« Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle/Salle » : différence entre les versions
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=== SALLE ===
vaste et couvert. Ainsi, pour une maison, la salle est l’espace le
plus spacieux où la famille se réunit, où
Pendant le moyen âge, on ne faisait pas cette distinction, toute
moderne,
entre le salon et la salle à manger. Il y avait la salle, qui était le
centre, le local commun où
chambres, garderobes et réduits. Il y avait la salle basse
(rez-de-chaussée),
pour les gens, les familiers ; la salle haute (au premier étage), pour le
maître et les siens.
Nous avons peut-être pris certaines habitudes aux Romains, nos
conquérants,
et il est à croire
celle
du moyen âge, on ne trouve que peu de traces de ces habitudes
purement
romaines, tandis
point
dilemme
aux nombreux historiens passés et présents qui font prévaloir
l’influence
des mœurs romaines sur les populations gauloises. Ou cette influence
pénétré dans les classes moyenne et inférieure de la nation, ou elle a bien
vite cédé aux mœurs des envahisseurs du nord-est au IV<sup>e</sup> siècle, puisque,
plus nous nous enfonçons dans les profondeurs du moyen âge, plus nous
trouvons des usages qui ne sont nullement romains. Dans
de ces hypothèses, il faudrait reconnaître, ou que la nation gauloise était
restée fidèle à ses mœurs antiromaines, malgré la possession romaine, ou
de reprendre des habitudes qui lui étaient chères et
abandonnées volontiers. Il y a peu de temps, il est vrai, que
à étudier et à écrire
lesquels
si longtemps. Conquérir un peuple ou changer ses mœurs, ce sont deux
opérations bien différentes, et nous voyons que, même de nos jours, des
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chose dans ces manifestations modernes, cela est possible, et expliquerait
même la répulsion instinctive de quelques personnages pour ces
études ; mais le symptôme ne se manifesterait pas si la cause
pas. Or, dans les recherches historiques, les symptômes ou les effets,
si
se présentent. Donc, pour en revenir à
croyons que dès
très-important.
Ces barbares, ces Francs venus du nord-est, qui envahissent
le sol gaulois, bâtissent des salles, ou transforment des édifices gallo-romains
de manière à posséder avant tout une salle propre à réunir leurs
leudes, et à organiser ces banquets homériques qui duraient tant
restait des vivres à consommer. Rien de semblable dans les habitudes des
Romains. La basilique romaine était un édifice public, sorte de bourse
où se traitaient toutes sortes
individuel de la salle des mérovingiens. Le Romain, chez lui, recevait peu
de monde ; sa vie se passait sur la place publique, dans les thermes ou
sous les portiques. Ses clients, ses affranchis,
sa maison, sur la voie publique. Entre la famille du Romain et ses clients,
si nombreux ou si gros personnages
barrière infranchissable. Or, les auteurs anciens qui ont décrit les mœurs
des Gaulois nous les représentent tous comme aimant les réunions
nombreuses,
les banquets, les assemblées, comme introduisant facilement
dans leurs maisons, non-seulement leurs proches, les hommes du clan,
mais les étrangers ; comme se plaisant à
conquérants barbares manifestent les mêmes goûts, et la nation gauloise
tout entière, loin
mœurs des nouveaux venus, les adopte, ou, ce qui paraît plus probable,
en un grand bâtiment propre à recevoir une nombreuse assemblée,
entouré
de quelques dépendances pour
pour abriter les bestiaux et contenir des provisions,
de la salle où
les amis, les étrangers, où
les affaires.
La
où elles
du moyen âge, un de ceux qui se modifient le moins depuis les
premiers siècles
les moins définis, probablement parce que tout le monde, du
petit au grand, savait ce
Dans son
Quincy
point possible
caractère général susceptible de devenir
soit
Si nous nous en tenions à cette phrase un peu ambiguë du célèbre
académicien, les grandes salles des palais, des châteaux,
été «
Probablement
ces vastes espaces couverts auraient été dus au hasard.
pourtant à des conclusions de cette force que conduit
fût-il appuyé sur le savoir et une haute intelligence.
Le moyen âge nous a laissé des programmes
palais, de monastères, de manoirs et de maisons, il ne nous en a pas
légué sur les salles ; mais, à défaut des programmes, les monuments
existent, et nous permettent de combler cette lacune, car ils sont tous
élevés
Nous ne parlerons des salles mérovingiennes et carlovingiennes que pour
mémoire ; il ne reste debout aucun de ces monuments, construits
presque
entièrement en charpente. Nous ne pouvons commencer à étudier
les salles que sur les monuments du XII<sup>e</sup> siècle. La
épiscopal bâti par Maurice de Sully entre la cathédrale de Paris et le
petit bras de la Seine, au sud, affecte déjà les caractères particuliers
aux grandes salles des palais et châteaux du moyen âge. Ce bâtiment se
composait de deux étages,
(voy. [[
rez-de-chaussée sur une
épine de colonnes, celui du premier
rez-de-chaussée
était
par un escalier disposé dans la tour barlongue (voy. [[
Le chéneau était crénelé du côté de la rivière, et formait une défense
(voy. [[
</div>
[[Image:Plan.salle.medievale.typique.png|center]]
<div class="text" >
De
conclure que toute grande salle de palais ou château devait se composer
que les programmes adoptés
de cette donnée première. Si la salle synodale de
de Sens est entière dans son ensemble et ses détails. Elle date du
règne de saint Louis, de 1240 environ. Le rez-de-chaussée, bâti sur caves,
est voûté sur une épine de colonnes et contient les salles de
et les prisons (voy. [[
ce passage conduit à la salle du premier étage ou salle synodale, ainsi
de ce degré dans la salle. Celle-ci était en communication directe
avec les anciens bâtiments du palais par la petite porte B. La première
cour de
les
rares fenêtres des prisons, ainsi que la porte qui permet
étage est éclairée par de grandes fenêtres à meneaux du plus beau style
(voy. [[
de la cour, au contraire, les fenêtres sont étroites, simples et
très-relevées
au-dessus du pavé de la salle. En G, est une cheminée, et en K un
petit escalier à vis qui monte aux crénelages supérieurs.
réunie était disposée, faisant face à la grande claire-voie méridionale,
préservé du vent du nord et du nord-est par le mur sur la cour, percé
de fenêtres étroites et relevées, et recevait-on du midi et de
tamisée
ses appartements, entrait dans la portion de la salle servant de tribunal
ou de parquet ;
selon les rangs de chacun. On pouvait ouvrir les parties basses des
grandes verrières, soit pour donner de
sur la place et dans la rue. Cette grande salle était voûtée. En 1263, la
tour méridionale de la cathédrale tomba sur ces voûtes et les effondra ;
on se contenta de réparer le dommage à la hâte et de couvrir la salle par
une charpente. Mais lorsque la restauration de ce monument fut
ordonnée
sur
dans les reprises faites à la fin du XIII<sup>e</sup> siècle, tous les membres des
voûtes, arcs-doubleaux, arcs ogives, clefs, etc. Ces voûtes ont été refaites
depuis peu, et
ville, sont fort heureux de trouver ainsi un magnifique vaisseau où
peut réunir facilement huit à neuf cents personnes, soit lors des assemblées
du clergé, soit pour les distributions de prix, les congrès,
banquets, etc. «
plusieurs siècles, et
réunions.
La figure 2 présente en A la façade méridionale de la salle
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occidental.
Les quatre angles du bâtiment sont couronnés par des échauguettes,
et tout le chéneau est crénelé sur la cour de
sur la place et la rue. Notre figure 2 trace
sud, termine la salle. Du côté de la place, des contre-forts sont couronnés
par des pinacles très-riches, variés, surmontant des statues, parmi lesquelles
on distingue celle du roi saint Louis, la seule peut-être
encore en France, de son temps<span id="note1" ></span>[[#footnote1|<sup>1</sup>]].
</div>
[[Image:Salle.synodale.Sens.png|center]]
<div class="text" >
La sculpture de la salle synodale de Sens peut être comptée parmi les
meilleures de cette époque. Les profils, les détails, sont traités évidemment
par un maître, et aucun édifice ne présente un fenestrage mieux conçu et
<span id=Blois>Le château de [[Dictionnaire raisonné de l’architecture française du XIe au XVIe siècle - Index communes B#Blois|Blois]] conserve encore la
furent tenus les États sous Henri III. Elle date du commencement du
XIII<sup>e</sup> siècle, et se compose de deux vaisseaux séparés par une épine de
colonnes. Cette salle fait exception ; elle est située à
rez-de-chaussée et
par deux berceaux de bois lambrissés.
construction<span id="note2" ></span>[[#footnote2|<sup>2</sup>]]. Il est vrai de dire
la
excellens bâtimens de France</i>, nous a conservé des plans et détails très-précieux.
La
le programme admis dès le XII<sup>e</sup> siècle:
étage avec grand perron; communications avec
le donjon (voy. [[
</div>
[[Image:Grand.salle.chateau.Montargis.png|center]]
<div class="text" >
Voici (fig. 3) le plan de ce bâtiment au premier étage. Le
rez-de-chaussée était voûté sur une épine de colonnes. Un escalier monumental
à trois rampes, A<span id="note3" ></span>[[#footnote3|<sup>3</sup>]], partait de la cour du château, et
sur des arches,
sur 16 mètres, dans œuvre. La
charpente
lambrissée en berceau, avec entraits et poinçons apparents, le
tout richement décoré de peintures. Quatre cheminées C chauffaient
à chaque étage, et six tourelles flanquaient le bâtiment, qui datait
de la seconde moitié du XIII<sup>e</sup> siècle. Le seigneur se rendait à la
de plain-pied par la galerie G passant sur une arche, en H. De plus,
des appartements on pouvait entrer dans la salle par la petite porte
I. Du côté B, le bâtiment dominait un escarpement planté en jardins que
pouvait voir en se plaçant sur une sorte de balcon<span id="note4" ></span>[[#footnote4|<sup>4</sup>]] placé en D. Une
coupe transversale faite sur
deux salles superposées. En A, était un crénelage couvert sur les deux
murs goutterots du bâtiment, découvert devant les pignons. Entre les
contre-forts des murs goutterots
plus larges que celles qui étaient percées dans les pignons. Cinq contre-forts
extérieurs maintenaient ceux-ci dans leur aplomb (voy. le plan).
</div>
[[Image:Grand.salle.chateau.Montargis.2.png|center]]
<div class="text" >
Dans les palais épiscopaux, les deux salles superposées avaient une
destination bien connue. La salle basse était
haute,
le lieu propre aux grandes réunions diocésaines, synodes, assemblées
du clergé, au besoin salles de banquets.
étaient
seigneurs féodaux, et, comme tels, ils devaient, dans maintes
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réunir leurs vassaux. On a peut-être moins éclairci la destination
des deux salles superposées dans les châteaux des seigneurs laïques, Cependant
cette disposition est trop générale pour
imposée
par des usages uniformes sur tout le territoire féodal de la France.
la manière dont leurs ouvertures sont placées, leurs issues, que nous
pouvons nous rendre compte des usages auxquels étaient destinées les
œuvres basses, car, pour
définie.
Quand on voit les ensembles des plans de nos grands châteaux féodaux,
on remarque
Ceci
seigneurs féodaux pouvaient, comme le châtelain de Coucy, au XIII<sup>e</sup>
siècle,
entretenir toute
hommes
leurs colons, ne pouvaient, en temps ordinaire, conserver près
vassaux devaient
jours par an (temps moyen). Mais il y avait deux sortes de vassaux,
les hommes
les vassaux simples, qui pouvaient se faire remplacer. De cette coutume
féodale il résultait que le seigneur était souvent dans
le service militaire de gens
métier de se battre pour qui les payait, étaient accessibles à la corruption.
Dans bien des cas
ou leurs remplaçants, ne pouvaient suffire à défendre un château
seigneurial
on avait recours à des troupes de mercenaires, gens se battant
bien pour qui les payait largement, mais au total peu sûrs.
donc dans des cas exceptionnels que les garnisons des châteaux étaient
nombreuses ; mais il faut reconnaître que du XII<sup>e</sup> au XV<sup>e</sup> siècle, la
défense
était tellement supérieure à
étendue médiocre, contre un nombreux corps
seigneur
faisait appel à ses vassaux et que ceux-ci
château, on logeait les hommes les plus sûrs dans les tours, parce que
chacune
Pour les mercenaires ou les remplaçants, on les logeait dans la salle
basse, qui fournissait à la fois un dortoir, une salle à manger, même une
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Ces salles basses sont en effet ouvertes sur la cour du château, mais ne
communiquent aux défenses que par les dehors ou par des postes,
par des escaliers passant dans des tours. Ainsi le seigneur avait-il
moins à craindre la trahison de ces soldats
arriver aux défenses que commandés et sous la surveillance de
capitaines
dévoués. À plus forte raison, les occupants de ces salles basses ne
pouvaient-ils pénétrer dans le donjon que
du XIII<sup>e</sup> siècle, ces dispositions sont déjà apparentes, quoique moins bien
tracées que pendant les XIV<sup>e</sup> et XV<sup>e</sup> siècles. Cela
du XIII<sup>e</sup> siècle, le régime féodal, tout en
la puissance de son organisation. Les seigneurs pouvaient
s’entourer
défendre dans leurs châteaux ; mais à dater du XIV<sup>e</sup> siècle, les liens féodaux
tendent à se relâcher, et les seigneurs possédant de grands fiefs
sont obligés, en cas de guerre,
Les vassaux, les hommes liges mêmes, les vavasseurs, les villages ou
bourgades, rachètent à prix
doivent
au seigneur féodal ; et celui-ci, qui, en temps de paix, trouvait
un avantage à ces marchés, en cas de guerre, se voyait obligé
ces troupes
métier que de louer leurs services, et qui deviennent un fléau pour
le pays, si les querelles entre seigneurs
de calme qui permit à la France de respirer, sous Charles V, après les
désastres du milieu du XIV<sup>e</sup> siècle, ces troupes devinrent un si gros
embarras, que le sage roi ne trouva rien de mieux que de les placer
sous le commandement de du Guesclin, pour les emmener en Espagne,
contre don Pedro.
À
ses défenseurs parmi ce ramassis de routiers, et déjà, cependant, on voit
que la salle basse est isolée,
directes avec les défenses. Nous verrons comment, dans des
châteaux plus récents, cette disposition fut plus nettement accusée, et
quelles sont les précautions prises par les seigneurs féodaux pour tenir
ces troupes de mercenaires sous une surveillance constante.
[[Image:Grand.salle.palais.Paris.png|center]]
<div class="text" >
Avant
particulières, nous devons, en suivant
de la
Enguerrand de Marigny, comte de Longueville. De cette salle, la plus
grande du royaume de France, il reste
plans, et une précieuse gravure de du Cerceau, non terminée, dont on
ne possède
voûté sur trois rangs de piliers, ceux du milieu plus robustes, pour supporter
premier étage au-dessus du rez-de-chaussée voûté. En A, était le grand
perron qui, de la cour du May, donnait entrée dans cette salle. En B,
une galerie accolée à la salle du côté du midi, laquelle communiquait à une sorte de vestibule C,
grand’salle,
soit dans les galeries D, bâties de même par Enguerrand de Marigny.
Deux escaliers à vis E mettaient en outre la galerie basse voûtée
en communication avec la galerie haute. Bien que la
eût été rebâtie après
dispositions de galeries existaient encore presque entières en 1777, ainsi
que le constatent deux dessins provenant de la collection de M. de Monmerqué,
et qui ont été reproduites en
ces dessins exécutés pendant les démolitions, laissent voir la porte G,
tout
perron A. Par la galerie D on arrivait de plain-pied au porche
supérieur
de la sainte Chapelle<span id="note5" ></span>[[#footnote5|<sup>5</sup>]].
La
dans œuvre. Par la porte F, on entrait dans la salle dorée, bâtie sous
Louis XII ; la
justice<span id="note6" ></span>[[#footnote6|<sup>6</sup>]]. Les escaliers à vis H montaient de fond ; ceux I ne commençaient
K, chauffaient cet immense vaisseau. En L, était la fameuse table
de marbre<span id="note7" ></span>[[#footnote7|<sup>7</sup>]], et en M une chapelle bâtie par Louis XI. Adossée à chacun des piliers était une statue des rois de France, depuis Pharamond. Nous
donnons (fig. 6) la coupe de la
grandes fenêtres
relevaient plus ou moins, suivant la hauteur des bâtiments accolés, éclairaient largement les deux nefs lambrissées en berceau, avec en traits et poinçons apparents.
</div>
[[Image:Grand.salle.palais.Paris.2.png|center]]
<div class="text" >
Ces lambris, ainsi que les piliers et statues des rois, étaient peints et
dorés<span id="note8" ></span>[[#footnote8|<sup>8</sup>]]. Corrozet<span id="note9" ></span>[[#footnote9|<sup>9</sup>]] nous a conservé le catalogue des rois dont les effigies
décoraient les piliers isolés ou adossés.
Des supports avaient été réservés pour les successeurs de Philippe le
Bel, puisque ce même Corruzet nous donne quarante-deux noms
ce prince, et depuis, onze rois dont les statues ont été posées après la
construction de la salle. Il annonce en outre que les statues des rois
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côtés de la chapelle élevée par lui, Charlemagne et saint Louis, le nombre
donné par Corrozet est conforme aux indications du plan, car on
observera
sur le trumeau de la porte G. Des bancs de pierre étaient disposés latéralement
dans les renfoncements formés par les alléges des fenêtres. Notre
figure 6 donne en A une travée double le long des murs de la salle, et
en B une travée des piliers de
La salle du palais de Paris était élevée
touchait en rien à la défense de la place.
propre à la défense. Le palais
souveraine et le siège du parlement. Cependant les dispositions féodales
sont encore apparentes ici ; la salle basse conserve sa disposition secondaire,
haute on pouvait se rendre aux galeries, à la sainte Chapelle et aux appartements.
Mais si nous jetons les yeux sur le plan de la
de Coucy, salle qui fut reconstruite par Louis
années du XV<sup>e</sup> siècle, nous voyons que le programme du château
féodal est ici rigoureusement rempli. La salle basse
communication avec les défenses, tandis que la salle haute donne à la
fois accès à tous les grands appartements, à la chapelle, aux tours et fronts
de la défense (voy. [[
Ce même programme est rempli encore
dans le château de Pierrefonds, construit
suivant des dispositions très-arrêtées. À Coucy, Louis
conserver des tours et courtines anciennes et tout un système de défense
du commencement du XIII<sup>e</sup> siècle, fort bien entendu et complet. À
Pierrefonds, il avait carte blanche, et ce château
admises à cette époque pour un château qui était à la fois une demeure
princière, une habitation commode et une place importante au point de
vue de la défense. Aussi la
paraît-elle résumer le programme complet de ces vastes vaisseaux.
[[Image:Grand.salle.chateau.Pierrefonds.png|center]]
<div class="text" >
Le bâtiment qui renferme la
occupe le côté occidental du parallélogramme formant le périmètre de
cette résidence seigneuriale. Ce bâtiment est à quatre étages ; deux de
ces étages sont voûtés et forment caves du côté de la cour, bien
soient élevés au-dessus du chemin de ronde extérieur ; les deux derniers
donnent un rez-de-chaussée sur la cour et la
appartements du premier étage. En A (fig. 7), est tracé le plan du rez-de-chaussée
sur la cour. C est
pont-levis en E. D est
En entrant dans la cour G, on trouve à rez-de-chaussée une première
salle H qui est le corps de garde, séparé de la porte et de la poterne par
le herse tombant en
au portique
cour G on peut entrer sous le portique par les portes
la porte
(car alors des bancs étaient toujours réservés là où une sentinelle
devait être postée). Il faut donc que chaque personne qui veut pénétrer
dans les salles basses soit reconnue. En
dans un premier vestibule I ; de ce premier vestibule on pénètre dans
une salle K, puis dans la
portique que par le tambour
tour M, de descendre dans les caves, et de monter au portique entresolé
en passant par-dessus
monte au portique entresolé, à la
sont des cheminées ; en R, des latrines auxquelles on arrive, soit par le
corps de garde H, soit par le vestibule I. Le tracé B donne le plan de la
du corps de garde ou par
portique. Le seigneur pénétrait dans cette salle par la porte
au donjon par une suite de galeries. Entrant par cette porte
seigneur était sur
pavé de la
aussi la place
investitures ; pendant les banquets, les assemblées, bals, etc.
estrade que
Poitiers (voy. [[
On pouvait aussi, du donjon, pénétrer dans la
sur la porte du château, dans la pièce située au-dessus du corps de
garde et le vestibule V. La
communication
directe avec les défenses par les issues X, très-nombreuses.
En cas
seigneuriale, recevoir des instructions, et, se répandre instantanément
sur les chemins de ronde des mâchicoulis et dans les tours.
</div>
[[Image:Grand.salle.chateau.Pierrefonds.2.png|center]]
<div class="text" >
La coupe (fig. 8) sur
ces dispositions. Au-dessous de
dont le sol est au niveau du chemin de ronde extérieur, B étant le niveau
du sol de la cour. On voit, dans cette coupe, comment est construit le
portique de plain-pied avec la salle basse et entresolé de façon à donner
une vue et, au besoin, une surveillance sur cette salle basse, car le portique
inférieur est vitré en
en
portique forme une terrasse ou promenoir extérieur sur la cour. On voit
en
avec la
Sur le vestibule V (voyez le plan) de cette
qui servait à placer des musiciens lors des banquets ou fêtes que donnait
le seigneur. De ces dispositions il résulte clairement que les salles basses
étaient isolées des défenses, tandis que la
premier étage, était au contraire en communication directe et fréquente
avec elles ; que la salle haute, ou
les appartements du seigneur, et
tenant habituellement dans la salle basse, des fonctions auxquelles était
réservée la plus haute. Ce programme, si bien écrit à Pierrefonds, jette un
jour nouveau sur les habitudes des seigneurs féodaux, obligés de recevoir
dans leurs châteaux des garnisons
On nous objectera peut-être que ces dispositions à Pierrefonds étaient
tellement ruinées, que la restauration peut être hypothétique. À cette
objection nous répondrons:
conservé, par conséquent les hauteurs des étages ; 2º que le portique
était écrit par
structure trouvés dans les fouilles ; 3º que
plan, conservé,
ne montant
de cet entresol ; 4º que la position de
par le plan conservé ; 5º que les cheminées étaient encore en place,
ainsi que les murs de refend ; 6º que les dispositions du corps de garde
et de ses issues sont anciennes, ainsi que celles de la salle des latrines ;
7º que le tambour
8º que les pieds-droits des fenêtres hautes ont été retrouvés dans les déblais
et
le long des tours. Si donc quelque chose est hypothétique dans
cette restauration, ce ne pourrait être que des détails qui
importance et dont nous faisons bon marché, car ce
qu’il s’agit.
Les
où elles furent construites.
pas que le bâtiment contenant la
en salle haute et salle basse. Le seigneur féodal vivait alors avec son
monde. Quelques-unes de ces
Ainsi, par exemple, dans le roman de la
trouvère Raoul, nous voyons
où mangent le roi et ses hommes :
</div>
<center>
« Quant del mangier furent levé, <br />
Atant es vos tuit abrievé<br />
Parmi la sale,
Qui tu armés sor
Le roi salue et salua<br />
Tos les haus hommes qui là sont ; <br />
Et li roi Artus li respont : <br />
Amis, Dius vos saut, bien vigniés, <br />
Descendès, lavès, si mangiès<span id="note10" ></span>[[#footnote10|<sup>10</sup>]]. » <br />
</center>
<div class="text" >
Dans le
</div>
<center>
« Atant demande son cheval<br />
Gérars, car il voloit monter ; <br />
Uns dansiaus cui il
Par devant la salle entaillie (sculptée)<br />
Monte Gérars, congié a pris, <br />
Comme sages et bien apris<span id="note11" ></span>[[#footnote11|<sup>11</sup>]] ».<br />
</center>
<div class="text" >
Bien que déjà au commencement du XIV<sup>e</sup> siècle, les
situées au premier étage, de vastes perrons permettent
Elles sont en communication directe avec la cour comme à
Paris, à Troyes, à Poitiers. Mais vers la fin du XIV<sup>e</sup> siècle, la
du château prend un caractère plus privé, et, tout en conservant son caractère
de tribunal, de lieu
ne communique plus guère avec le dehors que par des escaliers
détournés
ou des galeries. Il y a enfin la salle basse et la salle haute.
Cependant en France, dès
de la salle haute, appelée alors
de la
dirions
Ces salles, pendant le moyen âge, étaient richement décorées :
</div>
<center>
« Li rois fu en la sale bien painturée à liste<span id="note13" ></span>[[#footnote13|<sup>13</sup>]]. »
</center>
<div class="text" >
Non-seulement des peintures, des boiseries, voire des tapisseries, couvraient
leurs parements, mais on y suspendait des armes, des trophées
recueillis dans des campagnes. Sauval<span id="note14" ></span>[[#footnote14|<sup>14</sup>]] rapporte que le roi
traita magnifiquement saint Louis, au Temple, lors de la cession si funeste
que fit ce dernier prince, du Périgord, du Limousin, de la Guyenne
et de la Saintonge.
Ce fut dans la
mode des Orientaux, dit Sauval, les murs de la salle étoient couverts
de boucliers ; entre autres
aperçu pendant que les deux rois dînoient ensemble, aussitôt dit à
son maître en riant:
venir en ce lieu se réjouir avec vous; voilà le bouclier du magnanime
Richard qui sera cause
tremblant. »
Nous avons vu que la
nombreuses statues et de peintures. La
était de même fort riche : outre la grande cheminée qui était sculptée,
sur les parois de cette salle on voyait les statues colossales des neuf
preux<span id="note15" ></span>[[#footnote15|<sup>15</sup>]] ; des verrières coloriées garnissaient les fenêtres. À
Pierrefonds,
la
La porte qui donnait dans le vestibule était toute brillante de sculptures
et surmontée
percée de grandes lucarnes du côté de la cour. La cheminée qui
terminait
statues des neuf preux. La salle basse était elle-même décorée avec un
certain luxe, ainsi que le constatent la cheminée qui existe encore en
Ligne 630 ⟶ 631 :
</div>
[[Image:Grand.salle.palais.episcopal.Narbonne.png|center]]
<div class="text" >
<span id=Narbonne1>Mais tous les seigneurs
aussi somptueux. Nous voyons dans le palais archiépiscopal de [[
véritable résidence féodale, une
par
siècle<span id="note16" ></span>[[#footnote16|<sup>16</sup>]].
Cet édifice se compose
supportant
un plancher, et
des arcs de maçonnerie. La figure 9 donne en A le plan de cette grande
salle, en B son élévation extérieure sur le dehors du palais, et en C sa
coupe transversale. Cette salle était crénelée dans ses œuvres hautes sur
le dehors et sur la cour. Des murs
entre
les baies, mais
maintenu que par des murs peu épais, avec petits contre-forts destinés
à contre-buter les murs de refend qui supportaient les pannes du
Ligne 650 ⟶ 651 :
et formaient ainsi une suite de pièces éclairées par de petites
fenêtres.
logements.
La
palais ;
se rend
défenseurs en cas de siège, où se tiennent les plaids, où se donnent les
banquets, les ballets, les mascarades, les fêtes de toute sorte. Il
de château féodal, ni même de manoir, qui
la ville, dans sa maison, possède aussi sa salle où il réunit sa famille, ses
amis, où il prend ses repas et reçoit les gens qui traitent
les cités purent élever des hôtels de ville, il va sans dire que ces bâtiments
contenaient la salle de la commune. Le programme est le même
Ligne 666 ⟶ 667 :
Cette tradition se conserva très-tard dans les châteaux, quand même
ces résidences
la galerie dite de Henri II est une tradition de la
du château féodal. Cette belle galerie, comme beaucoup de salles de
châteaux féodaux, donne entrée sur la tribune de la chapelle. À
Saint-Germain
en Laye, on voit encore la
un côté des bâtiments. À Versailles même, la galerie de marbre
que la tradition de la
Les monastères possédaient aussi des logis qui prenaient le nom de
salles. Il ne
étaient de véritables salles par leur structure, sinon par leur destination,
mais des salles propres à réunir les religieux pour traiter des affaires du
couvent. Ce sont les salles capitulaires. Ces locaux, plus ou moins vastes,
suivant
capitulaires sont rarement oblongues, cette forme ne se prêtant pas aux
délibérations, mais plutôt carrées, sur le sol français du moins, car en
Angleterre il existe des salles capitulaires sur plan circulaire ou polygonal,
avec pilier au centre pour recevoir les retombées
voûtes. Les salles capitulaires des monastères français
cloître, et proche de
donner à cet article plus
exemple très-complet de
conservé. Sur le côté oriental du cloître
capitulaire dont les voûtes reposent sur quatre colonnes de marbre blanc
(voy. le plan fig. 10). Sur trois côtés, des bancs de pierre élevés sur un
marchepied également de pierre garnissent les parois de la salle, qui reçoit
du jour par la galerie du cloître et par trois fenêtres plein cintre.
Cette construction date de la fin du XII<sup>e</sup> siècle et est
malgré son extrême simplicité. La figure 11 en donne la coupe
longitudinale.
Des peintures décoraient autrefois les voûtes. De la galerie du
cloître aucune clôture
capitulaire. Ainsi pouvait-on appeler, au besoin, les frères convers ou
les moines, qui,
en certaines circonstances, admis au milieu de
répondre sur des faits
les frères pouvaient se rendre directement à
percée à
</div>
[[Image:Salle.capitulaire.abbaye.Fontfroide.png|center]]
<div class="text" >
Villard de Honnecourt, dans son
bien être celui
pour indiquer comment on peut voûter une salle carrée
portée, à
au-dessous
de son croquis, « met om on capitel duit colonbes a one sole.
Sen nest mies si en conbres. Sest li machonerie bone<span id="note18" ></span>[[#footnote18|<sup>18</sup>]]. » Voici (fig. 12) le plan de Villard. Au sommet
aboutir les arcs secondaires
égales aux branches
les clefs des remplissages sont placées suivant les lignes
Cette structure de voûte est très-simple aussi a-t-elle été fréquemment
employée<span id="note19" ></span>[[#footnote19|<sup>19</sup>]], notamment dans les collatéraux de Notre-Dame de Paris, à
Noyon, à Braisne. Toutes les clefs sont posées au même niveau, les
poussées bien maintenues. Une salle faite
les quatre faces,
au service capitulaire
salles capitulaires anglaises réduite à la forme carrée.
</div>
Ligne 731 ⟶ 732 :
[[Image:Salle.capitulaire.Villard.de.Honnecourt.png|center]]
<div class="text" >
<br /><br />▼
▲<br><br>
----
<span id="footnote1" >[[#note1|1]]
des monuments historiques. Le bâtiment avait été divisé en plusieurs étages par des
planchers, les voûtes hautes détruites en totalité, celles du
rez-de-chaussée en partie. Sur
les six fenêtres de
contre-forts avaient miné leur base. Les combles étaient à refaire à neuf, ainsi que les
chéneaux et les couvertures. Les crénelages avaient été supprimés, il
que deux ou trois merlons. Par suite de la chute de la tour de la cathédrale, un écartement
voûtes hautes, il existe une grande quantité de fragments qui ont été conservés comme
preuves à
<span id="footnote2" >[[#note2|2]]
publiées sous les auspices du ministère
de la Maison de
<span id="footnote3" >[[#note3|3]]
réparé par Charles VIII. Voyez, à ce sujet, le texte de du Cerceau.
<span id="footnote4">[[#note4|4]] : Ce balcon, qui n'est point marqué dans l'œuvre de du Cerceau, existait cependant,▼
ainsi que l'indique un dessin du XVII<sup>e</sup> siècle, en notre possession.▼
▲<span id="footnote4" >[[#note4|4]]
<span id="footnote5">[[#note5|5]] : Les bâtiments modernes existant aujourd'hui ont d'ailleurs élevés sur les anciennes▼
▲<span id="footnote5" >[[#note5|5]]
fondations.
<span id="footnote6" >[[#note6|6]]
<span id="footnote7" >[[#note7|7]]
dressée une table qui en occupoit presque toute la largeur, et qui de plus portoit tant
de longneur, de larguer et
de marbre plus épaisses, plus larges ni plus longues. Elle servoit à
deux usages
bien contraires : pendant deux ou trois cents ans, les clercs de la basoche
eu
se faisoient les festins royaux, et où
empereurs, les rois, les princes du sang, les pairs de France et leurs femmes, tandis que les autres grands seigneurs
mangeoient à
Maître Henri Baude, poëte du XV<sup>e</sup> siècle, décrit ainsi les environs de la table de marbre
de la
</div>
<center>
« Entre un vieil cerf et une grand lizarde, <br />
Entre trois cours, et dessoubs deux grands roys ; <br />
Au coin
Dessoubs marbré et tout enclos de bois, <br />
Où les jours maigres on oyt diverses voix, <br />
Haute un Barbeau et
Groz, bien nourry, du lez de Gastinois, <br />
Qui vit de cry et se nourrist de plume. » <br />
</center>
<div class="text" >
(
Ce « vieil cerf » était un modèle de bois
fait en or fin pour
le trésor du roi, lequel modèle avait été déposé dans la
Quant à la « grand
lizarde »,
objet de curiosité. La table de marbre était, semble-t-il, revêtue
destinée aux « momeries » des clercs de la basoche.
<span id="footnote8" >[[#note8|8]]
<span id="footnote9" >[[#note9|9]]
<span id="footnote10" >[[#note10|10]]
le trouvère Raoul, publié par
C. Hippeau, vers 4199 et suiv.
<span id="footnote11" >[[#note11|11]]
XIII<sup>e</sup> siècle, publié par Fr. Michel,
vers 2252 et suiv.
<span id="footnote12" >[[#note12|12]]
<span id="footnote13" >[[#note13|13]]
(XIII<sup>e</sup> siècle).
<span id="footnote14" >[[#note14|14]]
<span id="footnote15" >[[#note15|15]]
<span id="footnote16" >[[#note16|16]]
<span id="footnote17" >[[#note17|17]]
en
<span id="footnote18" >[[#note18|18]]
<span id="footnote19" >[[#note19|19]]
par
de Villard.
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