup> siècle et au commencement du XVI<sup>e</sup>. Ces soudures ne consistent
pas en une simple brasure au cuivre ou au laiton. Aucun métal
étranger au fer n'apparaîtn’apparaît entre l'âmel’âme et le fer battu apposé. Bien
que celui-ci n'aitn’ait qu'unequ’une épaisseur de 1 ou 2 millimètres au plus, il
adhère parfaitement à cette âme sur toute sa surface.
</div>
[[Image:Detail.cloture.tombeau.Maximilien.png|center]]
<div class="text" >
Le fragment que nous donnons ici (fig. 44), provenant de la grille du
tombeau de Maximilien, explique ce procédé. Les feuilles de tôle ou de
fer battu soudées ont été repoussées évidemment avant l'opérationl’opération qui
les a fait adhérer parfaitement à l'âmel’âme, puisque, après cette opération, il
n'eûtn’eût été possible que de les buriner, mais non de leur donner le modelé
souple et doux du repoussage au marteau.
 
==== SERRURERIE D'ASSEMBLAGESD’ASSEMBLAGES ====
Nous n'avonsn’avons présenté dans cet article que
des ouvrages de serrurerie soudés, découpés ou étampés, rivés par petites
parties, tels qu'ilqu’il convient de le pratiquer pour les ferrures des huis.
 
On façonnait cependant de grandes pièces de forges assemblées, telles
que grilles, clôtures, ferrures de puits, etc. Ces ouvrages exigeaient
l'emploil’emploi de moyens particuliers pour assurer leur solidité. Il ne s'agissaits’agissait
plus seulement de soudures ou de quelques rivures, mais de
combinaisons
d'assemblagesd’assemblages qui appartiennent exclusivement à la serrurerie.
On comprendra facilement que des hommes qui, dans toutes les
branches
de l'architecturel’architecture, savaient si bien adapter les formes à la matière
employée et à la mise en œuvre, aient cherché, dans les grandes pièces
de serrurerie, à n'admettren’admettre que des compositions d'artd’art se prêtant aux
exigences du travail du fer. Alors les assemblages, les nécessités de la
structure, loin d'êtred’être dissimulés, apparaissent franchement, deviennent
les motifs de la décoration. L'artisanL’artisan cherche d'ailleursd’ailleurs à donner à son
œuvre une raison d'êtred’être pour les yeux ; il entend quegue l'onl’on en comprenne
l'organismel’organisme, pour ainsi dire, qu'onqu’on apprécie les efforts qu'ilqu’il a faits pour
allier intimement l'artl’art à la nécessité de structure, aux qualités propres
à la matière employée. Que ces façons de procéder ne soient pas du goût
de tout le monde, qu'ellesqu’elles ne frappent que les esprits aimant à trouver
l'empreintel’empreinte de la raison dans les œuvres humaines, qu'ellesqu’elles gênent les
natures paresseuses, nous l'admettonsl’admettons ; mais nous sommes forcés de
reconnaître aussi que l'artl’art ne s'introduits’introduit réellement dans l'industriel’industrie que
sous l'empirel’empire de principes vrais, clairs, se résumant en ceci: soumission
de la forme à la nécessité, à l'emploil’emploi de la matière et aux qualités qui
lui sont propres.
 
Nous avons si bien perdu l'habitudel’habitude du respect de ces principes, que
nous demeurons surpris devant des œuvres où la raison a commandé à
la forme, et que nous prenons pour une subtilité ou une complication
superflue une expression sincère. Cependant cacher un assemblage, par
exemple, cela est plus subtil et plus compliqué que si nous le laissons
apparent ; c'estc’est à coup sûr moins sincère ; peut-être beaucoup moins
solide et d'uned’une exécution plus difficile. Assembler en équerre deux morceaux
de fer carré au moyen d'und’un tenon, d'uned’une mortaise et d'uned’une goupille,
comme on le ferait pour de la charpente ou de la menuiserie, cela ne présente
rien de compliqué extérieurement, puisqu'onpuisqu’on ne voit rien du travail
de l'ouvrierl’ouvrier ; mais cette façon, convenable pour du bois qui se coupe facilement,
qui a un fil, n'estn’est pas justifiée si on l'appliquel’applique à des barres de
fer d'uned’une épaisseur minime, fort difficiles à creuser ou à disposer avec
tenons; de plus, un pareil assemblage est toujours défectueux en ce que
le tenon, très-menu, ne peut offrir assez de prise pour donner à
l'assemblagel’assemblage une grande solidité. Si au contraire deux barres sont assemblées
d'équerred’équerre, comme l'indiquel’indique la figure 45, en A, la barre horizontale munie
d'und’un talon B entrant dans une fourchette façonnée à l'extrémitél’extrémité de la
barre verticale, l'assemblagel’assemblage est simple, large, solide, bien approprié
à la matière. Que cet assemblage soit maintenu serré par un boulon à
clavette détaillé en C, qu'unequ’une rondelle plus ou moins riche s'interposes’interpose
entre la tête du boulon et la fourchette, la décoration de l'assemblagel’assemblage
est toute trouvée et n'estn’est en réalité que l'emploil’emploi raisonné des moyens
les plus naturels nécessaires à la solidité de l'œuvrel’œuvre. Qu'ilQu’il y ait lieu de
poser des barres verticales intermédiaires, la traverse horizontale aura
des œils renflés D, à travers lesquels passeront ces barres.
</div>
[[Image:Assemblage.fer.forge.png|center]]
<div class="text" >
Si nous nous engageons dans la voie vraie, celle indiquée par la structure,
la décoration de l'œuvrel’œuvre est pour ainsi dire tracée. En supposant
que la grille doive être richement couronnée, le talon de la barre horizontale,
la fourchette de la barre verticale, les extrémités des barres
intermédiaires, fournissent des motifs d'ornementationd’ornementation qui, loin d'altérerd’altérer
le principe de la structure, ne font que l'appuyerl’appuyer (fig. 46). Cet exemple
suffit pour faire saisir la méthode suivie par ces artisans serruriers du
moyen âge. Ceux-ci ne font d'ailleursd’ailleurs, dans leur métier, qu'appliquerqu’appliquer les
méthodes admises dans les autres branches de l'architecturel’architecture de cette
époque ; développer la forme dans le sens indiqué par le besoin, la
raison, la qualité de la matière. Et, de fait, nous ne saurions trop le
répéter, on ne possède un art de l'architecturel’architecture qu'àqu’à ces conditions.
</div>
[[Image:Assemblage.fer.forge.2.png|center]]
<div class="text" >
Quand on examine des œuvres de serrurerie du moyen âge, on observe
que les fers sont, relativement à ceux que nous employons aujourd'huiaujourd’hui,
légers ; que ces ouvrages ont un aspect élégant, délié. Et en effet,
une des qualités que doit posséder la serrurerie, c'estc’est la légèreté, puisque
la matière est très-résistante, sous un petit volume. Le fer forgé cependant,
s'ils’il a une force considérable en agissant comme tirant, comme lien,
est flexible, <i>n'a'n’a pas de roide</i>'', et ne peut, debout, porter un poids assez
lourd, à moins de lui donner une épaisseur que ne comporte guère ce
genre d'ouvragesd’ouvrages et qui augmente la dépense. C'estC’est donc par des
combinaisons
d'assemblagesd’assemblages que le serrurier peut suppléer au défaut de roideur
de ce métal. Le fer résiste à une charge en raison du développement de ses surfaces, et (fig. 47) une barre de fer de 0<sup>m</sup>, 03, carrée, A,
ayant une longueur de 2 mètres, qui ne pourra, posée verticalement,
porter un poids de 1000 kilogrammes sans ployer, conservera son roide
si elle est forgée à poids égal, suivant les sections B. Posée horizontalement,
il en sera de même ; la barre de fer résistera d'autantd’autant mieux à une
charge, que ses surfaces seront plus développées : c'estc’est ce principe qui
a fait admettre dans nos constructions modernes les fers dits à T ou à
double T pour les planchers, les arbalétriers et pannes de combles. Nos
serruriers du moyen âge ne possédant pas les puissants cylindres
d’usines
d'usines
qui laminent le fer en barres côtelées, avec des ailes, suppléaient à
cela par des combinaisons, souvent très-ingénieuses, afin de conserver
Ligne 1 831 :
</div>
[[Image:Schema.resistance.fer.png|center]]
<div class="text" >
Leurs grilles de clôture sont, par exemple, composées par panneaux
qui viennent s'embrevers’embrever dans des montants rendus rigides au moyen de
renforts et d'arcsd’arcs-boutants très-habilement agencés. Les barres
verticales
destinées à porter sont tordues et quelquefois même composées de
Ligne 1 841 :
suivant
une des faces. Faisant donc pivoter la diagonale du carré sur son
centre, on donne à une barre, dans toute sa longueur et sur tous les points,
la résistance que présente cette diagonale. C'estC’est pourquoi on trouve si
souvent dans la serrurerie du moyen âge des fers carrés, tordus, dont
les angles de la section carrée forment des spirales. Ainsi (fig. 48), une
barre à section carrée A, posée debout et soumise à une charge, ploiera
suivant l'unel’une de ses quatre faces ; mais si, au moyen de la torsion, la diagonale
parcourt tous les points du cercle inscrivant le carré (voyez en B),
la barre résistera à la charge non plus suivant la résistance d'und’un côté
du carré, mais suivant celle de la diagonale: or, celle-ci étant plus
longue que l'unel’une des faces, la résistance sera plus considérable. À longueurs
égales, la barre tordue B sera plus lourde d'ailleursd’ailleurs et contiendra
plus de matière que la barre simple A, puisque les angles du carré sont
obligés de parcourir une spirale. À l'œill’œil, cependant, la barre tordue sera
plus légère que la barre simple, à cause des surfaces concaves que produisent
nécessairement les faces du carré pivotant sur son axe.
Ligne 1 859 :
Par les mêmes motifs, les serruriers du moyen âge composaient-ils
souvent des supports verticaux de fer, au moyen de deux ou même de
trois fers ronds tordus en façon de torsade ; ainsi augmentaient-ils les
moyens de résistance sans augmenter sensiblement le poids des fers.
Ces sortes d'ouvragesd’ouvrages demandant du soin, de l'adressel’adresse et un peu de
réflexion, il s'ests’est trouvé qu'unqu’un jour--les corps de métiers ayant perdu la
force qui maintenait chez eux la main-d'œuvred’œuvre à un niveau
élevé--quelques architectes ont trouvé préférable--plutôt que de chercher sans
cesse des formes raisonnées et nouvelles--d'admettred’admettre un certain goût
prétendu classique, une sorte de formulaire applicable à toute œuvre et à
toute matière (ce qui simplifiait singulièrement leur travail), ont déclaré
que toutes ces recherches, résultat de l'expériencel’expérience, de l'étudel’étude et d'uned’une
fabrication perfectionnée, n'étaientn’étaient qu'unqu’un produit du caprice ou de l'ignorancel’ignorance.
Il n'estn’est pas besoin de dire que cette façon d'apprécierd’apprécier toute une
face de l'artl’art de l'architecturel’architecture et les industries qui s'ys’y rattachent, devait
être fort prisée par la classe nombreuse des gens qui ne veulent pas se
donner trop de peine. Aussi la serrurerie du moyen âge fut-elle fort
mal vue pendant ces derniers siècles, et l'onl’on trouva de bon goût de
reproduire en fer (comme on peut le voir à la grille de la cour du Mai
à Paris) des <i>''ordres</i>'' avec leurs chapiteaux, leurs entablements, leurs
stylobates, etc. ; le tout fabriqué en dépit de la matière et des moyens
qu'ellequ’elle impose à ceux qui en connaissent les qualités et prétendent
les utiliser.
 
Il y a, dans les assemblages de la serrurerie du moyen âge, un sujet
inépuisable d'enseignementd’enseignement. Par des motifs faciles à saisir, on préfère
aujourd'huiaujourd’hui ne point appliquer le raisonnement aux choses qui touchent
à l'artl’art de l'architecturel’architecture ; ce sont du moins les principes que professent
beaucoup d'artistesd’artistes. Il est certain qu'àqu’à leurs yeux, ces artisans du moyen
âge, en raisonnant ainsi ce qu'ilsqu’ils faisaient, en prenant toujours la structure
comme motif de décoration, étaient dans la mauvaise voie. Économes
de la matière, ils arrivaient au but par les moyens les plus vrais.
Loin de cacher ces moyens, ils les montraient, s'ens’en faisaient honneur.
En effet, quand un moyen est simple, pratique, il n'yn’y a pas lieu de le
cacher ; si ce n'estn’est, au contraire, qu'unqu’un expédient étranger à la nature
de la matière mise en œuvre, qui ne présente pas de garanties sérieuses
de solidité, qui exige l'emploil’emploi de ressources hors de proportion avec
le résultat, on ne saurait trop le dissimuler, et c'estc’est ce qu'onqu’on fait habituellement
dans notre serrurerie fine de bâtiment.
 
Nous disions tout à l'heurel’heure que les serruriers du moyen âge, lorsqu'ilslorsqu’ils
avaient à fabriquer des grilles d'uned’une certaine étendue, procédaient par
une suite de panneaux s'embrevants’embrevant dans des montants. Nous ne savons
si ces artisans avaient observé et calculé les effets de la dilatation du fer;
il n'enn’en est pas moins certain que par l'emploil’emploi de cette méthode on évitait
les inconvénients qui résultent de la mise en place de grandes parties de
grilles solidaires. Alors celles-ci, s'allongeants’allongeant par la chaleur ou se retraitant
par le froid, causent des mouvements incessants, dont le moindre
danger est de briser les scellements, de faire gauchir les montants,
d'empêcherd’empêcher les battements des parties ouvrantes de fonctionner, de fatiguer
les assemblages. On croit parer à ces inconvénients au moyen de
tenons et de goupilles ou de boulons <i>''gais</i>'', c'estc’est-à-dire posés en laissant du
jeu. Mais cela ne peut se faire qu'auxqu’aux dépens de la solidité de l'ouvragel’ouvrage.
Au contraire, le système de grilles posées par panneaux laissait aux fers
la facilité de se dilater, tout en conservant à l'ensemblel’ensemble une solidité égale,
quelle que fût la température.
 
Les montants principaux des grilles se composaient donc généralement
d'uned’une âme avec deux jouées formant feuillures, dans lesquelles
s'embrevaients’embrevaient les panneaux. Il fallait, dès lors, que ces montants
fussent bien maintenus dans leur plan vertical dans les deux sens,
au moyen d'arcsd’arcs-boutants ou de contrefiches scellées. Ces accessoires
nécessaires fournissaient, comme toujours, un motif de décoration.
</div>
[[Image:Assemblage.grille.medievale.png|center]]
<div class="text" >
Voici (fig. 49) un de ces motifs de montants, avec feuillures propres
à recevoir des panneaux de grille et avec arcs-boutants. En A, est tracée
la section du montant sur <i>''a b</i>''. L'âmeL’âme <i>''c</i>'' se compose de deux fers d'und’un
pouce sur six lignes, laissant entre eux un intervalle de quatre lignes.
Deux jouées <i>''d</i>'' sont rivées à ces âmes. Le profil B fait voir que les jouées
possèdent deux renforts <i>''e</i>'', formant larmiers et munis de talons en
contre-bas, servant de butée aux deux arcs-boutants D. À partir du niveau
<i>''g</i>'', ces arcs-boutants se divisent chacun en deux branches (voyez
la face F en <i>''h</i>''), de sorte que ces deux arcs-boutants ont quatre scellements
propres à empêcher le dévers du montant, soit dans le plan de la
grille, soit perpendiculairement à ce plan. En <i>''k</i>'' et <i>''l</i>'', les arcs-boutants
et les jouées sont percés de trous barlongs dans lesquels passent les
doubles clefs chevauchées (détaillées en G), percées elles-mêmes à leurs
extrémités antérieures et postérieures pour recevoir les clavettes H, au
moyen desquelles tout le système est fortement serré. Ces clavettes
enfoncées, leur extrémité <i>''m</i>'' est recourbée au marteau<span id="note29" ></span>[[#footnote29|<sup>29</sup>]].
 
Les armatures de puits présentent encore d'assezd’assez nombreux exemples
de belle serrurerie d'assemblagesd’assemblages. Si la margelle du puits était adossée
à un mur, la poulie était suspendue à une potence scellée dans ce mur.
On peut voir encore une de ces potences à poulie attachée au mur
d'uned’une maison du XV<sup>e</sup> siècle sise en face de la cathédrale de Moulins
(fig. 50, en A). Les fers formant équerre et quart de cercle ont
0<sup>m</sup>, 034 + 0<sup>m</sup>, 041 (15 lignes + 18 lignes). Ces fers sont chanfreinés au
marteau sur leurs arêtes (voyez la section <i>''b</i>'' faite sur
<i>''c d</i>''), et ces chanfreins
s'arrêtents’arrêtent au droit des assemblages. Les redents et l'ornementl’ornement du sommet
sont rivés sur les bandes principales. Pour rendre solidaires les trois
redents du triangle, deux cercles <i>''g</i>'' moisent leurs extrémités au moyen
de rivets. Le redent supérieur <i>''h</i>'' a son extrémité recourbée en boucle
pour passer le rivet qui maintient les rosaces doubles de tôle <i>''l</i>''. À l'extrémitél’extrémité
de la bande horizontale, est un renfort K, qui reçoit une tringlette
verticale, sur l'extrémitél’extrémité coudée de laquelle est rivé un petit toit de tôle <i>''m</i>''
(<i>''a</i>'' en plan), destiné à couvrir la corde de la poulie au point où elle se
trouve en contact avec le fer. Cette poulie tourne au moyen d'uned’une tête
de boulon qui passe dans sa bielle<span id="note30" ></span>[[#footnote30|<sup>30</sup>]]. On observera que les redents et
même l'ornementl’ornement du sommet ne sont pas une simple décoration, mais
ajoutent à la résistance du triangle de fer en étrésillonnant ses côtés, et
en formant au-dessus de la bande horizontale comme une fermette.
Aussi le serrurier a-t-il pu n'employern’employer que des fers d'und’un faible
échantillon
relativement à la longueur de la potence et au poids qu'ellequ’elle
doit soutenir ; or, cette potence fonctionne depuis plus de quatre
cents ans.
</div>
[[Image:Armature.de.puits.medievale.png|center]]
<div class="text" >
En B, est figurée une seconde potence, composée d'aprèsd’après un autre
système,
mais présentant au moins autant de rigidité que la première. Les
fers des côtés du triangle donnent la section <i>''p</i>'', et ceux de l'intérieurl’intérieur la
section <i>''q</i>''. Dans le grain d'orged’orge ménagé le long de ces fers, entrent les ornements
de tôle qui roidissent tout le système. Les fers du triangle et de
l'intérieurl’intérieur sont assemblés à tenons avec clavettes, ainsi que le montre
le détail <i>''s</i>''. Cette potence pivote dans deux pitons scellés à la muraille<span id="note31" ></span>[[#footnote31|<sup>31</sup>]].
 
Nous ne saurions trop insister sur ce point : dans les ouvrages de
serrurerie
du moyen âge, on ne cherche pas à dissimuler les assemblages.
Les fers, au droit de ces assemblages, restent francs ou prennent plus
de force, comme nous l'avonsl’avons montré dans l'exemplel’exemple figure 45. On
se garde bien de diminuer leur résistance là où ils fatiguent.
</div>
[[Image:Grille.XVe.siecle.png|center]]
<div class="text" >
Outre les grilles disposées par panneaux s'embrevants’embrevant entre des
montants, on faisait aussi des grilles par compartiments assemblés, et cela
par des moyens simples et solides. Cette grille (fig. 51) fournit un
exemple de ces sortes de combinaisons<span id="note32" ></span>[[#footnote32|<sup>32</sup>]]. C'estC’est un ouvrage du XV<sup>e</sup> siècle.
Il se compose de montants A scellés dans le pavé. Entre ces montants,
renforcés en B, sont serrées des traverses C, lesquelles portent un petit
tenon à chaque extrémité. La partie supérieure des montants se termine
par un fort goujon rivé sur la barre d'appuid’appui D. Des cercles inscrivant des
quatre-lobes sont inscrits entre les montants, la traverse et la barre
d'appuid’appui. Des demi-cercles remplissent la partie inférieure. En <i>''a</i>'', <i>''b</i>'' et <i>''c</i>'',
sont tracées les sections de la traverse C, des cercles et des
quatre-lobes ;
en <i>''d</i>'', est figurée l'extrémitél’extrémité des lobes. Des goujons rivés <i>''e</i>'' réunissent toutes
ces pièces dont les sections hexagonales se prêtent à une juxtaposition
parfaite. Cet ensemble présente beaucoup de solidité, est facile à assembler,
et n'exigen’exige de soudures qu'àqu’à l'extrémitél’extrémité des lobes et pour fermer les
cercles. Les montants n'ontn’ont que 0<sup>m</sup>, 024 de largeur sur 0<sup>m</sup>, 042
d’épaisseur.
d'épaisseur.
 
Les armatures de puits posées au-dessus des margelles présentaient
aussi des combinaisons d'assemblagesd’assemblages de serrurerie intéressantes à
étudier.
Dans les cours des châteaux, des monastères, au milieu des
Ligne 2 014 :
on voyait de ces belles ferronneries portant les poulies des puits.
 
Malheureusement, presque tous ces ouvrages ont été détruits, et si l'onl’on
en voit encore en place, c'estc’est qu'ilsqu’ils ont été oubliés. À Sens, à Troyes,
à Semur, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beaune|Beaune]], dans la cour de l'Hôtell’Hôtel-Dieu à Dijon, quelques
débris
de ces armatures existent aujourd'huiaujourd’hui et datent des XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> siècles.
D'anciennesD’anciennes gravures nous donnent aussi l'apparencel’apparence de ces ferrures de
puits, mais n'enn’en reproduisent pas les assemblages ; nous sommes réduit
donc à citer un assez petit nombre d'exemplesd’exemples. Le premier que nous
donnons n'existen’existe plus et ne nous est connu que par un dessin de
Garneray<span id="note33" ></span>[[#footnote33|<sup>33</sup>]].
Cet ouvrage de ferronnerie paraît dater de la fin du XIV<sup>e</sup> siècle,
et se trouvait placé dans les dépendances du château de Marcoussis. Le
second se voit encore à Troyes, et le troisième dans la cour de l'Hôtell’Hôtel-Dieu
de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beaune|Beaune]] ; ces deux derniers appartiennent au XV<sup>e</sup> siècle.
</div>
[[Image:Armature.puits.Marcoussis.png|center]]
<div class="text" >
La figure 52 reproduit l'armaturel’armature du puits de Marcoussis. Cette
armature
se composait de trois tiges de fer carré, avec arcs-boutants à la base
pour arrêter le hiement, c'estc’est-à-dire le mouvement pivotant qu'eussentqu’eussent
pu éprouver ces trois barres. Celles-ci sont d'ailleursd’ailleurs un peu inclinées
vers le centre. Un cercle de fer battu les réunit à leur sommet, et reçoit,
en outre, des liens en redents qui donnent du roide à tout l'ouvragel’ouvrage et
maintiennent les trois pieds-droits dans leur plan. Du cercle partent, au-dessus
des barres, trois volutes pincées au niveau <i>''a</i>'' par des moises. Au
milieu de ces trois volutes passe le poinçon <i>''b</i>'', auquel est suspendue la
poulie. Le cercle, les moises des volutes et le poinçon étaient ornés de
tôles découpées et rivées.
</div>
[[Image:Armature.puits.Troyes.png|center]]
<div class="text" >
L'armatureL’armature du puits de Troyes n'estn’est pas d'uned’une forme aussi gracieuse
que celle du puits de Marcoussis, mais sa composition et ses assemblages
méritent d'êtred’être signalés. La margelle A (fig. 53) est ovale à l'intérieurl’intérieur,
octogone irrégulière extérieurement. Trois montants sont scellés sur
cette margelle même, de façon à présenter en plan un triangle à côtés
illégaux, disposition qui permet à trois personnes de puiser de l'eaul’eau en
même temps. Deux personnes peuvent se placer en <i>''a</i>'' et <i>''b</i>'',
et la troisième
en <i>''c</i>''. Trois poulies sont suspendues à l'armaturel’armature au moyen d'uned’une sorte
de guirlande B attachée au poinçon, puis à deux barres horizontales
passant par les œils <i>''d</i>'', projetées en <i>d'</i>'d’'' sur le plan A.
Les trois tiges formant
pavillon D suspendent le poinçon, comme dans l'exemplel’exemple précédent,
et sont maintenues au sommet des trois montants au moyen d'uned’une
sorte d'embrèvementd’embrèvement et d'und’un fort boulon à clavette G. Les montants se
composent de deux tiges rondes de 0<sup>m</sup>, 02 de diamètre chacune, tordues
en manière de torsade ; une bague E les décore vers le milieu. À la base,
au scellement, sur la margelle, ces montants sont accompagnés chacun
de deux œils (voyez le détail F) recevant les boucles auxquelles on attachait
le crochet de la corde, lorsqu'ellelorsqu’elle était veuve des seaux, car chaque
personne qui venait puiser, apportait ses vases.
 
<span id=Beaune1>L'armatureL’armature du puits de l'Hôtell’Hôtel-Dieu de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Beaune|Beaune]] est parfaitement
conservée.
Elle se compose de trois montants, d'und’un cercle de fer battu qui
les réunit, et d'und’un pavillon à trois branches droites, le tout décoré de
tôles découpées. Cette armature est gravée dans l'ouvragel’ouvrage de MM.
Verdier et Cattais<span id="note34" ></span>[[#footnote34|<sup>34</sup>]], et il ne nous paraît pas nécessaire de la reproduire ici.
 
Dans la serrurerie, la simplicité des assemblages contribue beaucoup
à la solidité. Si l'onl’on tourmente trop le fer, soit à la forge, soit avec le
burin, on le rend cassant, on lui enlève une partie de sa force. Il importe
donc de combiner les assemblages de ferronnerie en laissant au fer
son nerf. C'estC’est au droit des assemblages que les armatures de ferronnerie
doivent présenter la plus grande résistance ; il n'yn’y a donc pas à compliquer les façons sur ces points et à diminuer les forces. Nous avons déjà
présenté dans cet article, et dans l'articlel’article [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Grille|Grille]], un certain nombre
d'ouvragesd’ouvrages assemblés qui constatent l'attentionl’attention des serruriers du moyen
âge à laisser aux fers la plus grande résistance possible aux points d'attached’attache,
de liaison ; à éviter les affaiblissements causés par les trous de
boulons, ou par les passages d'uned’une barre dans une autre. En effet, les
trous sont habituellement renflés, les fers croisés sont coudés et non
affamés ; les rivures mêmes sont faites dans les parties larges et là
où le fer est pur. La lime et nos moyens mécaniques, avec lesquels on arrive
à couper le fer comme on coupe du bois, ont fait introduire dans la
ferronnerie un système d'assemblagesd’assemblages qui se rapproche beaucoup trop de
celui de la menuiserie. Cela produit peut-être des ouvrages d'uned’une
apparence plus nette, mais la solidité y perd, et notre serrurerie se disloque
facilement ou se brise au droit des assemblages. La question est
toujours une question de forge, et si les assemblages que l'onl’on fait aujourd'huiaujourd’hui
dans la serrurerie sont trop souvent défectueux, c'estc’est qu'onqu’on préfère
recourir à la mécanique plutôt que de façonner le fer au marteau et
à bras d'hommed’homme.
 
Il serait trop long de donner dans cet article tous les assemblages
adoptés par les serruriers du moyen âge. Nous nous contentons d'end’en
présenter quelques-uns. Voici (fig. 54) des assemblages à trous renflés.
Les châssis de grille assemblés à tenons et goupilles ne présentent
aucune solidité ; il est facile d'ailleursd’ailleurs de faire sortir les tenons de leurs
mortaises, en faisant sauter la goupille à l'aidel’aide d'und’un poinçon. L'exempleL’exemple A
présente l'anglel’angle d'uned’une grille de fenêtre en saillie sur le nu du mur, ce
que l'onl’on nommait un <i>''cabaust</i>''<span id="note35" ></span>[[#footnote35|<sup>35</sup>]]. La barre d'angled’angle passe dans un trou
renflé posé diagonalement en <i>''a</i>'', les traverses horizontales <i>''b</i>'' étant forgées
d'und’un seul morceau avec leurs retours. L'exempleL’exemple B donne un fragment
de rampe ; tous les fers passent les uns dans les autres et ont dû être
posés ainsi. Les barres d'extrémitésd’extrémités <i>''c</i>'', et celles intermédiaires de deux
en deux <i>c'</i>'c’'', ont été façonnées avec le trou renflé <i>''d</i>'', à travers lequel les
tigettes <i>''e</i>'' ont été passées et rivées. Les barres <i>''f</i>'' ont
été coulées dans la
barre d'appuid’appui <i>''g</i>'' ; après quoi, les trous renflés <i>''h</i>'' ont été façonnés entre
chacune de ces barres <i>''f</i>''. Alors on a passé les extrémités des barres <i>''c cc’''</i>
par les trous <i>''h</i>'' ; ainsi les barres <i>''f</i>'' ont été prendre leur place entre les
brindilles <i>''e</i>''. On a passé les barres <i>''c</i>'' et <i>''f</i>'' par
les trous renflés de la traverse basse <''i>i</i>'' ; on a rivé les extrémités des barres <i>''c</i>'', <i>c'</i>'c’'', sur les rondelles <i>''k</i>'', rapportées sur la barre d'appuid’appui ; puis, pour terminer, on a posé les
bagues, qui sont simplement enroulées et non soudées. Le retour <i>''m</i>'', avec son
œil renflé <i>''n</i>'', forme poignée à chaque extrémité de la rampe, et fait l'officel’office
d'uned’une équerre, en arrêtant le roulement des barres verticales.
Impossible de désassembler une pareille grille, à moins d'arracherd’arracher les
scellements <i>''o</i>'' et de couper les rivets. Le figuré C présente encore une grille
saillante, un <i>''cabaust</i>''. En <i>''p</i>'', sont les scellements dans le mur. Le mentonnet
<i>''q</i>'', formant corbeau, est lui-même scellé et sert de repos au talon <i>''r</i>''.
</div>
[[Image:Assemblage.fer.forge.3.png|center]]
<div class="text" >
Les assemblages à trous renflés de cette grille sont trop simples pour
avoir besoin d'explicationsd’explications. En D, est une équerre de grille ouvrante, avec
sa fourchette détaillée en <i>''t</i>''<span id="note36" ></span>[[#footnote36|<sup>36</sup>]]. On voit encore à Troyes une belle grille
saillante de fenêtre ou de boutique, datant de la fin du XV<sup>e</sup> siècle ; nous
croyons nécessaire d'end’en donner quelques parties.
 
Ce cabaust a 2 mètres 10 centimètres de largeur, et se compose de
deux travées saillantes. Trois montants, deux d'angled’angle et un d'axed’axe,
séparent ces travées, composées chacune de quatre divisions de
brindilles
enroulées, avec fleurons de fer battu. Deux montants en retraite,
scellés au mur par des agrafes, maintiennent tout le système. La figure 55
montre les supports inférieurs de cette grille. Les montants d'angled’angle A,
et ceux B appuyés à la muraille, sont réunis par la console C. La traverse
basse D passe derrière le montant A, ainsi qu'onqu’on le voit en D'D’et et A'A’, sur
un repos <i>''a</i>'' ; et la brindille G porte un goujon qui, passant à travers les
deux trous, est rivé en dehors sur une rondelle et deux rosettes de fer
battu. Les brindilles sont réunies aux montants intermédiaires ou entre
elles par des embrasses. Des tôles gravées garnissent les montants et traverses,
tant pour couvrir les assemblages que pour donner à l'œill’œil plus
de corps à la grille. Les fers d'angled’angle ont 22 millimètres (voyez en E la section
d'und’un de ces fers, avec sa couverture de tôle). Les rosettes F' sontF’sont
maintenues aux brindilles au moyen d'und’un rivet passant par l'œill’œil F. Chacune
des brindilles est donc d'uned’une seule pièce et sans soudure (voyez en H).
</div>
[[Image:Grille.boutique.Troyes.png|center]]
<div class="text" >
L'arrangementL’arrangement des consoles C est à remarquer. Cette façon de donner
de la puissance au redent de la console, qui porte toute la charge de la
devanture de fer, par le bouton extrême et les quatre volutes, ne manque
ni d'adressed’adresse ni de grâce. C'estC’est d'ailleursd’ailleurs le point de soudure des deux
montants A et B antérieur et postérieur. La décoration n'estn’est donc, ici
encore, que la conséquence du procédé de fabrication. La serrurerie
française, jusqu'àjusqu’à la fin du XVI<sup>e</sup> siècle, ne se départ pas de ce principe.
Elle demeure ferronnerie, et ne cherche pas à imiter des formes appartenant
à d'autresd’autres branches de l'industriel’industrie du bâtiment ; on n'enn’en peut dire
autant de la serrurerie italienne.
 
Celle-ci, dès le XV<sup>e</sup> siècle, s'écartes’écarte des formes qui lui appartiennent en
propre, pour aller reproduire en miniature des ordres, des entablements,
des pilastres, des membres d'architectured’architecture antique qui sont du ressort de
la maçonnerie. C'estC’est ainsi que l'onl’on pensait faire un retour vers l'antiquité;l’antiquité ;
tandis que chez les Grecs, aussi bien que chez les Romains, les
objets de métal affectent les formes convenables à la matière.
 
À notre tour, quand nous prétendions faire un retour vers l'antiquitél’antiquité en
nous appuyant sur les interprétations fausses dues aux artistes italiens
pendant la renaissance, nous ne faisions que perpétuer ces erreurs, dont
à peine aujourd'huiaujourd’hui on cherche à revenir.
 
<span id=Munich>De l'autrel’autre côté du Rhin, on fabriqua de merveilleux ouvrages de
serrurerie
pendant les XV<sup>e</sup> et XVI<sup>e</sup> siècles. Les grilles du tombeau de Maximilien
à Innsbruck, celles des cathédrales de Constance, de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes M#Munich|Munich]],
d’Augsbourg,
d'Augsbourg,
qui datent du XVI<sup>e</sup> siècle, sont de véritables chefs-d'œuvred’œuvre, et
mériteraient de figurer dans une publication spéciale. Il faut reconnaître
toutefois qu'ilqu’il y a dans ces ouvrages de ferronnerie une certaine exagération
de formes, des recherches dont on s'ests’est abstenu en France pendant
le moyen âge et même pendant la renaissance. La serrurerie fine des
châteaux de Gaillon, d'Écouend’Écouen, dont on conserve quelques fragments ; la
porte de fer forgé et repoussé de la galerie d'Apollond’Apollon au Louvre, sont
des ouvrages de la plus grande valeur, et qui nous font assez voir que
l'industriel’industrie moderne, sous ce rapport, malgré l'étenduel’étendue de ses moyens,
n'atteintn’atteint qu'exceptionnellementqu’exceptionnellement à cette perfection.
 
<br /><br />
----
 
<span id="footnote1" >[[#note1|1]] : <i>''De la fidelle ouverture de l'artl’art de serrurier</i>'', par Mathurin Jousse, 1627.
 
<span id="footnote2" >[[#note2|2]] : Ces dessins nous ont été fournis, grandeur d'exécutiond’exécution, par M. Durand fils, architecte à Bordeaux.
 
<span id="footnote3" >[[#note3|3]] : Par l'habilel’habile serrurier M. Boulanger.
 
<span id="footnote4" >[[#note4|4]] : Cette porte est celle de droite, sur la façade occidentale de Notre-Dame de Paris.
 
<span id="footnote5" >[[#note5|5]] : Voyez [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Tome 6, Grille|Grille]]. Voyez aussi la <i>''Serrurerie du moyen âge</i>'', par M. Raymond Bordeaux. Oxford, Parker, 1858.
 
<span id="footnote6" >[[#note6|6]] : Provenant de l'abbayel’abbaye de Poissy. Cette penture était encore, en 1847, entre les
mains d'und’un habitant de Poissy, et faisait partie de sa collection.
 
<span id=Gallardon><span id="footnote7" >[[#note7|7]] : D'unD’un fragment de pentures (commencement du XV<sup>e</sup> siècle) d'uned’une maison à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes G#Gallardon|Gallardon]].
 
<span id="footnote8" >[[#note8|8]] : Le <i>''pallâtre</i>'' (<i>''pallastre</i>'', <i>''palâtre</i>'') est la plaque de fer battu ou de tôle sur laquelle
sont <i>''piquées</i>'', c'estc’est-à-dire montées et rivées les pièces du mécanisme de la serrure. <i>''Pallâtre</i>''
est aujourd'huiaujourd’hui féminin, mais Jousse le fait masculin. <i>''Palliastrum</i>'', qui peut être
l'étymologiel’étymologie de <i>''pallastre</i>'', et qui signifie <i>''manteau grossier</i>'', est neutre ; nous conserverons
le genre masculin à ce mot.
 
<span id="footnote9" >[[#note9|9]] : On dit aujourd'huiaujourd’hui <i>''pêne</i>'', mais le mot <i>''pesle</i> qu'emploie' qu’emploie Jousse nous semble devoir
être maintenu dans cet article sur l'anciennel’ancienne serrurerie. <i>''Pesle</i>'', en effet, vient de <i>''pessulus</i>''
(pièce de bois pour barrer une porte), et, conformément à la méthode de contraction
de la langue française, devait s'écrires’écrire <i>''pesle</i>'', et non <i>''pelle</i>'', comme l'écritl’écrit Jousse ; mais <i>''pessulus</i>''
n'an’a pu faire <i>''pêne</i>''.
 
<span id="Montreal.Yonne17" ></span><span id="footnote10" >[[#note10|10]] : De la porte de la sacristie de l'églisel’église de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes M#Montreal.Yonne|Montréal]] (Yonne), commencement du
XIII<sup>e</sup> siècle.
<span id="footnote11">[[#note11|11]] : Cette grille et sa serrure ont été replacées au XVI<sup>e</sup> siècle, mais appartiennent à la fabrication du milieu du XV<sup>e</sup> siècle.
 
<span id="footnote11" >[[#note11|11]] : Cette grille et sa serrure ont été replacées au XVI<sup>e</sup> siècle, mais appartiennent à la fabrication du milieu du XV<sup>e</sup> siècle.
<span id="footnote12">[[#note12|12]] : Les vis sont certainement une invention excellente pour fixer la serrurerie fine sur
 
de la menuiserie, et l'emploi des vis dans la quincaillerie ne date que de la fin du
<span id="footnote12" >[[#note12|12]] : Les vis sont certainement une invention excellente pour fixer la serrurerie fine sur
XV<sup>e</sup> siècle. Mais, grâce au soin que l'on prend aujourd'hui de cacher toutes les attaches
de la menuiserie, et l'emploil’emploi des vis dans la quincaillerie ne date que de la fin du
XV<sup>e</sup> siècle. Mais, grâce au soin que l'onl’on prend aujourd'huiaujourd’hui de cacher toutes les attaches
des ferrures, les ouvriers enfoncent les vis à coups de marteau dans des trous faits au poinçon.
Mieux vaudraient des clous. C'estC’est ainsi qu'unqu’un perfectionnement devient une cause
de malfaçon, quand on n'accusen’accuse pas franchement son emploi.
 
<span id="footnote13" >[[#note13|13]] : D'uneD’une porte d'uned’une maison à Saint-Antonin, XIV<sup>e</sup> siècle.
 
<span id="footnote14" >[[#note14|14]] : Cette serrure est un modèle que l'onl’on retrouve
très-fréquemment dans les bâtiments
du XV<sup>e</sup> siècle, des bords du Rhin, de la Suisse et de la Bavière. L'entréeL’entrée provient d'uned’une
porte de la cathédrale de Prague (partie bâtie par l'architectel’architecte français Mathieu d'Arrasd’Arras,
XIV<sup>e</sup> siècle). Une entrée semblable se voit à un tabernacle de la cathédrale d'Augsbourg;d’Augsbourg ;
une autre, à peu près pareille, à un vantail de l'églisel’église Saint-Pierre de Strasbourg.
 
<span id="footnote15" >[[#note15|15]] : De l'églisel’église de Saint-Pierre de Strasbourg. Même anneau à un vantail d'armoired’armoire de la cathédrale de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes M#Munich|Munich]].
 
<span id="footnote16" >[[#note16|16]] : L'égliseL’église de Savigny-en-terre-pleine date des dernières
années du XII<sup>e</sup> siècle. La vertevelle, figure 32, paraît appartenir au milieu du XIII<sup>e</sup>.
 
<span id="footnote17" >[[#note17|17]] : Ce verrou provient d'uned’une porte de l'églisel’église de Semur en Brionnais, et appartient à la
serrurerie du XIV<sup>e</sup> siècle. D'ailleursD’ailleurs on en peut voir encore un assez grand nombre en
place, dans nos anciennes églises.
 
<span id="footnote18" >[[#note18|18]] : Notamment ceux de la porte Narbonnaise, à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes C#Carcassonne|Carcassonne]].
 
<span id="footnote19" >[[#note19|19]] : Débris recueillis chez un marchand de ferrailles à Rouen.
 
<span id="footnote20" >[[#note20|20]] : Provenant également d'und’un dépôt de ferrailles.
 
<span id=Flavigny2><span id="footnote21" >[[#note21|21]] : D'unD’un vantail de croisée d'uned’une maison à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Flavigny|Flavigny]]
(Côte-d'Ord’Or), XIV<sup>e</sup> siècle.
 
<span id="footnote22" >[[#note22|22]] : Trouvée à Cahors, attachée à un vantail d'armoired’armoire moderne. Cette targette paraît appartenir au milieu du XIV<sup>e</sup> siècle.
 
<span id=Nevers><span id="footnote23" >[[#note23|23]] : Dessinée en 1841 dans l'ancienl’ancien palais des comtes de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Nevers|Nevers]], à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes N#Nevers|Nevers]], aujourd'huiaujourd’hui palais de justice, fin du XV<sup>e</sup> siècle.
 
<span id="footnote24" >[[#note24|24]] : D'uneD’une fenêtre de l'ancienl’ancien évêché d'd’[[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes A#Auxerre|Auxerre]], aujourd'huiaujourd’hui préfecture. Cette targette paraissait appartenir au XIV<sup>e</sup> siècle. Nous l'avonsl’avons dessinée en 1843 ; elle tenait encore à
un vieux châssis déposé dans le beau grenier lambrissé dépendant de l'anciennel’ancienne grand'sallegrand’salle.
 
<span id="footnote25" >[[#note25|25]] : Les montants de ces châssis étaient, souvent même, munis de pivots de bois conservés à chaque extrémité.
 
<span id=Flavigny1><span id="footnote26" >[[#note26|26]] : D'unD’un châssis de croisée d'uned’une maison à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes F#Flavigny|Flavigny]]
(Côte-d'Ord’Or). Cette paumelle date du XIV<sup>e</sup> siècle, et le châssis bat sur un dormant.
 
<span id="footnote27" >[[#note27|27]] : D'unD’un châssis de croisée d'uned’une maison à Saint-Yrieix (Haute-Vienne). Le châssis battait sur un dormant.
 
<span id="footnote28" >[[#note28|28]] : Cet ouvrage de quincaillerie tenait à un vantail, d'armoired’armoire très-probablement, ou à
un vantail de porte d'intérieurd’intérieur d'appartementd’appartement. Nous l'avonsl’avons trouvé chez un marchand de
ferraille à Paris.
 
<span id="footnote29" >[[#note29|29]] : Ces détails sont recueillis sur diverses pièces de grilles de la fin du XIV<sup>e</sup> siècle. L'arcL’arc-boutant
et ses clefs ont été dessinés par nous, parmi des débris de grilles à Malines.
Quant aux montants à feuillures pour recevoir des panneaux de grille, on en retrouve
assez fréquemment en France, en Belgique et en Allemagne.
 
<span id="footnote30" >[[#note30|30]] : M. Millet, architecte de la cathédrale de Moulins, a bien voulu relever cette ferrure avec le plus grand soin pour nous la communiquer.
 
<span id="footnote31" >[[#note31|31]] : Cette potence était scellée le long d'uned’une muraille de tour à Carpentras, au-dessus d'und’un petit puits. Il en existe encore une à peu près semblable à
Avignon ; mais cette dernière était destinée à porter une torche (XV<sup>e</sup> siècle).
 
<span id=Gand><span id="footnote32" >[[#note32|32]] : Il existe une grille semblable à celle-ci à [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes G#Gand|Gand]] (salle d'armesd’armes). On en voyait une autre à peu près pareille dans l'églisel’église de Saint-Denis, avant la restauration de 1816 (dessins de Percier).
 
<span id="footnote33" >[[#note33|33]] : Ce dessin est en notre possession et indique les assemblages, observés avec soin.
 
<span id="footnote34" >[[#note34|34]] : <i>''Architecture domestique</i>'', t. I.
 
<span id="footnote35" >[[#note35|35]] : D'oùD’où est dérivé le mot <i>''cabaret</i>'' (de <i>''cabia</i>''). Les boutiques où l'onl’on vendait le vin en
détail étaient fermées de grilles saillantes sur la voie publique, de <i>''cabausts</i>'', <i>''cabarets</i>''. Il
y a peu d'annéesd’années, toutes les boutiques de marchands de vin étaient encore munies de
barreaux, en souvenir de cette tradition.
 
<span id="footnote36" >[[#note36|36]] : L'exempleL’exemple A provient d'uned’une grille du château de Tarascon (XV<sup>e</sup> siècle). L'exempleL’exemple B,
d'und’un garde-fou (démonté) dessiné par nous à Poitiers, dans un dépôt de ferrailles de
l'ancienl’ancien palais des comtes (XIV<sup>e</sup> siècle probablement). L'exempleL’exemple C, d'uned’une grille de boutique
dessinée par nous à Chartres, en 1835 (XV<sup>e</sup> siècle).