« Page:Lemerre - Anthologie des poètes français du XIXème siècle, t1, 1887.djvu/114 » : différence entre les versions

 
Aucun résumé des modifications
Contenu (par transclusion) :Contenu (par transclusion) :
Ligne 1 : Ligne 1 :
<poem>
o6 ANTHOLOGIE DU XIX’^ SIÈCLE.
Nul ne visite plus cette pierre eftacée.
Nul ne visite plus cette pierre eftacée.
Nul n’y songe et n’y prie... e.xcepté ma pensée.
Nul n’y songe et n’y prie... e.xcepté ma pensée.
Quand, remontant le flot de mes jours révolus,
Quand, remontant le flot de mes jours révolus,
Je demande à mon cœur tous ceu.x qui n’y sont plus,
Je demande à mon cœur tous ceux qui n’y sont plus,
Et que, les yeux flottants sur de chères empreintes,
Et que, les yeux flottants sur de chères empreintes,
Je pleure dans mon ciel tant d’étoiles éteintes !
Je pleure dans mon ciel tant d’étoiles éteintes !
Elle fut la première, et sa douce lueur
Elle fut la première, et sa douce lueur
D un jour pieu.v et tendre éclaire encor mon cœur.
D’un jour pieux, et tendre éclaire encor mon cœur.

Mais pourquoi m’entraîner vers ces scènes passées .’^
Mais pourquoi m’entraîner vers ces scènes passées ?
Laissons le vent gémir et le flot murmurer.
Laissons le vent gémir et le flot murmurer.
Revenez, revenez, o mes tristes pensées !
Revenez, revenez, ô mes tristes pensées !
Je veux rêver, et non pleurer.
Je veux rêver, et non pleurer.

Un arbuste épineux, à la pâle verdure,
Un arbuste épineux, à la pâle verdure,
Est le seul monument que lui fit la nature:
Est le seul monument que lui fit la nature:
Battu des vents de mer, du soleil calciné,
Battu des vents de mer, du soleil calciné,
Comme un regret funèbre au cœur enraciné.
Comme un regret funèbre au cœur enraciné.
Il vit dans le rocher sans lui donner d’ombrage;
Il vit dans le rocher sans lui donner d’ombrage ;
La poudre du chemin y blanchit son feuillage ;
La poudre du chemin y blanchit son feuillage ;
Il rampe près de terre, où ses rameaux penchés
Il rampe près de terre, où ses rameaux penchés
Par la dent des chevreaux sont toujours retranchés;
Par la dent des chevreaux sont toujours retranchés ;
Une fleur, au printemps, comme un flocon de neige,
Une fleur, au printemps, comme un flocon de neige,
Y flotte un jour ou deux; mais le vent qui lassiège
Y flotte un jour ou deux ; mais le vent qui lassiège
L’effeuille avant qu elle ait répandu son odeur.
L’effeuille avant qu elle ait répandu son odeur.
Comme la vie, avant qu’elle ait charmé le cœur !
Comme la vie, avant qu’elle ait charmé le cœur !
Ligne 28 : Ligne 30 :
Oh, dis ! fleur que la vie a fait si tôt flétrir !
Oh, dis ! fleur que la vie a fait si tôt flétrir !
N’est-il pas une terre où tout doit refleurir ?
N’est-il pas une terre où tout doit refleurir ?

Remontez, remontez à ces heures passées !
Remontez, remontez à ces heures passées !
Vos tristes souvenirs m’aident à soupirer.
Vos tristes souvenirs m’aident à soupirer.
</poem>