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Saint-Barthelemy, ou de l'etouffement des cent vingt-trois prisonniers
dans le trou noir de Calcutta. Mais dans ces recits, c'est le
fait
tant que pures inventions, nous ne les regarderions qu'avec horreur.
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dans le long et magique catalogue des miseres humaines, choisir beaucoup
d'exemples individuels plus remplis d'une veritable souffrance qu'aucune
de ces vastes catastrophes collectives. La vraie misere
douleur
de l'horreur dans l'agonie est le fait de l'homme unite, et non de
l'homme en masse
Etre enseveli vivant, c'est a coup sur la plus terrible des extremites
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d'evanouissement, ou toute fonction apparente de vitalite semble cesser
entierement, et ou cependant cette cessation n'est, a proprement parler,
qu'une pure suspension
mecanisme de notre vie. Au bout d'un certain temps, quelque mysterieux
principe invisible remet en mouvement les ressorts enchantes et les
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l'ame?
Mais en dehors de l'inevitable conclusion
doivent produire tels effets
de suspension de la la vie doivent naturellement donner lieu de temps
en temps a des inhumations prematurees
consideration, nous avons le temoignage direct de l'experience medicale
et ordinaire, qui demontre qu'un grand nombre d'inhumations de ce
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quelques-uns de mes lecteurs, s'est presente il n'y a pas longtemps dans
la ville voisine de Baltimore, et y a produit une douloureuse, intense
et generale emotion. La femme d'un de ses plus respectables citoyens
legiste eminent, membre du Congres,
inexplicable maladie, qui defia completement l'habilete des medecins.
Apres avoir beaucoup souffert, elle mourut, ou fut supposee morte.
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La dame fut deposee dans le caveau de famille, et rien n'y fut derange
pendant les trois annees suivantes. Au bout de ces trois ans, on ouvrit
le caveau pour y deposer un sarcophage.
attendait le mari qui lui-meme ouvrit la porte! Au moment ou elle se
fermait derriere lui, un objet vetu de blanc tomba avec fracas dans ses
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Des recherches minutieuses prouverent evidemment qu'elle etait
ressuscitee dans les deux jours qui suivirent son inhumation,
efforts qu'elle avait faits dans le cercueil avaient determine sa
chute de la saillie sur le sol, ou en se brisant il lui avait permis
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fois marie, ce monsieur la negligea, ou peut-etre meme la maltraita
brutalement. Apres avoir passe avec lui quelques annees miserables, elle
mourut
pouvait s'y meprendre. Elle fut ensevelie
dans une fosse ordinaire dans son village natal. Desespere, et toujours
brulant du souvenir de sa profonde passion, l'amoureux quitte la
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de la legalite, les droits de son epoux.
Le "Journal Chirurgical" de Leipsic
de grand merite, que quelque editeur americain devrait bien traduire
et republier
vraiment terrible.
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typhoide, accompagnee de quelques symptomes extraordinaires, qui avaient
excite la curiosite des medecins qui le soignaient. Apres son deces
apparent, on requit ses amis d'autoriser un examen du corps
de pareils refus, les praticiens resolurent d'exhumer le corps et de le
dissequer a loisir en leur particulier. Ils s'arrangerent sans peine
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Il etait evident que M. Stapleton etait vivant, quoique evanoui. Les
vapeurs de l'ether le ramenerent a la vie; il fut rapidement rendu a la
sante et a la societe de ses amis
de cacher sa resurrection, jusqu'a ce qu'il n'y eut plus de rechute a
craindre. Qu'on juge de leur etonnement
Mais ce qu'il y a de plus saisissant dans cette aventure, ce sont les
assertions de M. Stapleton lui-meme. Il declare qu'il n'y a pas eu un
moment ou il ait ete completement insensible
obtuse et vague de tout ce qui lui arriva, a partir du moment ou ses
medecins le declarerent
plancher de l'hospice. "Je suis vivant", telles avaient ete les paroles
incomprises, qu'il avait essaye de prononcer, en reconnaissant que la
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affirmer sans hesitation, qu'il n'y a pas d'evenement plus terriblement
propre a inspirer le comble de la detresse physique et morale que d'etre
enterre vivant. L'oppression intolerable des poumons
suffocantes de la terre humide
a votre corps
de la nuit absolue
vous engloutit
vainqueur
au gazon qui verdit sur votre tete, le souvenir des chers amis qui
voleraient a votre secours s'ils connaissaient votre destin, l'assurance
qu'ils n'en seront
celui des vrais morts
elles dans le coeur qui palpite encore une horreur intolerable qui fait
palir et reculer l'imagination la plus hardie. Nous ne connaissons pas
sur terre de pareille agonie
dans les royaumes du dernier des enfers. C'est pourquoi tout ce qu'on
raconte a ce sujet offre un interet si profond
en dehors de la terreur mysterieuse du sujet, repose essentiellement et
specialement sur la conviction ou nous sommes de la
choses racontees. Ce que je vais dire maintenant releve de ma propre
connaissance, de mon experience positive et personnelle.
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un miroir aux levres, nous pouvons decouvrir une certaine action des
poumons, action lourde, inegale et vacillante. D'autres fois, la crise
dure des semaines entieres,
le plus scrupuleux, les epreuves les plus rigoureuses des medecins ne
peuvent arriver a etablir quelque distinction sensible entre l'etat du
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deviennent successivement de plus en plus distincts et prolonges. C'est
dans cette gradation qu'est la plus grande securite contre l'inhumation.
L'infortune, dont la
extremes, ce qui se voit quelquefois, serait presque inevitablement
condamne a etre enterre vivant.
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etait pour moi une torture, et la nuit, une agonie. Quand l'affreuse
obscurite se repandait sur la terre, l'horreur de cette pensee me
secouait
Quand la nature ne pouvait plus resister au sommeil, ce n'etait qu'avec
une violente repulsion que je consentais a dormir
songeant qu'a mon reveil, je pouvais me trouver l'habitant d'une tombe.
Et lorsqu'enfin je succombais au sommeil, ce n'etait que pour etre
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mais je suis plein de compassion. Tu sens que je tremble. Mes dents
claquent, pendant que je parle, et cependant ce n'est pas du froid de la
nuit
peux-tu dormir en paix? Je ne puis reposer en entendant le cri de
ces grandes agonies. Les voir, c'est plus que je ne puis supporter.
Leve-toi! Viens avec moi dans la nuit exterieure, et laisse-moi te
devoiler les tombes. N'est-ce pas un spectacle lamentable?
Je regardai; et la figure invisible, tout en me tenant toujours par le
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expirerent, et les tombes se refermerent tout a coup avec violence,
pendant que de leurs profondeurs sortait un tumulte de cris desesperes,
repetant: "N'est-ce pas
Ces apparitions fantastiques qui venaient m'assaillir la nuit etendirent
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etre enterre vivant!
Il arriva un moment
inconscience totale, je ne recouvrai qu'un faible et vague sentiment de
mon existence. Lentement
lueur du jour de l'intelligence. Un malaise engourdissant. La sensation
apathique d'une douleur sourde. L'absence d'inquietude, d'esperance et
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me souviens que je suis sujet a la catalepsie. Et bientot enfin, comme
par un debordement d'ocean, mon esprit fremissant est submerge par
la pensee de l'unique et effroyable danger
envahissante.
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pas faire l'effort necessaire pour me rendre compte de ma destinee; et
cependant il y avait quelque chose dans mon coeur qui me murmurait que
misere n'en peut inspirer a un etre humain
apres une longue irresolution a soulever les lourdes paupieres de mes
yeux. Je les soulevai. Il faisait noir
l'acces etait passe. Je reconnus que ma crise etait depuis longtemps
terminee. Je reconnus que j'avais maintenant recouvre l'usage de mes
facultes visuelles.
et complete obscurite de la nuit qui ne finit jamais.
J'essayai de crier, mes levres et ma langue dessechees se murent
convulsivement a la fois dans cet effort;
des cavernes de mes poumons, qui, oppressees comme sous le poids d'une
montagne, s'ouvraient et palpitaient avec le coeur, a chacune de mes
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morts. Je sentis aussi que j'etais couche sur quelque chose de dur,
et qu'une substance analogue comprimait rigoureusement mes flancs.
Jusque-la je n'avais pas ose remuer aucun de mes membres;
je levai violemment mes bras, qui etaient restes etendus les poignets
croises. Ils heurterent une substance solide, une paroi de bois, qui
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Cependant au milieu de ma misere infinie l'ange de l'esperance vint me
visiter;
mainte evolution spasmodique pour ouvrir le couvercle; il ne bougea
pas. Je tatai mes poignets pour y chercher la corde de la cloche; je
ne trouvai rien. L'esperance s'enfuit alors pour toujours, et le
desespoir
ne pouvais m'empecher de constater l'absence du capitonnage que j'avais
si soigneusement prepare; et soudain mes narines sentirent arriver a
elles l'odeur forte et speciale de la terre humide. La conclusion etait
irresistible. Je n'etais pas dans le caveau. J'avais sans doute eu une
attaque hors de chez moi
ne pus m'en souvenir; et c'etaient eux qui m'avaient enterre comme un
chien
profondement, et pour toujours, dans une fosse ordinaire et sans nom.
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un quatrieme. Et la-dessus je fus saisi et secoue sans ceremonie pendant
quelques minutes par une escouade d'individus a mauvaise mine. Ils ne me
reveillerent pas
ce cri
Cette aventure se passa pres de Richmond, en Virginie. Accompagne d'un
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le courant, et charge de terreau, etait le seul abri acceptable qui
s'offrit a nous. Nous nous en accommodames, et passames la nuit abord.
Je dormis dans un des deux seuls hamacs de l'embarcation
d'un sloop de soixante-dix tonnes n'ont pas besoin d'etre decrits. Celui
que j'occupai ne contenait aucune espece de literie. La largeur extreme
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exactement de la meme dimension. J'eprouvai une extreme difficulte a
m'y faufiler. Cependant, je dormis profondement; et l'ensemble de
ma vision
naturellement des circonstances de ma position
ma pensee, et de la difficulte, a laquelle j'ai fait allusion, de
recueillir mes sens, et surtout de recouvrer ma memoire longtemps
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Toutefois, il est indubitable que les tortures que j'avais endurees
egalerent tout a fait, sauf pour la duree, celles d'un homme reellement
enterre vif. Elles avaient ete epouvantables
conception. Mais le bien sortit du mal; leur exces meme produisit en
moi une revulsion inevitable. Mon ame reprit du ton, de l'equilibre.
Je voyageai a l'etranger. Je me livrai a de vigoureux exercices. Je
respirai l'air libre du ciel. Je songeai a autre chose qu'a la mort. Je
laissai de cote mes livres de medecine. Je brulai
plus les
plus de contes terribles
nouveau, et vecus en homme. A partir de cette nuit memorable, je
dis adieu pour toujours a mes apprehensions funebres, et avec elles
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terreurs sepulcrales comme quelque chose de purement fantastique; mais,
semblable aux demons qui accompagnerent Afrasiab dans son voyage sur
l'Oxus, il faut qu'elle dorme ou bien qu'elle nous devore
laisser reposer ou nous resigner a mourir.
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